Louis Marchand, oncle de Louis Wilfrid Sicotte | |
Louis Marchand, oncle de Louis Wilfrid SicotteLouis Marchand, fils de Salomon Marchand et de Judith Duitz épousa Marie Charlotte Céré était la fille de François (Xavier) Céré et de Ursule Brin. Ils eurent plusieurs enfants. Pour plus sur leur famille, pressez ICI.. (Cet acte est trouvé plus bas.) Il était né à Amsterdam en Hollande le 15 mars 1800 sous le nom de Levi Koopman, fils de Solomon Koopman et de Judith Diutz. (Une biographie sur lui est trouvée plus bas.)
MARCHAND, LOUIS (il portait à l’origine le nom de Levi Koopman), marchand, patriote, fonctionnaire, homme d’affaires et homme politique, né à Amsterdam le 15 mars 1800, fils de Solomon Koopman, joaillier, et de Judith Diutz, décédé le 1er juillet 1881 à Montréal. Louis Marchand descendait d’une famille juive, originaire de Prague (Tchécoslovaquie), qui s’était établie à Amsterdam et occupait une place très en vue dans les milieux d’affaires et de la finance du Royaume de Hollande, et de Paris. Son père adopta le nom français de Marchand pour marquer sa reconnaissance envers Napoléon Ier qui avait rétabli les droits religieux des Juifs dans le Royaume de Hollande. Après avoir reçu une bonne éducation primaire en néerlandais et en français, le jeune Levi se rendit en Angleterre à l’âge de 18 ans pour y apprendre l’anglais. Durant son séjour dans ce pays, il s’initia aussi à l’histoire des conquêtes anglaises dans le monde et s’enquit des possibilités de gagner convenablement sa vie en Amérique du Nord. Il revint au Royaume des Pays-Bas, mais ne tarda pas à s’embarquer pour les États-Unis où il travailla quelque temps. En 1823, il apprit la mort de son père et retourna dans son pays natal. Entré en possession de son héritage, il perdit tout à la bourse des valeurs. C’est alors qu’il se tourna de nouveau vers les États-Unis pour se refaire. Quelques mois après son retour, Marchand se retrouva à Boston où il entendit parler du Bas-Canada et surtout de Montréal. Arrivé dans cette ville en 1826, il logea dans une pension de la rue Saint-Gabriel que fréquentaient de riches marchands de la région de la rivière Chambly, notamment Eustache Soupras*, de Saint-Mathias. Celui-ci était alors à la recherche d’un commis pour sa maison de commerce ; impressionné par les connaissances en comptabilité du jeune Hollandais, il l’engagea immédiatement. Peu après, Marchand quittait Montréal et suivait Soupras à Saint-Mathias. Au cours des années suivantes, Marchand se bâtit une solide réputation à Saint-Mathias comme à Chambly où il dut se rendre souvent par affaires pour Soupras. Les habitants de ces villages montrèrent une grande compréhension et de l’hospitalité envers le « jeune Français », comme ils l’appelaient, si bien qu’il décida de se fixer définitivement au Bas-Canada et de s’intégrer à la société canadienne-française. C’est ainsi que, le 4 juin 1828, Marchand se convertit au catholicisme et reçut à Chambly le baptême des mains de Mgr Jean-Jacques Lartigue* ; il substitua alors le prénom de Louis à celui de Levi. Le 4 octobre 1830, il épousa, à Longueuil, Charlotte Céré, fille de François Céré, gros cultivateur de l’endroit, et de ce mariage naîtront cinq fils et cinq filles. Entre-temps, comme le volume des affaires de sa maison s’était accru considérablement, Soupras prit Marchand comme associé, et les deux hommes formèrent la maison Soupras et Marchand, installée à Saint-Mathias avec succursale à Chambly. Dès lors, Marchand agrandit son cercle de relations dans la vallée du Richelieu et bientôt dans tout le district de Montréal. En 1832, il se joignit à 74 autres actionnaires pour former la Compagnie des propriétaires du chemin à lisses de Champlain et du Saint-Laurent. Il continua de s’occuper de commerce, et ses affaires prospérèrent jusqu’en 1837. À la veille de la rébellion, Marchand prit fait et cause pour les Patriotes. Il participa à l’assemblée de Saint-Mathias, puis à celle des six comtés, à Saint-Charles-sur-Richelieu, le 23 octobre 1837, à titre de délégué officiel de son village. Le 10 novembre, il fit partie d’un groupe de Patriotes dirigé par Pierre-Paul Démaray* et Joseph-François Davignon, qui assaillit un peloton de cavalerie revenant d’une reconnaissance à Saint-Athanase (Iberville, Québec). Mis en cause pour sa participation active à l’agitation populaire, Marchand s’enfuit aux États-Unis, le 17, en compagnie de Soupras et de Timothée Franchère*. Le lendemain, il se trouvait à Highgate, au Vermont, où il fit part à Robert Nelson*, en décembre, de son désir de se joindre à l’armée de libération que celui-ci tentait de mettre sur pied. Au début de 1838, se fiant aux promesses d’immunité du capitaine Frederick Marryatt*, Marchand rentra au Bas-Canada, mais dut aussitôt se livrer dans le comté de Missisquoi à l’huissier Amable Loiselle, envoyé pour le mettre aux arrêts. Écroué dans la prison de Montréal sous l’inculpation de haute trahison le 5 janvier, il faillit y mourir et n’en sortit qu’à l’amnistie accordée par lord Durham [Lambton*], le 8 juillet suivant, moyennant un cautionnement de £l 000. Il retourna ensuite à Saint-Mathias et se retrouva complètement ruiné par suite du pillage qu’avait subi sa propriété en son absence. Plus tard, la même année, il fut nommé juge de paix à Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu), fonction qu’il exerça pendant quatre ans ; en 1841, il agit aussi à titre de président de l’élection du comté de Verchères. Comme il ne parvenait pas à trouver les moyens nécessaires pour reprendre son commerce, il décida, en 1844, de s’établir à Montréal. Cette année-là , Marchand s’associa avec Narcisse-Birtz Desmarteau, et il commença de gérer l’un des deux magasins de « marchandises sèches » appartenant à la société. En 1847, il occupa le poste d’estimateur du Quartier-Est. Il entrevit à cette époque les possibilités intéressantes qu’offrirait une ligne de navires à vapeur assurant le transport de marchandises et de voyageurs entre Montréal et Québec et participa, l’année suivante, avec Jacques-Félix Sincennes*, Pierre-Édouard Leclère*, Desmarteau et d’autres, à la fondation de la Compagnie du Richelieu. Il acheta conjointement avec Desmarteau 12 actions dans le vapeur Jacques Cartier et devint par conséquent l’un des principaux actionnaires de la compagnie. Membre actif de l’Association Saint-Jean-Baptiste de Montréal, Marchand en fut élu vice-président en 1848 et 1849 ; au cours de cette dernière année, il compta parmi ceux qui demandèrent l’octroi d’une charte pour la société. L’année suivante, il entra au conseil d’administration de la Compagnie du Richelieu où il siégea comme vice-président de 1852 à 1855 et de 1860 à 1862. Il succéda, également en 1850, à Charles-Séraphin Rodier* comme membre de la Commission du havre de Montréal, poste qu’il occupa jusqu’en 1855. De concert avec les deux autres commissaires, John Try* et John Young*, il fit agrandir le port et creuser le lac Saint-Pierre, contribuant dans une large mesure à l’amélioration de la navigation sur le Saint-Laurent. En 1851, il rompit son association avec Desmarteau et ouvrit son propre commerce de marchandises sèches et d’épicerie en gros. Figure déjà assez en vue à Montréal, Marchand décida de s’engager sur la scène politique municipale. Élu conseiller du quartier Saint-Louis en 1852, puis réélu l’année suivante, il siégea, durant son deuxième mandat, au comité du feu. Il fit adopter alors, en dépit de l’opposition d’une partie des conseillers, plusieurs règlements, comme celui interdisant la construction de maisons de bois, qui visaient à éviter la répétition du grand feu de 1852. Ces mesures sévères suscitèrent une grande hostilité chez un groupe de citoyens. Sans doute à cause de cette animosité, Marchand ne sollicita pas un nouveau mandat en 1854, malgré les instances de Wolfred Nelson*, candidat à la mairie et ancien compagnon d’armes de 1837. Peu après, il alla séjourner dans sa famille aux Pays-Bas. À son retour au Bas-Canada, constatant que le climat politique montréalais avait changé, Marchand accepta de briguer de nouveau les suffrages. Il se fit élire conseiller du Quartier-Est en 1856, puis échevin dans le même quartier en 1857. La même année, il remplit la fonction de maire suppléant, en remplacement de Henry Starnes*, pendant six mois. Il prévint à ce titre une émeute qui aurait mis aux prises Irlandais catholiques et orangistes le 12 juillet en prenant des mesures vigoureuses et en exerçant son influence auprès de bon nombre de protestants de la ville. Réélu échevin en 1858, 1859 et 1860, il occupa la présidence du comité des finances les deux dernières années ; il démissionna de son poste d’échevin en 1860 et abandonna la politique. Tout en faisant de la politique, Marchand continuait à s’occuper de son commerce de gros, qui ne cessait de progresser, et il se lança dans diverses autres entreprises. En 1852, il prit part avec 64 des plus importants capitalistes de la ville de Montréal à l’établissement de la Bourse de Montréal. Quatre ans plus tard, il devint président de la Compagnie de navigation de Montréal à Trois-Rivières, fonction qu’il exerça jusqu’en 1858. Il s’associa en 1857 à Louis Renaud* et à Jean-Baptiste Renaud pour former la Compagnie de navigation de Salaberry à Montréal. En 1858, il entra au conseil du Bureau de commerce de Montréal où il siégea et joua un rôle actif jusqu’en 1861.
Au cours des 20 dernières années de sa vie, Marchand poursuivit sa carrière d’homme d’affaires et occupa quelques charges publiques importantes. Il liquida son commerce en 1861, puis commença de faire office, l’année suivante, de banquier et d’agent de change. Nommé par ailleurs membre de la commission du recensement en 1861, il accéda, en 1862, au poste de maître de la Maison de la Trinité de Montréal qu’il occupa jusqu’à l’abolition de cet organisme en 1873. Il exerça en outre pendant plusieurs années les fonctions de juge de paix de la ville et il avait fait partie de la première commission des magistrats du district de Montréal. Il se serait retiré des affaires en 1878, année où il perdit son épouse. À sa mort, Marchand laissait dans le deuil plusieurs enfants, dont son fils aîné, Louis-François-Wilfrid*, connu surtout pour sa traduction du récit de voyage de Pehr Kalm* en Amérique du Nord.
Louis Marchand est l’auteur d’un journal que nous n’avons pas retrouvé. La belle-fille du petit-fils de Louis Marchand, Patricia Joseph, a écrit une biographie sur son ancêtre : « un Hollandais patriote de 1837 », la Presse, 5 juin 1937 : 70.
AC, Montréal, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Montréal, 4 juill. 1881.— ANQ-M, État civil, Catholiques, Saint-Antoine (Longueuil), 4 oct. 1830 ; Saint-Joseph (Chambly), 4 juin 1828.— ANQ-Q, QBC 25, Événements de 1837–1838, nos 47, 48, 308, 465, 1 363.— Arch. de l’Assoc. Saint-Jean-Baptiste de Montréal (Montréal), Procès-verbaux des assemblées générales, 1848–1849.— Arch. du Bureau de commerce de Montréal (Montréal), Minute books, 1858–1861 (mfm aux ANQ-M).— Arch. du Congrès juif canadien (Montréal), « Notes sur Louis Marchand », David Rome, compil. (copie dactylographiée).— Conseil des ports nationaux (Montréal), Arch. du port de Montréal, Commission du havre de Montréal, Minute books, 1850–1855.— B.-C., Statuts, 1831–1832, c.58.— Canada, prov. du, Statuts, 1849, c.149 ; 1852–1853, c.24, c.146 ; 1857, c.170, c.171.— Official documents and other information relating to the improvement of the ship channel between Montreal and Quebec (Montréal, 1884), 197s.— La Minerve, 2 juill. 1881.— L’Opinion publique, 22 mars 1877.— Le Populaire (Montréal), 15 déc. 1837.— The Canadian album : men of Canada ; or, success by example [...], William Cochrane et J. C. Hopkins, édit. (5 vol., Brantford, Ontario, 1891–1896), II : 101.— Dominion annual register, 1880–1881 : 418.— Fauteux, Patriotes, 312s.— Montreal directory, 1842–1881.— Quebec almanac, 1838–1841.— Souvenir Maisonneuve ; esquisse historique de la ville de Montréal avec portraits et biographies [...] (Montréal, [1894]), 111s.— Atherton, Montreal, II : 594.— L.-É. Morin, Histoire des travaux de la Commission du havre dans le port de Montréal (Montréal, 1894), 4s.— Robert Rumilly, Histoire de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal : des Patriotes au fleurdelisé, 1834–1948 (Montréal, 1975), 59.— Tulchinsky, River barons.— Léon Trépanier, « Saint-Mathias en 1837–38 », Soc. hist. de la vallée du Richelieu, Cahier (s.l.), 5 (s.d.) : 10–16 ; « Un Montréalais du siècle dernier : l’immigrant juif Louis Marchand », Cahiers des Dix, 30 (1965) : 131–148 (cet article a d’abord paru sous le titre de « la Vie extraordinaire d’un échevin de Montréal », la Patrie, 24 juill. 1955 : 27, 47 ; 31 juill. 1955 : 27, 47 ; 7 août 1955 : 27, 43 ; 14 août 1955 : 27, 46.— Gerald Tulchinsky, « Une entreprise maritime canadienne-française : la Compagnie du Richelieu, 1845–1854 », RHAF, 26 (1972–1973) : 559–582.
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