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Famille Claude
Ce texte est reproduit avec permission. Sa transcription et sa présentation en ligne ont été effectuées par Jacques Beaulieu. Il constitue la troisième partie du livre intitulé HISTOIRE DE L'ILE BIZARD rédigé par Éliane Labastrou et publié en 1976

HISTOIRE ET GÉNÉALOGIE
DES FAMILLES SOUCHES
DE L'ILE BIZARD

Rédigé par Éliane Labastrou
Publié en 1976.


Puisque seule la troisième partie du livre HISTOIRE DE L'ILE BIZARD est reproduite, il faut se référer à l'original dans les cas où les pages mentionnées dans le texte qui apparaît ici sont dans des sections dont la reproduction n'a pas été autorisée; un hyperlien permet par contre de rejoindre les sections mentionnées dont la reproduction a été autorisée.



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FAMILLE CLAUDE

tableau I

Nous avons déjà parlé au chapitre de la famille Boileau du mariage de Nicolas Claude et de Geneviève Boileau, fille de Pierre Boileau.

Nicolas Claude, fils de Sébastien Claude et de Catherine Grammetif, était originaire de Strasbourg en Alsace. On sait que l'Alsace passa à plusieurs reprises au cours de l'histoire de l'Allemagne à la France et vice versa. Ainsi, Nicolas Claude était de nationalité allemande. Il était aussi de religion luthérienne. Comment vint-il au Canada? Cela demeure un mystère quand l'on sait que les protestants n'étaient pas admis en Nouvelle-France. Sa nationalité allemande lui créa sans doute un autre handicap.

Quoi qu'il en soit, Nicolas Claude dut abjurer sa foi pour épouser Geneviève Boileau. Voici d'ailleurs l'extrait des registres de la paroisse de Sainte-Geneviève en date du 11 juin 1752:

Nicolas Claude, Allemand de nationalité, luthérien de religion, fils de Sébastien Claude et Catherine Grammetij; originaire de Strasbourg en Alsace, a fait abjuration devans moy prêtre missionnaire de la paroisse de Sainte-Geneviève, soussigné par la permission de Monseigneur l'Évêque de Québec et en présence de François Allemand de nationalité qui a signé et de Nicolas Sauvage qui a déclaré ainsi que Nicolas Claude ne savoir signer.

Le lendemain, 12 juin 1752, Nicolas Claude épousait Geneviève Boileau, pour s'établir dans l'île Bizard et y fonder la famille Claude dont on y trouve encore aujourd'hui des descendants.

Pensons aux guerres de religion qui avaient ravagé l'Europe peu de temps auparavant. Combien de victimes avaient été brûlées sur les places publiques pour leurs hérésies! Louis XIV lui-même fit la lutte au protestantisme. Or, la Bretagne se trouvait très à l'écart de ces grands courants religieux et elle était traditionnellement restée attachée au catholicisme, comme d'ailleurs la Normandie, le Poitou et la Vendée; ces provinces étaient le pays d'origine de la plupart des colons de la Nouvelle-France. On peut se demander comment un Breton comme Pierre Boileau en vint à accepter le mariage de sa fille avec un luthérien, allemand par surcroît.

En 1765, Nicolas Claude et Geneviève Boileau possédaient une maison sur une terre de 90 arpents, dont 23 arpents étaient ensemencés. Leur bétail comprenait deux boeufs, deux vaches laitières, deux taurailles, deux chevaux et huit cochons.

Ils eurent onze enfants, dont au moins quatre morts en bas âge. Deux filles se marièrent, l'une avec Eustache Rouleau qui figurait au dénombrement de l'île Bizard en 1781, l'autre avec un nommé Joseph Roy qui pourrait être celui nommé Gentil Roy dans le dénombrement.

Cinq fils de Nicolas Claude et Geneviève Boileau se marièrent aussi: Amable, Pierre, Joseph, André et Louis.

Amable alla s'établir à la Rivière-du-Chêne, c'est-à-dire dans la région de Saint-Eustache. Trois de ses enfants vinrent se marier à Sainte-Geneviève et plusieurs de ses petits-enfants y sont baptisés, mais ils ne figurent dans aucun recensement de l'île Bizard. Dans la liste des prisonniers de la rébellion de 1837-1838, on trouve un nommé Jacques Claude qui pourrait être issu de cette branche.

Joseph épousa Amable Robillard dont il eut treize enfants mais au moins cinq d'entre eux moururent en bas âge. Deux garçons mariés s'établirent dans la paroisse de Sainte-Geneviève, mais ils ne figurent pas dans les recensements de l'île Bizard. Il est probable que l'un deux, Joseph, demeura à Sainte-Geneviève car une de ses filles, Anastasie, épousa en 1834 Basile Théoret de l'île Bizard. André était établi à Saint-Benoît.

Louis marié à Clémence Proulx, tout à fait à la droite du tableau, ne semble pas avoir eu de descendants dans l'île. On sait qu'il y posséda une terre adjoignant celle de son frère Pierre. Il décéda dans la paroisse de Sainte-Geneviève au mois d'avril 1825, donc peut-être avant le recensement qui eut lieu la même année dans l'île. Louis Claude et Clémence Proulx habitèrent donc peut-être l'île Bizard, mais ils n'eurent sans doute pas d'enfants.

Pierre Claude marié avec Louise Pilon constitue la branche la plus intéressante puisque c'est elle qui assura la descendance des Claude jusqu'à nous, dans l'île Bizard et à Sainte-Geneviève. On peut supposer qu'il travaillait sur les terres de son oncle, Louis Boileau, puisque, en 1801, celui-ci lui fit donation de son exploitation en contre-partie d'une rente viagère consistant surtout en produits agricoles. Dix ans plus tard, Louis Boileau lui confia aussi son petit-fils, Louis Boileau, le métis, comme on l'a vu au chapitre de la famille Boileau.

Selon toute probabilité, la terre de Louis Boileau ainsi donnée à son neveu, Pierre Claude, était celle qui représente aujourd'hui le lot cadastral no 151, comprenant peut-être aussi à cette époque le no 150. En effet, dans le document sur la construction des chemins publics (page 84), on voit que Pierre Nicolas, c'est-à-dire Pierre Claude dit Nicolas (nom de son père), était concerné par le chemin de ligne ou montée à l'ouest de l'île; également, sur la liste de recensement de 1825, Pierre Claude habitait une terre voisine de celle d'Amable Brunet qui occupait le no 149. En 1831, la terre de Pierre Claude comprenait 78 arpents, tous en culture (voir tableau de recensement de 1831, p. 80).

Pierre Claude et Louise Pilon eurent au moins douze enfants, mais la moitié moururent en bas âge. Nous ne connaissons le mariage que de quatre d'entre eux, dont deux garçons qui demeurèrent dans l'île: Pierre et Jacques-Amable.

Prenons d'abord la branche de Pierre Claude, marié avec Marie-Angélique Lalonde. En 1831, ils occupaient une terre du côté sud de l'île contenant 30 arpents, tous en culture (voir tableau de recensement de 1831, p. 80). Ils eurent quinze enfants, mais huit moururent en bas âge. Quatre de leurs garçons s'établirent dans l'île après leur mariage: Jacques-Amable, Gatien, Hilaire et Claude.

Jacques-Amable Claude et Luce Beaune demeuraient avec leur père, Pierre Claude, en 1844, mais ils quittèrent l'île avant le recensement de 1851.

Hilaire marié avec Marcelline Martin, était voyageur c'est-à-dire cageux, au moment de son mariage, mais il mourut à l'âge de 27 ans, ayant eu quatre enfants, dont seule une fille survécut; elle épousa en 1868 Eustache Ladouceur et mourut deux ans plus tard, à l'âge de 23 ans. Claude Claude était aussi dit voyageur lors de son mariage en 1852 avec Rosalie Brisebois. Quatre de leurs enfants naquirent dans l'île, mais ils ne figurent plus au recensement de 1861. Selon les souvenirs de M. Paul Claude de Sainte-Geneviève, il semble que Claude Claude ait émigré aux États-Unis où il a laissé des descendants.

Gatien Claude était aussi voyageur, c'est-à-dire cageux en 1851; il habitait encore l'île en 1861, mais il partit ensuite demeurer à Sainte-Geneviève. Il habitait une maisonnette de bois située juste au bout du pont et qu'il avait construite avec le reste du bois ayant servi à la construction du pont. On parle encore de lui, du temps où il était guide de cages sur la rivière des Prairies; il resta fidèle au métier jusqu'à la fin des cageux. Vers 1907, alors que Gatien Claude était âgé de plus de 87 ans, on lui demanda de conduire la dernière cage, partant d'un point situé sur la rive de l'île Bizard (près de l'île Mercier) pour aller jusqu'à la Pointe Blake ou Pointe des Franciscains qui se situe à environ un quart de mille à droite du pont actuel, sur la rive sud. À cet endroit, on offrit aux convives le mets traditionnel des cageux, les fèves aux lards, arrosées comme il se devait du petit blanc du pays.

D'abord marié à Julie Poudrette dit Lavigne, il épousa en deuxièmes noces Célanie Laniel. Quatre de ses fils se marièrent à Sainte-Geneviève, dont Gatien qui épousa en secondes noces, en 1915, Alexina Théoret, fille de Vitalis; un cinquième fils, Jean-Baptiste, épousa, en 1906, Anna Boivin, une fille de l'île. Parmi les descendants actuels de Gatien Claude, mentionnons l'abbé Pierre Claude, ainsi que Jean-Louis, Albert et Paul Claude; ce dernier tient le commerce des Entreprises Jacques-Cartier à Pierrefonds.

Au centre du tableau, au niveau de la troisième génération, nous trouvons Jacques-Amable, marié en 1815 à Catherine Théoret, fille de Jacques Théoret et Marguerite Legault (voir tableau II, famille Théoret). Quelques jours avant leur mariage, Jacques-Amable avait passé un contrat (1) avec son père, Pierre Claude, prenant une ferme à bail à moitié profit. D'après les indications, il s'agissait probablement du lot no 151 actuel. Ce contrat n'était que pour un an et Jacques-Amable Claude ne tardait pas à acquérir, la même année, une autre terre de trois arpents de front sur vingt arpents de profondeur, avec maison, grange et écuries, le tout étant situé sur la terre qui porte maintenant le no 132, la où se trouve la rue Théoret. Cette acquisition était faite pour la somme de 3000 livres, comprenant aussi une coupe de bois, avec une rente viagère sous forme de produits agricoles.(2)

Jacques-Amable Claude ne demeura cependant pas longtemps à cet endroit, car il revendit la propriété en 1820. Il semble qu'il ait alors repris à son compte l'exploitation familiale de la terre du lot no 151, car en 1851 on le retrouve rentier habitant une maison de pierre située, semble-t-il, à cet endroit et où habite aussi sa fille Théotiste mariée avec François-Xavier Brayer dit Saint-Pierre. La maison de pierre dont il est question est sans doute celle plus tard restaurée et transformée par M. Levasseur, propriété actuelle de M. Léon Simard. Étant donné la période de construction des maisons de pierre dans l'île, il se pourrait que Jacques-Amable Claude l'ait fait construire.

Jacques-Amable Claude et Catherine Théoret eurent huit enfants, dont au moins deux morts en bas âge. Nous avons déjà parlé de Théotiste, mariée à François-Xavier Brayer dit Saint-Pierre. L'aîné des garçons, Jacques, marié en 1839 avec Henriette Poudrette dit Lavigne, tomba veuf très rapidement et il se remaria avec Célinie Labrosse dit Raymond, fille de Michel. Ils eurent plusieurs enfants nés dans l'île, mais semblent l'avoir ensuite quittée.

Joseph marié avec Luce Lavallée eut un fils Moïse qui épousa Rose-Anna Boileau, fille de Jules, et demeura dans l'île.

Bienvenu, autre fils de la même famille, ne s'établit pas dans l'île Bizard. Seul Jérémie, marié en 1856 avec Aglaé Ladouceur, assura la descendance des Claude jusqu'à nos jours, dans l'île Bizard. Jérémie Claude était un voyageur. Il le fut pendant probablement près de 40 ans, sinon plus. Dès 1844, il était dit voyageur dans le recensement paroissial et il l'était encore en 1881; en 1884, cependant, il était devenu journalier. C'était presque la fin des cageux. Jérémie Claude et Aglaé Ladouceur eurent cinq enfants, dont Cordélia mariée avec Hector Martin et que l'on retrouve dans la généalogie de cette famille. Cyprien demeura un moment dans l'île où naquirent plusieurs de ses enfants, mais il mourut à l'âge de 38 ans et ses descendants quittèrent l'île. Herménégilde alias Arménie partit pour Montreal, il a laissé de nombreux descendants à Lachine. Seul, Joseph alias Bénoni, marié avec Sophronie Bélanger, resta dans l'île. Trois de ses garçons s'y établirent aussi: Léo, Roger et Donat.

Léo, marié avec Aurore Labrosse, habite encore l'île, mais ils n'ont pas de descendants portant le nom de Claude. Roger mourut à l'âge de 30 ans, n'ayant eu qu'une fille. Sa veuve, Alice Théoret, fille de Vitalien et Maria Boileau, épousa en deuxièmes noces son beau-frère, Donat Claude. Ce furent les parents de Micheline Claude (Mme Jacques Mérineau).

M. Léo Claude est donc le dernier descendant de Nicolas Claude, portant encore le nom de son ancêtre et habitant l'île. On risque d'y voir disparaître cette famille dont l'île est le berceau et qui a participé à la vie locale pendant près de 225 années.

Il existe d'autres Claude dans la région montréalaise et il est possible qu'ils descendent tous de Nicolas Claude de l'île Bizard. On y trouve aussi des Glaude qui peuvent descendre du même ancêtre car le nom de famille était parfois dit Glaude.


(1) Notaire Louis Thibaudeau. 21/1/1815
(2) Notaire Louis Thibaudeau. 12/11/1815




Jacques Beaulieu
beajac@videotron
Révisé le 22 juillet 2019
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