Mes racines / my roots

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Procès de Terence Carroll, pour le meurtre

Terence Carroll, accusé du meurtre de Dennis O'Connor

Dates du procès: 21 au 26 septembre 1887
Verdict: manslaughter, homicide sans préméditation
Sentence: 2 ans de pénitencier



  1. jeudi 22 septembre 1887, page 4


    ASSISES CRIMINELLES
    Présidence de l'hon juge Baby.

    MM. Sicotte et Doucet, greffiers de la couronne.

    La Couronne est représentée par MM. Greenshields C.R., et Préfontaine, C R.

    On a commencé le procès de Terence Carroll, accusé du meurtre de Dennis O'Connor, le 4 août dernier. Carroll a plaidé non coupable. MM. D. Barry et H. C. St Pierre comparaissent pour l'accusé. La Couronne a récusé tous les jurés irlandais.

    M. Greenshields explique la cause aux jurés. Le prisonnier, dit-il, est accusé d'avoir le 4 août dernier, tué un boucher du marché St Anne du nom de D. O'Connor.

    Le coroner Jones produit ensuite les témoignages pris à l'enquête tenu sur le corps de Dennis O'Connor, le 10 août.

    Le premire témoin appelé est William Rose, restaurateur du marché Ste Anne.

    "Je connais, dit-il, le prisonnier, je connaissais aussi D. O'Connor qui a été tué. Mon restaurant est voisin de l'étal du défunt O'Connor. Je me rappelle avoir vu O'Connor au marché le jour en question, c'est-à-dire le 4 août dernier. J'ai vu O'Connor pour la dernière fois à sept heures du soir. Le défunt s'en allait se laver à la pompe. Il m'a dit en passant qu'il s'en allait souper. Un peu plus tard j'entendis un grand cri. Je me retournai et j'aperçus le défunt qui tombait à la renverse. Je courus vers lui, croyant qu'il était mal. En arrivant près de lui, je vis qu'il avait une large blessure et qu'il ne pouvait parler. Il me désigna le prisonnier comme étant celui qui l'avait frappé.

    En transquestion, le témoin dit qu'il connaît assez bien le prisonnier depuis 2 ans. Vis à vis la pompe dont j'ai parlé, il y a une rue venant du fleuve. Il passait beaucoup de monde à cet endroit. Je connais le prisonnier pour un homme paisible. Je l'ai entendu chicaner souvent avec le défunt mais jamais avec un autre. Le défunt voulait parler avec tout le monde, même avec un enfant.

    Lorsque le témoin vint au secours du défunt, il ne regarda pas s'il y avait quelqu'un dans les environs.

    Le constable Senécal donna son témoignage. Il dit que vers 6 hrs du soir le jour de cette affaire, il était en devoir au marché. Il est passé près du prisonnier à la barre et lui a parlé ainsi qu'au défunt. Le prisonnier était à la pporte de son étal, le défunt se préparait à s'en aller. J'ai ensuite continué mon chemin jusqu'à l'est du marché, à une distance de 200 pieds environ. Je tournais le dos aux deux bouchers et je parlais au constable Favreau. Un cocher qui venait du même côté, nous cria qu'un homme était mourant, qu'il venait de se couper le cou.

    Le constable Senécal continue de donner son témoignage. Nous ne croyons pas nécessaire de donner la suite de ce qu'il a dit, vu que tout a été publié dans la Patrie lors de l'enquête préliminaire.

  2. vendredi 23 septembre 1887, page 2

    ASSISES CRIMINELLES
    21 septembre.
    SEANCE DE L'APRES MIDI
    (Suite)
    Présidence de l'hon juge Baby.

    MM. Sicotte et Doucet, greffiers de la couronne.

    La Couronne est représentée par M. Greenshields C.R.

    Le constable Senécal continue à donner son témoignage.

    Lorsqu'il vit le défunt, il ne saignait pas beaucoup. Le prisonnier qui était près de sa table, dit au témoin qui courait téléphoner à l'ambulance: Je prendrai soin de lui." Deuxprêtres se trouvaient auprès du mourant. L'un d'eux tenaient un crucifix près de la figure du mourant.

    J'allai alors vers le prisonnier qui se tenait debout auprès de son étal, et je lui dis: Pourquoi avez-vous frappé cet homme? - Il me taquinait depuis vingt ans. Alors je conduisis le prisonnier à la station.

    En passant près du mourant, je dis: Regardez-le, il va mourir dans quelques minutes. Il ne regarda pas. En l'amenant à la station, je répétai:

    Pourquoi avez-vous tué votre ami? Mêmes réponses: "Il me taquinait depuis 20 ans." Pourquoi l'avez-vous frappé avec un couteau? - "Je l'avais dans la main." Il était entre deux vins, mais raisonnait bien. Je le remis au sergent Barrette, qui me dit d'aller à l'Hôpital Général pour avoir des nouvelles d'O'Connor. J'y fus! O'Connor était mort. Je dis la nouvelle au sergent. Je revis le prisonnier et quand je lui dis: Votre ami est mort - "C'est bien malheureux, je n'y puis rien," fit-il! Sur ma demande, il me remit la clef de son étal.

    La cause continue.

    Louis Favreau, constable, donne son témoignage. Le 4 août, il était de faction au marché Ste Anne; vers sept heures du soir, il a rencontré le constable Senécal et a conversé avec lui quelques minutes. Un charretier est arrivé à eux et leur a dit qu'un homme était mourant au milieu du marché. Ils s'y rendirent en toute hâte et trouvèrent Denis O'Connor étendu par terre, ayant une blessure au cou; un peu de sang coulait de sa blessure. La victime ne paarlait pas mais indiquait par des gestes le prisonnier occupé en face de son étal. L'ambulance arriva bientôt et transporta la victime qui paraissait morte en ce moment. L'étal d'O'Connor et celui du prisonnier étaient alors fermés. Une foule de curieux s'était réunie et répétait: "C'est le vieux qui l'a tué." Senécal a alors arrêté Carroll.

    Pendant que Senécal conduiait le prisonnier à la station le témoin gardait l'étal du prisonnier et de la victime.

    Quelques temps après, Senécal est arrivé avec une clef, ouvrit l'étal du prisonnier et y pénétra avec le témoin.

    On trouva dns l'étal un couteau, c'est le même produit en cour. L'extrémité du couteau, sur une longueur de deux ou trois pouces était humide et un côté était rouge.

    Questionné par M St Pierre, le témoin ajoute que la rougeur du couteau pouvait bien avoir été produite en coupant de la viande.

    Il connait le prisonnier depuis 13 ans et il l'a toujours vu jouir d'une bonne réputation.

  3. vendredi 23 septembre 1887, page 4

    ASSISES CRIMINELLES
    Présidence de l'hon juge Baby.

    MM. Sicotte et Doucet, greffiers de la couronne.

    La Couronne est représentée par MM. Greenshields C.R., et Préfontaine, C.R.

    La cour ouvre à 10.45 hrs. Les petits jurés qui ne sont pas appelés à juger dans le procès de Carroll sont libérés jusqu'à demain.

    Jacques Laurin, ingénieur civil est le premier témoin pour la couronne. Il reconnaît le plan qu'il a fait du théâtre du meurtre. Il explique aux jurés les positions occupée respectivement par le défunt et l'accusé, lors du meurtre. Ces positions sont celles qu'on lui a désignées. Il y a 26 pieds de l'étal du prisonnier a celui qu'occupait le défunt. 210 pieds du prisonnier à l'endroit où se trouvait l'homme de police.

    Le témoin explique les autres différents points du plan, représentés en couleur différentes.

    Sur demande du juge, le témoin ne peut dire quelle distance sépare les deux portes des étaux et la cour lui ordonne de mesurer la distance.

    James Bourke commerçant, tient son étal voisin de Carroll, près rue McGill. Il ne vend que du lard salé. Se rappelle le soir du meurtre, a fermé son étal ce soir là vers 6 10 hre. M. Hardt le rappela comme il s'en allait chez lui, pour lui dire qu'O'Connor se mourait. Il le suivit et apprit les détails du meurtre.

    On présente au témoin le couteau ramassé sur le théâtre du meurtre, il se rappelle l'avoir vu déjà dans l'étal de Carroll. Le témoin fermait toujours son étal avant le défunt et le prisonnier, qui fermaient presque toujours les derniers. Le témoin a vu le cadavre d'Oconnor.

    Pierre Thomas, cigarier de Montréal, travaille chez M. Fortier, rue St Maurice. Il est arrivé au marché le soir du meurtre, après avoir laissé l'ouvrage et a vu deux hommes de police et une voiture à l'extrémité est du marché Ste Anne. Le témoin reconnait le constable Sénécal. Il n'a parlé aux constables. Il a entendu un charretier près de lui, dire: "Un homme vient de se couper le cou," en indiquant la rue des Enfants Trouvés. Il a vu O'Connor étendu à terre, sur le dos, à côté du lavoir, qui saignait et qui râlait. Plusieurs personnes entouraient O'Connor et une d'entre elles lui mit un mouchoir autour du cou, d'autres ayant assis O'Connor.

    Le témoin est ensuite transquestionné.

  4. samedi 24 septembre 1887, page 2

    ASSISES CRIMINELLES
    22 septembre.
    SEANCE DE L'APRES MIDI
    (Suite)
    Présidence de l'hon juge Baby.

    MM. Sicotte et Doucet, greffiers de la couronne.

    La Couronne est représentée par M. Greenshields C.R.

    F. X. Hogue, garde-magasin sur la rue des Enfants trouvés, dit qu'il a passé, le jour du meurtre, une partie de l'après midi à la Pointe St Charles et ne savait rien du meurtre. La rue des Enfants-Trouvés longe le marché et le magasin où est employé le témoin est situé en face de l'endroit où O'Connor a été frapéé. Vers 2 heures moins un quart, comme il allait fermer le magasin, il vit O'Connor en face de l'étal de Carroll en lui criant: "Old rats" Il y a environ un mois les deux bouchers avaient eu une grosse querelle et le témoin avait dit à Carroll que c'était malheureux, ce à quoi Carroll avait répondu qu'il ne pouvait l'empêcher.

    Le témoin partit le dernier du magasin.

    Thomas Charbonneau est examiné. Témoignage sans importance.

    M. Duhamel, clerc du marché, dit que le prisonnier avait une bonne réputation.

    Plusieurs témoins sont aussi appelés pour témoigner pour le bon caractère du prisonnier.

    Henry Cullen, détective en chef, entendit dire, le soir du 4 août, que O'Connor avait été tué par Carroll. Connaissant les deux il se rendit au poste central pour voir le prisonnier Carroll, et lui demanda: Qu'est-ce qu'il y a eu entre vous et O'Connor." Le prisonnier lui dit: "Il me tracassait toujours." Le détective lui dit: "J'en ai beaucoup de chagrin. Le témoin ne dit rien de plus. Le témoin connaissait les deux hommes depuis plus de 30 ans et il dit que le prisonnier était un homme tranquille.

    John Payne, constable, connait le prisonnier depuis 21 ans et dit que c'est un homme paisible et d'une bonne réputation.

    Jacques Laurin est appelé de nouveau. Il dit qu'il y a 28 pieds entre les portes des deux étaux ci-devant occupés par le défunt et le prisonnier.

    Michel Collins, constable, est assermenté et dit qu'il connait le prisonnier et connaissait aussi le défunt. Il entendit parler du meurtre après 6 hrs, le soir du 4 août. Il connait le prisonnier comme un homme paisaible.

    Avant d'ajourner, M. St Pierre demande que son confrère, M. Barry, et lui soient autorisés à adresser les jurés, en se servant du droit qu'a la défense de parler deux fois, après la preuve de la Couronne de la défense.

    Le juge accorde cette demande de la défense et la Cour s'ajourne.

    La Cour s'ouvre à 2 10 heures.

    Thomas Charbonneau, journalier, de Montréal, est interrogé par l'avocat de la défense. Il n'a pas reçu de sub poena. Se rappelle le soir du 4 août. Ramassait les déchets au marché Ste Anne. Ne connait pas le prisonnier. Il ne connaissait pas O'Connor, quand il le vit étendu près du lavoir, au marché. Plusieurs personnes étaient arrivées avant lui. Un homme lui avait dit que quelqu'un se mourait. Le témoin était à l'extrémité du marché quand on lui anonça que quelqu'un se mourait.

    Ici commence la preuve de la défense.

    Le constable Senécal rend de nouveau témoignage sur le premier serment prêté. D'après ce qu'il connait maintenant de l'accusé, le témoin dit qu'il est de l'opinion que le prisonnier n'avait pas conscience de sa position.

    Joseph Napoléon Duhamel, clerc du marché de Ste Anne, connait le prisonnier depuis 3 ans. N'a eu connaissance d'aucune querelle entre le défunt et le prisonnier, du 1er au 4 août. Le prisonnier avait une bonne réputation et était un homme paisible.

    James Neville, charretier, connait le prisonnier depuis 30 ans, pour un homme tranquille.

    James Callaghan, arrimeur, dit que le prisonnier est un homme paisible. Il le connait depuis douze ans.

    John Neville, commerçant, connait le prisonnier depuis dix ou douze ans. C'était un homme respectable et tranquille.

    Maurice caron, commerçant, connaît le prisonnier depuis environ 25 ans, pour un homme paisible, inoffensif et de bonne réputation.

    James Biggley, journalier, ne peut dire la date du meurtre, mais se rappelle avoir vu l'ambulance venir au marché Sainte Anne, un soir du mois d'août, au commencement, vers 7 heures.

    Il y avait un nommé Ryan avec lui. Tous deux venaient de l'ouvrage, aux quais. Ils virent deux hommes qui s'en allaient et il reconnait le prisonnier comme l'un de ces deux hommes. A plusieurs questions de l'avocat de la Couronne, le témoin dit qu'il ne peut rien préciser, vu qu'il ne se rappelle de rien. Il est venu à la Cour parce qu'on lui a servi un sub poena. Il a vu deux hommes se quereller, parlant très fort. Connaissait les deux hommes depuis longtemps, mais ne leur avait jamais parlé. Le témoin entreprend le charroyage du charbon au canal.

    James Owen Neville, maître-charretier, connaît le prisonnier depuis 30 à 35 ans, pour un homme doux et paisible avec tous le monde.

    A 3.40 heures, sur demande de M. Barry, le prisonnier se retire quelques instants puis il revient et Michael Foley, commerçant, est assermenté.

    Le témoin connaît le prisonnier depuis 30 ans; c'est un homme paisible, inoffensif et de bonne réputation.

    Là se termine la preuve de la défense.

    Au moment de mettre sous presse, M. Barry adressa la parole aux jurés.

  5. samedi 24 septembre 1887, page 4


    ASSISES CRIMINELLES
    Présidence de l'hon juge Baby.

    MM. Sicotte et Doucet, greffiers de la couronne.

    La Couronne est représentée par MM. Greenshields C.R., et Préfontaine, C R.

    Ce matin, à l'ouverture de la Cour, M. H. C. St Pierre, avocat de la défense dans la cause de Carroll, accusé de meurtre a fait son adresse aux jurés. Comme toujours, M. St Pierre a été éloquent et son argumentation a été très forte. Au moment de mettre sous presse, M. Greenshields, avocat de la Couronne, adresse lui aussi les jurés.

    On prétend que l'accusé va être acquitté, ou que le verdict en sera tout au plus un de manslaughter.

  6. lundi 26 septembre 1887, page 2


    ASSISES CRIMINELLES
    FIN DU PROCÈS CARROLL
    Présidence de l'hon juge Baby.

    MM. Sicotte et Doucet, greffiers de la couronne.

    La Couronne est représentée par MM. Greenshields, C. R.

    Après l'appel des jurés, M. Saint Pierre leur adresse la parole. Il appuie sur le fait que le verdict de l'enquête du coroner ne dit pas qu'il y ait eu homicide. Il dit que la conduite du prisonnier, son état de calme et de tranquilité, témoignent de son innocence. Personne n'a vu le prisonnier frapper O'Connor.

    Il y aurait eu du sang chaud sur le couteau trouvé, s'il eut servi à un meurtre. Et la tâche rouge, par quel sang avait-elle été faite? Rien de prouvé. La blessure telle que décrite par le Dr McClure, n'a pu être faite avec le couteau produit en cour. La réponse du prisonnier à Senecal se rapportait-elle au meurtre ou à un assaut précédent, vers 6 30 heures? On n'en sait absolument rien. L'accusé n'est pas allé au secours de O'Connor, mais il y avait d'autres personnes, et les deux hommes étaient en mauvais termes.

    Admettant que le prisonnier ait frappé, il était en état de légitime défense. Il est prouvé, tant par les témoins de la Couronne que par ceux de la défense, qu'O'Connor, le soir du meurtre, avait taquiné, attaqué Carroll et lui avait dit à plusieurs reprises: "Old rats." Il n'y a, dans tous les cas, légalement, qu'un assaut et un assaut en état de légitime défense. Le grand âge, la faiblesse de l'accusé qui se défendait, son infériorité en force, le justifieraient d'avoir saisi au hasard, le couteau qu'il a avoué avoir eu dans la main.

    Rien ne prouve la culpabilité de l'accusé; y eut-il des preuves qu'il a donné le coup, son état de légitime défense est pleinement, clairement prouvé. Un homme n'attend pas, pour se défendre, qu'on l'ait frappé. La crainte de l'assaut justifie l'état de défense.

    Parlant du désir exprimé par le prisonnier d'aller revoir ses parents dans la vieille Irlande, son défenseur prie les jurés de bien se rappeler et de bien penser tout ce qui est en faveur du prisonnier octogénaire et de lui donner toutes les chances, tous les bénéfices du doute, dont la justice est avec droit si jalouse.

    L'avocat de la couronne, M. Greenshields, commente la preuve. Il explique la différence entre le meurtre et l'homicide ou meurtre involontaire. L'accusé a-t-il frappé O'Connor, le soir du 4 août? Si oui, y a-t-il meurtre ou homicide? Etait-il tellement en danger qu'il dût frapper pour se défendre?

    Nulle doute que, avant 7 heures, il y avait eu querelle.

    L'avocat s'appuie sur le témoignage de Rose. O'Connor l'avait quitté en disant qu'il allait se laver, et quelques instants après, Rose entendit le cri poussé par le défunt eet il ne vit que deux personnes sur le théâtre du meurtre, O'Connor blessé et Carroll, à son étal, non loin du blessé.

    Si Carroll n'eût pas frappé O'Connor, ne serait-il pas allé à son secours? Le défunt et le prisonnier étaient seuls dans le marché. Le prisonnier dit: O'Connor me taquinait sans cesse et j'avais le couteau dans ma main.

    Parlant du grand âge de l'accusé, de ses parents, l'avocat dit que les jurés ne doivent pas considérer ces circonstances; ils doivent protéger la société, en faisant respecter la jsutice. L'Exécutif peut commuer la sentence et c'est à lui seul de voir aux circonstances atténuantes.

    L'avocat dit que la Couronne n'a pas fait analyser la matière rouge du couteau, c'est vrai; il y avait, dit-il, très peu de sang. Il termine en demandant aux jurés de rendre un verdict selon les faits.

    Le juge fait son allocution aux jurés. Il leur explique les diverses circonstances qui accompagnent un crime et en augmentent ou diminuent la gravité.

    Un meurtre a été commis. Est-ce par le prisonnier à la barre? Vous apprécierez les faits. C'est à la défense de faire disparaître tout doute. Il appuie sur le témoignage de Rose. Après avoir repassé tous les faits rapportés par Rose, ainsi que les autres circonstances qui suivirent le meurtre, le juge fait remarquer l'attitude indifférente du prisonnier alors que son voisin était blessé à quelques pas de lui.

    La position du blessé prouve qu'il avait été frappé par derrière, du côté où se trouvait le prisonnier. Dans quel but avait-il le couteau à la main comme il l'a avoué?

    A 12 15 heures les jurés se retirent.

    A 1.10 le juge reparaît sur le banc, le jury fut rappelé et le chef du jury déclara que tous étaient unanimes à rendre contre l'accusé un verdict de manslaughter, homicide sans préméditation.

    Carroll a écouté ce verdict avec une parfaire indifférence et sans avoir l'air de comprendre.

  7. mercredi 28 septembre 1887, page 4


    ...Caroll trouvé coupable d'homicide est condamné à 2 ans de pénitencier.





Jacques Beaulieu
jacqbeau@canardscanins.ca
Révisé le 19 juillet 2013
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