SIMONE AUBRY BEAULIEU
Cette entrevue de Paquerette Villeneuve
est tirée de la Revue Châtelaine du mois d'octobre 1969
Simone Beaulieu
peintre et ambassadrice
Une entrevue de Paquerette Villeneuve
Dans les milieux diplomatiques,
elle est Madame Paul Beaulieu,
femme de l’ambassadeur du Canada en France. Chez les peintres, on
la connaît mieux sous le nom de Aubery Beaulieu. Elle a beaucoup
voyagé. Exposé un peu partout. Elle nous parle de sa vie à Paris
et des personnalités qu’elle a connues au fil des années
et des pays.
Installée dams le bel hôtel particulier du Faubourg Saint-Honoré
qui sert de résidence à nos ambassadeurs, Simone Beaulieu me reçoit
dans un salon paysible où on n’entend que le chant des oiseaux. Il
est 4 heures de l’après-midi. Entre un déjeuner officiel
et une réception
qui l’attend en fin de journée, elle a trouvé
– ce qui est rare – quelques
heures de liberté. Elle apparaît dans une robe d’intérieur longue, en
jersey de soie à larges rayures blanches, vertes et bleues, à la fois
seyante et extrêmement confortable.
- Je m’habille toujours ainsi à la maison, me confie-t-elle. Ces robes
sont pratiques, car je peux les retirer sans déranger ma coiffure
au moment de m’habiller pour sortir. Je les taille moi-même et en
laisse la finition à une petite couturière”, avoue-t-elle, sans se
douter combien c’est étonnant de constater qu’elle ajoute encore
ce talent à plusieurs autres.
J’ai appris un peu de couture à l’École ménagère de la rue Berri,
que dirigeait Mademoiselle Leblanc, une femme charmante et
exceptionnelle. Paul et moi venions de nous fiancer, mais
comme il envisageait de s’unir pour la vie avec une fille unique
qui n’avait fait que les Beaux-Arts, il a voulu que je prenne aussi
des cours de cuisine. J’ai eu le temps d’apprendre aussi à faire les
sauces, les potages et les viandes, mais nous nous sommes mariés
avant que j’en arrive aux desserts!
- Faire les Beaux-Arts, n’était-ce pas alors
inhabituel pour une jeune fille?
- C’était moins courant que maintenant. Les moeurs ont beaucoup changé.
Il y a trente ans, les jeunes filles avaient moins
de liberté. Ma famille
était tout de même d’accord, en particulier une vieille tante, soeur
Marie-Philémon qui, à 80 ans, lisait tout ce qui se publiait, en anglais
ou en français. Elle était très cultivée et son jugement avait beaucoup
de poids. En un sens, elle était révolutionnaire, ayant été une des
premières à préconiser des leçons de danse rythmique au pensionnat
d’Outremont.
Fille d’un médecin qui fut attaché au régiment des Fusilliers
Mont-Royal et née sous le signe du Lion, l’idée d’être la première à
faire quelque chose de différent n’tait pas de quoi la faire reculer.
De tous les côtés, elle avait de qui tenir. Son grand-père, l’avocat
Ulric Émard, n’avait-il pas fondé une ville
qui porte encore son nom?
Aux Beaux-Arts, elle sera une des premières à
accueillir avec enthousiasme
les idées d’Alfred Pellan, que la guerre en Europe
avait ramené au Canada
après un long séjour en France; et à s’intéresser
à un passionnant profeseur
de l’École du Meuble, Paul-Émile Borduas.
- J’ai dû interrompre mes études au pensionnat et
n’ai donc pas de diplôme.
Ensuite je suis allée aux Beaux-Arts dont le directeur était alors très
académique. Des camarades et moi nous opposions à son attitude
conservatrice et nous avons écrit des articles dans Le Devoir
pour défendre Pellan et le père Couturier
contre le directeur de l’École
qui les attaquait. Après cela, je fus rayée
de l’École et n’obtins pas non plus de
diplôme.
Elle garde encore au-dessus de son lit le portrait que Borduas fit d'elle
alors qu'elle était fiancée. "C'était un homme profond que j'aimais
beaucoup." Quand à Pellan, il remplaça peu après le directeur à la
tête de l'École.
Le temps a vite prouvé que la jeune contestataire faisait bonne route
en préférant les créateurs vigoureux aux professeurs conventionnels.
De forte personnalité, elle allait si bien pouvoir s'affirmer comme
artiste que, quelques années plus tard à Paris, Fernand Léger écrivait
d'elle: "J'ai eu comme élève à mon atelier Simone Beaulieu. Son travail
m'a toujours donné satisfaction. Cette élève est extrêmement douée..."
- Aujourd'hui, malgré toutes vos obligations professionnelles,
sociales et mondaines, trouvez-vous encore le temps de peindre?
Quelle question: je vois du feu dans son regard!
- Nous sommes arrivés à Paris au début de décembre et dès que j'ai été
installée, j'ai repris mes habitudes. Levée à 6 heures du matin,
je prends le café que le maître d'hôtel m'a préparé la veille dans un
thermos, et je monte à mon atelier où je travaille pendant 4 ou 5
heures d'affilée. Et je préviens qu'on ne me dérange pas.
La visite au dernier étage prouve en effet que notre ambassadrice mène
deux vies parallèles: la vie du peintre Aubery Beaulieu
(c'est sa signature) et celle de Madame Paul Beaulieu, épouse
d'ambassadeur. Même en 1950, alors que ses deux enfants étaient
tout petits, elle trouvait le temps de peindre, de 6 à 8 heures tous les
matins.
- J'ai pris de mon père l'habitude de me lever tôt, et de mon éducation
celle d'être indépendante. Fille unique, je suis née alors que mon
père avait déjà 45 ans. Comme la situation de mes parents les
obligeait à sortir beaucoup, j'ai vécu seule très tôt. J'ai l'habitude
de m'occuper de moi-même, alors la vie diplomatique ne m'a pas pesé.
Ayant bien fait le partage entre ses activités artistiques et
ses obligations, Madame Beaulieu peut chaque jour suivre un programme
fort chargé. Elle le fait sans fatigue, car elle a adopté le principe
de la sieste quotidienne, à laquelle elle tient absolument.
- Une heure ou deux de repos l'après-midi et je suis en forme pour
le soir, dit-elle.
- Avez-vous d'autres secrets?
Elle est un peu étonnée de la question, flairant un piège. Je la rassure.
- Les femmes sont toujours anxieuses de connaître des recettes pour
se garder en bonne forme. Quelles sont les vôtres?
- Au réveil, je prends une douche froide, et maintenant je fait aussi
du yoga. Le dimanche, pour compenser les nourritures délicieuses et
variées que je mange pendant la semaine, je me mets à la diète et
ne bois que de l'eau de Vichy. À ce régime, je n'ai pas changé de
poids depuis 20 ans. Pour la peau, tous les jours avant la sieste, je me
mets une crème sur le visage, et je prends beaucoup de soleil. Quant à
mes cheveux, ils sont châtains clair au naturel. J'ai rarement eu
de permanente. Deux fois par semaine, je vais chez le coiffeur, car c'est
nécessaire d'être toujours absolument impeccable.
Bronzée, elle l'est déjà beaucoup; ce qui convient à ses yeux
bleus et à son teint de blonde. Petite et fine, elle porte ses
robes et tailleurs avec beaucoup d'élégance. En couture comme en tout
le reste, elle aime découvrir et aider les jeunes. À Paris, c'est
Jean-Louis Scherrer qu'elle a élu pour lui faire ses robes. Un jeune
qui a du talent l'intéresse davantage et Scherrer est de ceux
qui iront loin, si j'en juge par le tailleur bleu et blanc à plis et à
taille cintrée, qu'il a créé pour notre ambassadrice.
- Depuis votre arrivée à Paris, qu'avez-vous fait?
- J'ai pris contact avec Madame Couve de Murville, qui est très
gentille. Je suis allée voir d'autres ambassadrices, en
commençant - c'est plus respectueux - par les aînées. J'ai aussi
rencontré Madame Soames, épouse de l'ambassadeur de Grande-Bretagne
et fille de Winston Churchill, qui parle bien français. Puis plusieurs
autres ambassadrices sont venues me rendre visite. Aussi j'ai donné
des déjeuners pour prendre des contacts. Par exemple, j'ai récemment
eu à déjeuner, en l'honneur de Madame Johnson lors d'un de ses passages
à Paris, la princesse de Polignac, Madame Bousquet, épouse de l'ancien
ambassadeur de France au Canada, Madame de la Chauvinière,
ex-ambassadrice au Brésil, Madame de Lipowski, Madame Raily, Américaine
de Paris, Madame Jean Chapdelaine, épouse du délégué général du Québec
à Paris, et la contesse de Courseilles, représentante d'Élisabeth Arden.
Cela me permet d'établir des relations dans des milieux très différents.
J'ai aussi retrouvé des amis d'autrefois. Un soir de cette semaine
nous sommes allés à un cocktail pour le vernissage d'André Marchand.
Nous avons terminé la soirée à la Coupole avec les peintres et le
directeur de la galerie. C'était très intéressant.
Cela lui rappelait le Paris de l'immédiate après-guerre car elle y a
vécu, de 1945 à décembre 1948 avec son mari, alors attaché culturel. Les
Beaulieu, qui ont tous deux un grand intérêt pour toutes les formes d'art
et de création, s'étaient créé un groupe d'amis fidèles et réguliers.
Le Père Teilhard de Chardin fut un de leurs plus célèbres familiers,
et il ne venait certes pas pour la cuisine, car à l'époque le
rationnement atteignait même les diplomates. "Nous avions droit, se
rappelle-t-elle, à la ration d'un officier britannique en campagne."
Étienne Gilson, lui, poussait la délicatesse jusqu'à apporter son pain,
"un pauvre morceau de pain jaune qu'il sortait de sa poche". Le
philosophe devint intime de la famille et quand Louis-Émery, le second
enfant des Beaulieu naquit en 1948, c'est Gilson qui fut son parrain.
Teihard de Chardin devait le baptiser mmais de graves ennuis de santé
l'en empêchèrent.
Parmi les amis des Beaulieu, il y avait aussi Fernand Léger. Simone
Beaulieu avait pendant quelques mois fréquenté l'atelier du peintre à
Montrouge, à la même époque que Nicolas de Staël. Un jour, Léger lui
dit:" Ce n'est pas nécessaire que vous veniez chez moi, j'irai
chez vous... si vous m'invitez à dîner!" Et c'est ainsi que le
grand artiste, dont elle avait fait la connaissance à New York en
transportant une exposition entière de ses oeuvres dans sa voiture,
devint à son tour un fidèle. "Travaillez donc toute seule, devait-il vite
dire à Simone Beaulieu, allez dessiner dans les ateliers libres, ça
vous sera plus profitable."
En regardant les nombreux dessins sur le vif qu'elle a faits depuis,
on comprend à quel point Léger avait vu juste. Ce qu'il fallait à la
jeune artiste, c'était développer son coup d'oeil sans intervention
extérrieure aucune. Elle avait tout naturellement le don de saisir en
quelques traits l'essentiel d'un visage, d'un corps. Eelle aime les
fortes charpentes féminines très rondes, comme ces négresses qu'elle
dessina à Rio, ou le visage mélancolique et rêveur des Orientaux,
dont elle fit plusieurs portraits pendant son séjour à Beyrouth.
Les thèmes de ses dessins correspondent généralement à ce qui
s'offre à ses yeux dans les différents endroits où son mari était en
poste, car elle a toujours considéré le dessin d'après modèle comme
une discipline à laquelle elle s'astreint régulièrement. "Il ne faut pas
perdre la main", dit-elle. Cependant ses peintures à l'huile, travaillées
d'après un procédé original et secret (le feu s'allume dans ses yeux
aussi quand on lui pose des questions là-dessus, mais comme un vrai Lion,
dès qu'elle sent une sympathie réelle, elle redevient douce) reflète
un monde intérieur qui, lui, ne varie pas avec le pays. Dans ses
compositions, elle s'inspire souvent de pierres ou formations minérales
qui la fascinent; elle sait en rendre le réseau inextricable
de fils et de pointes acérées, elle sait saisir cet étrange
grouillement d'images qui sort des objets que l'on dit inanimés.
Dans ses toiles, ils prennent une âme. Elle utilise dans certaines
uniquement des teintes terreuses, mais le résutat est étonnant
car ces terres semblent absorber la lumière et la réfléchir.
Simone Beaulieu ne se contente pas de travailler dans son atelier tous
les jours, elle a tenu à vivre pleinement sur le plan artistique.
Dès 1949, elle obtenait le Prix de peinture de la province de Québec et,
chose dont elle n'est pas peu fière, c'est avec l'argent que lui ont
rapporté ses tableaux qu'elle a construit sa maison de Percé.
Elle 1948, elle exposait à Paris, au Palais Royal, chez Morihien,
l'éditeur de Cocteau, qui avait décidé d'élargir ses activités.
"On distingue chez elle l'essor nouveau de la peinture canadienne, qui
fuit l'académisme sans perdre de vue un réalisme de bon aloi",
écrivait-on alors dans la presse française, et le correspondant
de l'Agence France-Presse notait à son tour:" Le contraste entre le
ton ardent de ses natures mortes qui révèlent une forte influence du
peintre Matisse, et le classicisme des gravures de Boucher ou de
Fragonard, est fort curieux."
Nombreux étaient les amis du couple présents au vernissage:
le général et madame Vanier, Lester B. Pearson, le père Couturier,
Le Corbusier, Mauriac, Cocteau, Jean Lurçat...
En octobre 1950, elle exposait au Cercle Universitaire sous les auspices
du Cercle d'Art. "Simone Beaulieu a tourné autour du rocher de Percé
comme une petite fille simple en apparence mais rusée, qui ne craint pas
le gros méchant: l'intuition féminine! Le Rocher s'est laissé endormir
et ... c'était inévitable, Simone Beaulieu a fini par lui ravir une
petite part de son secret millénaire."
Elle a eu des expositions personnelles un peu partout. En 1956, à la
St. George Gallery à Londres; en 1963, à plusieurs reprises à Beyrouth;
en 1965, deux expositions à Rio. La nomination de son mari à Paris
l'a oblligée à retarder un projet d'exposition à New York, où les
Beaulieu étaient en poste avant de venir ici. Mais son plus grand désir,
bien que déjà trois galeries parisiennes lui aient fait des offres, est
d'avoir une rétrospective au Canada.
C'est par ricochet la peinture qui lui a fait connaître son époux.
- J'ai rencontré mon mari lorsqu'il vint chez moi chercher un article
que j'avais écrit sur la querelle des anciens et des modernes. Paul
Beaulieu, alors jeune avocat, mais attiré par la littérature, s'occupait
de La Relève qu'il avait aidé à fonder avec Robert Charbonneau,
Robert Élie et Claude Hurtubise.
Au bureau de son père, qui était associé au sénateur Gouin, Paul, le
troisième des fils Beaulieu, ayant opté pour le droit, désirait élargir
ses horizons et il voulait se spécialiser dans le droit international;
la guerre l'ayant empêché d'aller en Europe, il entra au Ministère des
Affaires extérieures. Ce fut le début d'une carrière qui devait le
mener avec sa femme d'abord à Washington avant de représenter le Canada
dans divers pays et d'être nommé, fin 1968, ambassadeur à Paris.
Si sa femme n'a pas abandonné la peinture, lui aussi reste fidèle à sa
première muse, la littérature. En 1949, il obtenait un prix de
l'Académie Française pour un ouvrage sur Jacques Rivière et il a prêt
pour publication une étude sur Katherine Mansfield.
- Déjà lorsque je l'ai rencontré, il s'intéressait beaucoup à cet
écrivain qui, née en Nouvelle-Zélande et morte en France, avait été
influencée par deux cultures. Ce problème passionne mon mari.
Katherine Mansfield se disait partagée entre la langue anglaise et le
mode de vie latin, qui correspondait mieux à sa sensibilité. Elle avait,
expression peut-être de cette dualité, un problème religieux qu'il a
aussi voulu approfondir.
- Nous avez été en poste à Paris, à Boston, à Londres, à Beyrouth, à Rio,
et à New York. Pendant ce temps-là, vos enfants grandissaient auprès
de vous. Ils ne doivent pas très bien connaître le Canada?
- Mon fils, qui a fait deux ans au Lycée français à Londres et a terminé
son bachot au Lycée de Rio, a fait ensuite un stage à Fribourg
avant de s'inscrire, comme je vous l'ai dit, à l'Université
de Montréal, et il veut rester au pays. Ma fille Marie-Simone, qui est
diplômée de l'École du Louvre, travaille au Secrétariat d'État à Ottawa.
Mon mari et moi avons souvent craint que, ayant vécu si longtemps à
l'étranger, nos enfants n'arrivent pas à se sentir chez eux dans leur
pays, mais notre crainte était vaine car ils ont tous deux insisté
pour s'installer au Canada, et ils y sont très heureux.
Je crois que c'est la maison de Percé qui a été le lien. Chaque été,
sauf quand nous étions à Rio, nous venions y passer trois mois. De la
maison, nous voyions l'île Bonaventure avec ses oiseaux migrateurs, les
fous de Bassan. Pour les enfants, ces étranges
oiseaux blancs au bec jaune et à l'oeil turquoise qui faisaient un bruit
comme une vraie symphonie du commencement du monde, c'était le mystère
avec tous ses enchantements. Chaque été, ils étaient impatients d'y
revenir. Quand on débouchait tout à coup et qu'on apercevait le rocher
avec ses oiseaux, les enfants poussaient toujours un cri de joie.
- Il y a longtemps que vous avez cette maison?
"Depuis 1950, quand mon mari était consul à Boston. La maison est en
bois. Nous l'avons construite nous-mêmes en même temps qu'un puits
artésien qui donne une eau sensationnelle. C'est François Bourget, dont
la famille habite là depuis le début de la colonisation, qui nous a vendu
le terrain. Les Bourget sont les meilleurs voisins du monde et je suis
même marraine de leur septième enfant. Madame Bourget fait un pain de
ménage croustillant au feu de bois, qu'elle m'envoie porter tout
chaud par son petit dernier!
Je leur téléphone toujours après Pâques pour savoir quand les
oiseaux migrateurs sont arrivés et comment sera l'été: tardif
ou chaud. M. Bourget, qui observe soigneusement ces phénomènes
naturels, me donne des pronostics qui se sont toujours
révélés exacts."
À Percé, c'est la détente. Madame Beaulieu fait la cuisine, prend
des bains de soleil et peint. Puis elle profite de ses séjours
au Canada pour revoir les inséparables amis d'autrefois:
Jean LeMoyne, André Paradis, Andrée Desautels...
Avant de terminer notre entretien, Madame Beaulieu se tourne vers
l'avenir très proche où le gouvernement du Canada annoncera
l'entrée en activité à Paris d'un vaste Centre canadien de la culture et
de l'information aménagé dans le 7e arrondissement.
- Nous aurons un centre d'accueil de même qu'une salle d'expositions,
une salle parfaitement sonorisée que les artistes, musiciens et comédiens
canadiens pourront utiliser au cours de leur séjour à Paris. Nous
aurons aussi des appareils sonores qui permettront de conserver
et retransmettre concerts en conférences. Ce Centre aidera les Canadiens
à nouer des contacts avec des Français travaillant dans le même domaine.
On a déjà beaucoup fait pour l'aménagement de cet ancien hôtel
particulier qui, nous l'espérons, servira au rayonnement de la culture
canadienne en France. Le Premier Ministre est très attaché à ce projet
ainsi que le Ministère des Affaires extérieures, par sa direction
culturelle. Les ambassades font un travail important dans les milieux
politiques et culturels. Il y a toute une jeunesse, tout un ensemble de
moins de 30 ans que nous ne rejoignons pas et M. Trudeau veut combler
cette lacune.
- Participerez-vous activement à la planification de ce nouveau Centre?
- Si on me le demande. J'ai toujours donné dans les pays où nous étions
en poste, des conférences sur l'art canadien. Cela me ferait plaisir
de poursuivre cette tradition à Paris. D'autre part, j'ai déjà suggéré
à plusieurs professeurs ou écrivains de préparer des projets de
conférences. S'ils sont agréés, quand la maison sera organisée, peut-être
le directeur s'y intéressera-t-il. Quand je rencontre des jeunes d'ici,
je prends leur adresse dans l'intention de les inviter aux tables rondes
que nous ferons entre étudiants français et étudiants canadiens.
Encore du pain sur la planche pour celle qui, j'ai oublié de le
dire, est aussi journaliste et s'est fait connaître à ce titre des
lecteurs de la revue internationale Cinquième Saison.
- Je suis guerrière de tempérament, me dit Madame l'Ambassadrice en
guise de conclusion, pour expliquer l'énergie qu'elle manifeste dans ses
fonctions multiples. "Toute nature est une lutte et nous devons lutter
avec les moyens dont nous disposons." Excellent stimulant pour qui a
décidé de toujours donner en tout le meilleur de soi-même...
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