Mes racines / my roots

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Mon safari (1994)

MON SAFARI (1994)

Lorsque je demandai à Josette d'organiser mon voyage à Assateague, - elle me répondit candidement : «Assateague? Où cela se trouve-t-il?»

Je n'en savais rien sauf que, depuis dix ans, mon fils et sa famille y passaient leurs vacances d'été; que Pierre, qui m'y invitait, m'avait suggéré de prendre le train en direction de Baltimore, via Piedmont (Maryland): d'où après trois heures d'attente, un petit avion-navette pour seize personnes me conduirait à Salisbury - aéroport d'Ocean City {Delaware) - et d'où enfin un taxi ou son auto personnel - selon l'heure de l'arrivée - me déposerait à Assateague, après un parcours de dix à vingt milles...

Vous comprendrez que Josette, en me remettant mes billets, m'ait souhaité «Bon voyage!» - En fait, ce fut un bon voyage, sans délai ni malentendus dans les rendez-vous. L'arrivée fut bientôt suivie d'un excellent dîner dans la tente moustiquaire. Et comme it n'y a pas d'électricité à Assateague, donc pas de T.V., ni de radio, ni d'autres bruits que celui des vagues, le coucher est bienvenu sitôt la nuit tombée, et à 9 heures le sommeil s'était emparé de nous tous.

8 heures : J'ouvre les yeux! Je n'en reviens pas d'avoir dormi d'un seul trait, couchée sur mon étroit grabat, mon petit-fils dans son hamac, à mes côtés.

Au fait, vous ai-je dit que je suis dans une roulotte? Eh bien, oui, je fais l'expérience d'y vivre pendant une semaine! Une belle grande roulotte avec tapis, fenêtres et stores de tous côtés, ventilation supplémentaire au plafond. Mon petit-fils et moi, nous en occupons la partie arrière, divisée par un étroit corridor. La partie avant, délimitée le soir par un large rideau fleuri, appartient à Louise et à Pierre. Le frigo, le poêle au propane s'y trouvent aussi; I'évier, la salle de toilette, les armoires, la porte de sortie...

Il est 8 heures; autour de moi, c'est la pleine activité. Pierre lave son auto; Louise prépare la pâte à crêpes; Philippe et Nicolas secouent leurs sacs de couchage et rangent leur tente, Renaud est déjà dans le sable. Tous sont en maillot: c'est l'heure de la baignade. La mer est à cent mètres, de l'autre côte du talus. Il ne manque plus que « grand-maman »...

Grand-maman trouve l'eau très froide et les vagues trop violentes. Mais les cinq autres Casgrain sont comme des phoques; ils montent, ils descendent et plongent dans l'eau. C'est à qui ferait la plus belle prouesse, parents et enfants! Et grand-maman se demande comment ils peuvent résister à la poussée de vagues qui creusent de véritables gradins dans le sable de la grève?

Grand-maman est bien désappointée d'elle-même... Comment ne pas manger crêpes et bacon après pareil exercice? D'ailleurs, sauf une légère collation, le prochain repas est à 5 ½ heures! Ainsi seront possibles d'agréables promenades à pied ou à bicyclette, les tournées en automobile, de l'autre côté du pont de Sinepurent, le magasinage, une deuxième baignade, les constructions dans le sable, les montées de cerfs-volants, lecture et repos...

Programme chargé!! qui laisse une impression de bien-être longtemps sensible. Les gens y arrivent sans rendez-vous, de toutes les parties des États-Unis, et même d'aussi loin que le Canada, et y reviennent année après année... Sans doute leur choix n'est pas l'effet du hasard... Nous sommes ici dans l'état du Maryland, le long de la côte de l'Atlantique, dans un refuge gouvernemental de la nature, ayant ses restrictions...

Respirer de l'air pur salin, jouir d'un soleil omniprésent, contempler un firmament sans nuages, un ciel bleu si intense que son éloignement en est réduit, sont des plaisirs physiques que l'on peut ressentir profondément. Mais il ya plus que cela ici : il y a un témoignage, le témoignage que notre société de consommation, loin de nous libérer, fait de nous des prisonniers de toutes les machines qui encombrent nos maisons et nos vies.

Et j'ai été prise d'une grande admiration pour ces gens, mes voisins, et pour cette famille qui m'accueillait, qui avaient réussi à s'éloigner de leur extrême confort pour se soumettre à un régime de vie où la nature pure et simple impose ses lois et donne à ceux qui la choisisse, un bonheur d'une rare qualité.



Jacques Beaulieu
jacqbeau@canardscanins.ca
Révisé le 5 février 2015
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