Mes racines / My roots
Henri Césaire Saint-Pierre
Ce document
a été transcrit par Jacques Beaulieu,
arrière-petit-fils de son sujet.
FEU LE JUGE SAINT-PIERRE
_____
La mort presque soudaine de l'Hon. juge Saint-Pierre
est le premier deuil que l'année 1916 apporte au barreau, à la
magistrature et à notre société montréalaise, parmi
laquelle il comptait
tant d'amis et d'admirateurs.
La carrière remplie par le regretté défunt
est extrêmement variée. Tour à tour militaire,
avocat, politicien et juge, il a su faire honneur
à toutes les occupations qu'il avait choisies.
Il avait la réputation d'être un de nos
criminalistes les plus distingués; et le fait que
son nom a été associé à une foule de causes célèbres
de toutes catégories, constitue un puissant plaidoyer
en faveur des qualités brillantes que tout le monde se
plaisait à lui reconnaître. Il n'a pas seulement fait
sa marque dans les hautes sphères où il a évolué, il a
aussi laissé parmi les mases populaires qui ont suivi
avec attention toutes les étapes de sa carrière de
criminaliste, un souvenir profond et impérissable.
Et puisque les exemples donnés par ceux qui ne sont
plus doivent servir de guides aux survivants, disons
tout de suite que la vie du défunt mérite d'être imitée,
au moins sous deux aspects: l'éducation et le patriotisme.
Malgré qu'il ait eu des préférences indiscutables pour la
langue française, l'Hon. juge Saint-Pierre avait une
éducation anglaise parfaite. Il était d'opinion qu'un
vrai Canadien doit, autant que possible, s'appliquer
à maîtriser les deux langues officielles. Pour lui,
la connaissance des deux langues était un moyen
indispensable pour maintenir les bonnes relations
entre les deux grandes races de notre pays. Quant
à ses tendances humanitaires et à son patriotisme,
ils sont déjà trop connus pour qu'il soit nécessaire
d'en faire mention. Il suffit de dire qu'il a servi
sous les drapeaux des Nordistes durant la guerre civile
américaine, qu'il a été fait commandant honoraire des
Vétérans canadiens et décoré de la Croix de la Couronne
d'Italie. Il n'y a pas longtemps encore, à l'occasion de
la guerre actuelle, on l'entendait faire, du haut de son
fauteil judiciaire, un vibrant appel au patriotisme
canadien en faveur de la cause de l'humanité et de la
civilisation.
Sur cette tombe, qui s'ouvre trop tôt, nous déposons
respectueusement l'hommage de nos plus vifs regrets, et
nous prions la famille du défunt de croire à nos plus
profondes sympathies.
Article paru dans La Presse
Montréal, 10 janvier 1916
page 1.
Jacques Beaulieu
Ce document a été mis en ligne le 3 octobre 2003
jacqbeau@canardscanins.ca
http://canardscanins.ca/canins/roots/biohclapresse.htm
|