Ce texte est reproduit avec permission. Sa transcription et sa
présentation en ligne ont été effectuées par Jacques Beaulieu. Il constitue la
troisième partie du livre intitulé HISTOIRE DE L'ILE BIZARD
rédigé par Éliane Labastrou et
publié en 1976
HISTOIRE ET GÉNÉALOGIE
DES FAMILLES SOUCHES
DE L'ILE BIZARD
Rédigé par Éliane Labastrou
Publié en 1976.
Puisque seule la troisième partie du livre
HISTOIRE DE L'ILE BIZARD est reproduite, il faut se référer à l'original dans les
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FAMILLE PAQUIN
L'ancêtre de la famille Paquin, Nicolas Paquin, né vers 1648,
était originaire de La Poterie, village normand situé au centre de
la presqu'île du Contentin. Un article paru récemment dans Perspectives(1)
nous renseigne à propos de ce village. Selon Marie Decary
et André Gladu qui l'ont visité, le village, autrefois appelé La
Poterie, s'appelle aujourd'hui Vindefontaine, étrange nom pour le
pays normand où l'on boit surtout du cidre.
Il s'agissait d'un village de potiers où environ une douzaine
de ces artisans exerçaient leur métier. On raconte une anecdote
à propos des potiers de La Poterie. Ils fabriquaient jadis de grands
sinots, soit de grands pots pouvant contenir 100 livres de beurre
qui étaient expédiés en Angleterre. Or, les Anglais s'aperçurent
un jour de l'épaisseur anormale des sinots, ce qui permettait aux
Normands d'épargner sur le poids du beurre. Il y eut un procès
à ce sujet.
Venu en Nouvelle-France, ayant probablement embarqué au
port de Honfleur en Normandie, Nicolas Paquin, qui était menuisier
de son métier, se maria le 18 janvier 1676 à Château-Richer avec
Marie-Françoise Plante, née vers 1655 et décédée à Sainte-Famille
de l'île d'Orléans le 18 avril 1726. Son mari était aussi décédé
à Sainte-Famille le 17 décembre 1708. Ils eurent plusieurs enfants
dont nous n'avons retenu que deux garçons: Jean-Baptiste et
Nicolas, car tous les deux ont une importance quant à leur postérité
dans l'île Bizard.
Jean-Baptiste, né en 1701 et décédé en 1743 à Deschambault
où il avait épousé en 1731 Marguerite Chapelain, est l'ancêtre de
tous les Paquin de l'île Bizard à partir de la septième génération,
et la plupart de ceux de la quatrième, cinquième et sixième
générations. Il y eut en effet une famille, celle d'Alexis Paquin,
qui, elle, ne descendait pas de Jean-Baptiste, mais de Nicolas
Paquin, comme le montre le tableau.
À la troisième génération, Joseph marié à Marie-Reine Mathieu,
était cultivateur à Deschambault et il ne semble pas qu'il
soit venu dans l'île Bizard, car il n'est pas inhumé à Sainte-Geneviève.
Il était encore à Deschambault au moment du mariage de ses
enfants. Nicolas, son cousin à la même génération, ne vint pas
dans l'île lui non plus.
Or, il se passa un fait intéressant au niveau de la quatrième
génération. Jean-Marie Paquin, l'aîné de la famille de Joseph et
Marie-Reine Mathieu, se maria en 1801 avec Charlotte Bonneau
dit Blondin. Le mariage eut lieu à l'église Notre-Dame de Montréal
en présence de plusieurs témoins, parmi lesquels Amable et Judie
Foretier. Jean-Marie Paquin vint sans doute s'établir dans l'île peu
de temps après son mariage. N'y aurait-il pas eu un lien de parenté
avec la famille de Pierre Foretier, alors seigneur de l'île Bizard?
Il faudrait d'autres recherches pour établir cette hypothèse, mais
la présence de deux témoins du nom de Foretier au mariage de
Jean-Marie Paquin la laisse supposer.
Jean-Marie Paquin serait donc venu s'établir dans l'île entre
1801 et 1805, et il y fut vite suivi par ses frères et soeurs. En effet,
Marie Reine épousa le 7 octobre 1805 à Sainte-Geneviève Joseph
Brunet, fils de Michel Brunet et de Geneviève Latour de l'île Bizard.
Le 31 janvier 1814, son frère Charles Paquin épousa, à son tour,
Marie-Catherine Brunet de la même famille. Enfin, quelques mois
plus tard, le 9 mai 1814, François Paquin, frère de Jean-Marie
et des précédents, épousa Geneviève Brunet, toujours de la même
famille de l'île Bizard. Au mois de juin 1815, Marie-Josephte
Paquin, soeur de Jean-Marie, épousa Luc Larivière, un veuf probablement
descendant de Jacques Larivière, l'un des premiers habitants
de l'île Bizard. Un autre frère de Jean-Marie, Paul, épousa
quatre mois plus tard la fille de ce même Luc Larivière. Les familles
Paquin, Brunet et Larivière avaient trouvé des terrains d'entente
mutuelle. Il y avait sans doute encore un autre garçon dans la
famille de Joseph Paquin et Marie-Reine Mathieu de Deschambault
qui vint s'établir dans l'île. En effet, on retrouve en 1825 un certain
Augustin Paquin, marié à Françoise Turcot ou Marcot, mais qui
partit ensuite pour Saint-Benoît; c'est pourquoi nous n'en avons
pas tenu compte.
Dans le recensement de 1831, Jean ou Jean-Marie Paquin et
son frère Charles sont tous les deux indiqués dans la partie sud-est
de l'île. Ils possédaient des concessions à peu près semblables, situées
l'une près de l'autre, contenant respectivement 140 arpents et 160
arpents, dont 120 et 126 étaient en culture. On peut voir leur
production agricole et leur cheptel à la page 80. C'étaient les
propriétaires des plus grands troupeaux de moutons dans l'île, avec
50 moutons chacun.
Paul Paquin était aussi établi du côté sud-est, semble-t-il. Son
exploitation ne comprenait que 20 arpents, dont 12 étaient cultivés
(voir page 80).
François Paquin, quant à lui, se trouvait du côté nord-ouest
de l'île, où il exploitait une terre de 90 arpents, dont 74 étaient
en culture (voir page 80).
Vingt ans plus tard, c'est-à-dire en 1851, François Paquin était
rentier et il habitait dans une maison de pierre, chez son fils
Damase; cette maison était située du côté nord-ouest de l'île et
il semblerait qu'il s'agisse de la maison de pierre existant encore
au numéro 1623 du chemin Bord du Lac, sur le lot cadastral no
145 qui appartenait encore à la famille Paquin en 1877 (Mathias
Paquin) et vers 1910 (Ludger Paquin), lorsque Ozias Cardinal vint
l'habiter. Il est possible que François Paquin l'ait fait bâtir.
Celui-ci eut au moins cinq garçons qui se marièrent. Damase
dont nous avons déjà parlé était voyageur en 1844; il fut marguillier
de 1869 à 1872. Ses frères, Isaïe et François-Xavier, l'étaient en
1851. L'aîné, Jean-Baptiste, avait épousé une fille de Sainte-Eustache
où il alla sans doute s'établir. Edouard, marié en 1845 à Esther
Labrosse, exploitait en 1851, une terre de 65 arpents dont 51 étaient
en culture. On peut voir sa production agricole et son cheptel à
la page 103. Il fut conseiller municipal de 1880 à 1883 et de 1889
à 1900, et marguillier de 1874 à 1877. Il eut 21 enfants, mais il
en perdit au moins neuf en bas âge. Sa fille Mélina épousa Janvier
Proulx dit Clément; une autre, Odile, épousa Jacques Théoret, fils
de Basile, et Eulalie épousa Athanadore Ladouceur. Parmi les
garçons, Mathias, Félix, Raphaël et Edouard
habitèrent l'île et Mathias y possédait en 1877 le lot no 145; il partit ensuite pour
Saint-Eustache. Félix fut commissaire d'école de 1882 à 1883; il
partit ensuite pour Sainte-Anne-de-Bellevue. Deux filles d'Edouard
Paquin habitent encore ici: Louisa Paquin (Mme Philias Boileau)
et Lucienne Paquin (Mme Nelson Paquin).
Reprenons maintenant à la gauche du tableau, au niveau de
la cinquième génération. Nous y trouvons tout d'abord les fils de
Jean-Marie Paquin, dont Isidore, marié en 1831 et qui, dès cette
date, était établi sur une terre située au sud-ouest de l'île comprenant
120 arpents. On peut voir son cheptel à la page 80. Il habitait
la maison de pierre appartenant actuellement à M. Joseph Bélanger.
Cette maison fut construite par G. Brunet en 1821. Nous n'en
connaissons pas le premier propriétaire. Isidore Paquin n'avait que
16 ans en 1821. Il était officier de milice en 1844 et marguillier
de 1853 à 1857. En 1851, Isidore Paquin exploitait une terre de
120 arpents, dont 105 étaient en culture. On peut voir sa récolte
et son cheptel à la page 103. L'une de ses filles, Adéline, épousa
Maxime Wilson en 1855, et fut la grand'mère de Georges, Ovide
et Arthur Wilson, entre autres. C'est Jean-Baptiste, fils d'Isidore,
qui hérita de l'exploitation; marié avec Marceline Boileau en 1855,
il fut conseiller municipal de 1875 à 1877 et marguillier de 1882
à 1885. Son petit-fils, Évariste, fut conseiller municipal de 1910
à 1913, de 1917 à 1920, et président de la Commission scolaire
de 1927 à 1933. Son arrière-petit-fils, Jean-Louis, est actuellement
médecin à Sainte-Anne-de-Bellevue. Il a joué un role important
dans l'île de 1958 à 1964, puisqu'il fut maire de 1958 à 1963,
commissaire d'école de 1958 à 1964, ayant été président de la
Commission scolaire de 1958 à 1962. Enfin, la maison d'Isidore
Paquin est toujours habitée par ses descendants, puisque Mme
Joseph Bélanger est son arrière-petite-fille.
Un autre fils de Jean-Marie Paquin, Joseph, quitta l'île et alla
s'établir à Saint-Joseph-du-Lac; parmi ses enfants, on retrouve
Émery, père de Joseph Paquin, originaire de St-Joseph-du-Lac et
marié en 1897 à Christine Théoret, les parents de Mme Lionel
Théoret.
Nous arrivons ensuite à Olivier Paquin, marié en 1840 avec
Marie Esther Payment. En 1851, celui-ci était établi au nord de
l'île sur une terre de l00 arpents, dont 80 étaient en culture. On
peut voir sa production agricole et son cheptel à la page 103. Une
fille d'Olivier Paquin épousa Jean-Baptiste Wilson qui fut échevin
de la ville de Montréal. Ludger Paquin fut conseiller municipal
en 1897 et maire de 1898 à 1909. Il partit ensuite pour Saint-Benoît
et n'a pas laissé de descendants dans l'île. Alphonse fut conseiller
municipal de 1881 à 1887 et de 1898 à 1904 et marguillier de
1904 à 1907. Avec Philomène Pilon, son épouse, ils sont les
grands-parents d'Émile et Jean-Marie Paquin, entre autres. C'est
la seule branche des Paquin qui s'est perpétuée dans l'île jusqu'à
la huitième et la neuvième génération. En effet, Alphonse Paquin
eut plusieurs fils, mais seul Victor se maria, ayant épousé en 1903
Elumina Boileau, fille de Philias et Geneviève Brunet; Victor Paquin
fut commissaire d'école de 1914 à 1918 et de 1927 à 1935, ayant
été président de la Commission scolaire de 1917 à 1918, puis de
1933 à 1934; il fut aussi marguillier de 1932 à 1935.
Émile et Jean-Marie Paquin sont surtout connus dans l'île
comme pommiculteurs, et les gens de l'île continuent d'apprécier
les produits de leurs vergers. Émile Paquin fut marguillier de 1959
à 1962 et conseiller municipal de 1952 à 1953. Il a deux fils, mais
ils ne sont pas établis dans l'île. Cependant, un fils de Jean-Marie,
Jean-Luc, y réside; il est marié avec Émilie Leroux, institutrice
mieux connue sous le nom de Mimi Paquin. C'est la seule famille
de Paquin actuellement dans l'île au niveau de la neuvième
génération.
À la cinquième génération, Hyacinthe Paquin, fils de Jean-Marie
et marié à Julie Daoust, semble avoir eu beaucoup d'influence
dans l'île autrefois. Il habitait la maison de pierre qui est aujourd'hui
la propriété de Mlle Lilianne Boileau au numéro 733 de la rue
Cherrier. Selon les archives paroissiales, il était maire de l'île Bizard
en 1858. Il fut aussi conseiller municipal en 1873 et marguillier
de 1871 à 1874. Au moment où fut voté le règlement ordonnant
l'empierrement des chemins de l'île en 1893, il fut nommé inspecteur
chargé de faire exécuter le règlement; il ne semble cependant pas
y avoir réussi et le Conseil municipal lui retira plus tard ses fonctions
pour les confier à des volontaires.
La fille de Hyacinthe Paquin, Edwige, épousa Toussaint Théoret,
devenant la grand'mère de Mme Félix Raymond, de Mme
Siméon Théoret et de Mlle Aurore Théoret. Un garçon, Elzéar,
fit des études en médecine et exerça sa profession à Outremont;
il avait suivi les traces de son oncle Jean-Marie dont nous parlerons
ci-après. Enfin, un autre fils de Hyacinthe, Philéas, fut conseiller
municipal de 1875 à 1880, en 1886 et de 1889 à 1892, commissaire
d'école de 1886 à 1892 et marguillier en 1903. Un de ses fils, Henri,
était établi à Sainte-Geneviève. Ce fut le père de Georges Paquin
qui fut maire de l'île Bizard de 1949 à 1955 et en 1957. Son fils,
Pierre Paquin, a maintenant quitté l'île.
Enfin, un autre fils de Jean-Marie Paquin (4e génération),
portant le même prénom que son père, Jean-Marie, fut médecin
pendant de nombreuses années à Sainte-Geneviève. Il fut probablement
l'un des premiers fils de cultivateurs de l'île à faire des
études supérieures.
Reprenons au niveau de la quatrième génération. Parmi les
enfants de Charles Paquin, quatre garçons se marièrent et deux
d'entre eux vécurent dans l'île, mais n'y laissèrent pas de descendants.
L'un d'eux, Eusèbe, fut marguillier de 1877 à 1880.
Enfin, tout à fait à la droite du tableau, à la cinquième
génération, on trouve Alexis Paquin, le seul de sa branche à être
venu de Deschambault dans l'île Bizard, suivant l'exemple de ses
cousins venus du même endroit. Cette branche de la famille est
intéressante non pas pour la descendance des Paquin qui s'arrête
dans l'île à la sixième génération, mais pour celle des Wilson. En
effet, c'est la fille d'Alexis Paquin, Marguerite, qu'épousa John
Wilson avant de s'établir dans l'île et y fonder la nombreuse famille
que nous connaissons. Nous en reparlerons au chapitre de la famille
Wilson.
La relève est actuellement bien faible pour assurer la postérité
dans l'île Bizard de la nombreuse et prospère famille des Paquin
des années 1800 à 1900.
(1) Vol. 17. No 26. 28/6/1975
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