10.1 L'effluve électrique

 

            Il est remarqué fort tôt que la région d'air avoisinante d'une pointe chargée émet une lueur qui entoure la pointe, lors de l'écoulement de charges par la pointe: cet effet d'écoulement est dit (beaucoup plus tard) effluve électrique en français, pour insister sur l'émanation de la charge de la pointe, et corona discharge en anglais, pour remarquer que la perte de charge est accompagnée de la lueur qui couronne la pointe.

 

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            Il est remarqué de plus que l'effluve est accompagnée d'un courant d'air, de la pointe vers l'extérieur: le vent électrique. Ce vent est plus fort si la pointe est chargée positivement que négativement. Il est suffisant pour faire dévier la flamme d'une chandelle et même pour entraîner un tourniquet.

 

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            Dans le cas de cette dernière expérience, le tourniquet d'Hamilton, les extrémités des bras du tourniquet conducteur, pointues, sont tournées à angle droit avec le rayon de telle sorte qu'elles causent un vent électrique dans un même sens de rotation lorsque le tourniquet est chargé. Il se met alors à tourner dans le sens de rotation opposé selon le principe d'action-réaction.

 

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            Dans ces deux cas, les molécules d'air sont mises en mouvement par l'effet électrique de la pointe. Mais par quel processus exactement?

 

            L'intensité du champ électrique produit par la forte densité de charge trouvée à la pointe est, dans sa région avoisinante, plus grande que la rigidité diélectrique de l'air: les molécules d'air y sont donc dissociées, ionisées. Les ions, de même signe que ceux trouvés sur la surface de la pointe, repoussés par la force de Coulomb, entrent en collision avec les molécules d'air qu'ils rencontrent une fois qu'ils ont quitté la région d'ionisation et les entraînent alors avec eux loin de la pointe, causant ainsi le vent électrique.

 

            Les ions de signe opposé, eux, vont au contraire être attirés par la pointe et se coller contre et ainsi en réduire la charge nette. Remarquons que, dans ce processus, ce sont les ions, produits dans l'air environnant par le champ électrique de la pointe excédant la rigidité diélectrique de l'isolant, qui sont en mouvement: ce sont eux qui, de même charge que la pointe, bousculent les molécules d'air, et de signe de charge opposé, réduisent par contact la charge de la pointe. Il n'y a pas ici de charge qui émane de la pointe. Ce processus est relativement proche de celui proposé par Faraday pour l'électrolyse.