6.7 La bobine de Ruhmkorff

 

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            Heinrich Daniel Ruhmkorff (1803-1877) bâtit en 1851 une machine dont l'objectif est également la production d'une haute tension saccadée et alternative, mais cette fois à partir d'une pile chimique. Il roule d'abord sur un noyau de fer doux N un fil conducteur isolé épais P . Une extrémité de ce fil est reliée à une borne de sa pile; l'autre, à une lame de cuivre flexible mince L isolée du sol fixée sur un pied. Cette lame mince L , placée devant le noyau de fer doux N , est munie, sur le côté qui fait face à ce dernier, d'un petit bloc de fer doux A , et de l'autre, d'une vis conductrice V qui fait face à une autre, vissée sur une plaque métallique épaisse M , isolée du sol et reliée à l'autre borne de la pile chimique. Ces deux vis V se touchent si la lame L est bien verticale. En quel cas le courant circule d'une borne de la pile à l'autre, d'abord à travers le fil P roulé sur le noyau N , puis à travers la lame L , les vis V , et la plaque M . Ce courant cause l'aimantation du noyau de fer N autour duquel le fil P est roulé et donc, par induction, du petit bloc de fer doux A . Ceux-ci, aimantés, s'attirent: la lame L plie vers le noyau de fer doux N : le contact cesse entre les deux vis V , et le courant ne passe plus. Mais alors l'aimantation des fers doux cesse ainsi que leur attraction: la lame L redevient droite, et le contact reprend. Il y a donc un rapide mouvement de va-et-vient de la lame, à une fréquence supérieure à 100 allers-retours par seconde.

 

            Ruhmkorff roule autour du noyau de fer doux N plusieurs milliers de spires de fil conducteur fin et isolé S . Il y a variation du flux magnétique φm dans chacune de ces spires plusieurs centaines de fois par seconde, et une force électromotrice induite très importante, saccadée et alternative, aux bornes de la bobine de fil fin S , où il est donc possible de produire des étincelles formidables.

 

            Cette machine, dite bobine de Ruhmkorff, est utilisée dans les automobiles. Le mélange air-essence du piston explose au moment voulu à l'aide d'une étincelle produite par la bougie d'allumage, requérant une tension de plusieurs milliers de volts. Cette étincelle provient de la bobine d'allumage, qui est essentiellement notre bobine de Ruhmkorff. La pile est alors la batterie de l'automobile.