Mes racines / my roots

Henri Césaire Saint-Pierre


Adéline Albina Lesieur


Napoléon Mallette


Louis Émery Beaulieu


Guillaume Saint-Pierre


Joseph Bélanger


Geneviève Saint-Pierre


Jeanne Beaulieu Casgrain


Jean Casgrain


Simone Aubry Beaulieu


Marcel Malépart


Jaque Masson


Édouard Trudeau


Rolland Labrosse


Jacques Cousineau



Recherche
de
"Mes racines"

sur
JacquesBeaulieu.Ca


Retour
à la page
initiale

de
JacquesBeaulieu.Ca
Biographie du père Édouard Trudeau
Mes racines / my roots

Le père Édouard Trudeau, s.j., un de mes pères spirituels:

Entré dans l'éternité

LE PÈRE ÉDOUARD TRUDEAU, S.J.
(1917 - 2003)
UN INDOMPTABLE OPTIMISTE...

Le 5 mai 2003, en l'église Saint-Pierre de Kampala, en Ouganda, une foule d'Africains et de missionnaires se réunissaient pour célébrer les funérailles du père Édouard Trudeau. Et j'imagine que s'il avait pu planifier lui-même ses propres funérailles, il n'aurait pas pu souhaiter mieux que d'être enterré là où il a donné le meilleur de lui-même, entouré de ceux et celles qu'il a aidés jusqu'à la dernière minute de sa vie. On y a célébré ses funérailles, oui! Mais bien davantage cette vie magnifique consacrée au Seigneur, aux jeunes, aux pauvres.

Cette vie a commencé à Beauharnois le 29 juillet 1917. Édouard a connu une enfance heureuse. Ils étaient cinq enfants: Marthe, Pierre, Édouard, Louise et Louis. Un jour, son père, qui avait fait ses études au Collège Saint-Laurent, décida d'amener Édouard à Montréal pour faire son entrée au collège où il avait lui-même étudié. Mais, en route, il découvrit le Collège Jean-de-Brébeuf. Les plans changèrent et Édouard y fut inscrit. Des études qui durèrent de 1930 à 1938.

La Russie? Non, l'Afrique!

En septembre 1938, il entrait chez les jésuites. Parmi les facteurs qui ont certainement influencé cette décision, notons son engagement dans le scoutisme, les Congrégations mariales et la Saint-Vincent-de-Paul, ainsi que l'accompagnement du père Oscar Bélanger,le recteur du Collège. Dès le juvenat, en réponse à une demande du père général, Édouard s'offrait comme volontaire pour la Russie. On songea sérieusement à l'envoyer au Collège Russe de Rome. Mais la seconde grande guerre de 1939 - 1945 fit avorter ce projet. Ce collège, fondé pour préparer des jésuites à travailler en Russie, le moment venu, fut fermé. On lui dit d'attendre. Et l'attente se termina en 1946, lorsqu'on l'envoya en Éthiopie pour son premier engagement missionnaire. Les premiers jésuites étaient arrivés en Éthiopie en 1945, un an plus tôt. Une régence de deux ans dans des postes divers: surveillant de récréation, assistant-directeur, enseignement au primaire, tout cela à l'École Tafari Makonnen (T.M.S.) d'Addis Abéba. Une quinzaine d'heures de travail chaque jour! C'était la régence de ce temps-là!

Édouard Trudeau revenait au pays en 1948 pour ses études de théologie: ce fut d'abord une année au Collège l'lmmaculée-Conception de Montréal et puis trois années à Weston Theological College, près de Boston. II fut ordonné prêtre en 1951 par le cardinal Richard J. Cushing, archevêque de Boston. Sa formation jésuite se termina par le Troisième An à Mont-Laurier.

Dès 1953, on le retrouve à Addis Abéba, en Éthiopie, comme directeur des études a l'école Tafari Makonnen. Trois ans plus tard, il participe à la fondation de l'University College of Addis Ababa, comme doyen de la Faculté des Arts. Peu après, on le nomme vice-président académique de ce même collège universitaire, qui, en 1961, devient Haile Selassie University. En tant que directeur de l'Extension Department, il y assure l'organisation des cours du soir.

Treize ans d'attente

L'exercice de ces diverses fonctions administratives le convainc de la nécessité de se donner une formation plus poussée en ce domaine. En 1963, on lui accorde deux ans à cette fin. Le 25 mai, il part donc pour New York, où il compte obtenir un doctorat en administration universitaire. Au bout d'un an, il a terminé tous ses cours. II ne lui reste qu'à terminer sa thèse. D'accord avec le provincial, il se prépare alors à retourner sans délai à Addis Abéba, où il pourra compléter ce travail de rédaction.

Mais voici que, à court de personnel, le même provincial décide, à la dernière minute, de le retenir au pays pour remplir la charge de préfet des études au collège Jean-de-Brébeuf. Bouleversé, attristé, mais obéissant, Édouard accepte cette affectation imprévue, d'autant que, à ce qu'on lui promet, ce ne sera que pour un an. En réalité, cela dure dix ans, de 1964 à 1974. Chaque année il écrit au père général, le père Pedro Arrupe, pour renouveler sa demande des missions. Enfin, au bout de dix ans, la réponse est positive: "Très bien, vous pouvez retourner en Afrique!" Soulagement. Mais, sur les entrefaites, au Canada français, on change de provincial. Le nouveau provincial, pris de court, met le grappin sur lui juste avant qu'il parte: "Restez ici. J'ai besoin de vous comme vice-provincial à l'éducation!" Ce n'est qu'en 1977, après treize ans d'attente, que son désir de rentrer en Afrique pourra être exaucé. À ce moment, la présence des jésuites dans les collèges a perdu de son importance: Édouard suggère simplement d'éliminer le poste. On se rend à l'évidence.

Pendant ces treize années d'exil, sans préjudice de ses fonctions officielles, Édouard avait néanmoins trouvé moyen de continuer à travailler pour l'Afrique. Il avait offert ses services à l'ACDI (Agence canadienne de développement international). À ce titre, il avait collaboré à l'implantation d'une école polytechnique au Sénégal. Après avoir visité des écoles secondaires au Tchad, au Gabon, en République Centre Afrique et au Congo, il avait suggéré à l'organisme gouvernemental d'investir davantage pour développer l'enseignement des sciences dans ces écoles africaines. Grâce à son influence, de nombreux jeunes Africains étaient venus parfaire leur éducation au Canada, plusieurs au collège Brébeuf, ou ils avaient suivi des cours spéciaux en physique, chimie et biologie. Ces activités bénévoles lui avaient permis d'approfondir sa connaissance de l'Afrique et d'établir de nouveaux contacts. Il s'impliqua beaucoup au CECI (Centre canadien d'étude et de coopération internationale), organisme non gouvernemental fondé par le père Jean Bouchard, S.J., qui devint, en 1968, une corporation privée sans but lucratif et dont le père Trudeau fut un des membres fondateurs.

Retour définitif en Afrique

En 1977, la Conférence épiscopale d'Afrique de l'Est (AMECEA) prépare la fondation d'un Institut supérieur pour les études religieuses: Édouard Trudeau est l'homme tout désigné pour en assurer la planification. Ainsi, de 1977 à 1985, il vit à Nairobi au Kenya, directeur de la planification de cet institut bientôt transformé en une université: "Catholic University of Eastern Africa". Une fois lancée, cette université est remise aux évêques: la mission d'Édouard est terminée.

Tout au cours de ce travail de planification, il avait trouvé le temps de seconder d'autres projets: aumônier au KTTC (Kenya Teacher Training College), il aide les Soeurs de l'Assomption de Nairobi, une fondation indigène, en quête de projets capables de les amener à une véritable autonomie économique: entre autres une plantation de caféiers. Le père Trudeau leur trouve des fonds. Et il devient pour elles, comme pour beaucoup d'ailleurs: "Uncle Edward".

Le provincial des jésuites d'Afrique de l'Est dont il dépend désormais lui demande, en 1985, d'accepter l'invitation de l'évêque de Moroto, en Ouganda, qui désire en faire le chancelier de son diocèse et son secrétaire privé. II y travaillera pendant trois ans, de 1985 à 1988. C'était chez les nomades, les Karamojong. En même temps, il remplit la charge de supérieur pour les cinq jésuites qui travaillent sur le territoire ougandais. En 1988-89, une résidence jésuite s'ouvre à Kampala. Il quitte alors ses nomades de Karamojong pour résider dans la capitale. Cette résidence est officiellement inaugurée le 3 décembre 1989, fête de saint François Xavier. On lui donne le nom de Xavier House. De 1989 à 1992, les évêques confient au père Trudeau la charge de trésorier de la conférence épiscopale d'Ouganda. Tous ces postes exploitaient au maximum ses talents d'administrateur et de trésorier.

Au service des réfugiés et des plus démunis

Lorsqu'en 1992, il termine son mandat avec les évêques, il continue à vivre dans la communauté jésuite qui se développe à Kampala et il y sert ses compagnons de multiples manières: tour à tour ministre, économe, consulteur, réviseur des caisses, et quoi encore? Mais la pièce de résistance qui exigera le plus d'efforts et de dévouement fut la création d'un Fonds de solidarité jésuite en faveur des étudiants et étudiantes pauvres. Des milliers de jeunes ont pu ainsi continuer leur éducation grâce aux bourses d'étude ainsi constituées. Ce fut son gros travail de 1992 jusqu'à son décès. Il s'agissait d'aider les orphelins des nombreuses victimes du SIDA ou encore les jeunes réfugiés, ou les enfants de la rue: les envoyer à l'école et voir qu'ils aient de quoi manger. II y eut des années où ce nombre atteignit le millier. Il tenait en mains leurs dossiers, et, sans secrétaire, il les suivait, chacun et chacune. Ce qui l'occupait tous les jours de huit heures à midi. En après-midi, il s'occupait des affaires de la maison. Ces dernières années sont celles qui l'ont le plus touché. Car il a pris contact avec les personnes les plus délaissées au monde: ces réfugiés et réfugiées qui ont tout perdu. Des gens sans pays, sans passeport, sans certificat de naissance...

Le 28 avril 2003, ii se sentit tout à coup faible et tremblant. Croyant à une attaque de paludisme, il prit les remèdes usuels et garda la chambre où on lui apportait la communion. Le 1 mai, se croyant un peu mieux, il se leva et se mit à table: mais il s'écrasa sur place. On le transporta à l'hôpital, aux soins intensifs. On le veilla toute la nuit. Le lendemain, il reçut quelques visiteurs. En fin d'après-midi, le 2 mai, ses compagnons jésuites se réunirent à son chevet. On lui administra le sacrement des malades, alors qu'il était encore à demi-conscient. Suivit la récitation du chapelet qu'il aimait tellement. Puis, très paisiblement, il rendit l'âme à 19 h 40, entouré de ses frères jésuites. Il allait avoir 86 ans le 29 juillet 2003.

Un jour, quelqu'un lui demanda s'il aurait pu être mieux traité par la vie; sa réponse fut très décisive: "Dieu a vraiment été le planificateur paternel, amoureux de toute ma vie. Il m'a toujours accompagné dans mes activités apostoliques. Il est toujours présent. Je n'aurais jamais pu planifier ma vie de la manière merveilleuse qu'il l'a fait. J'ai eu une dévotion spéciale à Notre Dame de la Route. Dévotion qui a commencé quand j'étais routier avec les scouts. Quand j'ai un problème, je le lui confie. Et j'invite toujours ceux et celles que j'aide à prier la Sainte Vierge."

Et il aimait répéter cette phrase du jésuite, Teilhard de Chardin: "L'avenir est plus beau que tous les passés."


Joseph-A. PAYEUR, S.J.


(Note: le père Payeur a oeuvré en Éthiopie de 1963 à 1978,
en Tanzanie de 1978 à 1985 et au Kenya de 1985 à 2000.)

_____________

Funérailles du père Édouard Trudeau en l'église Saint-Pierre de Kampala, Ouganda.

Le 5 mai au matin, le corps du père Trudeau fut exposé en la chapelle de la résidence jésuite Xavier House; les gens sont venus prier, chanter et réciter le chapelet.

Vers 13 h 30, le corps fut exposé en l'église paroissiale Saint-Pierre, jadis pro-cathédrale et sous la responsabilité des Missionnaires d'Afrique (pères Blancs). Les funérailles débutèrent à 14 h. Trois évêques, quarante prêtres et une foule nombreuse y participèrent. Une excellente chorale ajoutait à la solennité de l'eucharistie présidée par Mgr Christopher Kakooza, évêque auxiliaire de Kampala. Les lectures de la messe furent Isaïe 58,6-10, Matthieu 25,31-46 et on ya chante le psaume 22. L'inhumation a eu lieu dans le cimetière voisin de l'église; Mgr Paul Kalanda de Fort Portal a présidé l'inhumation.




Jacques Beaulieu
Révisé le 16 septembre 2004
jacqbeau@canardscanins.ca


Jacques Beaulieu
jacqbeau@canardscanins.ca
Révisé le 23 janvier 2018
Ce site a été visité 31629695 fois
depuis le 9 mai 2004