9.12 Lignes de très hautes tensions
a) les premières lignes triphasées de l’Hydro-Québec
En 1903, la Shawinigan Electric installe entre Shawinigan et Montréal, soit sur une distance de 135 km, une ligne triphasée de 50 kV. La tension sous laquelle la puissance est transportée augmente à 110 kV avec la ligne entre Niagara Falls et Dundas en 1910. En 1926, les lignes de transport principales en Grande Bretagne sont à 132 kV. En 1926, la Gatineau Power installe une ligne de transport entre Paugan et Toronto à 220 kV. Une ligne de transport de 120 kV est installée par la Beauharnois Light, Heat and Power entre Beauharnois et Montréal. Une ligne de ceinture de 60 kV est installée autour de Montréal. La compagnie B.C. Electric bâtit en 1957 une ligne de transmission de 360 kV et l'Ontario Hydro, une de 500 kV en 1959. La même année, Hydro-Québec construit une ligne de transport à 315 kV pour relier Bersimis 1 à son réseau. En 1965, Hydro-Québec met en service la première ligne de 735 kV, la tension la plus élevée pour une ligne de transport à ce jour. C'est avec l'examen de cette ligne que nous allons terminer ce chapitre.
b) la ligne triphasée de 735 kV
La tension de 735 kV donnée par cette ligne, triphasée comme toutes les lignes de transport modernes, est la tension entre deux de ses phases, soit la tension composée Vpp . La tension étoilée V est donc radical trois fois moins, soit 424 kV.
c) disposition des conducteurs
La ligne comprend trois faisceaux de quatre sous-conducteurs suspendus par des chapelets d'isolateurs C à des pylônes d'aluminium P placés à tous les 480 m. Chaque faisceau porte le courant d'une des trois phases, I , II et III , soit un courant nominal de 2 kA.
Le fil de retour, le fil de terre T , est enfoui dans le sol et va de la base d'un pylône à l'autre. Deux fils de garde G conducteurs reliés aux pylônes sont placés au-dessus des faisceaux comme pare-foudre.
L'illustration précédente montre ces différents fils dans le cas du pylône haubané en V, utilisé entre autres dans les lignes de transport qui relient la Baie James au reste du réseau d'Hydro-Québec. Les conducteurs des trois phases sont suspendus à ce type de pylône par des chaînes de 33 isolateurs, verticales pour les phases extérieures et en V pour la phase centrale.
d) composition des sous-conducteurs
Les sous-conducteurs sont composés de 42 brins d'aluminium toronnés de 4,6 mm de diamètre chacun tressés sur 7 brins d'acier de 2,5 mm de diamètre: ce sont donc des fils d'aluminium munis d'une âme d'acier pour en augmenter la solidité. La résistance de chaque sous-conducteur est alors de 45 mΩ par km.
e) disposition des sous-conducteurs
Les centres des quatre sous-conducteurs, en parallèle, sont maintenus aux arêtes d'un carré de 457 mm de côté par des supports.
La première raison de pareille configuration en faisceaux est la suivante: le champ électrique produit par chacun des quatre sous-conducteurs au même potentiel est très fortement réduit dans la région entre ceux-ci et apparaissent alors comme un conducteur unique de 220 mm de rayon. Or nous avons vu dès notre chapitre premier le phénomène d'effluve électrique, soit la perte de charges d'un conducteur sous tension, phénomène qui devient d'autant plus important que la tension est grande. Ce qui est certes le cas ici. Mais nous avons vu également que ce phénomène est réduit d'autant plus que les rayons de courbure sont grands, d'où la nécessité de la configuration en faisceaux.
La seconde raison est que le champ magnétique dû aux quatre sous-conducteurs, tout comme le champ électrique, est réduit dans la région entre ceux-ci. L'inductance de chaque phase de la ligne est donc réduite ainsi que sa réactance inductive.
Les centrales du complexe de la Grande Rivière sont toutes réunies à la région de Montréal par pareilles lignes de transport triphasé à 735 kV; de même la centrale de Churchill Falls à Terre-Neuve, ainsi que plusieurs centrales du complexe de Manicouagan-Les Outardes et Bersimis. La région métropolitaine comporte également une ligne de ceinture à 735 kV.