- mardi 5 novembre 1895, page 4
LE PROCES DE SHORTIS
UNE ENTREVUE AVEC M. ST-PIERRE
Le dossier sera incessemment soumis au ministĂšre de la justice
Le représentant de LA PATRIE a eu une entrevue, ce matin, avec M. H. C. St-Pierre, le défenseur de Shortis, qui est arrivé de Beauharnois, hier soir.
"Le procÚs, nous a dit le savant criminaliste, a été conduit de la maniÚre la plus impartiale au monde par le jury.
"Maintenant, la conduite de Shortis durant le cours du procÚs a persuadé presque tout le monde que ce garçon-là est un monstre moral et un fou.
"Lorsque le verdict qui le trouvait coupable a été rendu, il n'a pas bronché et n'a pas donné le moindre signe d'excitation et de tous les gens qui étaient dans la cour, c'est lui qui paraissait le moins intéressé à ce qui se passait.
"Lorsqu'il a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă mort, la mĂȘme chose pouvait ĂȘtre observĂ©e. Un homme ne peut pas jouer la comĂ©die de pareille façon, parce qu'il y a des mouvements instinctifs qui se produisent malgrĂ© toute force de volontĂ© de l'individu.
- Quant à vous, comment avez-vous trouvé Shortis?
- " Je l'ai trouvĂ© comme je l'avais vu le 4 mars, deux jours aprĂšs le crime, toujours la mĂȘme indiffĂ©rence.
"Je pense que le procÚs devrait avoir pour résultat de satisfaire les autorités qu'il serait dangereux de pendre ce garçon qui est un irresponsable.
"Nous avons l'intention de soumettre le dossier au ministÚre de la justice avec toutes les preuves qui ont été faites au dossier, à savoir: la preuve d'imbécilité morale de ce garçon pendant qu'il a vécu à Irlande et, enfin, la preuve des actes de folie dont il s'est rendu coupable ici, à Montréal."
- mercredi 6 novembre 1895, page 2
SHORTIS
Il saura mourir comme un héros
Beauharnois, 6. - François Valentin Cuthbert Shortis parait bien résigné à son sort.
"Mes ancĂȘtres ont combattu et sont morts comme des hĂ©ros; quand mon tour viendra, je saurai aussi mourir comme un hĂ©ros."
M. Shortis va s'embarquer incessamment pour l'Irlande. Mme Shortis demeurera ici, chez les Soeurs de la Providence, pour surveiller les intĂ©rĂȘts de son fils.
- mardi 12 novembre 1895, page 4
Mme SHORTIS
PrĂ©sentera une requĂȘte au ministre de la Justice
Ottawa, 12. - Mme Shortis, accompagnĂ©e de son avocat de Beauharnois est arrivĂ©e en cette ville hier soir, et aujourd'hui elle prĂ©sentera une requĂȘte au ministre de la Justice, demandant la clĂ©mence pour son fils qui doit ĂȘtre pendu le 3 janvier prochain. Le principal point Ă l'appui de la requĂȘte est que le condamnĂ© n'Ă©tait pas responsable de ses actes au moment oĂč il assassinait ses victimes.
- mercredi 13 novembre 1895, page 4
LA REQUETE POUR SHORTIS
Elle ne porte que cinq noms
La requĂȘte qui a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e au ministre de la Justice demandant de commuer la sentence prononcĂ©e contre Shortis, le meurtrier de Valleyfield, ne porte que cinq noms, ceux du pĂšre et de la mĂšre de Shortis et des trois avocats dans la cause, MM St Pierre, Greenshields et Foster.
- jeudi 14 novembre 1895, page 4
MADAME SHORTIS
ENTREVUE AVEC LE JUGE MATHIEU
Elle intercĂšde pour som malheureux fils
Mme Shortis, la mÚre du meurtrier de Valleyfield, a eu une entrevue avec l'hon. juge Mathieu, hier aprÚs-midi, pour lui demander qu'il intercÚde auprÚs du ministre de la justice pour que ce dernier commue la sentence prononcée.
L'honorable juge de la Cour SupĂ©rieure a dit que sa position l'empĂȘchait de faire quelque chose pour elle.
Le juge Mathieu a niĂ© formellement la rumeur qui allait Ă dire qu'il avait signĂ© la requĂȘte prĂ©sentĂ©e au ministre de la justice pour annuler la peine capitale prononcĂ©e contre Shortis.
- samedi 16 novembre 1895, page 8
PEU D'ESPOIR
Beauharnois, 16. - Mme Shortis, la mÚre du meurtrier de Valleyfield, est revenue ici hier aprÚs avoir passé une semaine à Montréal et à Ottawa pour essayer d'obtenir une commutation de la sentence prononcée contre son fils. Elle désespÚre de sauver le malheureux enfant de l'échafaud, car elle a rencontré, dit-elle, peu de sympathie dans ses démarches.
- lundi 9 décembre 1895, page 4
SHORTIS
Le cabinet n'a pas encore considéré la question
La nouvelle, donnĂ© par un confrĂšre anglais, que le shĂ©rif Laberge, de Beauharnois, avait reçu une dĂ©pĂȘche d'Ottawa annonçant que la requĂȘte en faveur de Shortis avait Ă©tĂ© rejetĂ©e, est prĂ©maturĂ©e. La question n'a pas encore Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e par le cabinet et ne la sera que la semaine prochaine
- samedi 14 décembre 1895, page 8
SHORTIS
NOMBRE DE REQUETES REĂUES DE WATERFORD
Demandant aux autorités de commuer sa sentence
Ottawa, 14. - Geo. G. Foster est arrivé en cette ville hier soir et fera un dernier effort pour sauver Valentine Shortis de la corde.
Des requĂȘtes signĂ©es par plus d'un millier de citoyens de Waterford, Irlande, demandant au gouverneur gĂ©nĂ©ral en conseil grĂące pour Shortis ont Ă©tĂ© reçues.
La municipalitĂ© de Waterford, la commission du hĂąvre de Waterford, la Chambre de Commerce, les asiles d'aliĂ©nĂ©s de Waterford, les grands jurĂ©s de Waterford, les Ă©vĂȘques catholiques et protestants de Waterford et de Lismore, le clergĂ© catholique de Waterford, les ordres religieux, et tous les hauts dignitaires de cet endroit, ont signĂ© cette requĂȘte.
- mardi 24 décembre 1895, page 6
SHORTIS
SERA-T-IL OUI OU NON PENDU?
On croit que la peine de mort sera commuée
Le gouvernement a dĂ©cidĂ© de considĂ©rer la requĂȘte Shortis Ă une rĂ©union du Cabinet aujourd'hui. Il n'y a jamais eu une si forte pression sur le DĂ©partement de la Justice pour commuer une peine capitale.
On avait représenté au ministre que la question de la folie avait été soumise au jury, et malgré cela, celui-ci avait rendu un verdict de culpabilité. Mais, d'un autre cÎté, il y a les dépositions assermentées des experts médicaux qui déclarent que le prisonnier, Valentine Shortis, n'est pas responsable de ses actes.
Ces points, ainsi que plusieurs autres, ont tous été pris en considération par le ministre de la Justice, sir Hibbert Tupper et il est dit, de bonne source, que le ministre de la justice est en faveur de la commutation de la peine de mort en un emprisonnement pour la vie.
La cause de ce meurtrier a été présentée au ministre par M. George G. Foster, de Montréal, qui représente Mme Shortis et c'est probablement plus attribuable à ses efforts qu'on en soit arrivé à une telle décision, plus qu'aux pétitions et aux dépositions assermentées d'Irlande.
Quoique la décision du cabinet ne sera formelle et officielle que ce soir; cependant le résultat du vote en conseil, toujours pris en ces cas, est assez bien présumé en faveur de la commutation de la sentence.
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Le crime pour lequel Valentine Shortis a Ă©tĂ© condamnĂ© est le meurtre de John Loy, un employĂ© de la filature de coton de Valleyfield, le 1er mars dernier. Il a aussi assassinĂ© Maxime Lebeuf, le gardien de nuit. La population de Valleyfield a essayĂ© de lui faire un mauvais parti le lendemain du crime, mais on rĂ©ussit Ă l'interner Ă la prison de MontrĂ©al jusqu'au mois de novembre, lorsqu'il subit son procĂšs et fut dĂ©clarĂ© responsable de ses actes et oĂč il fut dĂ©clarĂ© responsable de ses actes et oĂč il fut condamnĂ© Ă ĂȘtre pendu le 3 janvier prochain.
- mercredi 26 décembre 1895, page 4
L'AFFAIRE SHORTIS
Rien n'a encore été décidée
Ottawa, 26. - Le conseil des ministres a siégé trois heures de temps, mardi aprÚs-midi. On suppose que l'affaire Shortis y a été discutée, mais aucune décision n'avait encore été prise à la fin de la séance.
Le gouverneur-général avait promis d'informer Mme Shortis, mÚre du condamné, des résultats des délibérations du Conseil en cette affaire. A minuit, lord Aberdeen envoyait un des officiers de sa maison au Russell, prévenir la pauvre mÚre qu'aucune décision n'avait été prise.
- vendredi 28 décembre 1895, page 4
LE CAS DE SHORTIS
Ottawa, 27. - La requĂȘte en faveur de la commutation de Shortis est encore devant le cabinet. On attend le retour de sir Hibbert Tupper.
Les ministres canadiens français s'opposent Ă la commutation sur la question de folie, en Ă©voquant une autre cause cĂ©lĂšbre oĂč le mĂȘme plaidoyer avait Ă©tĂ© renvoyĂ©.
- samedi 28 décembre 1895, page 8
L'AFFAIRE SHORTIS
Ottawa, 28. - l'affaire Shortis est encore venue devant le cabinet hier, et la question de la clémence impériale a été discutée, mais on n'a pris aucune décision. L'affaire sera encore examinée aujourd'hui.
- Lundi 30 décembre 1895, page 1
LE CAS DE SHORTIS
Le cabinet d'Ottawa a discuté toute la journée de samedi sur le cas de Shortis, mais les ministres n'ont pu s'entendre.
Il parait que les ministres français, poussés par M. Bergeron, insistent plus que jamais pour que la loi suive son cours et d'autre part on dit que la commutation de la peine jetterait un joli magot dans le fonds électoral du parti tory.
A-t-on jamais vu un parti assez tombé dans l'abjection et endurci dans le vice pour spéculer publiquement sur une potence.
Le ProgrÚs de Valleyfield dit que c'est un dégoûtant spectacle que présentent en ce moment les politiciens qui s'agitent autour de l'échafaud de Shortis.
Spéculant sur les sentiments bien légitimes de la famille du meurtrier, ajoute notre confrÚre, ils ne cessent de crier: La bourse ou la vie!
Et l'on dirait que le ministre n'a pas assez d'amis pour l'avertir de ce qui se trame parmi les requins qui suivent la barque ministérielle.
On se demande, inquiets, si c'est l'argent ou la justice qui va triompher.
- mardi 31 décembre 1895, page 4
SHORTIS SERA PENDU
Le bourreau Radcliffe Ă Beauharnois
Ottawa, 31. - L'affaire Shortis a encore été discutée par le cabinet toute la journée d'hier. A l'ajournement, le premier ministre a déclaré qu'il ne pouvait rien dire à la presse.
Beauharnois, 31. - J. R. Radcliffe, l'exécuteur des hautes oeuvres, de Toronto, est arrivé ici hier matin pour Valentine Shortis, vendredi prochain. Cette arrivée semble démontrer que l'exécution a été définitivement décidée et que la loi suivra son cours.