Sa vie |
Article de LA PATRIE, samedi, 18 janvier 1902,
page 22, en la possession de Suzanne Montel, arrière-petite-fille
de Madame H. C. Saint-Pierre, transcrit par Jacques Beaulieu,
arrière-petit-fils du même personnage.
NOS CANADIENNES-FRANÇAISESMADAME H. C. ST-PIERREMadame H. C. St-Pierre, née Marie Adéline Albina LeSieur, vit le jour à Terrebonne. Son père Louis Adolphe LeSieur, marchand important de la localité était le descendant de Charles LeSieur, le fondateur de Yamachiche et le premier propriétaire de la seignerie de DeGrosbois dans les limites de laquelle se trouve l'église actuelle de Yamachiche. Du côté de sa mère, Mme Saint-Pierre descend de cette famille Loranger qui a donné au pays les hommes si éminents dont il s'honore. À l'âge de dix ans elle entra au couvent des Soeurs de la Congrégation Notre-Dame et se fit remarquer par son talent pour la musique. Peu de temps après son entrée au couvent tout en suivant ses classes, elle devint l'élève du célèbre professeur Dominique Ducharme qui sut développer ses aptitudes avec une habileté merveilleuse. En peu de temps elle devient une de ses élèves de prédilection et jusqu'à sa mort il ne cessa jamais de l'aider de ses conseils et de la guider dans ses études. En 1874 elle épousa M. Saint-Pierre, notre criminaliste bien connu. Il aurait été difficcile pour Madame Saint-Pierre de faire le choix d'un époux dont les dispositions furent plus en harmonie avec les siennes. Aussi bon chanteur qu'excellent avocat, M. Saint-Pierre était précisément l'époux qui convenait le mieux au talent artistique de sa compagne. Aussi pendant plus de vingt ans voyons-nous les deux époux, figurer ensemble, le mari comme chanteur, la femme comme pianiste, dans presque tous nos concerts de charité. Madame Saint-Pierre, grâce à son talent vraiment remarquable, à sa connaissance approfondie des bons auteurs, grâce surtout aux études sérieuses faites depuis son enfance sous la direction du maître éminent dont tout le monde déplore la pete, devient bientôt l'une des artistes les plus brillantes et les plus appréciées de notre population. Son jeu au piano est toujours ferme et net, sa technique parfaite. Tout en déployant le brio et la maestria nécessaire au besoin comme la plupart des artistes de son sexe, son talent s'accentue surtout dans l'interprétation des pensées délicates ou des sentiments tendres et mélancoliques. Elle excelle dans l'art de déchiffrer, à première vue, une partition hérissée de difficultées et dans celui non moins rare pour un pianiste de bien accompagner un chanteur. Madame Saint-Pierre est mère de cinq enfants dont deux, Mlles Annette et Juliette, sans posséder le talent remarquable de leur mère, font espérer qu'elles sauront marcher sur ses traces. Madame Saint-Pierre est une femme du monde accomplie, et son salon est un des plus recherchés de Montréal. La gracieuse hôtesse a ce charme tout puissant qui captive et retient, elle possède le tact gracieux qui lui permet de plaire à tous, en ménageant à chacun le plaisir favori. Dans le salon d'une artiste, femme charmante, on ne s'ennuie jamais et Madame Saint-Pierre est une idéale maîtresse de maison aussi bien qu'une parfaite musicienne. |