Canards Canins
Cahiers pour les gardiens de chiens du Québec
Les idées exprimées
dans ce texte n'engagent en rien
les associations canines résidantes.
- Ce texte, propriété intellectuelle de Marie-Claude Côté,
a été reproduit ici avec permission.
- Une version imprimable est fournie
sur demande à l'adresse courriel suivante:
Rapport sur
L’AEC municipale :
pour encourager l’acceptation
des chiens dans la communauté
par
Marie-Claude Côté
Le 30 janvier 2007
Le 30 janvier 2007
Monsieur, Madame,
Suite aux nombreuses plaintes recensées au sujet des chiens de la part des citoyens,
ainsi qu’aux insatisfactions formulées par les propriétaires canins dans plusieurs villes
québécoises, je vous propose ici un court rapport avançant une solution pouvant, je crois,
convenir à toutes les parties.
En effet, les municipalités, les propriétaires canins et les citoyens sans chien pourraient
trouver satisfaction dans l’installation d’une AEC municipale dans leur ville.
Bien sûr, ce rapport ne prétend pas couvrir en profondeur tous les aspects qu’un tel
projet implique, mais il tend à démontrer la pertinence d’une telle installation,
prouvant qu’elle encouragerait fortement l’acceptation des chiens dans la communauté.
En espérant que cet ouvrage pourra être utile autant aux administrations des villes
confrontées à ce genre de problème, autant qu’aux propriétaires de chiens qui
aimeraient trouver des outils d’argumentation pour demander l’aide de leur
municipalité, je vous prie d’accepter, Monsieur, Madame, mes salutations sincères.
Marie-Claude Côté
p.j.
table des matières
-
Introduction
-
La situation des chiens dans les municipalités
-
Les citoyens investissent beaucoup mais reçoivent peu
-
L’industrie très rentable des animaux de compagnie
-
Des ressources gratuites presque inexistantes pour le mieux-être animal
-
Interdictions et conséquences
-
Les lieux publics interdits aux chiens
-
Les conséquences dangereuses des multiples interdictions
-
Renforcement de l’image négative du chien
-
Priorités d’une ville
-
Les citoyens, pas les chiens !
-
Plaire aux électeurs à moindre coût
-
L’organisme municipal : un soutien important
-
Description d’une aire d’exercice pour chiens (AEC)
-
Rôle d’une AEC
-
Conclusion
-
annexe
-
Exemple de règlements municipaux d’une AEC :
-
Extraits d’un protocole d’entente entre une ville et un organisme municipal bénévole :
-
Références
liste des graphiques et photos
-
Propriétaires canins selon caractéristiques sociales
-
Marché de l’industrie des animaux de compagnie comparé à d’autres
-
Répartition du 600 $ en dépenses annuelles moyennes pour un animal
-
Comparaison du nombre d’enfants ou d’animaux dans les foyers québécois
-
AEC munie d’un portique sécuritaire
-
Un lieu de rencontre pour chiens et maîtres
-
introduction
Les chiens dans les municipalités du Québec génèrent autant d’insatisfactions
vécues par leurs propriétaires que par les citoyens qui n’en ont pas. Ils se
retrouvent partout mais ne sont acceptés nulle part. Les propriétaires canins
se plaignent de ne pas avoir accès aux lieux publics avec leur compagnon,
tandis que les citoyens, eux, se plaignent de les rencontrer partout.
Comment trouver une solution à cette problématique ? Y a-t-il tant de chien
dans les municipalités de la province ? Leurs maîtres, aussi payeurs de taxes et électeurs, sont-ils en droit de demander la collaboration et la tolérance de leur municipalité ? Et les citoyens qui ne possèdent pas de chien, n’ont-ils pas les mêmes droits d’exiger des interdictions d’accès aux lieux publics pour leur sécurité et la propreté de leur communauté ?
Le court rapport qui suit présente une réflexion sur l’ensemble du problème. Il
exposera d’un côté la situation des chiens dans les municipalités et le peu de
ressources dont disposent leurs maîtres. Les causes et conséquences du manque
d’acceptation des chiens dans une ville amèneront ensuite à voir l’autre côté
de la médaille, celui des administrations municipales et de leurs priorités.
Pourtant, les citoyens, les villes et les propriétaires canins, sans le réaliser,
détiennent communément un outil charnière dans la recherche d’une solution…
La situation des chiens dans les municipalités
Le chien est l’animal domestique le plus populaire, après le chat, dans les
foyers québécois. Et au Canada, il est le plus populaire. En effet, d’après un
sondage de la firme Léger Marketing, 50,2 % des Canadiens en possèdent un,
représentant 5,5 millions de chiens. Pour le Québec, 21 % des foyers vivent
avec un chien (ou plus), représentant 940 000 citoyens canins québécois.
Ces données sont extrapolées par une firme de sondage sérieuse, mais en
tenant compte de ce que les répondants ont bien voulu affirmer; n’oublions
pas que bien des citoyens préfèrent ne pas divulguer qu’ils sont propriétaire
de chien, croyant pouvoir ainsi éviter d’acheter une licence municipale à leur
animal. Ne justifions pas cette attitude, mais prenons toutefois en
considération que quand une municipalité déclare un chiffre pour sa
population canine, elle se réfère au nombre de licences vendues. Or, il
appert que quand un service vend dix licences, il reste tout de même huit
autres propriétaires de chiens qui ne l’achètent pas. Autrement dit, près
de la moitié des chiens ne sont pas enregistrés ou déclarés auprès de leur
municipalité respective. En résumé, les sondages se rapprochent sûrement
plus de la vérité que les chiffres de vente de licence, malgré qu’il faille
certainement augmenter les résultats sondés pour se rapprocher un peu
plus de la réalité.
De plus, comme l’indique le graphique ci-bas, les propriétaires canins, malgré
leurs différentes caractéristiques sociales, sont constitués de tous les sexes, les âges
et situations familiales. La seule caractéristique qui diffère considérablement est
celle du lieu d’habitation; il y a en effet beaucoup plus de propriétaires de chiens
dans les banlieues que dans les villes.
Or, cette seule différence demande encore plus d’attention sur la condition des
chiens dans les communautés plutôt que dans les grands centres urbains. Toutefois,
s’il y a moins de chiens dans les grandes villes à cause des terrains plus petits,
l’attention que l’on devrait leur porter est tout aussi significative, puisqu’il faudrait
non seulement répondre au besoin de l’acceptation du chien dans les arrondissements,
mais aussi, dans leur besoin d’espace à leur disposition.
Mais qu’à cela ne tienne, si cinquante pour cent des Canadiens vivent avec un chien,
si un québécois sur cinq possède un compagnon canin, il est impossible de ne pas leur
accorder une certaine importance, de ne pas se pencher sur les moyens possibles
pour que les chiens soient acceptés comme faisant partie de nos communautés.
Les citoyens investissent beaucoup mais reçoivent peu
-
L’industrie très rentable des animaux de compagnie
Parlons tout d’abord de ce que les citoyens investissent pour leurs chiens.
Une des industries les plus prolifiques au Québec, et d’ailleurs, au Canada,
est celle du marché des animaux de compagnie. Dans notre province, le marché
des animaux de compagnie représente 589 millions de dollars, sur
les 3,26 milliards de dollars que représente celui du Canada.
Le graphique
ci-joint présente des données extraites de Statistique Canada, et démontre
la part de ce marché comparé à d’autres. Sans aucun doute, les propriétaires
d’animaux familiers font rouler l’économie !
Annuellement, une personne possédant un chien investira en moyenne
environ 600 $ pour celui-ci, répartis dans la nourriture, l’achat de
l’animal comme tel, les accessoires et les soins vétérinaires, comme
nous l’explique le graphique suivant :
Ce graphique se base sur l’achat de nourriture de qualité moyenne, donc
moins dispendieuse, sur le coût d’achat d’un animal dans un refuge et non auprès
d’un éleveur de chien de race, sur les accessoires de base seulement et sur les soins
vétérinaires les plus élémentaires. Une simple visite chez le vétérinaire coûte en
moyenne 40 $ au Québec; mais il faut tenir compte que le propriétaire risque de
s’y rendre plus d’une fois l’an pour le simple examen annuel : les aléas de la vie
avec un être vivant réservent des surprises nécessitant des visites plus fréquentes,
engendrant ainsi des coûts pour les soins de santé que l’on peut facilement
considérer à la hausse. Parlons aussi des frais d’éducation du chien. Un cours
d’obéissance canine coûte en moyenne 140 $ et une consultation avec un
comportementaliste, en moyenne 50 $. Ces ressources, autrefois considérées
comme superflues de la part des propriétaires canins, s’avèrent de plus en plus
populaires et sont considérées comme essentielles pour la cohabitation chien-humain.
-
Des ressources gratuites presque inexistantes pour le mieux-être animal
Autrement dit, la vie avec un chien n’est pas constituée uniquement «d’amour et
d’eau fraîche» et implique des dépenses significatives de la part de leur propriétaire.
Maintenant, lorsqu’une population est aussi importante en nombre d’individus qu’en
dollars investis, il est normal de s’attendre à un certain retour, à voir les industries
touchées se retourner et injecter une partie des profits dans la prévention, la
sensibilisation ou dans un système de ressource gratuite offert aux «investisseurs».
Évidemment, ce n’est pas le cas. Vous retrouverez beaucoup de publicités
produites par l’industrie, rarement des conseils et presque jamais, des
ressources contribuant au mieux-être canin. Aucun vétérinaire ne vous
fournira des soins gratuits, aucune compagnie de nourriture ne vous
aidera à régler le problème alimentaire de votre chien et aucune école
d’obéissance ne vous prendra gracieusement pour vous aider à éduquer
votre chien. Bien entendu, les administrations des villes et municipalités
n’ont aucun budget de prévu pour cela; ils ont bien assez des payeurs
de taxes à satisfaire, tant pis pour les animaux ! Quant à l’implication
des gouvernements pour le mieux-être des animaux de compagnie, elle
est quasi inexistante elle aussi.
Les seules sources accessibles et gratuites d’information plus ou moins
valable, se retrouvent sur Internet, dans les différents forums animaliers.
Bien sûr, il s’agit là de discussions entre propriétaires canins sur divers sujets,
ouvertes à tous, sans assurance que la personne qui donnera un conseil soit
qualifiée ni même expérimentée dans le domaine. Malgré tout, il s’agit d’un
outil sur lequel bien des personnes se fient, n’ayant pas les moyens de se payer
des services professionnels chaque fois qu’une question surgit au sujet de toutou.
En somme, le propriétaire de chien investit et investira beaucoup d’argent pour son chien, faisant profiter l’industrie et la société de cette activité économique, mais ne trouvera presque nulle part, des ressources ou des infrastructures pour lui venir en aide et ainsi contribuer à lui rendre la vie avec son chien, plus facile.
Interdictions et conséquences
-
Les lieux publics interdits aux chiens
En plus de ne fournir aucun support pour les propriétaires canins, la plupart
des municipalités de banlieue interdisent l’accès aux chiens sur l’ensemble du
territoire de leurs parcs publics ou espaces verts. Les parcs provinciaux sont aussi
inflexibles, autant pour leurs aires de camping que pour leurs sentiers de randonnée
en pleine forêt. Les chiens ne sont pas non plus les bienvenus sur la plupart des
pistes cyclables, autour des infrastructures municipales et encore moins près des
centres commerciaux. La plupart de ces interdictions visent à protéger la sécurité
des citoyens ainsi qu’à préserver les règles d’hygiène publique.
Il est aisé de comprendre par ces interdictions que les chiens ne sont pas encore
acceptés dans les communautés, puisqu’ils ne le sont même pas encore dans la
société québécoise comme telle. Comme le cite Carl Girard, du site Sortiedechien.com,
dans un article du 23 mai 2005 intitulé «Le partage des espaces verts» :
« Quelle est la différence entre le Québec et le reste du monde ? Pourquoi les
chiens font-ils partie intégrante de l’art de vivre européen, alors qu’ici, ils
ont à peine accès à la nature ? Comment se fait-il que Parcs Canada accepte
généralement les animaux de compagnie, tandis que la SEPAQ (Société des
établissements de plein-air du Québec) souhaiterait presque constater leur
extinction ? Avoir un chien implique de nombreuses responsabilités. Un maître
responsable connaît généralement l’attitude et les bonnes habitudes à prendre
pour faire de son chien un meilleur citoyen canin. Mais à quoi bon les bonnes
manières s’il ne peut même pas profiter de la majorité des espaces verts Ã
cause de quelques irresponsables ? Il n’est pas normal que le chien ne puisse a
voir pleinement accès aux forêts du Québec. Manque-t-on d’espace ou plutôt
d’imagination ? Près du tiers de la population possède un chien. Ont-ils vraiment
toute la considération qu’ils méritent ? (…) Cependant, il est normal que le chien
ne soit pas admis dans certaines situations. Il est évident que tous les chiens ne
sont pas aptes à évoluer en public. Il est vrai que certains maîtres ne respectent
pas toutes les règles et consignes qui favorisent la cohabitation des mondes
humain et canin. (…) En fait, c’est une question de bon sens. Peu importe
les motifs évoqués pour restreindre l’accès des chiens, n’est-il pas possible
de se doter d’un réel mécanisme afin de sensibiliser et d’encadrer les maîtres
responsables autant que les fautifs ? Un maître averti et son chien devraient
être en mesure de profiter des espaces verts sans pour autant constituer une
nuisance. »
Mais voilà , comment sensibiliser et encadrer, comment faire des maîtres
des personnes averties, si ni l’industrie, ni les gouvernements et pas même
les municipalités ne s’impliquent vraiment ? Nous le verrons plus tard. Pour le
moment, observons plutôt ce que de telles interdictions provoquent comme
conséquences, autant pour la sécurité publique que pour la réputation des
chiens et de leurs maîtres en général.
-
Les conséquences dangereuses des multiples interdictions
Tout règlement est fait pour être enfreint, c’est bien connu ! Et des
interdictions systématiques des chiens sur le territoire d’une ville envoient
d’ailleurs un message bien contradictoire au règlement de la même ville,
qui exige que le propriétaire de chien soit muni d’une licence en règle
pour l’année en cours. Comment peut-on ne pas reconnaître l’existence
et les besoins des chiens alors que l’on exige qu’ils soient bien munis d’une
médaille ? Le Regroupement des propriétaires canins de la Ville de
Terrebonne (RPCT), dans sa demande d’installation d’une aire
d’exercice pour chiens (AEC), explique avec humour : « (…) La Ville de
Terrebonne exige que les propriétaires de chiens tiennent leur bête en
laisse sur ses trottoirs et ne leur donne pas l’accès aux parcs : chose plus
facile à dire qu’à mettre en pratique. Les chiens ont tous besoin de courir
et de se dépenser, sans parler de socialiser. Aussi, nous observons qu’une
grande partie des propriétaires canins promènent leur chien dans les parcs,
certains prenant même parfois le risque d’y laisser leur chien en liberté.
Un chien a peut-être besoin de courir mais les gens ne le suivent pas
toujours à la même vitesse ! (…) »
Autrement dit, une interdiction de tous les lieux communs risque d’être ignorée,
puisque le besoin du maître et de son animal existe et qu’il n’existe aucun espace
adéquat où ils pourraient ensemble y subvenir. Dans toutes les villes du Québec, il
se promène des maîtres et leur chien, avec ou sans laisse, dans des lieux interdits
donc, exempts de règlements. Plusieurs adoptent donc ainsi des comportements
très à risque, autant pour la sécurité du chien que pour la sécurité des citoyens.
Sans parler des problèmes d’hygiène par les excréments laissés sur place,
faute d’endroit adéquat pour en disposer.
-
Renforcement de l’image négative du chien
Ce genre de comportement est non seulement illégal, mais nuit directement
au propriétaire canin. Pourquoi ? Parce que ce même propriétaire, qui se propose
d’ignorer les règles municipales pour combler les besoins de son chien, croyant
naïvement qu’un jour les élus se rendront compte du problème et y appliqueront
une solution, devient la preuve, la plus belle démonstration que les chiens sont
nuisibles dans la communauté !
Les citoyens, et même autres promeneurs de chiens, qui aperçoivent un chien
sans laisse ou circulant dans un endroit interdit, se choquent de constater que les
règles ne sont pas appliquées, se frustrent et finissent par développer un réflexe
de réprobation à la simple vue d’un chien autour d’eux, même s’il est attaché et
circule poliment sur le trottoir. Il faut noter que les deux nuisances principales
que les citoyens reprochent aux propriétaires de chiens apparaissent comme
étant l’insécurité liée aux chiens sans laisse et les problèmes d’hygiène publique,
majoritairement liés aux défécations laissées sur les propriétés publiques ou privées.
Logiquement, le citoyen se dit que la municipalité n’a pas les moyens de payer
assez d’effectifs pour ce type de surveillance dans la ville, donc que les chiens
dans la communauté sont vraiment nuisibles ! De plus, malheureusement, ce sont
souvent les chiens comme tel qui deviennent victimes de cette hargne, plutôt
que leur propriétaire délinquant.
Dans le monde de l’éducation canine, le renforcement positif est la méthode
réputée pour éduquer un chien : ignorer les comportements non-désirés et
récompenser les comportements voulus. Dans ce cas-çi, nous pouvons parler
de l’effet inverse : le renforcement négatif. Les promeneurs de chiens civilisés,
qui utilisent leur petit sac pour disposer des excréments, qui tiennent leur chien
en laisse bien près d’eux et ne circulent que sur les trottoirs passent inaperçus,
tandis que le moindre chien sans laisse ou se trouvant dans un endroit interdit
suscite l’indignation et terni la réputation de tous les chiens et leurs propriétaires !
Priorités d’une ville
-
Les citoyens, pas les chiens !
Bien entendu, il n’est pas question de prétendre que l’administration d’une
ville devrait contenter les besoins des chiens. Par contre, elle pourrait satisfaire
leurs maîtres qui, eux, paient la licence de leur chien, les payeurs de taxes et les
électeurs qui souhaitent ainsi voir leur qualité de vie améliorée. Même les citoyens
qui ne possèdent pas de chien ont besoin de satisfaire leur besoin de sécurité,
d’hygiène et de respect des lieux communs.
Chaque ville se préoccupe constamment de l’importance d’assurer une bonne
qualité du milieu de vie à ses résidents. Les principaux sujets par lesquels un
conseil municipal se sent concerné, à part ceux d’ordre administratif
proprement dit, sont souvent la sécurité publique, les loisirs, l’urbanisme
et l’hygiène du milieu. Plus précisément au sujet des lieux publics et
espaces verts, la ville de Terrebonne, dans son Plan directeur des parcs
et espaces verts, explique : « (…) elle (la Ville) assure à sa
population l’accès à des services à proximité des endroits stratégiques.
Son orientation s’exprime par une offre aux citoyens, de parcs et
d’équipements de qualité durables, par une gestion optimale des
parcs et lieux publics qu’elle considère par leurs aspects sécuritaires,
et par sa consolidation du niveau de service à la population, tant
par la quantité, la qualité que la diversité des espaces et infrastructures. »
Outre la diversité, la quantité et la qualité des services offerts, ainsi que la
sécurité et la propreté, les administrateurs d’une ville sont toujours très heureux
d’entendre les citoyens se vanter que leurs taxes municipales sont basses et
justifiées : c’est donc signe d’une bonne administration et de satisfaction
des électeurs.
-
Plaire aux électeurs à moindre coût
Bien sûr, quand les électeurs sont satisfaits et qu’il leur coûte « moins
cher qu’ailleurs » pour l’être, une ville brille par sa popularité et surtout,
pas l’attention dont elle fait preuve aux besoins de ses citoyens. Pour se
pencher sur la question des propriétaires de chiens, aussi citoyens et
électeurs, et la manière de leur plaire, voyons à quel point la vie avec
leur animal contribue positivement à leur qualité de vie.
Tout d’abord, selon un sondage omnibus Ipsos-Reid, 30 % des propriétaires
de chiens québécois affirment passer trois heures ou plus par jour, en compagnie
de leur compagnon. Aussi, 60 % des ces propriétaires canins révèlent passer une
heure ou plus par jour, en «temps de qualité» avec leur chien. Ces extraits
du sondage, à eux seuls, reflètent l’importance de leur chien pour ces citoyens
et la priorité du temps qui est accordée à leur compagnon.
De plus, selon une étude du groupe Canal Ipsos, élever un chien est considéré
comme un très bon apprentissage des valeurs citoyennes. En effet, 90 % des
propriétaires de chien et 82 % des citoyens ne possédant pas de chien, pour une
moyenne de 87 % de la population interrogée, estiment qu’un chien dans le
milieu familial procure le sens du respect de l’autre et reconnaissent à l’apport
du chien dans la famille, le potentiel éducatif auprès des enfants, plus
particulièrement au niveau de l’apprentissage des responsabilités ainsi
que des relations de cause à effet.
Par-dessus tout, pour appuyer l’importance que les Québécois accordent
aux chiens, et contrecarrer les argumentations de certains conseils
municipaux affirmant que la priorité devrait aller aux enfants et à la
famille plutôt qu’aux animaux, voyons la comparaison entre les enfants
et les chiens dans les foyers de la province :
En effet, selon un sondage mené par Léger Marketing, il y a plus d’animaux
domestiques que d’enfants dans les chaumières du Québec. La province
compte en ce moment plus de 2,1 millions de chats et chiens. Le
recensement des familles révèle, lui, qu’il y a environ 2,070 000 millions
d’enfants, soit 30 000 individus de moins.
À la lecture de ces statistiques, il faut bien reconnaître l’importance que
les citoyens accordent à leur chien et réussir à les faire accepter de plus en
plus dans nos communautés. Maintenant, comment une ville pourrait-elle
satisfaire des électeurs cynophiles, sans investir une fortune et surtout,
sans devoir justifier une dépense qui pourrait être mal perçue du grand
public ? En faisant appel à une ressource non-négligeable, que la plupart
des villes ont déjà à leur disposition : l’organisme municipal.
-
L’organisme municipal : un soutien important
Il n’y a pas que l’administration d’une ville qui doit voir à la qualité de
vie des résidents : les citoyens aussi doivent y prendre part et devenir eux-mêmes
des intervenants primordiaux. D’ailleurs, la plupart des villes soutiennent les
initiatives que les regroupements de citoyens prennent dans le but d’améliorer
leur communauté. En autant que l’association représente les mêmes valeurs
promues par la ville où elle se trouve, il est facile de trouver une entente
mutuelle pour accommoder les deux parties. De plus, de tels organismes
aident à promouvoir leur ville ainsi qu’à lui permettre d’identifier ses
priorités d’action.
En soutenant un organisme à but non-lucratif, une ville démontre qu’elle
reconnaît l’importance et la contribution de la vie associative à la qualité
de vie des citoyens ainsi que son soutien pour l’amélioration des services
aux citoyens. Autrement dit, elle peut considérer que ces organismes sont
aussi des partenaires en développement de la communauté, se préoccupant
des mêmes objectifs qu’elle tout en privilégiant par exemple, la sécurité
publique, les loisirs, l’urbanisme et l’hygiène du milieu, tel que mentionné plus haut.
Dans le cas présent, il serait donc possible pour une ville d’installer une AEC à moindre coût,
en autant qu’un groupe de citoyens bénévoles, assujettis par un protocole d’entente
bien défini entre les deux parties, puisse en assurer la co-gestion. Ne serait-ce que
pour veiller à rappeler aux utilisateurs les règles d’utilisations, pour en assurer la
propreté des lieux ou pour y faire régner une bonne entente entre utilisateurs et
citoyens limitrophes, la ville éviterait un surplus de travail des effectifs municipaux
déjà occupés au bon fonctionnement des autres infrastructures.
Or donc, si une ville, épaulée d’un organisme municipal constitué de citoyens
responsables, contribue à l’installation et la surveillance d’une aire d’exercice
pour chiens, la perception des chiens par la population pourrait se transformer
et ainsi passer de la contestation des promeneurs de chiens réfractaires
à l’acceptation des propriétaires canins civilisés et respectueux de la communauté.
Mais, qu’est-ce qu’une AEC, au juste ?
Description d’une aire d’exercice pour chiens (AEC)
La Ville de Montréal stipule que la seule place publique où les chiens peuvent être
libres sans risquer une contravention est une «aire d'exercice canin». Ce terme,
selon le site Les Cahiers des CanardsCanins : « (…) a tendance à évoquer les
camps militaires où les jeunes s'exercent à devenir plus forts, plus rapides
et donc, plus dangereux. On les voit imaginer des jeunes gens louches y lancer l
eurs chiens déjà violents. Mais voilà que l'aire en question n'est pas ouverte,
mais bien fermée : c'est vraiment un enclos. Et les chiens n'y sont pas là pour
y faire uniquement de l'exercice, mais également pour socialiser. Pour eux,
être en liberté, c'est une récréation, un endroit pour jouer comme les
enfants jouent dans un parc, et donc, pour courir, lutter, se détendre,
et, ne faut-il pas l'oublier, faire leurs besoins. L'adjectif récréatif
dénote l'aire beaucoup mieux que le terme «d'exercice. Je crois qu'il
serait donc préférable de changer les termes "aires d'exercice canin"
par les termes "enclos récréatif canin". Ces derniers termes sont plus
précis, plus complets et indiquent clairement que les chiens qui y
jouent ne sont pas un danger pour les utilisateurs du reste du parc…»
Toutefois, l’abréviation AEC étant répandue partout dans la ville de Montréal,
lieu précurseur de ces infrastructures, a été adoptée dans le vocabulaire
populaire et les termes «aire d’exercice pour chiens» ou «aires d’exercice canin»,
sont demeurés.
Ces AEC sont donc, simplement, des enclos. Un espace solidement clôturé,
assez vaste pour y faire jouer plusieurs chiens. Pour qu’il soit sécuritaire,
l’enclos doit comprendre aussi, un sas ou un portique, autrement dit, une
porte double, permettant ainsi d’ouvrir une porte, faire entrer le chien,
refermer la porte puis ouvrir l’autre donnant directement sur l’enclos.
Ainsi, les chiens présents dans l’enclos ne peuvent en profiter pour s’échapper
et le maître dispose de tout le temps et l’espace prévu pour détacher son
chien sans danger. Évidemment, tout le processus se fait en sens contraire
avec autant de logique que de sécurité. L’AEC devrait aussi se trouver assez
près des domiciles, pour en faciliter l’accès aux citoyens, mais assez loin de
ceux-ci aussi, pour éviter les dérangements produits par le va-et-vient constant.
Les trois items essentiels à retrouver avec l’enclos, sont une affiche solide où les
utilisateurs peuvent (et doivent) lire les règlements municipaux, une poubelle solide,
munie d’un couvercle étanche, où les utilisateurs disposeront des besoins de leur chien,
ainsi qu’un éclairage convenable pour la moitié de l’année ou le soleil se couche tôt,
la soirée étant le moment de la journée où la plupart des maîtres fréquentent l’AEC.
Bien sûr, certaines AEC sont mieux équipés que d’autres. Certains terrains
reconvertis profitent déjà d’un point d’eau relié à l’aqueduc, d’autres sont
munis d’abris protégeant du soleil, du vent et des intempéries, de panneaux
pour afficher les informations de l’organisme aux utilisateurs ou même de
bancs ou de tables à pique-nique. Ajoutons à cela, que certaines AEC profitant
de budgets plus généreux ont pu être dotés d’un deuxième mais plus petit
espace clos, réservé aux petits chiens, rassurant ainsi les maîtres plus craintifs
de voir leur chien jouer avec d’autres de trop gros gabarit.
-
Rôle d’une AEC
En dehors d’être un espace sécuritaire et réglementé où laisser les chiens
en liberté, l’AEC jouit aussi de d’autres fonctions importantes pour la ville et ses
citoyens. Tout d’abord, pour les municipalités aux prises avec des problèmes
de vandalisme, ces espaces verts vacants qui deviennent clôturés, délimités,
bien éclairés et très fréquentés font reculer la plupart des attroupements
délinquants qui profitaient de l’endroit pour commettre des actes destructeurs.
Ensuite, comme l’explique Jacques Beaulieu, des Cahiers des CanardsCanins :
«Une autre raison importante milite en faveur des propriétaires de chiens :
l'aire devient un lieu de rencontre, en fait le seul pour un bon nombre d'entre
eux qui n'ont pas encore atteint le «bel âge» et ont laissé derrière eux le temps
des bars et des clubs. L'aire devient un endroit où chacun peut échanger avec
un voisin qu'il n'aurait probablement jamais rencontré autrement. Si les jeunes
parents peuvent se rencontrer à la pataugeuse avec leurs bambins, les
propriétaires de chien devraient jouir du même privilège, sans tenir compte
de leur âge ou de leur milieu.» Sans oublier que parmi les utilisateurs,
certains plus expérimentés que d’autres dans le milieu canin pourront y
partager des informations importantes au sujet des chiens en général.
Les propriétaires de chien, en socialisant eux aussi, auront donc l’occasion
d’être sensibilisés à plusieurs thèmes d’importance, d’en discuter et ainsi
d’améliorer leur relation avec leur compagnon.
Comme résultat, il s’ensuivra des chiens en meilleure santé physique et mentale,
ainsi que des maîtres mieux informés et outillés pour les comprendre. C’est donc
ainsi que peu à peu, les chiens et leurs propriétaires seront de mieux en mieux
acceptés dans la communauté.
L’AEC incitera les anciens promeneurs illégaux à fréquenter l’endroit plutôt que
d’autres terrains, rendant donc les places publiques beaucoup plus sécuritaires
en diminuant le nombre de chien y circulant : en effet, les délinquants qui
persisteraient pourraient se faire montrer par les citoyens, le chemin vers
l’AEC la plus proche. De plus, comme il l’est stipulé dans les règlements et
supervisé par l’organisme désigné, chacun est responsable de garder
l’enclos propre. Conséquemment, on remarquera aussi une diminution des
crottes laissées sur les places publiques, les chiens étant concentrés au même
endroit et les maîtres munis de leurs sacs en s’y rendant. Or, les deux nuisances
majeures reprochées aux promeneurs de chiens, soit l’hygiène et la sécurité, se
règlent presque d’eux-mêmes en mettant en place une AEC.
Conclusion
En résumé, les chiens sont assez populaires dans l’ensemble de la province
pour mériter une place de choix dans leurs municipalités respectives. Malgré les
réticences de certains citoyens ou de certaines villes, le fait de leur interdire
systématiquement l’accès aux lieux publics a pour conséquence de nuire à la
communauté plutôt qu’à la protéger. Il faut toutefois comprendre les raisons
de telles interdictions de la part des administrations qui elles, n’ont pas l’intérêt
ou les moyens financiers de faire des chiens une priorité absolue devant celles de
leurs citoyens.
La solution qui apparaît comme une évidence est donc celle de l’AEC municipale,
en autant qu’elle soit mise en place et cogérée à l’aide d’une ressource importante,
l’organisme municipal bénévole. Impliquant sérieusement toutes les parties concernées,
l’AEC peut devenir un outil charnière pour encourager l’acceptation des chiens dans
la communauté. Des citoyens en sécurité, des propriétaires canins comblés et des
administrations municipales vantées pour leur facilité à plaire à moindre coût, Ã
l’ensemble de la communauté.
Une fois cette solution bien installée dans les municipalités, une fois les chiens
acceptés dans leur communauté, peut-être sera-t-il ensuite possible de leur
ouvrir les sentiers des parcs provinciaux ? Peut-être aussi que chemin faisant,
la population réalisera l’importance de bannir les maîtres irresponsables plutôt
que certaines races de chiens ? Qui sait ? La route est longue, mais peu importe
sa destination, elle débute toujours par un premier pas qu’il faut franchir.
Annexe
-
Exemple de règlements municipaux d’une AEC :
Les maîtres et leurs chiens utilisent ce site sans surveillance.
La Ville ne peut être tenue
responsable des accidents, des morsures ou des blessures que la
fréquentation de l'AEC pourrait
occasionner.
- Les enfants de moins de 12 ans doivent être accompagnés d'un adulte
à l'intérieur de l'AEC.
- L'AEC est accessible tous les jours de 7 h à 23 h.
•
- Le maître doit être dans l'AEC en même temps que son chien et le
surveiller tout au long de sa présence dans
les lieux. Il doit le tenir en laisse tant et aussi longtemps que
celui-ci n'est pas à l'intérieur de l'AEC. À l'extérieur de l'AEC, le chien
doit être tenu au moyen d'une laisse d'au plus deux (2) mètres.
- Le maître d'un chien doit ramasser toutes les matières fécales
(ou excréments) de son chien et les jeter d'une manière hygiénique
dans les poubelles prévues à cet effet. Cette règle s'applique à l'intérieur
et à l'extérieur de l'AEC. Cependant, cette règle ne s'applique pas aux non-voyants.
- Tout chien doit posséder une médaille d'identité (ou plaque d'identification)
de la Ville valide pour l'année en cours et porter sa plaque en tout
temps sur le territoire.
- Il est interdit pour un maître d'avoir plus de deux
chiens sous sa responsabilité
dans l'AEC tout comme aucun autre animal ne peut avoir accès au site.
- Le maître doit être en mesure de maîtriser son chien en tout temps.
- La consommation de nourriture est interdite dans l'AEC. Nourrir un chien
à l'intérieur de l'aire d'exercice est aussi interdit.
- Un chien ne doit pas aboyer, hurler ou gémir de façon à troubler la paix. Le
maître doit utiliser les moyens nécessaires pour empêcher
son chien de troubler la quiétude
du voisinage. Au besoin, il devra utiliser une muselière.
- Les chiens fréquentant l'AEC doivent être vaccinés et ne pas être porteurs
de maladies afin de ne présenter aucun risque pour les autres chiens.
- Les chiens dangereux, agressifs, d'attaque ou de protection sont interdits dans l'AEC.
- Les chiens en rut (en chaleur) sont interdits dans l'AEC.
- Les portes de l'AEC doivent demeurer fermées en tout temps.
Le site est géré en partenariat un organisme municipal bénévole qui voit au respect des
règles d'utilisation et au maintien des relations harmonieuses
entre utilisateurs et citoyens.
LA COLLABORATION DE TOUS EST ESSENTIELLE AU MAINTIEN DE L'AEC.
Vous pouvez signaler toute défectuosité ou anomalie sur cette installation en composant
le numéro de téléphone suivant : XXX-XXXX
-
Extraits d’un protocole d’entente entre une ville et un organisme municipal bénévole :
- ENTRETIEN DU PARC
L'entretien relevant habituellement de la responsabilité municipale et touchant
plus particulièrement le parc sera assuré par la Ville.
Nonobstant l'article 2.3 de la présente convention, les dépenses reliées à ces travaux
seront à la charge de la Ville.
Toutefois, il est de la responsabilité de l’organisme d’informer la Direction du loisir
et de la vie communautaire de toutes interventions et/ou réparations nécessaires Ã
être effectuées.
- UTILISATION DU TERRAIN
L’organisme pourra faire usage du terrain lors d’activités ou d’événements spéciaux,
tel que mentionné dans les politiques de soutien à la vie associative, relativement au
soutien physique ou aux plateaux extérieurs, en tant qu’organisme reconnu par la Ville.
En conséquence, il s'engage à moins d'une autorisation expresse de la Ville, à :
- ne pas l’utiliser à des fins personnelles ou privées;
- ne pas y faire commerce;
- ne pas céder ou transférer ce contrat ou tout droit s'y rapportant;
- ne pas y afficher de la publicité.
- FOURNITURES GÉNÉRALES ET D'ENTRETIEN
L'entretien et le maintien de la propreté de l’AEC devra être assuré par l’organisme,
à la satisfaction de la Ville. En conséquence, l’organisme doit fournir tout le matériel
et les produits nécessaires.
- COMPORTEMENT DE L’ORGANISME
L’organisme s'engage à prendre soin régulièrement de la propreté des lieux, Ã
tout mettre en Å“uvre pour y maintenir des relations harmonieuses entre utilisateurs
et citoyens. À cet égard, l’organisme s’engage rappeler aux utilisateurs le besoin
de voir au respect des règles de conduite de la Ville,
affichées à l’entrée de l’AEC (voir copie ci-jointe).
L’organisme devra rappeler et recommander aux utilisateurs de circuler par les accès
prévus de façon à minimiser le bruit et les dérangements quant aux riverains.
Références
© Copyright Marie-Claude Côté 2007
Reproduit avec permission
Mis en ligne par Jacques Beaulieu le 14 février 2006
jacqbeau@canardscanins.ca
|