Ta lettre du 14 courant, la première que je reçois de la famille m'a fait un grand plaisir. Je te remercie de ta diligence à m'écrire; je te remercie surtout des bons sentiments contenus dans ta messive. Je sais que tu ne profiteras pas de mon absence, pour agir contrairement à mes désirs: la fourberie n'est pas dans ton caractère.

Et puis tu te rends compte n'est-ce pas, de l'esprit dans lequel ces règles de conduite te sont tracées. Vois-tu, nous sommes toujours pris entre le désir de vous voir contents, heureux et la crainte de compromettre votre avenir par une trop grande indulgence. Les permissions et les défenses procèdent du même sentiment: notre grande affection, pour vous, chers enfants.

Je sais que tu comprends ces choses, parce que tu es raisonnable et si parfois tu trouves nos recommendations ou nos remontrances un peu dures, songe, ma bien chèr fille, que si nous pouvons errer dans nos jugements, notre amour de défaillit jamais.

Au revoir, et pense bien à ton papa qui t'aime beaucoup. Embrasse ta bonne maman pour moi, ainsi que les petits.