Le programme en partie numérisé ici
est la propriété d'Odile Malépart,
nièce de Germaine Malépart
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L'Orchestre Symphonique de Montréal
dirigé par Désiré Defauw,
avec Germaine Malépart au piano,
concert donné le 11 mars 1941
Deux pages du programme:
Compte-rendu par Dominique Laberge de La Patrie
Au Plateau
Désiré Defauw et Germaine Malépart
Le concert d'hier soir à l'Auditorium du Plateau, ramenait le célèbre chef
d'orchestre belge Désiré Defauw. Du chef il y a très peu à dire, ayant épuisé (non sans
raison) toute la gamme des éloges, lors de ses trois apparitions précédentes. Il n'est pas
inutile de répéter que Désiré Defauw fait autorité, et cela aux dire de tous sans
exception.
Le chef belge en a fait bénéficier la Symphonie en Mi mineur dite du Nouveau Monde,
de Anton Dvorak, que d'aucuns étaient las d'entendre. Bien curieuse cette symphonie avec
son abondance généreuse, fastidieuse, son souffle incontestable, mais aussi ses
répétitions et ses longueurs. Elle est souvent attachante et quelquefois monotone;
singulier mélange d'inventions délicates et d'idées boursouflées. M. Defauw en a
atténué les défauts d'une façon merveilleuse et a très habilement mis en relief les
meilleures parties. L'Adagio fut particulièrement de toute beauté, il nous semblait
entendre une bucolique en plein air.
Mais le grand attrait de la soirée, comme évocation authentique, était le Concerto de
Mozart joué par la pianiste canadienne Germaine Malépart que ramenait aussi la Société
des Concerts Symphoniques, sans doute pour se souvenir de ses origines. Germaine
Malépart avait choisi le délicieux Concerto de 1785, également en mineur - comme quoi
quoi la même tonalité peut conduire à des effets bien divers. C'est une page passionnée,
au début presque romantique, qui date de cette période où Mozart se créait à lui-même un
répertoire si riche de pianiste. Lorsqu'on entend parler ces limpides broderies autour
des thèmes essentiels du chant principal, on ne peut s'empêcher de voir Mozart en
personne, tel qu'on nous l'a décrit, avec son jeu enchanteur et son goût exquis.
Mademoiselle Germaine Malépart nous a donné de l'oeuvre l'impression la plus charmante.
Elle joua le Concerto avec une délicatesse de toucher, une sobriété de nuances et une
pureté de style que l'on ne saurait trop louer.
Ses pianissimi, en particuliers, étaient délicieux. Le jeu de Germaine Malépart
était en même temps une leçon: cette oeuvre, techniquement facile, était jouée, somme
toute, par l'une de nos premières pianistes, qui a derrière elle un cycle d'années
d'expérience. Ce qui revient à dire que le temps et le travail sont les éléments de la
maturité. Le concert se terminait par Le Cygne de Tuonéla, de Jean Sibelius,
dans lequel le hautbois de M. Réal Gagnier fit merveille, et par l'intéressant poème
symphonique de Glazounov: Stenka Bazine, dédié à la mémoire d'Alexandre Borodine.
Cette composition est digne du bon élève de Rimsky-Korsakoff qui fut son auteur. Elle
est largement descriptive et l'orchestration, parfois, un peu lourde, en est
généralement colorée. L'exécution en fut en tous points irréprochable.
Dominique Laberge
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