Toile représentant Joseph Masson | ||||
"L'oncle Masson"On m'a fait savoir que la famille Labelle possède une toile représentant "l'oncle Masson" et ce, depuis plusieurs générations. Celui-ci m'a demandé d'identifier cet "oncle Masson". La genèse certaine du tableau est que celui-ci avait été la propriété d'Alfred Eugène Damase Labelle. Son père, Jean Baptiste Hospice Labelle, avait épousé Marie Lise Léocadie Masson, fille de Marc Damase Masson, d'où le lien entre les Masson et les Labelle. Le tableau en question n'est ni daté ni signé. On a ajouté: “Un expert a souligné que la toile aurait été coupée puisque les tableaux de portrait de cette époque était de plus grand format”. L'expert n'a pas tenté de dater le tableau.
L'identification du personnage a été plutôt aisée. En effet, il existe au moins trois portraits qui sont sans contredit de Joseph Masson (1791-1847), seigneur de Terrebonne et premier millionnaire canadien-français. La toile en question est reproduite un peu plus bas précédant les trois autres portraits. La comparaison est plutôt convainquante, à ce qu'il me semble. La toile en question devrait prédater les autres car l'homme me semble plus jeune, probablement un homme âgé de 30 ans environ. Dans tel cas, la toile daterait d'environ 1821. De toute façon, c'est le portrait d'un homme qui a réussi dans la vie et qui voit l'avenir d'un bon oeil.
Le peintre portraitiste aurait pu travailler à Montréal, ou en Grande-Bretagne, où Joseph Masson alla à plusieurs reprises à cette époque et je ne vois pas comment il serait possible de l'identifier. Il reste que la peinture mutilée aurait maintenant près de deux siècles et pourrait être la seule d'un jeune Joseph Masson, ce qui en donnerait une valeur au moins historique, sinon artistique. Il est possible qu'une analyse plus poussée montre que celle-ci est une copie d'un original de 1831, mais cela m'apparait peu probable compte tenu de la genèse du tableau.
Marie Suzanne Payfer, la mère de Joseph Masson, était la fille de Henri Paul Payfer et de Marie Catherine Ethier. Elle était née à Sainte Geneviève de Pierrefonds le 10 septembre 1767. Son père y mourut le 11 mai 1784 et fut inhumé dans l'église. Pour plus sur la famille de ces Payfer, pressez ICI.
Sa veuve Marie Catherine Ethier se remaria avec Jean Baptiste Lanthier et déménagea sa famille à Saint-Eustache chez son nouveau mari. C'est là que Marie Suzanne Payfer épousa Antoine Masson le 7 février 1767, un résident de l'endroit. C'est là que naquit le 5 janvier 1791 Joseph Masson, leur troisième enfant. Scholastique Payfer, fille cadette de Henri Paul Payfer et de Marie Catherine Ethier, était née à Sainte Geneviève de Pierrefonds le 8 février 1782 et vivait avec sa mère et son beau-père à Saint Eustache à la naissance de son neveu Joseph. Elle avait alors 9 ans. Elle maria à Sainte-Geneviève de Pierrefonds le 11 janvier 1801 Eustache Masson. Elle avait alors presque 19 ans alors que Joseph, lui, en avait 10. Scholastique et Joseph avaient donc vécu dans le même village et faisaient partie de la même famille. Ils se rencontraient probablement relativement souvent et il est possible que Scholastique ait aidé sa soeur Suzanne à la maison. De toute façon, ils devaient bien se connaître. Eustache Masson et son épouse Scholastique Payfer habitèrent Sainte Geneviève de Pierrefonds jusqu'à au moins 1821. Pour plus sur la famille de Eustache Masson et de Scholastique Payfer, pressez ICI. Les troubles de 1837 entrainèrent l'exil volontaire à Fort Covington jusqu'à la mort de Eustache Masson le 22 avril 1840. Après la mort de son mari, Scholastique Payfer s'installa à Montréal et se trouvait à demeurer assez proche de son fils Marc Damase Masson et de son neveu Joseph Masson. Les parents de Joseph Masson avaient toujours vécu à Saint Eustache. Il avait perdu son père Antoine Masson le 11 janvier 1821 et sa mère le 8 mars 1823. Par contre, sa tante Scholastique Payfer vécut jusqu'au 25 octobre 1845. C'était donc la seule représentante de la famille de sa mère. Selon le Lovell, elle avait une maison à Montréal en 1842 sur la rue Craig, près de la rue Bleury. Joseph Masson habitait au 124 rue Notre Dame. Elle déménagea ensuite sur la rue Saint Dominique, mais il reste qu'elle était assez près de chez son neveu qui avait très bien réussi en affaires. Pour plus sur la vie de Joseph Masson, pressez ICI.
Il est possible qu'entre 1840 et 1845 environ Joseph ait cadeau de cette toile de lui à sa tante Scholastique. Son fils Marc Damase Masson aurait alors hérité du tableau à la mort de sa mère, le 25 octobre 1845: le tableau aurait ainsi abouti dans sa famille. Mais cela n'explique pas que cette toile soit celle de l'"Oncle Masson" comme ce dernier n'était pas le frère de Marc Damase Masson. Il nous reste donc à examiner ce dernier point. Mais avant, voici son tableau sous de meilleures dimensions:
Le mari de Scolastique Payfer, Eustache Masson avait été inhumé dans l'église de Saint Clément à Beauharnois, parce qu'il avait contribué à son financement; son père Henri Paul Payferavait été inhumé dans l'église de Sainte-Geneviève de Pierrefonds pour la même raison. Il semble bien que ce soit la méthode requise pour qu'un laïc soit inhumé dans l'église plutôt qu'au cimetière. Scolastique Payfer fut inhumée dans la crypte de l'église Notre Dame de Montréal et non avec son mari. Peut-être celle-ci voulait être inhumée près d'où habitait son fils Marc Damase Masson et d'autres membres de sa famille. Le Lovell nous permet en effet d'établir que déjà en 1842, première année de parution de cet annuaire, Madame E. Masson habitait Montréal. Celle-ci y apparait jusqu'à son décès. Il en est de même pour l'honorable Joseph Masson et pour J. B. Maçon, avec comme raison sociale "J. B. & Son, auctionners and commission merchants" et pour D. Masson, "Wholesale and retail wines and groceries".
Mais l'acte de décès de Scholastique Payfer nous fournit des informations supplémentaires. Celui-ci est trouvé à la suite avec sa transcription:
Le vingt huit Octobre, Mil huit Cent quarante Cinq, Je Prêtre Soussigné ai inhumé dans l'Eglise Paroissiale, Dame Scholastique Payfer décédée le Vingt Cinq du Courant, âgée de soixante trois ans, Veuve de feu Eustache Masson, Ecuyer, de cette paroisse. Les Témoins ont été Messieurs Wilfrid Masson et Jean Baptiste Masson, soussignés.
De tout cela, il est fort possible que ce soit Joseph qui ait organisé et payé pour les funérailles de sa tante et qu'il vit qu'elle soit inhumée dans la crypte de l'église Notre-Dame et non pas au cimetière. Il avait en effet contribué fortement au financement de cette paroisse dont il avait été marguillier. C'est probablement lui qui a décidé qui signerait l'acte de décès, s'assurant évidemment que Damase y soit. Leurs signatures sont sur la même ligne comme s'il était un frère plus vieux et Damase un plus jeune. Et c'est son fils Wilfrid Antoine Raymond qui a représenté les petits-enfants, et son oncle Jean Baptiste qui a représenté la génération de Scholastique. Il n'est pas impossible qu'il eut dit à son cousin, Damase, "ta mère, c'était aussi une mère pour moi. Accepte-moi comme frère aîné pour l'occasion, laisse-moi organiser le tout, et voir au paiement. C'est la moindre des choses que je peux faire pour elle, pour toi et pour notre famille." Voici peut-être qui pourrait expliquer comment Joseph Masson était en quelque sorte devenu l'oncle Masson pour les enfants de Damase. Où habitait nos Masson selon le Lovell: 1842-3 Masson, Hon. Joseph, house Notre Dame street. 1843-5 Masson, Hon. Joseph, house 124 Notre Dame street. 1845-6 Masson, Hon. Joseph, house St. James Place, Little St. James street 1842-3 Masson, Mrs. E., house Craig, near Bleury street 1843-4 Masson, Mrs. E., house St. Henry, near College Street 1842-5 Masson, D., wholesale and retail wines and groceries, corner St. Joseph and McGill street 1845-6 Masson, D., wholesale and retail wines and groceries, 183 Notre Dame street 1842-3: Maçon, J. B., & Son, auctioneers and commission merchants, St. Sacrement, near St. François Xavier street; house Craig, near Cote Street 1843-6: Maçon, J. B. & Son, auctioneers and commission merchants, 146 St. Paul Street, house 73 Craig Street 1846-7: Maçon, (J. B. & Son, auctioneers and commission merchants, 2 Nuns' buildings, St Joseph Street; house 4 Notre Dame Street 1847-8: Maçon, J. B. house 4 Notre Dame street 1848-9: Maçon, Mrs. J. B. house 22 St Denis street Sépulture de Jean Baptiste Maçon à Saint Eustache (9 décembre 1847)
Ce neuf decembre mil huit centquarante sept, par nous Prêtre soussigné, a été inhumé dans l'Eglise de cette paroisse, le corps de Jean Baptiste Maçon, Marchand, époux de Charlotte Roussel, décédé depuis quatre jours, âgé de quatre vingt six ans et onze mois. témoins de l'inhumation, Zosime Maçon, vincent Maçon, et Jean Baptiste Bélanger lesquels ont signé avec nous.
Jean Baptiste Masson, fils de Joseph Masson et de Marie Louise Maisonneuve et veuf de Marie Anne Tatou Brindamour, épousa à Terrebonne le 9 janvier 1792 Marie Charlotte Roussil, fille de Jérome Roussil et de Marie Josephe Paris. |