Canards CaninsCahiers pour les gardiens de chiens de MontréalLes idées exprimées ici n'engagent en rien les associations canines résidantes.Pensées concernant la relation entre l'humain et son chienQuels sont les termes qui peuvent définir l'humain par rapport à son chien? Voilà ce que je veux examiner ici. Évidemment, examiner de près le sens des mots requiert un dictionnaire fiable. Ce qui, en ce qui me concerne, veut dire Le Petit Robert (1993). Les termes les plus utilisés pour représenter la relation d'humain à chien sont, du plus dominant au plus aimant:
Le terme MAÎTRE conjure le terme ESCLAVE. Le chien est sous la domination totale de son maître qui, de fait, peut le mettre à mort ou le faire mettre à mort (au moins dans certaines conditions). Il peut également le donner ou le vendre à volonté et à qui il le désire. Il peut également l'abandonner lorsqu'il déménage ou s'il n'en veut plus. Il peut le garder dans une cage tout le jour et toute la nuit. Il peut le battre physiquement ou psychologiquement. Il peut en faire sa chose, le forçant à devenir méchant et agressif. Le maître est celui qui contrôle, celui qui se fait obéir par sa chose. Le chien doit suivre exactement l'ordre donné, comme un bon automate. Toute déviation du comportement exigé peut être sévèrement puni. Le chien doit être un serviteur obéissant de son maître. La relation du maître est celui d'un dominateur envers sa bête, d'un supérieur envers un très inférieur. Le sens du mot PROPRIÉTÉ suit: PROPRIÉTÉ 1. A. Droit d'user, de jouir et de disposer d'une chose d'une manière exclusive et absolue sous les restrictions établies par la loi. B. Ce qu'on possède en propriété. C'est ma propriété. Cela m'appartient. Personne considérée comme un bien dont on dispose. Le terme PROPRIÉTAIRE conjure évidemment le terme PROPRIÉTÉ. Encore une fois, le chien est un bien dont on dispose . MAIS cette fois il y a une limite: cette disposition est sous les restrictions établies par la loi. Le propriétaire mais pas aussi tout-puissant que le maître; la loi lui impose des limites. Et cela est de fait le cas. Les articles 445 Tuer ou blesser d'autres animaux et 446 Cruauté envers les animaux du code criminel limitent les pouvoirs des propriétaires sur leurs chiens un peu comme il existe des lois qui limitent les pouvoirs des propriétaires face à leur propriété: ils n'ont pas le droit de mettre le feu à leur immeuble, par exemple. Voici un tout-à -fait terme différent, qui met la relation chien- humain sur un autre pied. Dans le cas de la première définition (1.), il est question de se promener avec son chien. Il n'est pas question de déterminer qui dirige et comment. Le terme est neutre quant à la relation entre le chien et son humain. L'idée de se promener avec son chien ne suggère pas une relation supérieur-inférieur. Par contre, la définition 2. du même terme place une responsabilité sur l'humain par rapport au chien: c'est l'humain qui doit promener le chien, qui lui rend service. Le chien n'est plus la chose de l'humain mais un être dont l'humain prend soin en le promenant. Ce terme-ci continue dans la lancée du précédent: l'humain est une personne qui doit protéger son chien, s'en occuper. L'humain est responsable de son chien: c'est à lui non seulement de lui garantir une bonne vie mais également de voir à ce qu'il agisse correctement; le gardien est responsable envers son chien et envers autrui quant à son chien. Maintenant avoir la charge de n'est pas quelque chose qui implique amour ou affection, mais plutôt devoir. Ce qui nous amène au dernier terme possible. Lorsque nous sommes allés à la Société Protectrice des Animaux chercher un chat pour remplacer celui que nous avions perdu, nous avons dû remplir un formulaire d'adoption du chat en question. Pour cette institution, la relation humain-animal en est une de parent à enfant. Le chat ou chien devient partie de la famille. Il va sans dire que ce type d'adoption n'est pas identique à celui où un humain adopte un autre humain, mais il est analogue. On peut considérer son chien comme son enfant, l'adopter au fond de son coeur, lui montrer amour et affection, mais également l'éduquer, lui apprendre ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas, lui défendre ce qui est dangereux. On doit alors prendre le temps de s'en occuper, de voir à ce qu'il puisse avoir des amis, courir, jouer. On doit alors voir à son hygiène, à ce qu'il consomme une nourriture saine, et vive dans des conditions salubres. En d'autres mots, s'en occuper comme s'il était vraiment son enfant. Quel terme reflète le mieux votre relation avec votre chien? En fait, n'est-ce qu'un terme ou plusieurs? À quel point êtes-vous prêt à faire des sacrifices pour votre chien? À quel point lui demandez-vous des sacrifices? À quel point considérez-vous ses besoins normaux de chien et à quel point le forcez-vous à satisfaire vos règles? Voilà des questions qui demandent réponse, ne fut-ce que pour clarifier la relation que vous avez avec votre chien. Jacques Beaulieu révisé le 2 juin 2002 jacqbeau@canardscanins.ca |