Ce texte est reproduit avec permission. Sa transcription et sa
présentation en ligne ont été effectuées par Jacques Beaulieu. Il constitue la
troisième partie du livre intitulé HISTOIRE DE L'ILE BIZARD
rédigé par Éliane Labastrou et
publié en 1976
HISTOIRE ET GÉNÉALOGIE
DES FAMILLES SOUCHES
DE L'ILE BIZARD
Rédigé par Éliane Labastrou
Publié en 1976.
Puisque seule la troisième partie du livre
HISTOIRE DE L'ILE BIZARD est reproduite, il faut se référer à l'original dans les
cas où les pages mentionnées dans le texte qui apparaît ici sont dans des sections
dont la reproduction n'a pas été autorisée; un
hyperlien
permet par contre
de rejoindre les sections mentionnées dont la reproduction a été autorisée.
NOTE IMPORTANTE:
pour faire apparaître les tableaux mentionnés, il suffit
de cliquer sur leurs noms
FAMILLE BOILEAU
Si le dictionnaire Tanguay donne comme ancêtre de Pierre
Boileau de l'île Bizard une famille de Boileau établie à Boucherville
et qui eut deux fils, Pierre et René, le complément au dictionnaire
Tanguay de J.A. Leboeuf corrige cette erreur. En effet, Pierre et
René Boileau issus de la famille de Boileau de Boucherville
s'établirent tous les deux à Chambly.
D'où venait donc notre Pierre Boileau, pionnier de l'île Bizard?
Le registre de la paroisse de Saint-Laurent nous éclaire à ce sujet.
En effet, le 7 août 1724, un nommé Pierre Bouleau, soldat, fils
de Guillaume Bouleau et de Françoise Texier, originaire de la
paroisse de Malensac, dans le Morbihan en Bretagne, épousait
Madeleine Lahaye, fille de Jean Lahaye et de Marie Souarten,
habitant la Côte Saint-Laurent. Pierre Boileau était donc Breton
et il était venu comme soldat au Canada.
Madeleine Lahaye, épouse de Pierre Boileau, est aussi intéressante
du point de vue généalogique. C'était une irlandaise. En effet,
son père, Jean Lahaye, était né à Sello en Irlande. Il se fit baptiser
à l'église Notre-Dame à l'âge de 26 ans. L'année suivante, le 9
septembre 1697, il épousait à Québec Marie Souarten, aussi Irlandaise,
originaire de Salem en Nouvelle-Angleterre. Le nom Lahaye
est francisé à partir de Lehays, nom que Jean Lahaye portait lors
de son mariage. Madeleine Lahaye, épouse de Pierre Boileau, était
l'aînée de la famille.
Les deux premiers enfants de Pierre Boileau et Madeleine
Lahaye naquirent à Saint-Laurent. Marie-Marguerite y fut baptisée
le 21 avril 1725 sous le nom de Boulot; le deuxième, Pierre-Jean,
fut baptisé le 25 octobre 1726, sous le nom de Bouleau, avec une
annotation en marge du registre sous celui de Boeleau.
C'est sans doute peu de temps après que Pierre Boileau vint
s'établir à Sainte-Geneviève, car aucun autre de ses enfants n'est
baptisé à Saint-Laurent. Il est probable que le changement de nom
de Bouleau à Boileau s'effectua avec le changement de paroisse.
La prononciation bretonne pourrait être à l'origine de cette transformation.
Un fait à noter cependant: le 12 octobre 1739, Pierre
Boileau signa le registre de la paroisse de Pointe-Claire à l'occasion
du mariage de son ami, Pierre Brayer dit Saint-Pierre; or, il signa
bel et bien Boileau.
Selon l'acte de décès de Pierre Boileau à Sainte-Geneviève
le 28 novembre 1768, il était alors âgé de 80 ans. Il serait donc
né vers 1688. Sa femme, Madeleine Lahaye, était née en 1700.
Ils auraient ainsi eu respectivement 36 ans et 24 ans lors de leur
mariage.
Pierre Boileau vint s'établir sur la côte de Sainte-Geneviève,
entre le cap Saint-Jacques et l'église actuelle. Il figurait parmi les
douze premiers habitants de cet endroit. Mais il était très entreprenant
et regardait avec convoitise les terres situées de l'autre côté
de la rivière, sur cette île déserte.
Breton habitué à vivre aux confins de la civilisation, l'isolement
ne lui faisait pas peur, les Indiens non plus car il avait appris
à les combattre dans son métier de soldat. Après avoir défriché
ses terres à Sainte-Geneviève, il ne craignit pas de se remettre
à l'oeuvre. Ce n'était déjà plus un jeune homme: il avait 47 ans
en 1735. Le ménage comptait quatre ou cinq enfants, mais l'aîné
des garçons n'avait pas dix ans et les deux autres n'étaient que
des bébés.
Établis sur la terre qui prit plus tard le no 33, dans une maison
de pièces sur pièces aux joints faits de chaux qui existait encore,
nous dit-on, au début de notre siècle, Pierre Boileau et
Madeleine Lahaye eurent au moins huit enfants dont on a retrouvé
trace. L'aînée, Marguerite, épousa Jacques Proulx dit Poitevin, un
veuf père de deux enfants, dont elle eut elle-même deux autres
enfants, mais ils ne semblent pas s'être établis dans l'île. Cependant,
le frère de Jacques, Antoine, fut le premier Proulx à y prendre
une concession, en 1763; c'est pourquoi nous avons établi un tableau
de cette famille
Famille Proulx Tableau I
qui n'était pas reliée à celle des Proulx
dit Clément.
Le deuxième enfant de la famille de Pierre Boileau, aussi
prénommé Pierre, prit une concession dans l'île en 1749 et il se
maria l'année suivante, mais il mourut à 35 ans ne laissant que
deux filles.
Vient ensuite Geneviève née vers 1727 et qui épousa en 1752
Nicolas Claude. On verra au chapitre de la famille Claude que
ce mariage ne dut pas être facile. Pour un Breton comme Pierre
Boileau, venant d'une région profondement attachée au catholicisme,
il fallut qu'il ait l'esprit large pour consentir au mariage de
sa fille avec un protestant. Les guerres de religion n'étaient pas
bien loin en arrière. Quoi qu'il en soit, Geneviève Boileau épousa
l'ancêtre de tous les Claude originaires de l'île Bizard.
Michel, marié à Louise Larivière en 1755, s'établit aussi dans
l'île. Il mourut à 40 ans, après avoir eu dix enfants. Trois de ses
filles se marièrent dans la paroisse, mais on n'y a retrouvé aucun
des garçons.
Le cinquième membre de la famille, Jacques, s'était marié
au mois de janvier 1759, donc pendant la guerre de conquête, avec
Marie Lauzon. En 1765, ils occupaient une terre de 60 arpents
dont dix étaient en culture et ils possédaient deux vaches, deux
taurailles, un cheval et quatre cochons. En 1790, lors de la visite
du Grand Voyer dans l'île, à l'occasion de la construction des
chemins, Jacques Boileau était capitaine de milice. Il le resta
semble-t-il jusqu'à sa mort en 1796. Comme capitaine de milice,
il vécut donc toute la période mouvementée de la construction
des chemins. Jacques Boileau et Marie Lauzon eurent dix-huit
enfants, mais dix moururent jeunes. Deux de leurs fils assurèrent
la majeure partie de la descendance des Boileau dans l'île Bizard:
Jacques et Michel, que nous retrouverons aux tableaux II et III.
Quant à Pierre, il a laissé une descendance à Sainte-Geneviève
et il fut le grand-père de Godefroy Boileau, notaire, qui fut
secrétaire-trésorier de la municipalité de l'île Bizard de 1875 à 1885,
de 1887 à 1890, et de 1892 à 1899, et secrétaire-trésorier de la
Commission scolaire, de 1879 à 1880.
Joseph Boileau, marié à Marguerite Brisebois, eut six enfants.
En 1765, il occupait une terre de 101 arpents dont huit seulement
étaient ensemencés; son cheptel comprenait une vache, un cheval
et deux cochons. Il semble qu'il ait ensuite quitté l'île.
Augustin Boileau, dernier enfant de Pierre Boileau, marié en
1766 à Charlotte Larivière, était établi du côté nord de l'île, où
il semble qu'il ait possédé les terres correspondant aux numéros
132 et 133. Il eut cinq garçons qui se marièrent, mais aucun d'eux
ne présente de l'importance quant à la descendance dans l'île.
À droite du tableau I, nous voyons enfin la branche descendant
de Louis Boileau et Marie-Joseph Laniel, mariés en 1766 et qui
eurent onze enfants, dont Toussaint, l'arrière-grand-père de M.
Philias Boileau.
L'aîné de leurs enfants, Louis, était probablement coureur de
bois, occupation qui, à l'époque, attirait un grand nombre de jeunes.
Il mourut dans les Pays d'en haut, c'est-à-dire la région des grands
lacs, vers 1809. Il laissait un enfant naturel, prénommé Louis, âgé
de quatre ans environ. Celui-ci était probablement le fils d'une
indienne car lorsqu'il mourut en 1886 son acte de décès porte la
mention suivante: Louis Boileau le métis autrement dit le sauvage.
Son grand-père Louis Boileau l'avait recueilli à la mort de son
fils et il le confia, le 4 juin 1811, par acte notarié passé devant
Maître Maillou, à la garde de son neveu, Pierre Claude. Voici
quelques extraits de l'acte en question:
Louis Boileau, cultivateur de l'isle Bizard, paroisse de Sainte-Geneviève,
a par les présentes volontairement reconnu et confessé avoir
engagé et engage Louis Boileau, son petit-fils, âgé de six ans, enfant
naturel de feu Louis Boileau décédé il y a deux ans dans les pays
haut de ce pays, pour jusqu'à l'âge de dix-huit ans révolus, à Pierre
Claude, cultivateur du même lieu, à ce présent acceptant et retenant
pour ledit terme durant le dit Louis Boileau fils en qualité d'engagé
à la charge par le dit Louis Boileau fils engagé de servir le dit Pierre
Claude son bourgeois en tout ce qu'il lui commandera de licite et
honnête relativement aux ouvrages qui concernent les travaux d'un
cultivateur ou tous autres représentants... sans pouvoir s'absenter de
son service ni aller travailler ailleurs sans l'expresse permission de
son bourgeois, dans lequel cas d'absence le dit Louis Boileau aïeul
s'oblige de chercher ou faire chercher son petit-fils et le ramener
reprendre le cours de son service.
À la charge par le dit Pierre Claude de traiter son dit engagé avec
humanité pendant le dit terme, devant le nourrir, coucher, chauffer,
éclairer, blanchir et raccomoder et entretenir le linge et hardes
convenablement à chaque saison... À la charge encore par ledit Pierre
Claude d'avoir soin de son dit engagé, de le traiter comme ses
enfants... de faire instruire le dit engagé et l'élever comme ses enfants
en la religion romaine en lui procurant et accordant le temps nécessaire
pour assister aux offices publics tels que le catéchisme ou autres
exercices concernant la dite religion, lui faire faire sa première
communion et lui procurer pour le temps les hardes convenables pour
recevoir le sacrement...
Pour l'exécution des clauses du contrat, Louis Boileau, l'aïeul,
remit à Pierre Claude la somme de cinq cents livres. Ayant ainsi
rempli ses obligations envers ce rejeton, l'aïeul s'éteignit trois ans
plus tard. Louis Boileau le métis épousa une nommée Marie Boileau
et il vécut jusqu'à l'âge de 80 ans, mais ne semble avoir eu aucun
descendant dans la paroisse. Il est à noter que Pierre Claude avait
repris l'exploitation de son oncle, Louis Boileau.
L'aînée des filles de Louis Boileau, Marie-Louise, épousa
Augustin Ladouceur et devint ainsi l'ancêtre de l'une des principales
branches des Ladouceur de l'île
(voir
Famille Ladouceur Tableau I).
Noël, aussi fils de Louis Boileau, épousa la fille d'un autre
ancêtre des Ladouceur, Louis Lamagdeleine dit Ladouceur; trois
de leurs enfants sont baptisés dans la paroisse, mais ils semblent
l'avoir quittée ensuite.
Toussaint Boileau avait épousé en 1803 Marie-Joseph Lauzon
dont il eut six enfants, puis il semble s'être remarié avec la veuve
de son frère, Jean-Baptiste, qui s'appelait Marie-Joseph Darragon;
il eut six enfants de cette union, dont descend M. Philias Boileau,
arrière-petit-fils de Toussaint.
Au niveau de la quatrième génération, Jules Boileau et Arthémise
Janvry eurent onze enfants, dont deux filles, Rose Anna et
Edwige, qui épousèrent respectivement Moïse Claude et Bruno
Brunet, deux cageux; l'aînée, Herminie, épousa Toussaint Proulx
et eut une nombreuse famille dans l'île, mais le ménage semble
l'avoir quittée vers la fin du siècle dernier. Parmi les garçons, cinq
se marièrent, mais seul François-Xavier, marié avec Stépanie
Ladouceur, soeur du docteur Daniel Ladouceur, demeura dans l'île.
Ils y eurent plusieurs enfants, dont deux filles qui devinrent
religieuses et trois garçons qui se marièrent, mais un seul est resté
dans l'île, M. Philias Boileau qui fut marguillier de 1944 à 1947;
il avait épousé en 1930 Mlle Louisa Paquin, institutrice ayant
enseigné 13 ans à l'école du nord de l'île et une année au village.
Aucun enfant ne naquit de cette union et la branche descendant
de Louis Boileau risque donc de s'éteindre avec eux dans l'île Bizard.
L'aîné des fils survivants de Jacques Boileau, le capitaine de
milice, était aussi prénommé Jacques. Il épousa d'abord Thérèse
Paradis, mère de ses huit enfants, puis Marie Nadon.
L'aîné, Jacques, qui épousa Charlotte Joly, puis Amable
Laurence Rouleau, s'établit à Saint-Benoît, mais il fit baptiser tous
ses enfants dans la paroisse de Sainte-Geneviève. Un seul d'entre
eux semble avoir vécu dans l'île, Arsène qui figurait au recensement
de 1844 et 1851. Celui-ci pourrait être le père de François-Xavier
Boileau, marié avec Anastasie Théoret, mais ce lien n'est pas établi
avec certitude. Marie-Geneviève, l'aînée des filles de Jacques
Boileau et Thérèse Paradis, épousa en 1811 Joseph Joly, originaire
de Vaudreuil, ancêtre de la famille Joly de l'île Bizard
(voir
Famille Joly Tableau I).
Joseph-Amable Boileau, né en 1797 et marié à Marie-Marguerite
Proulx, eut plusieurs enfants mais seul son fils Félix, marié
à Sophie Paquin, semble s'y être établi après son mariage; il n'y
a pas laissé de descendant.
François, autre fils de Jacques Boileau et Thérèse Paradis, est
l'ancêtre de la plupart des Boileau de l'île Bizard, comme le montre
le tableau II. Il fut marguillier de 1847 à 1850. Marié avec
Marie-Josephte Brazeau, il eut quatorze enfants, dont deux ou trois
seulement moururent en bas âge; dix se marièrent ce qui est
exceptionnel à une époque où la mort fauchait souvent avant l'âge.
Une fille, Émilie, épousa Bernard Theoret, devenant ainsi l'ancêtre
d'une branche importante de la famille Théoret
(voir
Famille Théoret Tableau III).
L'aîné des garçons, Jean-Baptiste,
marié à Jeanne de Chantal Legault, occupait en 1851 une terre
de 99 arpents, dont 81 étaient en culture et 18 en bois debout.
On peut voir au tableau du recensement à cette date (page 102)
la production de sa ferme et son cheptel. Il fut marguillier de 1865
à 1868.
Jean-Baptiste Boileau et Jeanne de Chantal Legault eurent
quatorze enfants; une de leur fille, Philomène, épousa Oriste
Poudrette dit Lavigne et fut la mère d'une nombreuse famille de
Lavigne, dont Raoul et Rosaire, ce dernier décédé récemment. Une
autre fille, Odile, ayant épousé en deuxièmes noces Joseph
Desjardins, fut la mère de Mgr Desjardins d'Outremont qui fut pendant
de nombreuses années directeur du collège Sainte-Thérèse. Parmi
les garçons de Jean-Baptiste Boileau, le seul qui nous intéresse
quant à la descendance dans l'île est Jean-Baptiste né en 1847
et marié en 1876 à Mathilde Brisebois. Celui-ci fut conseiller
municipal de 1895 à 1898. Il fut le père de Wilfrid, Henri, Aimé
et Abraham Boileau que beaucoup ont connus. Wilfrid Boileau
marié à Antoinette Wilson fut conseiller municipal de 1908 à 1914,
commissaire d'école de 1918 à 1927 (président de 1918 à 1921)
et marguillier de 1933 à 1936. Aimé Boileau, marié à Clara
Saint-Pierre, fut conseiller municipal de 1924 à 1926 et de 1932
à 1943. Parmi les descendants de cette branche on trouve actuellement
dans l'île Mlle Lilianne Boileau, M. Jean-Paul Boileau, M.
Marcel Boileau (9° génération), conseiller municipal actuel, ainsi
que MM. Eugène et Laurent Boileau et leurs deux soeurs, Auréa
et Yvonne. Eugène Boileau fut commissaire d'école de 1954 à 1956.
Enfin, Fernand Boileau, fils d'Abraham, fut conseiller municipal
de 1956 à 1958.
Reprenons au niveau de la cinquième génération, toujours au
tableau II. Le deuxième garçon de François Boileau et Marie-Josephte
Brazeau, François-Xavier (1825-1872) marié à Osithe Théoret,
eut neuf enfants dans l'île, mais il la quitta vers les années
1865-1870.
Au niveau de la cinquième génération, nous trouvons encore
Jules Boileau, né en 1827 et marié en 1847 à Émilie Théoret. En
1851, ils occupaient une terre de 86 arpents dont 64 étaient en
culture et 22 en bois debout. On peut voir leur production agricole
et leur cheptel à cette date au tableau de la page 102. Ils eurent
douze enfants mais sept moururent jeunes. Émilie Théoret mourut
elle-même à l'âge de 37 ans en 1865, et Jules Boileau se remaria
avec Rose-Anne Seers, dont il eut six autres enfants. Mentionnons
encore que Jules Boileau est celui qui se fit guide de cages et de
chantier pour aller en Ontario abattre le bois et le transporter ensuite
jusqu'à l'île afin de construire la charpente de notre église actuelle.
Parmi les enfants de Jules Boileau, fils de François, un garçon,
Aimé, devint prêtre et même chanoine; deux autres devinrent
médecins, dont Francis, qui épousa une fille de l'île, Marie-Louise
Théoret, fille de Jacques Théoret. Adèle épousa Gilbert Martin,
devenant ainsi la grand'mère de MM. Paul et Aimé Martin. Enfin,
Napoléon épousa Léonie Trépannier et s'établit dans l'île où il
fut conseiller municipal de 1896 à 1899. Deux de ses filles, Léonie
et Thérèse, cette dernière étant devenue Mme Maurice Théoret,
habitent encore l'île. Trois de ses fils se marièrent, dont le notaire
Joseph Boileau, Almira et enfin Trefflé Boileau qui s'établit sur
les terres ancestrales des Boileau, le lot no 33, première concession
accordée à Pierre Boileau en 1735. Trefflé Boileau décéda en 1968,
mais sa femme vit encore dans l'île; il fut secrétaire-trésorier de
la Commission scolaire de 1925 à 1938 et marguillier de 1936 à
1939. Il a été une personnalité influente dans le milieu rural de
l'île Bizard. C'est lui qui a conçu l'emblème de la municipalité
évoquant l'arrivée en bateau des premiers colons et le défrichement
agricole de l'île, ainsi que les activités agricoles et fluviales qui
la caractérisèrent pendant plus de deux siècles. Les garçons de
Trefflé Boileau, dont le docteur Jean-Guy Boileau, ont quitté l'île.
À la cinquième génération, on trouve enfin Eusèbe, marié à
Adèle Dautour (Dutour), qui fut le père d'Euchariste Boileau,
conseiller municipal de 1902 à 1905, commissaire d'école de 1901
à 1903 (président de 1902 à 1903) et de 1910 à 1913; il fut aussi
marguillier de 1908 à 1911. Euchariste Boileau, marié à Alexina
Wilson, eut huit enfants dont Eugène établi à Montréal, Hervé,
médecin à Bedford, et Ernest, marié à Déliska Cardinal, qui fut
conseiller municipal de l'île Bizard de 1957 à 1960, commissaire
d'école de 1957 à 1965 (président de 1963 à 1965) et marguillier
de 1962 à 1965. René Boileau, frère d'Ernest, fut aussi conseiller
municipal de 1944 à 1952, commissaire d'école de 1957 à 1963
(président de 1962 à 1963). Enfin, Candide Boileau, décédé récemment,
descendait aussi d'Euchariste Boileau. Normand Boileau qui
fut commissaire d'école de 1968 à 1970 (président de 1969 à 1970)
est le fils d'Ernest Boileau.
Michel Boileau, autre fils du capitaine de milice, Jacques
Boileau, et de Marie Lauzon, épousa Marie-Geneviève Hussereau
en 1795. En 1831, ils occupaient une terre de 20 arpents, dont
12 étaient en culture. Ils eurent quatorze enfants, dont Félix, à
gauche du tableau, marié à Rosalie Lamesse. En 1851, ils occupaient
une terre de 60 arpents, dont 20 étaient en culture et 40 en bois
debout. Michel Boileau père vivait chez Félix Boileau. Parmi les
huit enfants de ce dernier, mentionnons Damase, père d'Élodie
Boileau, mariée à M. Avila Proulx; Élodie Boileau-Proulx vit encore
dans une ancienne maison située au bord du chemin Cherrier,
à l'est de l'île, et ayant appartenu à son père.
À la droite du tableau, nous voyons aussi André Boileau, époux
d'Émilie Tarte dit Larivière. Celui-ci eut six enfants nés dans l'île,
mais il semble l'avoir quittée vers les années 1846-1850.
Benjamin Boileau qui figure au centre du tableau au niveau
de la quatrième génération est une personnalité fort intéressante
pour l'île Bizard puisque, menuisier de son métier, il était l'entrepreneur
en charge des travaux de charpente et de menuiserie de
notre église actuelle. On dit aussi qu'il aurait été l'entrepreneur
de la première église, ce qui est fort possible étant donné son âge;
toutefois, les archives paroissiales restent muettes à cet égard; elles
ne font état que d'un confessionnal construit par lui pour la première
église.
Benjamin Boileau, aidé de ses fils aussi menuisiers, était devenu
un spécialiste de la construction d'église. Il mourut tragiquement
le 18 mai 1877, lorsqu'un ouragan renversa l'église en construction
à laquelle il travaillait à Saint-Hypolite dans les Laurentides. Cet
accident tragique faillit d'ailleurs faire d'autres victimes dans la
famille; en effet, deux de ses fils furent aussi blessés dans l'accident
et notamment Philéas. Un autre fils de Benjamin Boileau était
alors vicaire à Saint-Jérôme; il fut l'un des premiers avertis de
la tragédie et l'émotion fut si violente qu'il en perdit la raison;
il mourut à Saint-Jean-de-Dieu. Benjamin Boileau fut inhumé dans
le cimetière de l'île Bizard et l'on peut imaginer la foule émue
assistant aux obsèques dans le temple inachevé qu'il avait bâti
de ses mains; il venait justement d'être nommé marguillier de la
paroisse, poste alors très honorifique.
Ses fils, Philéas et Napoléon, finirent la construction de l'église
de l'île Bizard. Avec leurs frères, Alphonse et Aldéric, ils
continuèrent l'oeuvre de leur père en construisant des églises un peu partout
dans la province, en Ontario et même aux États-Unis. Ils
contribuèrent aussi grandement à l'économie de l'île vers la fin du siècle
dernier et au début de notre siècle. Ce sont eux en effet qui
construisirent le moulin à grains et à scie au nord de l'île, moulin
qui fut par la suite transporté au village par Napoléon Boileau,
sur le lot no 76 au bord de la rivière.
Napoléon Boileau fonda aussi une manufacture de portes et
châssis qui fonctionna dans l'île pendant une vingtaine d'années.
On y employa jusqu'à 30 ouvriers, menuisiers et charpentiers. Les
portes et châssis fabriqués dans l'île étaient ensuite transportés sur
les lieux des églises en construction. Par suite d'un règlement passé
en 1922 qui obligeait les constructeurs à se procurer les matériaux
chez les fournisseurs locaux, la manufacture dut fermer ses portes,
ce qui priva les ouvriers de leur gagne-pain et entraîna l'exode
de plusieurs familles.
Notons encore que Napoléon Boileau fut conseiller municipal
de l'île Bizard en 1891 et de 1898 à 1900, ayant été maire de
1892 à 1898; il fut aussi commissaire d'école de 1894 à 1901. Aldéric
Boileau, son frère, fut conseiller municipal de 1917 à 1919 et de
1921 à 1923. Philéas Boileau fut secrétaire de la Commission scolaire
de 1880 à 1899 et marguillier de 1911 à 1914.
La plupart des descendants de cette branche de la famille
Boileau quittèrent l'île au début du siècle. M. Jean-Marcel Boileau
de la rue Ste-Marie semble en être l'unique descendant portant
le nom de Boileau et résidant encore dans l'île; il est le fils d'Armand
Boileau et d'Antonia Martin.
Plusieurs entrepreneurs de la région de Montréal descendaient
de Benjamin Boileau, le constructeur d'églises, notamment Aimé
Boileau de Saint-Laurent, et, sans doute le plus connu, M. Damien
Boileau qui vit encore à Outremont et qui fut l'un des plus grands
constructeurs de Montréal. Marié à une jeune fille de l'île, Marie-Anne
Cardinal, fille d'Hormidas, il se mit à son compte dès l'âge
de 25 ans et possède à son actif des travaux de construction à
l'université de Montréal, l'hôpital Sainte-Justine, le monastère des
Pères Cisterciens à Rougemont et nombreux autres édifices. Parmi
ses enfants, mentionnons Jacques Boileau, avocat, et Paul-André
qui est médecin.
Enfin, une fille de Napoléon Boileau et Emma Sénécal, Maria,
épousa en 1907 Vitalien Théoret; ils vécurent dans l'île où ils eurent
une nombreuse famille, parmi laquelle MM. Camille, Paul, Émile
et Marcel Théoret qui habitent toujours l'île Bizard.
|