Le texte est une copie intégrale
des pages 214 à 223 du livre Orateurs Canadiens-Français
aux États-Unis: Conférences et discours édité par Georges Bellerive (Imprimerie H.
Chassé (1908) ). Ce livre est disponible sous format pdf sur le site internet
de la Bibliothèque Nationale du Québec.
DISCOURS
DE
MONSIEUR H. C, ST-PIERRE, C. R.
Prononcé à Buffalo, dans le "Temple de la Musique" à une
réunion de Louisianais, le 21 Août 1901, jour consacré
à l'État de la Louisiane, durant les fêtes de l'Exposition
"Pan-American".
MONSIEUR LE DIRECTEUR,
Avant de me rendre Ă l'invitation que vous venez de me faire,
de prendre la parole en présence de ceux
que j'appellerai mes compatriotes français de la Louisiane,
permettez-moi de m'adresser, tout d'abord, Ă vous-mĂŞme, et
de vous exprimer mon admiration pour tout ce que
l'administration, dont vous êtes le distingué directeur, a fait ici.
De quelque côté que se porte le regard, partout le
spectacle est enchanteur, j'allais presque dire Ă©blouissant.
Cette tour féérique dont la forme gracieuse s'élève
jusqu'aux nues, ces palais et ces portiques superbes, ces
jardins immenses couverts de fleurs aux couleurs les plus
brillantes, ces fontaines ornées de statues, ces lacs où l'on
voit glisser et fuir sur la surface des eaux la légère pirogue
de l'indien à côté de la gracieuse gondole de Venise,
tout cela forme un spectacle si ravissant qu'il semble dépasser
les plus fabuleuses comme les plus fantastiques créations
des auteurs des contes des mille et une nuits.
Dans ces palais, vous avez étalé aux yeux étonnés des
nombreux visiteurs qui chaque jour arrivent à flots pressés
et se répandent de tous côtés, tout ce que le génie des deux
Amériques a pu créer dans l'agriculture, les sciences, les
arts et l'industrie.
Ă€ la vue de toutes ces richesses et de toutes ces merveilles,
on serait tenté de se demander si la civilisation
n'a pas enfin dit son dernier mot, et s'il reste encore quelque
chose à créer ou à découvrir.
Permettez Ă un humble citoyen du Canada de vous
exprimer son admiration, et en qualité de fils de l'Amérique
de revendiquer pour lui-mĂŞme sa part d'honneur et de
gloire dans tout ce que le gĂ©nie AmĂ©ricain a rĂ©ussi Ă
conquérir dans sa marche vers les sommets du progrès et de la
civilisation.
Dans le but, sans doute, de maintenir ce principe
d'égalité si cher aux citoyens de votre grande République,
vous avez voulu que chacun des pays composant les deux
Amériques et même que chacun des États de l'Union Américaine
eût un jour spécial qui lui fut consacré; et c'est
aujourd'hui celui qui a été réservé à la Lousiane. C'est
donc jour de fĂŞte, jour de gala, aujourd'hui, Ă l'Exposition
"Pan-American", pour les créoles et les habitants de la
Nouvelle-Orléans et des bords du Mississipi. Aussi ne
suis-je nullement surpris de rencontrer ici un si grand nombre
de citoyens venus de la Louisiane, et de voir Ă leur
tête leur distingué Gouverneur entouré des hommes les
plus remarquables de l'État dont il est le premier citoyen.
Vous avez eu, Monsieur le Directeur, la délicate pensée
de convier à cette fête de la famille française quelques
français du Canada et le hasard, sans doute, a fait que je
fus au nombre de ces privilégiés. C'est un honneur auquel
je ne m'attendais pas, mais que j'apprécie d'autant plus
qu'il m'a valu la chaude et sympatique réception dont
vous avez été témoin, de la part de ceux que je prendrai
la liberté d'appeler mes compatriotes Louisianais.
M. LE GOUVERNEUR, MESDAMES, MESSIEURS
Vous venez par la bouche de M. le Directeur de
l'Exposition de m'inviter Ă prendre la parole. Que peut vous
dire un Canadien-Français, en parlant de la Louisiane,
sinon vous rappeler les évènements glorieux d'un passé
bien éloigné, il est vrai, mais qui a du rester cher à vos
coeurs comme il l'est aux nôtres, les Français du Canada.
Louisiane! Louisiane! qui donc es-tu, si tu n'es pas la
soeur du Canada? Pourrais-je, en prononçant ton nom,
m'empĂŞcher d'Ă©voquer ceux de ces hommes illustres qui ont
présidé à ta naissance et veillé sur ton berceau, et que
nous du Canada, nous comptons parmi les gloires les plus
pures de notre pays? Robert Cavelier de LaSalle, Lemoyne
d'Iberville, Lemoyne de Bienville, SĂ©rigny, Saint-Denis,
Villinville, Chateauguay et tant d'autres, tous Français
de ce Canada, dont ils avaient fait leur patrie d'adoption,
ou Canadiens nés sur notre sol.
Laissez-moi vous esquisser Ă grands traits, quelques-unes
de leurs actions les plus héroiques, celles surtout qui
se rapportent Ă votre histoire.
Et d'abord, LaSalle, d'oĂą est-il parti, pour aller faire
la découverte de la Louisiane?
Écoutez ma rĂ©ponse: Ă€ quelques milles seulement Ă
l'ouest de l'ancienne Ville-Marie, aujourd'hui Montréal,
la grande MĂ©tropole du Canada, sur les bors du fleuve
St-Laurent, au bas de cette vaste nappe d'eau, produite par
l'Ă©largissement du grand fleuve, Ă laquelle Champlain a
donné le nom de Lac St-Louis, le voyageur peut encore de
nos jours, apercevoir se dressant fièrement au-desus de la
falaise, un vieux moulin à vent, qui, malgré ses cent
cinquante années d'existence, est encore debout sur les
hauteurs d'oĂą il domine le fleuve, le lac et les
campagnes environnantes. Ses ailes brisées et ses murs percés de
meutrières, nous disent que s'il a pu être utilisé pour
l'industrie en temps de paix, il a aussi servi de rempart et
de forteresse durant les jours orageux de la guerre.
C'Ă©tait autrefois le bastien Sud-Est d'un fort destinĂ© Ă
protéger de ce côté, la jeune Colonie Canadienne de Ville-Marie.
Aux jours dont je vous parle, il Ă©tait connu sous le
nom de "Fort RĂ©mi".
Le vieux fort est depuis longtemps disparu pour faire
place à la petite ville si animée et si florissante,
qui s'appelle maintenant "Lachine"; seule la vieille tour est
restée debout.
C'est lĂ que se trouvait la Seigneurie appartenant Ă
LaSalle. À quelques arpents du fort, il avait sa maison
seigneuriale. C'est dans l'Ă©glise qu'entouraient les murs du
fort RĂ©mi, qu'il alla demander Ă Dieu, le courage et la
force dont il allait avoir besoin pour mener Ă bonne fin
l'entreprise que depuis deux ans, il caressait dans ses rĂŞves
ambitieux.
C'est dans ce fort, qu'il fit ses adieux aux amis qu'il
allait quitter, et qui n'osaient plus espérer le revoir, tant
son entreprise leur paraissait semée d'écueils et de dangers
de toutes sortes. C'est de lĂ , enfin, que, en compagnie de
vingt trois blancs, et de quelques sauvages qui formaient
l'Ă©quipage d'une flotille de neufs canots d'Ă©corce, il partit
pour aller explorer les contrées arrosées par cette grande
rivière du Mississipi, que le Père Marquette, et son
compagnon Joliette, n'avaient fait qu'entrevoir, deux ans
auparavant. C'est de lĂ qu'il partit pour aller faire la
découverte de la Louisiane, votre patrie.
Cet homme extraordinaire a immortalisé son nom et
laissé des traces de son incomparable énergie sur tous les
points du continent à partir de Montréal jusqu'aux
bouches du Mississipi. Son nom y est vénéré en cent endroits
différents.
Ă€ quelques milles seulement de l'endroit oĂą je parle en
ce moment, Ă l'endroit que j'appellerais l'un des faubourgs
de cette grande Cité où nous sommes réunis, il a donné une
preuve non équivoque de son esprit d'entreprise. C'est près
d'ici que fut construit par lui "le Griffon", le premier
navire à voile qui ait jamais navigué sur les grands lacs.
Je n'ai pas besoin de vous rappeler la tentative qu'il fit
de coloniser le pays qu'il venait de découvrir, tentative
qui lui couta la vie.
Comme l'histoire de ce qu'il fit pour arriver Ă cette fin
fait plutĂ´t partie de l'histoire de la Louisiane que celle du
Canada, et qu'elle est aussi familière aux Louisianais
qu'elle l'est aux Canadiens; je me contenterai d'observer
que le découvreur qui a sacrifié sa vie dans le but
d'ouvrir à la civilisation le pays qu'il a fait connaître au monde,
mérite au plus haut degré la reconnaissance de ceux qui
ont profité de ses découvertes et qui jouissent maintenant
des avantages qu'il avait rêvés de leur donner.
Le Canada n'a pas encore élevé à LaSalle de
monument qui soit digne de lui et de la gloire qu'il a fait
rejaillir sur sa patrie d'adoption; mais le vieux moulin qui
formait le bastion de l'ancien fort RĂ©mi est toujours lĂ ,
debout comme une sentinelle sur la rive escarpée du Lac
St-Louis. Ses meurtrières sont devenues inutiles, et ses ailes
se sont détachées l'une après l'autre sous l'action délétère
du temps.
Il en reste encore une cependant, une seule, qui, dénudée
de ses barreaux, ressemble de loin Ă un long bras
qui s'Ă©tend vers le Sud-Ouest, comme pour rappeler aux
Canadiens que l'un des leurs a pris un jour cette direction
pour aller faire la découverte d'un vaste territoire, où vit
aujourd'hui dans l'aisance et la prospérité une population
de plusieurs millions d'hommes, qui prononcent son nom
avec respect et lui offrent tous les jours l'expression de
leur reconnaissance.
VoilĂ ce que fut LaSalle pour vous, Louisianais et
pour nous, Canadiens-Français. Sa gloire est, pour nous
tous, une propriété commune, et tant que la race française
vivra en Amérique, son nom sera comme un trait d'union,
comme un mot de ralliement entre les deux grandes
familles qui la composent.
Puis-je passer sous silence Lemoyne d'Iberville? Un
Canadien-Français, celui-là , né à Montréal. Ce fut lui
qui fonda le premier Ă©tablissement sur les bords du Mississipi.
Il avait voué sa vie à l'idée de faire de la Louisiane un
vaste Empire destiné à être relié aux immenses territoires que
la France possédait déjà dans le nord du continent. La
mort, malheureusement vint le surprendre au milieu de ses
projets.
Nous cherchons les héros qui ont illustré en même
temps la Louisiane et le Canada: En voici un que l'histoire
a placé au premier rang et qui fut aussi un grand capitaine
sur mer qu'il fut général distingué sur terre.
Son frère cadet, Lemoyne de Bienville, un autre
canadien-français fut presqu'aussi illustre que son aîné. C'est lui
qui fut le fondateur de la Nouvelle-Orléans, la grande
métropole de la Louisiane, et c'est à lui que vous ancêtres
reconnaissants, ont décerné le titre de "Père de la
Lousiane".
Après avoir rappelé les actions héroïques accomplies
par les Canadiens-Français et les Louisianais combattant
ensemble sous le mĂŞme drapeau: celui de la France, et
après avoir fait l'éloge de la bravoure de ces deux
branches de la famille française en Amérique, l'orateur fait
allusion à plusieurs incidents historiques pour démontrer
que la valeur des descendants de la France ne s'est jamais
démentie et qu'elle s'est perpétuée jusqu'à nos jours.
Les hasards de la vie, continue l'orateur,
ont voulu
qu'Ă l'Ă©poque oĂą j'Ă©tais jeune homme, je cĂ©dasse Ă
l'esprit d'aventure en m'enrôlant dans les armées du Nord
durant la guerre de sécession. Appelé à combattre contre
l'armée sudiste, j'ai pu apprécier la valeur de ceux qui en
faisaient partie; mais nulle part n'ai-je rencontré dans la lutte
plus ardente que lorsque les fils de la Lousiane se
trouvaient en face de nous. C'est toujours la vieille bravoure
française qui s'affirmait. Demandez plutôt à ceux qui
ont eu Ă combattre contre eux Ă Gettysburg, sur les flancs
de Cubys-Hill, le deuxième jour de la bataille. Parmi les
plus braves entre tous ces braves se trouvait une brigade
que leurs camarades avaient surnommé "les Tigres de la
Louisiane" "The Louisiana Tigers". Dans un Ă©lan superbe
que seule la "Furia Francese" pouvait rendre possible,
les "Tigres de la Louisiane" firent une horrible trouée
à travers nos lignes; mais accablés par le nombre, ils
furent cernés de toutes part. "Rendez-vous" leur criait-on,
"Jamais" répondirent-ils, et tous jusqu'au dernier
homme tombèrent en combattant, le plus grand nombre
pour ne plus se relever.
Les historiens de cette bataille nous disent, que le
combat fini, on n'entendit plus parler des "Louisiana Tigers".
Cette brigade comme la vieille garde de Waterloo,
Ă©tait morte au champ d'honneur, sans consentir jamais Ă
rendre ni ses armes ni ses drapeeaux.
Ah! compatriotes, les "Louisiana Tigers" sont tombés
sur le champ de bataille Ă Gettysburg, mais l'honneur du
nom Français est resté de bout et leur nom symbole de la
bravoure de notre race, sera perpétué d'âge en âge et ne
périra jamais.
Tout-Ă -l'heure j'entendais les fanfares qui nous
accompagnaient répéter les airs nationaux du Sud, et je me
suis surpris applaudissant avec le mĂŞme enthousiasme
que le vôtre à cette musique entraînante. Je sentais que
c'était l'âme guerrière de la nation qui chantait dans ces
clairons de cuivre ses hymnes Ă la gloire et Ă
l'immortalité.
Lorsque deux frères ou le frère et la soeur, ont été
séparés pendant de longues années, leur première pensée,
après avoir cédé aux mouvements d'affection dictés par
la voix du sang, est de se demander mutuellement ce
qu'ils ont fait durant cette longue période de séparation et
d'absence. L'un de nos orateurs les plus distingués nous a
retracé à grands traits l'histoire de la Louisiane depuis
sa séparation d'avec le Canada; laissez-moi à mon tour
vous dire en peu de mots ce qui est advenu de la race
Française depuis la même époque.
Ici l'orateur donne un résumé de l'histoire des
Canadiens-Français au Canada. Il fait un tableau saisissant de leurs
luttes et des triomphes qu'ils ont obtenus,
et termine par la péroraison suivante:
MONSIEUR LE GOUVERNEUR,
Dans le cours de l'Ă©volution qui a fait du peuple
américain l'un des peuples les plus puissants de la terre et
qui a jeté au nord de la ligne 45ième les bases d'un
empire sous la protection du drapeau britannique, plus d'un
prophète de malheur aurait pu être tenté de prédire à de
certains moments l'absorption ou la disparition complète
de la race française sur le sol de l'Amérique du Nord. Il
n'en a rien été cependant, et aujourd'hui en l'an de grâce
dix-neuf cent un, non seulement la race française est bien
vivante, mais on la trouve partout satisfaite du sort qui
lui a été réservé par la Providence et assumant sous
l'égide de la liberté la part de devoir et de responsabilité
qui lui incombe, comme elle prend part des jouissances
et des profits auxquels elle a droit. Toute loyale et fidèle
qu'elle soit au drapeau de l'Empire sous la protection
duquel elle vit heureuse et prospère au Canada, la
race française n'a rien perdu des traits qui la caractérisent, et qui,
Ă toutes les Ă©poques de son existence, ont fait son honneur
et sa gloire, je veux dire le courage, la loyauté et la fidélité
au culte des ancĂŞtres et aux moeurs et institutions
qu'elle a transplantés avec elle sur le sol vierge de
l'Amérique. Non, compatriotes, la race française ne périra pas
sur ce continent. Nous Ă©prouvons au contraire plus que jamais
le besoin d'une certaine solidarité entre les
différents groupes de notre race qui sont disséminés sur les
différents points de l'immense continent américain; nous
Ă©prouvons le besoin de rapprocher nos poitrines et de
sentir battre nos coeurs. Il n'y a pas jusqu'au groupe du
petit peuple martyr, le groupe héroique des Acadiens qui
n'Ă©prouve lui aussi ce besoin de proclamer son existence
nationale et d'affirmer Ă la face de l'Univers que les
Acadiens sont encore Français. Et que veut dire cette
invitation que vous-mêmes les descendants français de la
Louisiane vous avez envoyée à vos frères français du Canada?
N'est-ce pas lĂ la preuve vivante de ce que je viens d'affirmer?
N'est-ce pas tendre une main fraternelle Ă ceux
qui parlent comme vous la langue de la France? Au nom
des Canadiens-Français permettez-moi de vous remercier
du fond de mon coeur. Vous avez pris l'initiative, mais
soyez-en sûrs que votre action sympathique ne restera
pas sans imitateurs. On trouve de l'Ă©cho, chez nous,
lorsque l'on parle des traditions, du glorieux passé de la race
française en Amétique. Quand notre tour sera venu de
vous inviter à venir visiter la vieille province de Québec
n'hésitez pas à vous y rendre. Venez en foule. Vous
serez parmi les vĂ´tres; vous serez chez vous. Votre
gouverneur nous a fait en termes Ă©loquents le tableau de
la Grande République Américaine. Il nous a parlé de
la situation avantageuse que vous occupez au point de
vue du commerce par le fait que vous tenez la clef des
portes donnant accès en l'entrée du grand fleuve qui
traverse la Louisiane d'un bout à l'autre, et pénètre même
jusqu'aux grands lacs au coeur du continent; un autre
de vos orateurs a parlé avec émotion du privilège dont
vous jouissez de parler la langue française au sein de
vos familles et des avantages plus grands encore qui
résultent pour vous de la préservation des lois civiles
françaises au sein de votre population. Venez chez nous
et vous y trouverez tout cela. Vous y trouverez les descendants
des premiers colons de la Nouvelle-France, de
l'Acadie et de la Louisiane elle-mĂŞme vivant heureux et
satisfaits sous le gouvernement le plus libre de la terre et sous
la protection du drapeau qui abrite le plus grand empire
du monde. Vous ĂŞtes les gardiens des bouches du Mississipi.
Nous sommes les sentinelles postées à l'entrée du Golfe
Saint-Laurent. Vous avez le Code Louisianais copié sur le
code Napoléon; nous avons le Code Canadien calqué sur
le même Code Français. Vous parlez français dans vos
familles, nous nous parlons français partout, dans notre
Chambre d'Assemblée, dans notre Conseil Législatif, dans
le Parlement Fédéral, dans le Sénat et jusque devant nos
tribunaux. Venez à Montréal ou dans la vieille cité de
Champlain et vous y serez reçu par un Gouverneur français
qui vous adressera des paroles de bienvenue en langue
française. À Ottawa, dans notre ville capitale, vous
trouverez le Premier Ministre du Canada portant un nom
français comme les vôtres. Voilà ce que l'esprit de tolérance
et de conciliation a fait pour nous. VoilĂ comment un
peuple généreux a récompensé la vaillance et la loyauté de
notre race; et voilà pourquoi, malgré que par la force des
circonstances ils se trouvent entièrement liés à la race
Anglo-Saxonne, les deux milions de descendants de la
France qui habitent le Canada n'ont rien Ă envier Ă
personne et peuvent se proclamer, tout comme vous le disiez
tout Ă l'heure des Louisianais, l'un des peuples les plus
florissants et les plus heureux de la terre.
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