Ce document, propriété de
Madame Jannice Saint-Pierre Westfall,
arrière-petite-fille d'Henri Césaire Saint-Pierre,
a été transcrit par Jacques Beaulieu,
arrière-petit-fils du même personnage.
Le juge H.-C. St-Pierre
Réminiscences d'un vieux journaliste
La Patrie
Le juge H.-C. St-Pierre
Fils de Joseph St-Pierre, cultivateur
de Ste-Madeleine de Saint-Hyacinthe, et
de Domitilde Denis, né en 1842. Son père a
pris part à la rébellion de 1837.
Le jeune St-Pierre, à sa sortie de l'école
paroissiale, entra au collège de Montréal pour
faire ses humanités. Il étudia le droit sous M.
Agnew, procureur de la ville de Kingston.
La guerre civile américaine lui inspira le désir
de prendre les armes. Il s'enrôla dans le 76ième
régiment des volontaires de New York et partit
aussitôt pour la ligne de feu. Blessé en Virginie,
il fut fait prisonnier par les troupes du Sud et
ne fut remis en liberté qu'à la fin de la guerre.
Revenu à Montréal, il continua ses études de droit
au bureau de Sir Georges Étienne Cartier.
Admis au barreau en 1870, il se distingua tout
de suite dans les causes criminelles. Il plaida dans
une trentaine de procès importants, faisant acquitter
presque tous les accusés qu'il défendait. L'affaire
Shortis lui fournit l'occasion de faire ressortir
davantage son habileté de criminaliste expérimenté.
On se rappelle que Shortis tua deux employés de la
fabrique de coton de Valleyfield, dans un accès de
folie. En 1887, M. St-Pierre fut le principal
défenseur de Caza, accusé de meutre. Ce procès eut
beaucoup de retentissement.
On a pas oublié non plus la part que M. St-Pierre
a prise dans le fameux procès Tarte-Grenier, qui se
termina par la condamnation de l'accusé. Grenier
avait publié un libelle criminel contre le ministre
des Travaux publics. Mes lecteurs se rappellent le
résumé de cette cause célèbre que j'ai publié il n'y
a pas encore très longtemps.
M. St-Pierre eut pour associés MM. Ernest Pélissier
et Chs Wilson. Ce dernier fut député à la Chambre
des Communes et plus tard nommé juge.
Comme tous les avocats de talent de son temps,
M. St-Pierre descendit un jour dans l'arène politique,
sans doute sur l'invitation pressante de ses chefs.
En 1878, il se porta candidat dans Jacques-Cartier
pour un siège à la législature de Québec. Sa tentative
échoua. La politique ne lui offrit plus jamais
d'attrait. Il se contenta des joies, des peines
et des labeurs que lui procurait sa profession.
En 1895, M. St-Pierre présida au dévoilement
de la statue de Chénier, au parc Viger. Il prononça
à cette occasion l'un des plus éloquents discours
de toute sa longue et brillante carrière. Son
historique des évènements de 1837-38 émut profondément
les auditeurs. Il termina en prêchant l'union et la
bonne entente entre les races. "Soyons anglais,
écossais, irlandais et français mais par-dessus tout
Canadiens", s'est-il écrié aux applaudissements de la
foule. Il désirait ardemment voir cesser les divisions
qui existaient malheureusement entre les diverses
nationalités. "Pourquoi, ajouta l'éminent magistrat,
un citoyen d'Ontario ne serait-il pas chez lui dans
le Québec, et un Canadien-français ne serait-il pas
traité comme un frère dans la grande province-soeur?
Rendons-nous bien compte que le Canada ne se borne
pas à la province de Québec."
M. St-Pierre, C.R., était irréductiblement
opposé à l'admission des femmes au Barreau. L'étude
qu'il présenta au conseil du Barreau sur cet épineux
sujet mérite encore d'attirer l'attention des avocats,
bien que les femmes aient enfin réussi à obtenir
le droit de porter la toge et de défendre "la veuve
et l'orphelin".
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L'avocat Henri-Césaire Saint-Pierre fut élevé
à la magistrature au moins de juin 1902. On lui
assigna le district de Beauharnois, en remplacement
du juger Bélanger, démissionnaire.
En 1909, le juge St-Pierre était appelé à
Montréal, pour succéder au juge Michel Mathieu,
qui prenait sa retraite. M. Wilfrid Mercier, C.R.,
montait sur le Banc et était chargé d'administrer
la justice dans le district de Beauharnois. Le
nouveau juge Mercier avait fait ses études au
collège Joliette et à l'université Laval à Montréal.
Il pratiquait sa profession depuis 1885. Il était
le père du juge Paul Mercier, juge en chef de
la Cour de Circuit.
Le juge Saint-Pierre est mort au commencement
de janvier 1916, succombant à un cancer d'estomac,
laissant trois fils et deux filles: Henri A.,
protonotaire de Pontiac-Bryson;
Georges, employé civil et Guilaume, procureur
de la ville de Montréal;
Mme L. Bélanger et l'épouse de M. Alexis Prud'homme,
avocat.
Il avait épousé Adeline Albina, fille de
Adolphe Lesueur, marchand, de Terrebonne.
Charles Robillard
page 17,
La Patrie
Dimanche, 31 janvier 1943.
Jacques Beaulieu
29 décembre 2003
jacqbeau@canardscanins.ca
http://canardscanins.ca/roots/charlesrobillard.html
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