Rodrigue Masson | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Louis François Rodrigue Masson, fils de Joseph Masson et de Marie Geneviève Sophie RaymondLouis François Roderick (Rodrigue) Masson était le fils de Joseph Masson et de Marie Geneviève Sophie Raymond. Pour plus leur famille, pressez ICI. Il naquit à Terrebonne le 7 novembre 1833 et y fut baptisé le 10. Ses parrain et marraine étaient le révérend L. Fortier, curé de Terrebonne ainsi que célébrant, et Rachel Chambouillez, épouse de Roderick McKenzie. Il mourut à Montréal le 8 novembre 1903 et fut inhumé dans l'église de Terrebonne le 11. Rodrigue maria le 21 octobre 1856 dans la paroisse Saint-Louis de Terrebonne Louise Rachel Marguerite McKenzie, fille de Alexandre McKenzie et de Marie Louise Trottier Desrivières. Rodrigue et Rachel eurent plusieurs enfants, dont:
MASSON, LOUIS-RODRIGUE (baptisé Louis-François-Roderick), avocat, officier de milice, homme politique et fonctionnaire, né le 6 novembre 1833 à Terrebonne, Bas-Canada, fils de Joseph Masson* et de Marie-Geneviève-Sophie Raymond; le 21 octobre 1856, il épousa à Terrebonne Louise-Rachel McKenzie, et ils eurent dix enfants, dont cinq atteignirent l’âge adulte, puis le 12 septembre 1883, à Québec, Cecile Burroughs, et de ce mariage naquirent trois enfants; décédé le 8 novembre 1903 à Montréal et inhumé à Terrebonne le 11 novembre suivant. Louis-Rodrigue est le premier Masson né au manoir de Terrebonne. Son père, venu de Saint-Eustache à Montréal en 1812 pour gagner sa vie, s’est graduellement intégré à la bourgeoisie d’ascendance britannique de la ville. Il est devenu «un brasseur d’affaires». Gagné aux principes capitalistes de ses amis qui se préoccupent de spéculation foncière, il achète à l’enchère la seigneurie de Terrebonne en 1832. Malgré l’abolition du régime seigneurial en 1854, les membres de la famille Masson resteront identifiés à l a seigneurie et ils en prolongeront dans le temps les avantages économiques et sociaux. Toute sa vie, Masson se dira coseigneur de Terrebonne, bien qu’il soit «un seigneur sans titres». L’enfance de Louis-Rodrigue est celle d’un enfant de la classe sociale privilégiée. Après des cours privés, il est confié aux jésuites, d’abord au Georgetown College de Washington, dans le district de Columbia, puis au Holy Cross College de Worcester, au Massachusetts. Il est évident qu’on le destine alors à la bourgeoisie commerciale du Bas-Canada, dominée par l’élément anglophone. Sa vie prend cependant une autre orientation à la mort de son père. Il a alors 13 ans. Il évoluera désormais dans l’orbite de sa mère, qui est elle-même sous l’influence de Mgr Ignace Bourget*. Celui-ci craint au plus haut point l’assimilation des Canadiens français à Montréal. En conséquence, il se préoccupe de la formation de l’élite intellectuelle et sociale francophone. En 1847, Masson entre donc au séminaire de Saint-Hyacinthe. Dix ans dans ce «foyer d’éducation nationale et de sentiment patriotique» en font un nationaliste. L’enseignement des abbés Joseph-Sabin Raymond* et Isaac-Stanislas Lesieur-Désaulniers* ainsi qu’un séjour de 20 mois en Europe et au Proche-Orient, d’août 1852 à mars 1854, avec ce dernier professeur comme mentor ont aussi une forte influence intellectuelle et idéologique sur lui. Il découvre l’approche humaine des problèmes, attitude qui caractérisera sa carrière politique. En 1856, Masson entre au bureau de George-Étienne Cartier* pour y étudier le droit. Le 21 octobre de la même année, il épouse Louise-Rachel McKenzie, fille du très riche et puissant lieutenant-colonel Alexander McKenzie, de Terrebonne, lui-même fils de Roderick Mackenzie*, bourgeois de la North West Company. Ainsi s’affirme son prestige économique et social. Masson est admis au barreau le 7 novembre 1859. Il renonce toutefois à la pratique du droit et retourne à Terrebonne. Il n’est pas l’aîné des fils Masson, mais ses frères Wilfrid et Isidore-Édouard-Candide* sont déjà lancés et ils ont pris leurs distances vis-à -vis de Terrebonne : l’un est négociant en Angleterre, où il fera fortune, l’autre est engagé dans la politique et rêve de colonisation dans le nord de Montréal. Pour sa part, Louis-Rodrigue est attaché à la famille et à Terrebonne où il a grandi, et ses études en droit lui donnent de la crédibilité auprès de sa mère et des siens ainsi qu’une influence sociale incontestable. Il devient le chef du clan Masson et l’administrateur des biens de la famille, des propriétés, du moulin seigneurial et des diverses entreprises léguées par son père. En octobre 1862, il se joint à la milice, projetant une carrière militaire. Il est major de brigade en 1867, quand la Confédération l’entraîne sur la scène politique. Il change donc son orientation, mais il montrera toujours beaucoup d’intérêt pour l’organisation de forces armées canadiennes où les Canadiens français et la langue française seraient reconnus. Au lendemain de la Confédération, Cartier sollicite la candidature de Masson au sein du Parti conservateur. La circonscription de Terrebonne, alors aux mains des libéraux, compte beaucoup d’anti-confédérateurs. Masson serait «l’homme qui pourrait le plus facilement contribuer à l’union et à la bonne entente», et l’avenir donne raison au chef conservateur. Le 3 septembre 1867, Masson est élu sans opposition au siège de Terrebonne à la Chambre des communes. Il ouvre ainsi une carrière de 33 ans au service du gouvernement, tantôt à Ottawa, tantôt à Québec, parfois dans les deux capitales à la fois, exerçant une très grande influence sur scène et en coulisse. Aux Communes, Masson fait partie de la droite conservatrice, mais il affiche une exceptionnelle autonomie, sans doute parce que les lignes de parti sont peu serrées à l’époque et qu’il est personnellement sans contraintes financières, donc sans dépendance politique. Il met son influence au service des seules causes auxquelles il croit et il s’y engage selon ses convictions. Ces causes sont généralement liées aux droits de l’homme et des minorités. La question du Nord-Ouest est au centre de la vie politique de Masson. En 1869, au moment de l’acquisition de Rupert’s Land par le Canada [V. sir George-Étienne Cartier], puis à l’occasion des troubles qui suivent, il s’oppose à ses collègues au nom des droits de la population métisse et indienne. Il dénonce même les procédés de ses chefs comme «trop cavaliers, imprudents, irréfléchis». En 1877, il résume en Chambre la position qu’il a défendue depuis sept ans au sujet de l’amnistie totale pour les personnes impliquées dans les troubles : «j’ai toujours cru que c’était une très malheureuse affaire, et que les gens avaient de bonnes raisons d’être mécontents». Masson réagit aussi vivement dans le débat sur les écoles du Nouveau-Brunswick. Il prend la défense des catholiques et réclame la non-reconnaissance de la loi provinciale de 1871 par le gouvernement fédéral [V. George Edwin King]. Pour le Journal de Québec, Masson veut «être à tout prix le champion et le chef de la race française et du catholicisme dans la Puissance». Quand il s’agit des droits politiques et culturels de la minorité canadienne-française dans la Confédération, Masson s’engage avec pareille ardeur. Pendant de longues années, il réclame du français et du meilleur français dans les documents du gouvernement fédéral. À la fin de sa vie politique, il refusera tout simplement de considérer un projet de loi du Sénat qui ne sera pas rédigé en français. Dans le débat qui entoure la création de la Cour suprême du Canada en 1875 [V. Télesphore Fournier*], Masson adopte une attitude très revendicatrice. Faute d’une représentation québécoise juste et adéquate, la Cour suprême mettrait en danger les lois, les institutions et la langue des Canadiens français dans la Confédération et les priverait de leur héritage national. Il est clair que l’activité de Masson au Parlement doit déborder les questions culturelles, surtout entre 1874 et 1878, au moment où il dirige l’aile québécoise de l’opposition, une opposition affaiblie et étêtée par le scandale du Pacifique [V. sir John Alexander Macdonald* ; sir Hugh Allan*]. Compromis par ce scandale, Hector-Louis Langevin, qui avait hérité de la direction des conservateurs provinciaux à la mort de Cartier en 1873, a dû céder sa place. Masson soutient le protectionnisme, parce qu’il y voit une question d’intérêt national, mais il le veut ajusté aux besoins de l’économie de la province de Québec. Il a la même attitude sur la question du chemin de fer transcontinental. Il le désire entièrement en terre canadienne, même si le coût en est supérieur à cause des obstacles que présente le Bouclier canadien. Dans l’élaboration d’un réseau ferroviaire, il défend les intérêts de Montréal et de la région métropolitaine. Du 19 octobre 1878 au 15 janvier 1880, Masson est ministre de la Milice et de la Défense dans le gouvernement de sir John Alexander Macdonald; le 16 janvier 1880, il devient président du Conseil privé. Mais fatigué de la vie politique, surtout de l’autorité que prend Langevin au gouvernement et dans le parti, affecté par des problèmes de santé et le décès de sa femme qui l’a laissé avec cinq enfants, il quitte le cabinet en juillet 1880, puis démissionne comme député en janvier 1882. Désormais, il se refusera à une vie politique sur le terrain de la lutte. S’il accepte de siéger au Sénat à compter de septembre 1882, il résiste cependant aux pressions de ses amis qui, en 1883, veulent à tout prix en faire le premier ministre de la province de Québec pour remplacer Joseph-Alfred Mousseau*, qui n’a pas réussi à unifier le Parti conservateur. Macdonald lui écrit : «Selon moi, votre province natale ne pourra connaître la paix et la prospérité tant que durera le mécontentement politique, qui a malheureusement divisé le Parti libéral-conservateur. Vous pouvez faire disparaître ce mécontentement en acceptant le poste de premier ministre, si on vous le propose. Les deux ailes du parti consentiront à travailler sous votre gouverne.» Joseph-Adolphe Chapleau* se fait encore plus pressant : «Vous seul, à l’heure qu’il est, pouvez imposer votre volonté. Personne d’autre ne peut le faire. Vous pouvez être élu où vous voudrez et choisir vos collègues comme vous l’entendrez [...] Vous pourriez faire de la coalition sans que personne ne vous attaque (les libéraux en 1881 vous auraient suivi) ; vous feriez accepter les plus intransigeants, sans qu’on vous fasse de reproches. Vous seul imposeriez, si vous le vouliez, un premier ministre non électif [...] Vous seul avez assez d’indépendance de caractère, assez d’empire sur l’opinion pour faire accepter un programme qui rétablirait l’équilibre dans les finances de la province [...] Il y a un grand sacrifice à faire par le peuple, et le peuple ne le fera qu’à l’homme qui aura fait lui-même un grand sacrifice personnel pour le pays.» Masson se montre ferme. Il ne croit pas ses services indispensables et suggère plutôt la nomination de John Jones Ross. Il continue de siéger au Sénat et, concurremment, de mars à octobre 1884, au Conseil législatif de la province; du 7 novembre 1884 jusqu’en octobre 1887, il est lieutenant-gouverneur de la province de Québec; il occupera à nouveau un siège au Sénat du 3 février 1890 jusqu’au 11 juin 1903, cinq mois avant sa mort. Pendant son mandat à Spencer Wood, Masson se préoccupe de la question des biens des jésuites, bien qu’on la croie insoluble dans tous les milieux. Il élabore un plan, le soumet au premier ministre Honoré Mercier*, qui est aussi désireux de résoudre cette question historique et nationale. En novembre 1887, Masson, qui vient de quitter son poste de lieutenant-gouverneur et séjourne en France, se rend à Rome et expose, le 11 décembre, ses vues à Léon XIII sur la répartition de l’indemnité attribuée par le gouvernement en compensation des biens confisqués. Le décret de la Propagande respectera les suggestions de Masson, et Mercier pourra mettre fin, le 5 novembre 1889, à une affaire pendante depuis plus de 80 ans. Il est clair que la démarche de Louis-Rodrigue Masson est celle d’un ultramontain, qui attend du pape un geste d’autorité. Mais Masson est un ultramontain modéré et sa correspondance laisse croire que c’est plutôt l’exaspération qui explique son recours à Rome. Il est poussé à bout par la division systématique qui marque les rapports entre les évêques de la province et par la partialité du cardinal Elzéar-Alexandre Taschereau*, qui en fait un modérateur inopérant. Masson a maintes fois été l’homme indispensable, «le sauveur», au sens classique du terme, dans un parti souvent divisé par un épiscopat omniprésent et désuni. En fin de carrière, il ne peut que souhaiter la paix religieuse, pour l’Église elle-même et pour le pouvoir politique dont elle conditionne l’efficacité dans un régime d’union de l’Église et de l’État. Andrée DésiletsLouis-Rodrigue Masson a publié les Bourgeois de la Compagnie du Nord-Ouest: récits de voyages, lettres et rapports inédits relatifs au Nord-Ouest canadien (2 vol., Québec, 1889–1890), accompagné d’une esquisse historique et d’annotations. C’est sans doute la valeur documentaire de cette publication qui amena l’Antiquarian Press Limited, de New York, à la réimprimer en 1960.
Plusieurs dépôts d’archives possèdent
de la documentation sur la vie de Masson.
Pour avoir une liste détaillée de ces dépôts,
des sources imprimées, des journaux et des études,
on consultera notre ouvrage: Louis-Rodrigue Masson:
un seigneur sans titres (Montréal, 1985). [a. d.] Entrée de la famille de Rodrigue Masson au recensement de 1881 à Terrebonne
Documents numérisés ou transcrits
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