Autre eulogie |
MORT DE M. LE JUGE ST-PIERREM. le juge Henri-Césaire Saint-Pierre, qu’un cancer d’estomac minait depuis plusieurs mois, a succombé à 7 heures 50, samedi soir, à l’âge de 71 ans, à son domicile, 2330 avenue du Parc, entouré de ses enfants. La nouvelle de sa fin prochaine connue dans le cours de l’avant-midi provoqua une vive émotion. C’était un des juges les mieux connus et estimés qui s’était fait, avant son élévation à la magistrature, une grande réputation comme criminaliste. Depuis qu’il siégeait à la Cour supérieure il s’était surtout spécialisé dans les causes civiles portées devant des jurés; il avait aussi présidé à des sessions de la Cour d’assises locale où l’un des murs est décoré de son portrait en souvenir des nombreuses et éloquentes plaidoiries qu’il y prononça jadis. M. Henri-Césaire-Barrier Saint-Pierre était le fils de feu Joseph-Barrier Saint-Pierre et de feu Domithilde Denis; il naquit à S.-Madeleine le 13 septembre 1844. Il fit ses études au collège de Montréal et fut reçu avocat en 1870. Quatre ans plus tard, il épousa Mlle Marie-Adéline-Albina, fille de feu Adolphe Lesieur, marchand de Montréal, décédé en 1908. Il fut créé Conseiller de la Reine en 1889 et fut l’un des avocats éminents du Barreau de Montréal. Il fut le défenseur de Shortis et de Caza, tous deux auteurs de crimes célèbres. M. Saint-Pierre fut l’un des avocats de feu J.-Israël Tarte dans le fameux procès Grenier en 1897. Il fut nommé juge de la Cour supérieure de district le 11 juin 1902 et fut attaché au tribunal de Montréal en 1909. C’était un vétéran de la guerre de Sécession, ayant servi sous les drapeaux des Nordistes dans le 76ème New York Volunteers; il fut blessé en 1863 à la bataille de Mine Run et fut recueilli par les Sudistes qui le gardèrent prisonnier jusqu’à la fin des hostilités. Il était commandant honoraire des Vétérans canadiens et décoré de la Croix de la Couronne d’Italie. Candidat libéral défait dans Jacques-Cartier, au provincial, aux élections générales de 1878, il abandonna bientôt la politique active. Il laisse trois fils et deux filles: Henri A., protonotaire des comtés de Pontiac-Bryson; Georges, ingénieur civil, Annette, femme de M. L. Bélanger, comptable de Montréal; Guillaume, avocat, du bureau Pélissier, Wilson et Saint-Pierre dont M. le juge Saint-Pierre fut autrefois le chef, et Juliette, femme de M. Alexandre Prud’homme, avocat du bureau Loranger et Prud’homme. L’avis des funérailles sera donné plus tard. À la famille en deuil, nous adressons nos sincères condoléances. |