Ce texte est reproduit avec permission. Sa transcription et sa
présentation en ligne ont été effectuées par Jacques Beaulieu. Il constitue la
troisième partie du livre intitulé HISTOIRE DE L'ILE BIZARD
rédigé par Éliane Labastrou et
publié en 1976
HISTOIRE ET GÉNÉALOGIE
DES FAMILLES SOUCHES
DE L'ILE BIZARD
Rédigé par Éliane Labastrou
Publié en 1976.
Puisque seule la troisième partie du livre
HISTOIRE DE L'ILE BIZARD est reproduite, il faut se référer à l'original dans les
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FAMILLE THÉORET
L'ancêtre de la famille Théoret fut Jacques Triolet dit
Larivière, né vers 1664 à Dinan au nord de la Bretagne, où son
père était maître-boulanger. Sa mère portait le nom de Catherine
Pilorguay.
Jacques Triolet était un soldat de Le Verrier. Or, celui-ci ayant
été nommé capitaine dans les troupes du détachement de la marine
le 17 mars 1687, il passa en Nouvelle-France la même année. Il
est donc probable que Jacques Triolet arriva en Nouvelle-France
en 1687. La compagnie dirigée par François Le Verrier de Cousson
fit les campagnes de 1689 et de 1693 contre les Iroquois. En 1697,
Le Verrier fut envoyé par Callières(1) au pied du long sault de la
grande rivière se poster du côté nord dans le lieu qu'ii jugera le
plus propre pour en garder les deux bords, ceci afin d'arrêter tous
les canots qui y passeraient. Il devait si possible y construire un
fort ou au moins y faire un abattis pour se protéger de l'ennemi,
mais Le Verrier remplit mal sa mission et reçut un blâme de Louis
XIV.
Nous ne savons pas si Jacques Triolet le suivit dans cette
dernière entreprise, car celui-ci se maria le 14 mars 1701 à Lachine,
avec Marie Roy, veuve d'André Merlot, née en 1664 et décédée
en 1717. Jacques Triolet lui survécut et mourut à Pointe-Claire
où il fut inhumé le 31 juillet 1728.
Jacques Triolet et Marie Roy semblent avoir été parmi les
premiers habitants de Pointe-Claire. Ils eurent au moins sept
enfants, dont un seul garçon semble s'être marié. Il s'agit de
Jean-Baptiste, né en 1707 et marié une première fois en 1731 avec
Marie-Marthe Cholet et une deuxième fois en 1752 avec Madeleine
Daoust. Il mourut en 1787 à Pointe-Claire, ayant probablement
repris la concession accordée à son père.
Le 25 février 1758(2), Jacques Tréhoret (à noter l'évolution de
l'orthographe du nom, de Triolet vers Théoret), en présence de
son père, Jean-Baptiste, se porta acquéreur d'une terre de trois
arpents de front sur vingt arpents de profondeur, tenant par devant
à la rivière des Prairies, par derrière aux terres non concédées,
d'un côté à Philippe La France et d'autre à Louveteau, sur laquelle
il y avait environ quinze arpents de terres défrichées et le reste
en bois debout. Sur la terre se trouvait une maison de pieux de
cèdre en bouliniers, de 22 pieds sur 14 ou 15 pieds, couverte en
paille et écorce, ayant une cheminée de terre, ainsi qu'une vieille
grange tombant en ruine, couverte de paille et écorce, et une petite
étable.
La vente fut conclue pour la somme de 2500 livres, dont 500
furent versées en acompte. Le reste de la somme était payable
chaque année, au mois de février, à raison de 250 livres par an,
sans intérêt.
Joseph Laberge, le vendeur, possédait cette terre depuis 1753,
l'ayant acquise de François Brunet et Marie Gauthier. François
Brunet était le deuxième époux de Marie Gauthier, veuve de Jean
Lahaye. Or, c'était Jean Lahaye, probablement frère de la femme
de Pierre Boileau, qui avait pris la concession originale, sans aucun
titre toutefois. On trouve, en effet, dans le contrat de vente à Joseph
Laberge, que Jean Lahaye et sa femme, Marie Gauthier, avaient
eux-mêmes défriché les terres et construit les bâtiments qui se
trouvaient sur la terre.
Théoriquement, Jacques Théoret aurait donc occupé les terres
à partir de 1759. Toutefois, c'était la période de conquête et il
est probable que celui-ci était engagé dans la milice à l'époque.
Le 24 octobre 1760, il épousa Marie-Louise Barbari dit
Grand'Maison, âgée de 20 ans. Elle lui donna trois enfants, mais
mourut cinq ans plus tard à l'âge de 25 ans. Jacques Théoret se
retrouva donc seul dans son exploitation avec trois enfants en bas
âge sur les bras: Jacques, Joseph et Marie-Louise, âgés
respectivement de quatre ans, deux ans et six mois. Il commençait mal:
d'abord la guerre, puis la mort de sa femme.
Il ne lui restait guère d'autres ressources que d'essayer de
trouver une deuxième femme. Au mois de mai 1767, il s'apprêtait
à prendre comme deuxième épouse Catherine Lefebvre, mais
auparavant, il convenait de dresser l'inventaire des biens afin de
ne pas léser les héritiers du premier mariage. Le 19 mai 1767,
Louis-Joseph Soupras, notaire à Pointe-Claire, vint sur place dans
l'île Bizard, pour procéder à cet inventaire. Louis Brisebois et
François Lanthier de Sainte-Geneviève avaient déjà effectué les
estimations.
Voici les articles trouvés dans la maison: une moyenne marmite
cerclée à cause de sa cassure, avec anse et couvercle, une moyenne
chaudière de cuivre rouge rapiécée et percée, une vieille poëlle
à frire comme en ferraille, un seau étoffé de cèdre cerclé en bois,
une vieille cuvette, une moyenne hache, une grande armoire de
bois de pin, un moyen bassin d'étain, six terrines, une chopine
de fer blanc, un seau à farine avec sa monture, une huche de
bois, six chaises tant bonnes que mauvaises, une vieille table ronde
et son pliant de bois de pin, une cuve, une chaîne de traîne et
une mauvaise ferrure de carriole, une vieille pioche, une paire de
fouet et une paire de courroies, sept livres de laine, un vieux harnais,
un collier avec une bride, un vieux saloir, un vieux berceau, deux
vieux rouets, un à laine et l'autre à fil.
Dans l'étable se trouvaient: quatre cochons, quatre boeufs, trois
taures, deux vaches, deux juments, dix moutons et un veau de
lait, ainsi qu'une charrue complète. À tout ceci s'ajoutaient une
paire de carde à laine, douze poules, douze minots de blé, quatre
minots de pois et sept minots d'avoine. Le tout se montait à la
somme de 703 livres et Jacques Théoret devait 261 livres, tant
à son père qu'aux héritiers de Jean Lahaye pour la terre.
La propriété consistait en une terre de 60 arpents de superficie,
dont vingt-sept arpents étaient défrichés, le reste en bois debout
et brûlé. Il y avait treize arpents de clôtures en bouliniers de frêne
et de cèdre. Jacques Théoret possédait en outre la continuation
de terre entre les vingt arpents qu'il possédait au sud et les vingt
arpents qui donnaient du côté nord. Ces terres étaient en bois
debout.
Les bâtiments comprenaient une maison de bois de cèdre, dont
nous avons déjà donné la description à la page 69. Cette maison
fut prisée à la somme de 100 livres. Il y avait aussi une grange
de 46 pieds de long, y compris les étables et les écuries, en poteaux
de cèdre, couverte de paille, le tout en mauvais état.
Le 25 mai 1767, Jacques Théoret épousa Catherine Lefebvre,
veuve Haumay, fille de Michel Lefebvre et de Françoise Denis.
Il était stipulé dans le contrat de mariage(3) passé le 23 mai 1767
que les enfants de Jacques Théoret et de sa première femme seraient
élevés par les soeurs du futur époux, aux dépens de la communauté
de biens avec Marie-Louise Barbari.
La nouvelle épouse, Catherine Lefebvre, apportait en mariage
les articles suivants: deux oreillers de plume avec leur enveloppe,
une couverture de lit en coutil et une couchette, une paillasse, une
grande couverture, une courte-pointe, deux draps, deux taies
d'oreillers neuves, une cuvette, un saloir en chêne, une bonne
faucille, une cape de camelot, une jupe d'étoffe du pays, deux
jupons, l'un de persienne, l'autre de camelot, un jupon de coton
rouge, un jupon d'indienne, un jupon de bazin, un jupon de
salmande, quatre mantelets, dont un de coton, deux d'indienne
et un de persienne, un manteau d'indienne, onze chemises dont
quatre neuves, une serviette, sept mouchoirs, trois bonnets piqués
de toile, une paire de manchons, une pièce de lingerie, trois paires
de souliers français avec leurs boucles de chaussures, sept paires
de bas, une vieille marmite, une chaudière de voyage en cuivre rouge,
un grand bassin d'étain, cinq assiettes, dix cuillères, neuf fourchettes,
ainsi qu'un buffet de bois de pin. À ceci s'ajoutait un cochon moyen.
Onze enfants naquirent de cette deuxième union, mais sept
moururent en bas âge. Trois filles et un garçon se marièrent. Les
deux garçons et la fille nés du premier mariage se marièrent aussi.
Nous ne parlerons ici que des garçons, mais auparavant eut lieu
le partage des biens entre les enfants nés du premier mariage.
À cet effet, un nouvel inventaire des biens fut dressé le 19 mars
1782. On trouvera un extrait de celui-ci à la page 281; il est
très révélateur des moeurs et des modes de vie de l'époque.
Selon cet inventaire, la maison avait dû être reconstruite et
agrandie, comme on le verra par la description détaillée qui figure
aussi à la page 69. Les terres sont dessinées sur une feuille jointe
à l'inventaire qui indique que chaque héritier avait droit à 34
arpents de terre; elles sont ainsi décrites:
Ensuitte les immeubles de laditte communauté, consistant en une terre
scise sur le costé du sud de l'Isle Bizard, de cinq arpents trois perches
de front, sur vingt arpents de profondeur, tenant par devant a la
rivière des Prairies, d'autre bout par derrière aux continuations cy
après désignées, joignant d'un costé a Paul Richer, et d'autre costé
a Philippe Darragon;
Quatre arpents quatre perches et neuf pieds aussy de terre de front,
sur treize arpents de profondeur, trois desquels font les continuations
de la terre dudit Darragon, et le surplus au bout de celle cy dessus,
tenant par devant au bout en profondeur de la susditte terre, a trente
arpents du bord de la ditte rivière des Prairies, par derrière a Paschal
et François Pilon, joignant d'un costé a Nicolas Robillard; sur laquelle
terre et continuations, le tout cy devant inventorié, il se trouve quatre
vingt cinq arpents et demi en superficie de terre nette, le reste en
bois debout et fardoches; trente huit arpents de vieilles clôtures de
touttes espèces, sans aucuns fossets...
L'inventaire indique aussi que Joseph, deuxième fils né du
premier mariage, avait fait l'acquisition d'une terre à Saint-Eustache
et qu'il avait payé des droits pour la construction de l'église à
cet endroit. Il se maria deux ans plus tard, en 1784, avec Marie-Joseph
Massy. S'établirent-ils d'abord à Saint-Eustache? Nous ne le
savons pas, mais tous leurs enfants furent baptisés à Sainte-Geneviève et,
en 1816, ils firent l'acquisition d'une terre (sur le lot no 132)
et d'une maison situées du côté nord de l'île Bizard
(
tableau III).
L'aîné des fils de Jacques Théoret et Marie-Louise Barbari,
aussi prénommé Jacques, épousa en 1784, Marguerite Legault, fille
de Jean-Baptiste Legault dit Gredin et Suzanne Cardinal. Ce furent
les trisaïeux de Médard, Maurice, Fernand et Wilfrid Théoret (voir
tableau II ).
Enfin, Louis Théoret, né du deuxième mariage de son père,
épousa en 1790 Marguerite Brayer dit Saint-Pierre, fille d'Eustache
Brayer et Marguerite Nadon. C'est lui qui hérita des terres exploitées
par son père, en contrepartie d'une rente viagère comprenant(4):
30 minots de farine, 250 livres de lard, 50 livres de boeuf, 12 livres
de graisse, un minot de sel, une livre de poivre, six pots de rhum,
un minot d'oignons, 50 choux pommés, un demi-minot de pois,
un quart de minot de fèves, et autres légumes pour la soupe, 30
livres de tabac, quatre livres de tabac en poudre, 12 livres de
chandelles, 24 livres de sucre du pays, des oeufs pour leurs besoins
dans la saison, 20 cordes de bois franc et sec, du cuir de vache
tanné, plus 120 livres en argent pour leur entretien, le tout par
année. Il devait aussi fournir le paccage d'un cochon, faire blanchir
et raccommoder tout le linge des donateurs, leur donner une paire
de draps pour leur lit tous les deux ans, entretenir leur lit en bon
état, fournir un cheval et une voiture convenable pour leurs besoins,
ainsi que deux vaches laitières suffisamment bonnes, livrables le
premier mai et qu'il reprendra le premier novembre de chaque
année. Il devait en outre leur assurer les soins d'un chirurgien et
les secours spirituels dont ils auraient besoin. Après leur décès,
il était tenu de faire dire cinquante messes basses pour le repos
de leur âme. Il s'engageait de plus à entretenir sa cousine, Agathe
Beaune, jusqu'à l'âge de 18 ans. C'était tout un programme.
Louis Théoret et Marguerite Brayer dit Saint-Pierre furent les
trisaïeux de Vitalien, Joseph-Louis, Origène et Gérard Théoret.
Ils fondèrent une branche importante de la famille Théoret de
l'île Bizard (voir
tableau IV ).
Au
tableau I, il nous reste à parler de la lignée des Jean-Baptiste
Théoret qui figure à la gauche du tableau et qui descendait aussi
des mêmes ancêtres que les autres Théoret de l'île Bizard. Ces
Jean-Baptiste Théoret de père en fils habitèrent Pointe-Claire et
Sainte-Geneviève. Toutefois, Tite Théoret, à la sixième génération,
épousa Marie Sénécal, fille de Charles Sénécal et Casildy Brisebois
de l'île Bizard, où il était forgeron en 1871. Il partit sans doute
pour la Californie au moment de la ruée vers I'or, car il y mourut
comme il est indiqué au registre de la paroisse en 1883, lors du
remariage de sa veuve avec Charles Nuckle, fils de John Nuckle
et de Rose Laberge. Enfin, à droite du tableau, au niveau de la
troisième génération, on voit André Théoret, marie avec Elisabeth
Legault, puis avec Véronique Ducharme, mais ils n'habitèrent pas
l'île Bizard.
Afin de pouvoir faire la généalogie de l'ensemble de la famille
Théoret sans s'y perdre, nous allons considérer les trois tableaux
suivants comme trois familles distinctes, mais il ne faut toutefois
pas oublier qu'elles descendent toutes de trois frères et demi-frères,
tous nés de Jacques-Amable Théoret (1735-1806) à la troisième
génération des Théoret au Canada et la première dans l'île Bizard.
Voyons d'abord la branche de Jacques Théoret marié à
Marguerite Legault. Celui-ci occupait une terre située près de celle
de son demi-frère, Louis Théoret. Le ménage eut 12 enfants, dont
cinq moururent en bas âge. L'aînée de la famille, Catherine, épousa
Jacques-Amable Claude, étant l'ancêtre de la branche des Claude
qui descend jusqu'à nous. Une autre fille, Pélagie, épousa Eustache
Brayer dit Saint-Pierre
(voir
Famille Saint-Pierre Tableau I ).
Basile se maria avec Anastasie Claude; il fut marguillier de
1855 à 1857 et donna naissance, par son fils Magloire, à une branche
de la famille Théoret à Sainte-Geneviève.
Mais Joseph Théoret marié avec Josephte Lalonde est celui
des fils de Jacques Théoret qui nous intéresse particulièrement.
Joseph Théoret fut marguillier de 1840 à 1843 et il mourut en
1846. Sa femme, Josephte Lalonde, était portée comme chef de
famille au recensement de 1851. Sa famille occupait alors une terre
de 100 arpents dont 93 étaient en culture; on peut voir sa production
agricole et son cheptel à la page 104. Deux filles de Joseph Théoret
et Josephte Lalonde épousèrent successivement Venant Théoret,
père de Valérie qui fut maire de l'île Bizard de 1912 à 1916.
Orphire Théoret épousa Cléophée Chaurette; ils s'établirent
dans l'île comme cultivateurs. Ce furent les arrière-grands-parents
de Réal Théoret. Sur leurs sept enfants, trois seulement se marièrent,
tous avec des descendants de la famille Sénécal. En effet, Eliza
épousa Honoré Sénécal, fils de Fabien. Son frère Médard épousa
Anna Sénécal, fille de Joseph. Nous avons vu au chapitre de la
famille Sénécal que celle-ci mourut peu de temps après son mariage.
Médard Théoret ne se remaria pas et n'eut pas de fils.
Enfin, Patrick épousa en 1887 Cordélie Sénécal, fille de
Charles. Il fut commissaire d'école de 1897 à 1899, ainsi que
conseiller municipal de 1896 à 1899 et de 1917 à 1921. Plusieurs
de ses filles se marièrent et s'établirent dans l'île et certaines vivent
encore.
Ainsi, mentionnons Eva qui épousa Rosaire Lavigne, Eliza
mariée avec Albert Charron (donc la mère de M. Roger Charron),
Ida mariée avec Léo Cardinal, et Alice, devenue Mme Wilfrid
Brunet. C'est cependant Médard, marié avec Clérinda Legault, qui
assura la descendance des Théoret de cette branche. Il était
cultivateur sur la terre no 86 héritée de ses parents et encore
cultivée à l'heure actuelle par son fils Réal. On dit que cette terre
est cultivée par la famille depuis 131 ans. Médard Théoret fut
commissaire d'école de 1933 à 1935. Mort à l'âge de 39 ans, ce
fut sa femme qui éleva les enfants. Son fils, Réal, épousa en 1951
Rita Labrosse, fille d'Aimé Labrosse
(voir
Famille Labrosse dit Raymond Tableau I ).
Ils figurent actuellement parmi les
derniers cultivateurs de l'île Bizard; ils ont plusieurs enfants, dont
un garçon est marié avec Lucie Brosseau, petite-fille d'Albert
Théoret et Anna Sénécal. Un autre fils de Médard Théoret, Jacques,
est établi à Montréal.
Prenons maintenant la branche de Maxime Théoret. Celui-ci
épousa en 1856 Philomène Théoret, fille de Joseph Théoret et
Marguerite Prézeau, mais elle mourut trois ans plus tard, après
la naissance d'un fils qui ne survécut pas. Le 6 février 1860, Maxime
Théoret épousa en deuxièmes noces Marie Cardinal, petite-fille
de Louis Cardinal et Marie-Geneviève Robillard
(voir
Famille Cardinal Tableau I ).
Maxime Théoret fut conseiller municipal en 1873,
commissaire d'école de 1879 à 1882 et de 1888 à
1891, et marguillier de 1880 à 1883. Onze enfants naquirent de
sa deuxième union, mais six moururent en bas âge et deux autres,
au moins, restèrent célibataires, dont Necter qui fut conseiller
municipal de 1907 à 1910.
Une fille de Maxime, Émilia, épousa Adélard Theoret, fils de
Bernard et d'Emilie Boileau, devenant la mère d'Ozias, Arthur,
(voir
Tableau III ).
Enfin, Joseph
épousa en 1904 Maria Tessier, fille de Séraphin Tessier et de Délima
Ladouceur. Joseph Théoret, généralement connu sous le nom de
Joseph-Maxime parce qu'il était le fils de Maxime, fut d'abord
commissaire d'école de 1902 à 1905, maître de chapelle à l'église
et secrétaire-trésorier de la municipalité de 1925 à 1942. À vrai
dire, sa femme, qui était institutrice, lui donnait un sérieux coup
de main: c'est elle qui transcrivait les procès-verbaux du Conseil
municipal.
Ce furent les parents de Maurice, Gustave, Fernand et Wilfrid
Théoret, ainsi que de Mme Joseph-Louis Théoret, qui tous, sauf
Gustave, habitent encore l'île Bizard. Maurice Théoret fut conseiller
municipal de 1960 à 1964 et Fernand Théoret est actuellement
notre plus ancien conseiller municipal, occupant cette fonction
depuis 1967.
Nous avons vu au début du chapitre que Joseph Théoret,
deuxième fils né du premier mariage de Jacques Théoret, avait
épousé Marie-Joseph Massy en 1874, qu'il avait acheté une terre
située sur le lot cadastral no 132 en 1816(5), établissant ainsi les assises
de la branche des Théoret du nord de l'île.
Joseph Théoret et Marie-Joseph Massy eurent quatorze enfants,
dont la moitié moururent en bas âge. Trois filles se marièrent,
mais elles ne présentent pas beaucoup d'intérêt en ce qui concerne
la descendance dans l'île Bizard. Trois garçons se marièrent aussi.
Le plus jeune, Arsène, alla s'établir à Sainte-Geneviève.
Joseph, l'aîné des garçons, épousa en 1812 Angélique Paiement.
En 1851, ils exploitaient une terre de 60 arpents dont 51 étaient
en culture. Leur récolte et leur cheptel figurent au tableau de la
page 104.
Joseph Théoret eut l'honneur d'être l'un des trois premiers
marguilliers de la paroisse Saint-Raphaël, au moment de sa fondation.
Il eut donc à s'occuper de l'érection de la première église.
Lui et sa femme habitaient la maison de pierre située à l'entrée
du pont de l'île Bizard. Ils sont les ancêtres d'une branche importante
de la famille Théoret, comprenant entre autres les descendants
de Bernard Théoret. Ils eurent 14 enfants, onze survécurent et dix
se marièrent, parmi lesquels quatre filles. Deux épousèrent des
Legault dit Deslauriers. Une autre, Esther Clophée, épousa Joseph
Bouin dit Dufresne, fils de Jean-Baptiste, de Saint-Benoît, l'ancêtre
de la famille Dufresne de l'île Bizard; Joseph Dufresne et Esther
Clophée Théoret durent hériter de la maison de pierre et de la
terre no 79 dont ils étaient les propriétaires en 1877; la maison
est encore connue sous le nom de maison Dufresne. Enfin, la
quatrième, Christine, fille de Joseph Théoret et Angélique Paiement,
garda le nom de Théoret puisqu'elle épousa Joseph Théoret, fils
de Joseph et de Geneviève Viau de Pointe-Claire.
Parmi les garçons, l'aîné Benjamin épousa Christine Dubeau
et s'établit dans l'île Bizard où il exploitait une terre en 1851, mais
il dut quitter l'île peu de temps après cette date. Le deuxième,
Antoine, marié à Eulalie Poudrette dit Lavigne, n'eut aucun enfant
né dans l'île; cependant, par un article paru dans La Patrie le
16 janvier 1937, on sait que ce couple eut neuf enfants, dont huit
vivaient encore au moment où l'article fut écrit; c'était un cas
remarquable de longévité; ces huit personnes comptaient ensemble
661 ans. Tous vivaient en Ontario, sauf le dernier, Joseph Théoret,
âgé de 75 ans, qui vivait à Verdun. La plus vieille était âgée de
92 ans. L'inspecteur de police, Alfred Bélanger, qui était alors en
charge de la circulation à Montréal, était le fils d'une demoiselle
Théoret, mariée à Joseph Bélanger et vivant à la Chute-à-Blondeau
en Ontario. Il existe donc toute une branche de Théoret, en Ontario
ou à Verdun, qui descend de Joseph Théoret et Angélique Paiement
de l'île Bizard, par leur fils Antoine.
Nous arrivons à Bernard Théoret (1819-1891), marié à Émilie
Boileau en 1841. En 1851, ils exploitaient une terre de 76 arpents
dont 68 étaient en culture. On peut voir leur récolte et leur cheptel
au tableau de la page 104. Bernard Théoret fut marguillier de
1870 à 1873. Il avait eu treize enfants, mais une grave maladie
dut frapper la famille vers les années 1862 à 1864; elle perdit en
effet six enfants en l'espace de deux ans, dont les trois filles aînées
âgées de 19 à 21 ans. Une seule fille survécut, Mélina qui épousa
en 1877 Casimir Cardinal, fils d'Augustin Cardinal et d'Angèle
Théoret, devenant ainsi la grand'mère d'Armand, Léo et Lionel
Cardinal. Isaïe épousa Nathalie Martin, fille de Sévère Martin et
Julie Prézeau; celle-ci mourut jeune et il se remaria en 1888 avec
Rachel Legault, fille d'Herménégilde. Aucun enfant ne naquit dans
l'île.
Parmi les garçons de Bernard Théoret, nous trouvons ensuite
Eusèbe, marié avec Zéphirine Théoret, fille de Thomas Théoret
de Sainte-Geneviève. Eusèbe Théoret fut commissaire d'école de
1894 à 1898, conseiller municipal de 1903 à 1909 et marguillier
de 1914 à 1917.
Son fils Siméon épousa en 1905 Alma Théoret, fille de Vitalis
et d'Alexina Lavallée, qui vit encore. Siméon Théoret fut commissaire
d'école de 1911 à 1914, conseiller municipal de 1920 à 1926
et marguillier de 1929 à 1932. Siméon et Alma Théoret sont les
parents de Rodolphe et Rhéaume Théoret, bien connus dans l'île,
de Roger et Roland Théoret, ce dernier exerçant la profession de
notaire, ainsi que de Céline Théoret, qui fut institutrice dans l'île
de 1935 à 1946 et de Béatrice Théoret, mariée à Lucien Charron,
qui éleva M. Claude Charron, le député actuel de Saint-Jacques.
Bernard Théoret (6e génération) eut un autre garçon, Adélard,
qui épousa en 1886 Émilia Théoret, fille de Maxime
(
Tableau II).
Adélard Théoret joua un rôle très actif au niveau local. Il fut en
effet commissaire d'école de 1897 à 1903, ayant occupé le poste
de président de 1899 à 1902, il fut aussi conseiller municipal de
1904 à 1907 et marguillier de 1926 à 1929. Il eut treize enfants,
dont Ozias qui fut conseiller municipal en 1926 et de 1928 à 1942;
marié à Alzire Sénécal, il n'eut pas d'enfants. Arthur n'eut pas
d'enfants non plus et Henri resta célibataire. Patrick et Josaphat
s'établirent à Montréal. Maria épousa Aimé Labrosse; ce fut la
mère de Mme Réal Théoret et de Mme Arthur Trudel. Clara épousa
Wilfrid Saint-Pierre en 1923 et elle vit encore dans l'île. Enfin,
Marie-Anne épousa Joseph Proulx et devint la mère d'une nombreuse
famille dont la plupart des membres sont établis dans l'île
(voir
Famille Proulx Tableau III ).
Revenons maintenant au niveau de la sixième génération. Nous
passerons rapidement sur Félix marié avec Marie Osanne Théoret
et sur François-Xavier marié avec Émilie Meloche, car ils n'ont
pas donné naissance à une branche importante. Nous arrivons ainsi
à Venant ou Venance Théoret, marié avec Marcelline Janvry en
1848. Le recensement de 1851 indique que Venant Théoret occupait
alors une exploitation située près de celle de son père et comprenant
57 arpents dont 45 étaient en culture. Il fut marguillier de 1873
à 1876. En 1877, il exploitait la terre no 78. Il eut 18 enfants,
mais en perdit sept en bas âge. Un seul d'entre eux semble s'être
établi dans l'île, Venant marié à Marcelline Brosseau. Celui-ci fut
conseiller municipal de 1873 à 1876, commissaire d'école de 1883
à 1886 et marguillier de 1888 à 1891. Deux de ses garçons se
marièrent et s'établirent à Montréal.
Toujours au
tableau III), nous allons maintenant considérer
la branche issue de Toussaint Théoret, marié avec Marie-Agathe
Labrosse dit Raymond en 1816. Celle-ci était la fille de Jacques
Labrosse, l'un des ancêtres de la famille Raymond dit Labrosse
de l'île Bizard
(voir
Famille Labrosse dit Raymond Tableau I).
Le 23 mars 1818, Joseph Théoret père et Marie-Joseph Massy
firent donation(6) à leur fils Toussaint et à sa femme, Marie-Agathe,
d'une terre de trois arpents de front sur vingt arpents de profondeur,
tenant devant au lac des Deux-Montagnes, au nord-est à Hyacinthe
Clément et d'autre côté à Amable Claude. Or, on sait qu'à cette
date la terre où se trouve située la maison de pierre de la famille
Théoret au nord de l'île appartenait à Jacques-Amable Claude.
La terre donnée à Toussaint Théoret se trouvait donc juste à côté,
plus à l'est. C'était la propriété achetée par son père en 1816. La
donation fut faite en contre-partie d'une rente viagère due à Joseph
Guitard, ainsi qu'une somme de 450 livres chacun, à son frère
Arsène et sa soeur Christine.
Lors du recensement de 1831, Toussaint Théoret exploitait
une terre de 60 arpents, dont 58 étaient en culture. On peut voir
leur production agricole et leur cheptel au tableau de la page 80.
Le 10 novembre 1832, Toussaint Théoret et sa femme firent
l'acquisition(7) de la juste moitié nord-est d'une terre de 60 arpents
située à côté de la leur, avec une maison et autres bâtiments
construits dessus, le tout pour la somme de 5000 livres. Or, c'est
sur cette moitié de terre que se trouve située la maison de pierre
actuelle au coin de la rue Théoret (no 1883, chemin du Lac). Dans
l'acte de vente de 1832 et d'autres actes notariés précédents qui
remontent jusqu'en 1814 et où il était question d'une maison sur
cette terre, on ne précisait pas si la maison était de pierre ou de
bois. Étant donné la période de construction d'autres maisons de
pierre au nord de l'île, nous supposons que celle-ci aurait été
construite après l'acquisition par Toussaint Théoret et Agathe
Labrosse, donc entre 1832 et 1847. Depuis lors, elle a toujours
appartenu à la famille Théoret jusqu'en 1962.
Toussaint Théoret fut marguillier de 1862 à 1865. Il eut onze
enfants, dont Toussaint, l'aîné, d'abord marié à Esther Janvry, puis
avec Angélique Filion. En 1851, celui-ci était établi sur une terre
de 90 arpents, dont 82 étaient en culture (voir tableau à la page
104). N'ayant eu qu'un seul garçon, celui-ci prit encore le prénom
de son père et grand-père, Toussaint, et il épousa en 1859 Edwige
Paquin, fille de Hyacinthe. Toussaint Théoret fils fut conseiller
municipal de 1879 à 1882, commissaire d'école de 1877 à 1878
et de 1899 à 1901, et marguillier de 1892 à 1895.
Sur les dix enfants de Toussaint Théoret et Edwige Paquin,
cinq moururent jeunes. Adèlneige épousa Napoléon Théoret, notaire.
Hector, cultivateur, épousa Léonie Nantel en 1884; il fut
commissaire d'école de 1907 à 1910, ayant été président de 1908
à 1909, marguillier de 1919 à 1922, conseiller municipal de 1914
à 1916 et maire de 1916 à 1917; sa femme, Léonie Nantel, fut
l'organiste de la paroisse pendant vingt ans; elle fut aussi présidente
des dames de Sainte-Anne; ce furent les parents d'Eva Théoret
(Mme Ovide Lecavalier) qui présidait à titre de doyenne le dîner
du bon vieux temps donné dans l'île en 1974.
Enfin, Vitalis Théoret épousa en 1882 Alexina Lavallée de
Saint-Joseph-du-Lac qui n'avait encore que seize ans. En cette
occasion, son père lui acheta la terre no 136 avec la maison de
pierre qui s'y trouve encore au numéro 1799 du chemin Bord du
lac. Vitalis Théoret et Alexina Lavallée eurent douze enfants. Parmi
les filles, Alma épousa Siméon Théoret dont nous avons déjà parlé.
Blanche épousa Joseph Couvrette de Sainte-Dorothée et donna
naissance à douze enfants, dont M. Origène Couvrette qui monta
une entreprise d'autobus scolaires dans l'île Bizard. Albertine épousa
M. Félix Raymond dit Labrosse qui fut forgeron au village pendant
quinze ans, au coin des rues Cherrier et de l'Église. Elle fut la
mère de six garçons dont cinq sont mariés; deux d'entre eux sont
des commerçants bien connus à Sainte-Geneviève: Gérard qui y
tient une quincaillerie et Gaétan qui dirige le magasin 5-10-15.
Mme Félix Raymond habite encore l'île Bizard. Aurore est restée
célibataire après s'être dévouée pour prendre soin de ses vieux
parents; elle habite encore l'île Bizard.
Parmi les fils de Vitalis Théoret, Albert épousa Elphéa Brunet
de Pointe-Claire; il est hôtelier à Montréal. Hormidas épousa
Régina Laporte et Léo, marié avec Marguerite Chénier, habite
Saint-Hermas. Georges se maria avec Marie-Jeanne Payment et
prit la succession de son père pour la terre no 136 et la maison
de pierre qu'il habita lui-même pendant un certain temps, puis
il la vendit, mais sa fille, Mme Philippe Clermont, possède encore
une partie des terres familiales sur le lot no 136.
Le deuxième fils de Toussaint Théoret et Agathe Labrosse
(6e génération) était Bernard; celui-ci épousa en 1846 Marie
Poudrette dit Lavigne, fille de Jacques Poudrette et soeur de la
femme de son cousin Antoine parti pour l'Ontario et dont nous
avons parlé précédemment; il semble bien que Bernard soit aussi
parti pour l'Ontario où l'on retrouve, nous a-t-on dit, des descendants
du petit Bernard Théoret que l'on croit être le frère d'Arsène.
Quant au troisième fils, Casimir, il était encore mineur quand son
père lui fit donation(8), le 11 août 1847, d'une terre d'environ un
arpent et demi de largeur sur vingt arpents de profondeur, sur
laquelle se trouvait une maison en pierre, dont les donateurs se
réservaient la jouissance, ainsi que de la laiterie y attenant. Il n'y
a pas de doute qu'il s'agissait de la moitié de terre dont il a été
question précédemment. L'acte de donation comporte de nombreuses
clauses et conditions, notamment:
1) le paiement d'une rente viagère due à François Massy, dont
nous avons déjà fait mention à la page 81.
2) une rente viagère au profit des donateurs (voir p. 81);
3) les donataires devront fournir aux donateurs une bonne fille
qu'ils nourriront et entretiendront; ils devront:
4) prendre bien soin de leurs père et mère quand ils seront
malades ou infirmes;
5) atteler et dételer les chevaux des parents et amis qui
viendront visiter les donateurs, et les soigner avec leur fourrage;
6) faire dire quatre messes chantées et vingt-quatre messes
basses pour le repos de l'âme de chacun des donateurs, après leur
décès;
7) loger leur frère Arsène dans la maison de pierre jusqu'à
ce qu'il se marie.
On peut voir au tableau de la page 104, la récolte et le cheptel
de Casimir Théoret en 1851.
Le 29 janvier 1852, Arsène Théoret, le plus jeune garçon de
la famille, s'apprêtait à son tour à prendre femme. Celle qu'il
convoitait était la petite-fille de Pierre Brayer dit Saint-Pierre et
Françoise Boileau
(voir
Famille Brayer dit Saint-Pierre Tableau I).
Voici la dot qu'elle recevait
en cette occasion: un lit de plume tout garni, une brebis, six poules
et un coq, une armoire de six pieds et demi de hauteur, une table,
une huche, un banc à seaux, un lave-mains, six chaises, six couteaux,
six fourchettes et six cuillères, six assiettes, un canard, une théière,
un pot à boire.
Quant aux parents de l'époux, ils donnèrent(9) à Arsène Théoret,
leur fils, une terre de trois arpents de front sur vingt arpents de
profondeur, du côté du lac des Deux-Montagnes, à côté de celle
de Casimir Théoret (au nord-est). Il s'agit donc encore de la
première terre exploitée à cet endroit par Joseph Théoret et
Marie-Joseph Massy, sur le lot cadastral no 132. La rente viagère
consistait en un demi-minot d'oignons et une tresse d'ail, 60 livres
en argent, un agneau gras à la Saint-Michel tous les deux ans,
trois couples de gros poulets, 15 livres de sucre du pays, douze
douzaines d'oeufs, une bonne vache laitière vêlée du printemps
et hivernée par le donataire et huit cordes de bois. D'autres
conditions étaient aussi attachées au contrat concernant la fourniture
d'un cheval et d'une voiture, et autres services de ce genre.
Les vieux jours de Toussaint Théoret et de sa femme étaient
donc assurés. Leurs filles étaient aussi mariées. L'une d'elles, Angèle,
avait épousé Augustin Cardinal, devenant l'ancêtre de la plus
importante branche des Cardinal de l'île
(voir
Famille Cardinal Tableau I).
Une autre, Hélène, avait épousé Jean-Baptiste
Proulx dit Clément de Saint-Benoît qui pourrait être le témoin
de Globensky concernant la bataille de Saint-Eustache (voir p. 88).
Qu'arriva-t-il entre-temps à leur fils Casimir établi dans la
maison de pierre? Il avait du vendre sa propriété à son frère Arsène
vers 1855, pour aller s'établir à Sainte-Justine de Newton, Québec,
où il a laissé des descendants.
Lors de rétablissement du cadastre en 1877, Arsène Théoret
possédait à lui seul les 200 arpents du lot 132. Il fut marguillier
de 1875 à 1878 et vécut jusqu'en 1913.
Son fils Vitalis hérita de la maison de pierre et de la terre
sur laquelle elle était construite. Il avait épousé en 1874 Célina
Wilson, fille de John Wilson et Marguerite Poudrette dit Lavigne.
Voici ce que celle-ci apporta en mariage(10): un lit de plume tout
monté et garni, une armoire, une table, six chaises, un banc de
seaux, deux seaux ferrés, une cuvette, une laveuse, 12 assiettes,
12 tasses, 12 soucoupes, une théière, un sucrier, un pot à lait, deux
plats de faïence, 12 couteaux, 12 fourchettes, 12 cuillères, une
soupière, un chaudron, un canard, une saucepanne, une poële à
frire, un potager, 12 vases à lait de fer blanc, un pot à boire, deux
fers à repasser, une huche, une autre armoire, un rouet, un balai,
une vache, trois brebis, un cochon maigre, six poules et un coq,
ainsi qu'une génisse de deux ans, plus une somme d'argent.
Vitalis Théoret, fils d'Arsène, fut marguillier de 1899 à 1902,
commissaire d'école de 1901 à 1902 et conseiller municipal de 1905
à 1908. Il eut 12 enfants de sa première femme qui mourut à
l'âge de 31 ans. Vitalis Théoret resta longtemps seul, mais sur ses
vieux jours, il décida de se remarier avec Virginie Madran. Selon
nos informations, Vitalis Théoret aurait été le premier propriétaire
d'une automobile dans l'île Bizard.
Trois filles de Vitalis se marièrent. Blanche devint Mme Ozias
Cardinal
(voir
Famille Cardinal Tableau I), Bertha épousa Félix Pilon
et Alexina dite Minette épousa Gatien Claude
(voir
Famille Claude Tableau I).
Cinq garçons se marièrent aussi. L'aîné, Raoul,
épousa Ida Martin, fille de Gilbert et Adèle Boileau. Il fut commissaire
d'école de 1913 à 1918, marguillier de 1928 à 1931 et maire
de l'île Bizard de 1930 à 1937. Il fut aussi préfet du comté de
Jacques Cartier. Cultivateur, il habitait la maison de pierre ancestrale,
au numéro 1883, Bord du Lac. Aimé Théoret, son fils, fut
commissaire d'école de 1945 à 1954, ayant été président de la
Commission scolaire de 1953 à 1954; il fut aussi conseiller municipal
de 1947 à 1949. Lionel Théoret, son frère, fut conseiller municipal
de 1956 à 1958; il exerce encore le métier de cultivateur, se
consacrant surtout aux tomates et aux fraises, et, bien qu'il possède
un outillage mécanique, il aime encore à employer son cheval pour
les travaux des champs. Les autres fils de Raoul Théoret, Onil
et Elie, ont quitté l'île. Enfin, Hermine, la seule fille, épousa M.
Aurèle Boileau, fils de Damien, en 1946. Pendant longtemps, ces
derniers passèrent leur été dans l'île.
Vitalien Théoret, autre fils de Vitalis, eut deux enfants nés
dans l'île, mais il s'établit ensuite à Verdun. Avila épousa Adouilda
Paquin de Saint-Placide; ils eurent un garçon, Armand, établi à
Sainte-Geneviève, mais une de leur fille, Irène, mariée à M. Paul
Lorrain, habite l'île Bizard.
Albert Théoret, fils de Vitalis, marié en 1912 avec Anna Sénécal,
fut le chef d'une très nombreuse famille, la plus grande de l'île
Bizard à l'époque, dit-on; elle comprend quinze enfants dont la
plupart sont établis dans l'île ou dans la région. Albert Théoret
fut commissaire d'école de 1935 à 1938. Sa femme, Anna Sénécal,
est décédée en 1974 à l'âge de 85 ans. Ce furent les derniers
descendants de la famille Théoret à cultiver les terres originaires
des Théoret du nord de l'île, c'est-à-dire la partie est du lot 132,
à l'endroit où devait se trouver leur première maison, là où habite
encore la fille d'Albert Théoret, Mme Gisèle Brosseau, au numéro
1903, Bord du Lac. La maison et la terre ont été vendues au
club de golf Royal Montréal. On peut voir au
Tableau III les fils et
petits-fils mariés d'Albert Théoret.
Parmi les autres fils d'Arsène Théoret et Marcelline Brayer
dit Saint-Pierre (6e génération), Palma marié à Albina Ladouceur
s'établit à Sainte-Geneviève où il eut aussi une très nombreuse
famille. Enfin, Abraham monta une beurrerie à Sainte-Geneviève,
à l'endroit où se trouve actuellement le salon mortuaire. Ce fut
le père de M. Georges Théoret, commerçant bien connu à Sainte-Geneviève,
et le grand-père de M. André Théoret, maire de
Sainte-Geneviève de 1960 à 1963 et de Pierrefonds de 1966 à 1969.
Nous avons vu dans la première partie du présent chapitre
que Louis Théoret, fils né du deuxième mariage de Jacques-Amable
avec Catherine Lefebvre, avait reçu en donation une terre de trois
arpents de front sur vingt-quatre arpents de profondeur, en contre-partie
d'une rente viagère payable à ses parents.
Louis Théoret, né le 3 mai 1774, épousa le 19 janvier 1790
Marguerite Brayer dit Saint-Pierre, fille d'Eustache Brayer et de
Marguerite Nadon. Il n'avait donc pas 16 ans à son mariage, ce
qui est assez étonnant, car les garçons se mariaient habituellement
plus tard que les filles. Leur premier-né naquit au mois d'octobre
1790 et ils eurent en tout 15 enfants, mais sept moururent en bas
âge.
En 1815, l'aîné des enfants de Louis Theoret, qui portait aussi
le prénom de Louis, se maria avec Thérèse Proulx, fille de Jean-Baptiste
et de Josephte Perreault. En cette occasion, son père lui
fit don d'une terre de deux arpents de front sur quarante-deux
arpents de profondeur, située à côté de celle qu'il exploitait. La
donation fut faite en contre-partie de la rente viagère suivante(11):
20 minots de blé, 12 minots de pois, 10 minots d'avoine, deux
veltes de rhum, cinq cordes de bois franc, un agneau, le tout livrable
en décembre chaque année. Cette rente viagère dut finir par coûter
cher au fils, car Louis Théoret père vécut jusqu'en 1864. Le fils
mourut d'ailleurs dix ans plus tard. Il est vrai qu'il n'avait que
seize ans de différence avec son père.
En 1831, Louis Théoret (père ou fils?) exploitait une terre de
128 arpents, dont 108 étaient en culture, du côté sud de l'île Bizard.
On peut voir sa production agricole et son cheptel à la page 80.
En 1851, Louis Théoret fils exploitait une terre de 80 arpents dont
64 étaient en culture. Son fils Charles, marié à Émilie Poudrette
dit Lavigne, exploitait lui-même une terre de 117 arpents, dont
99 étaient en culture. Comme celui-ci n'a pas laissé de descendants
dans l'île, nous ne nous y arrêterons pas.
Passons donc au deuxième fils de Louis Théoret et Marguerite
Brayer dit Saint-Pierre, Eustache né en 1796. C'est celui-ci que
son père engagea en 1815 au traversier Jean-Baptiste Massy, qui
effectuait le service de bac entre l'île Bizard et Sainte-Geneviève
(voir chapitre des bacs et traversiers). En 1820, Eustache Théoret
épousa Marguerite Labrosse, fille de Jacques Labrosse, ancêtre de
la famille Raymond dit Labrosse. Parmi leurs neuf enfants, deux
garçons se marièrent, Louis et Eustache, mais tous deux semblent
avoir quitté l'île vers les années 1860-1870. Le troisième fils de
Louis Théoret, Étienne, quitta aussi l'île vers le milieu du siècle
dernier.
Voyons maintenant la branche de Joseph Théoret (1804-1891),
marié en 1826 à Marguerite Prézeau. C'est la plus importante dans
l'île pour les descendants de Louis Théoret et Marguerite Brayer
dit Saint-Pierre.
Joseph Théoret, fils de Louis, fut l'un des premiers marguilliers
de la paroisse Saint-Raphaël de l'île Bizard, de 1840 à 1843. En
1851, il exploitait une terre de 180 arpents, dont 152 étaient en
culture; on peut voir sa production agricole et son cheptel à la
page 104. Nous avons la chance de disposer d'une photo de Joseph
Théoret et de Marguerite Prézeau; ce sont les plus anciennes photos
que nous ayons retrouvées. Ils eurent dix enfants dont sept survécurent
au bas âge. Leur fille aînée, Émilie, épousa Jules Boileau,
fils de François, elle fut donc la grand-mère de Trefflé Boileau.
Une autre fille, Philomène, épousa Maxime Théoret en 1856, mais
elle mourut trois ans plus tard sans laisser de descendant.
Venant, fils de Joseph, épousa en 1857 Christine Théoret qui
mourut en 1866; il se remaria alors avec la soeur de cette dernière,
Célanie. Deux garçons étaient nés du premier mariage, Wilfrid,
qui fut médecin, et Trefflé qui fut ordonné prêtre le 26 mars 1887.
Du deuxième mariage, naquit un seul garçon, Valérie, qui épousa
sa cousine, Alexina Théoret, fille de Louis-Roch Théoret et de
Philomène Cardinal; Valérie Théoret fut commissaire d'école de
1901 à 1904 et de 1910 à 1913; il fut conseiller municipal de 1901
à 1904 et de 1916 à 1918, ayant occupé le poste de maire de 1912
à 1916. Enfin, une fille, née du deuxième mariage de Venant
Théoret, épousa Joseph Paquin, fils d'Emery de Saint-Joseph-du-Lac;
ce sont les parents de Mme Lionel Théoret. La branche
descendant de Venant Théoret s'arrête à la septième génération,
Valérie Théoret n'ayant pas eu d'enfants. Il occupait la terre no 34
qu'il céda ensuite à Vitalien Théoret.
Louis-Roch ( 1835-1916), aussi fils de Joseph, épousa, le premier
octobre 1855, Philomène Cardinal, fille de Joseph Cardinal et
Marguerite Sauvé. Il fut conseiller municipal de 1878 à 1881 et
marguillier de 1891 à 1894. Louis-Roch Théoret et Philomène
Cardinal eurent douze enfants, dont quatre moururent en bas âge.
Deux filles épousèrent deux fils de Joseph Sauvé et Adéline
Saint-Pierre: Cordélia se maria en effet avec Albert Sauvé en 1886
et Philomène épousa Thimothée Sauvé deux ans plus tard, en 1888.
Alexina épousa Valérie Théoret comme nous l'avons vu. Parmi
les garçons, Napoléon épousa Célina Leroux, Trefflé épousa Artilie
Lauzon; il fut conseiller municipal de 1917 à 1920 et de 1921 à
1923. Euclide fit une carrière remarquable à Beauharnois et il eut
l'insigne honneur de se voir décerner le titre de Commandeur de
l'Ordre de Saint-Alexandre-le-grand, par le pape Pie XII. On
trouvera sa biographie à la fin du présent chapitre.
Enfin, l'aîné de la famille que nous avons laissé volontairement
en dernier, Joseph (1856-1928), épousa en 1883 Exérine Poudrette
dit Lavigne, fille de François-Xavier et Marcelline Poudrette. Il
est le seul à avoir laissé une descendance dans l'île. Avec sa femme,
ils fondèrent une famille de seize enfants, mais huit moururent
en bas âge et deux autres à l'âge de 25 et 29 ans. Il restait donc
quatre filles et deux garçons qui tous se marièrent, mais seul Vitalien
présente de l'importance quant à la descendance dans l'île.
Vitalien Théoret (1883-1973) épousa en 1907 Maria Boileau,
fille de Napoléon Boileau et d'Emma Sénécal. Mais dès avant cette
date, vers 1900, il avait pris en charge l'exploitation de son père
qui, sa santé étant compromise, avait vu en son fils un travailleur
fort et infatigable. L'acceptation d'une telle responsabilité n'était
pas une mince tâche, car, à ce moment-là, les grands-parents de
Vitalien Théoret vivaient encore, de même que son père et sa mère,
ses frères et soeurs. Il est inutile d'énumerer les engagements et
les charges que de telles responsabilités comportaient. Vitalien
Théoret se mit donc courageusement à l'oeuvre, mais ce ne fut
pas sans de grandes difficultés et souvent même de très dures
épreuves qu'il fit face à la situation.
Vitalien Théoret et Maria Boileau eurent quatorze enfants,
dont dix sont encore vivants. Ils avaient rêvé d'établir autant que
possible leurs fils sur des terres, c'est pourquoi Vitalien Théoret
acheta vers les années 1912 une partie du lot no 37. Quelques
années plus tard, soit en 1921, il devint aussi propriétaire de la
terre de son oncle, Valérie Théoret, soit le lot no 34. Il se trouvait
alors à posséder quelque 225 arpents de terre, soit 40 arpents
en boisé et environ 185 arpents en terre cultivable. Après une
vingtaine d'années à la direction de l'exploitation, assombries par
de nombreuses mortalités, Vitalien Théoret et son épouse virent
enfin quelques lueurs d'espoir. Animé par la force et le courage
que donne la foi, Vitalien Théoret aimait le travail, la justice et
l'honnêteté. Combien de fois ne l'a-t-on entendu dire: Un homme ne
devient jamais riche à être oisif ou malhonnête ou L'an prochain,
tout ira beaucoup mieux. Avec son épouse qui le seconda par
son travail et ses innombrables sacrifices et renoncements, ils
parvinrent à faire de leur vocation une réussite stupéfiante. D'une
personnalité très humble, ne recherchant aucunement les honneurs,
Vitalien Théoret fut cependant commissaire d'école de 1918 à 1921
et conseiller municipal de 1924 à 1930 et de 1938 à 1946.
Les années passaient et après avoir eu à faire face aux difficultés
de la crise économique des années 1930, il légua à quatre de ses
fils destinés à continuer le noble travail d'agriculteur. De fait, tous
leurs enfants sont demeurés dans l'île et ils sont tous propriétaires
de leur maison dans les limites du village, tout près de leurs parents.
Vitalien Théoret et Maria Boileau passèrent donc une vieillesse
heureuse, entourés de leurs dix enfants et en particulier de leur
fils Armand qui était resté célibataire. Ils ont été un des très rares
couples parmi les grandes familles de l'île Bizard qui ont eu une
aussi longue vie conjugale: soixante-six ans et quelques mois.
Vitalien Théoret décéda en 1973 dans sa quatre-vingt-onzième
année, ayant établi un record de longévité dans la famille Théoret,
depuis la première génération; sa femme le suivit 17 jours plus
tard, étant décédée le 10 septembre 1973. Leur vie se résume ainsi:
une vie conjugale remplie de travail courageux et énergique,
entièrement consacrée à leur famille, et avec la satisfaction du devoir
accompli.(12)
L'aînée des filles de Vitalien Théoret, Hélène, épousa Auré
Brunet en 1926; Jeanne épousa Thomas Deslauriers en 1941, mais
elle mourut quatre ans plus tard; Alice épousa en 1938 Roger
Claude, fils de Bénoni; celui-ci étant décédé, elle se remaria en
1946 avec son beau-frère, Donat Claude. Cécile épousa en 1948
Ildège Cuerrier et Thérèse devint Mme Émile Legault en 1949.
Émile épousa en 1939 Germaine Lecavalier; ce sont les parents
entre autres de M. Jacques Théoret, directeur adjoint de la polyvalente
de Pierrefonds. Antoine Théoret épousa en 1944 Madeleine
Bélanger, fille de Joseph et de Florida Bélanger. Camille Théoret
épousa en 1941 Émérentienne Joly, soeur de Jean-Paul Joly; une
de leur fille, Denise, a épousé en 1965 Hervé Boileau, fils de René
Boileau. Camille Théoret fut commissaire d'école de 1957 à 1963.
Léopold Théoret épousa en 1948 Juliette Provost; il fut secrétaire-trésorier
de la Commission scolaire de 1957 à 1962. Enfin, Marcel
Théoret épousa Claire Bélanger en 1949; leur fils, Michel, a épousé
en 1973 Diane Charron, fille de Roger Charron.
Prenons maintenant le quatrième fils de Joseph Théoret,
Jacques, marié d'abord avec Rose de Lima Drouin, puis avec
Marie-Amable Verdon. Il fut conseiller municipal de 1887 à 1890.
Il eut cinq enfants nés du premier lit, dont trois seulement survécurent:
Agnès qui épousa Ludger Paquin, maire de l'île Bizard de
1898 à 1909, Marie-Louise qui épousa François-Xavier (Francis)
Boileau, médecin, et Joseph-Dieudonné qui se maria trois fois: la
première fois, il épousa Mathilde Boileau, fille de Jean-Baptiste,
mais elle mourut en 1906, laissant deux enfants: Joseph-Louis et
Origène. En deuxièmes noces, Joseph-Dieudonné Théoret épousa
une institutrice, Rose Alba Frederick; elle lui donna une fille, Noëla;
puis, il épousa en troisièmes noces Alice Legault, mère de Jeanne
Alice (Mme Roger Charron) et d'une autre fille, Gisèle (Mme Paul
Bernier).
Joseph-Dieudonné Théoret fut conseiller municipal de 1913
à 1916, maire de 1917 à 1923 et marguillier de 1930 à 1933. Son
fils, Joseph-Louis, marié en 1939 avec Gabrielle Anita Théoret,
fille de Joseph-Maxime Théoret et de Maria Tessier, fut aussi
commissaire d'école de 1950 à 1951 et conseiller municipal de 1953
à 1956. Son frère Origène marié avec Simonne Huberdeau quitta
l'île vers les années 1940-50. Notons encore que Mme Lucien
Raymond est la fille de Joseph-Louis Théoret.
Au
tableau IV, il nous reste à voir la branche de Toussaint
Théoret (5e génération), marié en 1832 avec Julie Boileau, fille
de François et de Josephte Brazeau. Ils eurent 16 enfants, parmi
lesquels deux garçons qui épouserent trois filles de Félix Proulx
et Anastasie Ladouceur; en effet, l'aîné Roch étant devenu veuf
de Marie Rouleau épousa Émilie Proulx en deuxièmes noces. Son
frère François-Xavier avait précédemment épousé Philomène, soeur
d'Émilie; devenu veuf à son tour, il épousa une troisième fille de
Félix Proulx, Brazelle. Roch Théoret fut conseiller municipal en
1873; une fille de son premier mariage, Alzina, mariée à Godefroy
Wilson, fut la mère d'Ovide et Georges Wilson, entre autres.
Napoléon qui était notaire n'habitait pas l'île, mais il fut cependant
engagé comme vérificateur des comptes de la municipalité en 1890.
Enfin, Emmanuel, qui fut conseiller municipal de 1874 à 1877 et
marguillier de 1900 à 1903, épousa Elmire Meloche, dont il eut
14 enfants; trois fils et quatre filles restèrent célibataires; par contre,
Toussaint se maria deux fois, et Gérard Théoret ainsi que son frère
Jean-Paul naquirent de sa deuxième femme. Gérard Théoret fut
marguillier en 1966 et commissaire d'école de 1969 à 1971.
Ainsi se terminent les commentaires sur la nombreuse famille
Théoret qui ne manque pas de descendants pour assurer sa
perpétuité dans l'île Bizard.
Euclide Théoret(13) (1871-1961)
Nous avons vu qu'Euclide Théoret était le fils de Louis-Roch
Théoret et Philomène Cardinal et il passa sa jeunesse dans l'île
Bizard. Ayant du goût pour les études, ses parents l'envoyèrent
au Collège commercial de Sainte-Geneviève où il acquit une
formation qui lui permit de faire une brillante carrière dans cette
voie. Euclide Théoret ne cessa par la suite de se cultiver par
lui-même et devint un grand érudit.
À l'âge de 21 ans, il épousa Anna Brouillet, âgée de 18 ans
qui devait lui donner 15 enfants. C'est à Beauharnois qu'il fut
appelé à fonder son foyer, ayant en 1895 été engagé comme
comptable par la firme J. W. Kilgour, fabricant de meubles. Trois
ans plus tard, il devenait directeur de tout le personnel de l'entreprise.
À ce titre, il se préoccupa beaucoup des mesures sociales et,
dès 1901, mit sur pied une association de bienfaisance pour les
ouvriers; il créa une caisse de retraite pour les vieux employés
entièrement constituée par une contribution de l'employeur, et, plus
de dix ans avant toute loi provinciale sur les accidents de travail,
Euclide Théoret réussit à persuader la direction de la firme d'indemniser
ses accidentés. Il se préoccupa aussi d'améliorer les
conditions d'hygiène, d'aération et d'éclairage de l'usine.
Il n'est donc pas étonnant que Kilgour, au moment où il
constitua une société à fonds social limité en 1910, ait invité Euclide
Théoret à faire partie des administrateurs-actionnaires, à titre de
secrétaire-trésorier.
C'est donc comme patron qu'Euclide Théoret affronta la
crise economique de 1931. Il chercha une formule équitable pour
tous et qui fut acceptée aussi bien par les directeurs que par le
personnel de l'entreprise: une diminution des heures de travail sans
mise à pied. Son sens social et humain commandait le respect de
tout le personnel et il n'y eut jamais, sous sa direction, un seul
conflit de quelque nature que ce soit. Ce fait est si singulier, écrivait
l'honorable juge Saint-Georges Morisset, qu'il devait être cité en
exemple à tous les industriels de la province et du pays. Euclide
Théoret puisait son inspiration dans l'encyclique de Léon XIII
Rerum Novarum appelée la grande charte des travailleurs.
On comprend dès lors pourquoi Euclide Théoret fut souvent
cité comme un modèle de patron et pourquoi, à l'occasion de son
jubilé d'or patronal, en 1947, Sa Sainteté Pie XII lui fit l'honneur
de le nommer Commandeur de l'Ordre pontifical de Saint-Grégoire.
Euclide Théoret se distingua aussi dans les affaires locales à
Beauharnois où il fut successivement échevin, maire, président de
la commission scolaire, et enfin, fondateur et président pendant
de nombreuses années de la Caisse populaire. Il fut aussi président
de la Ligue du Sacré-Creur et des Anciens Retraités de la Maison
du Christ-Roi.
Sa générosité envers les oeuvres charitables et missionnaires
et sa charité envers les pauvres sont devenues légendaires. Pendant
les années de la crise économique, sa maison accueillait en moyenne
deux ou trois chômeurs par jour pour les repas.
Élever une famille de quinze enfants dont tous devaient faire
des études supérieures, voilà qui paraît de nos jours absolument
impossible ou insensé. De quels principes Euclide Théoret et son
épouse se sont-ils inspirés pour accomplir un pareil exploit? Une
foi à transporter les montagnes, en tout premier lieu, et, en second
lieu, l'esprit de sacrifice. En 1925, par exemple, certains ouvriers
possédaient leur automobile, mais le patron n'en avait pas: il avait
cinq enfants pensionnaires dans les couvents et collèges de Montréal.
Euclide Théoret prit sa retraite à l'âge de 84 ans, mais pour
continuer à être utile, il ouvrit à son domicile un bureau de
perception de mauvais comptes, ce qui lui permit de rendre service
à de pauvres gens. Il s'était organisé de la sorte la plus belle vieillesse
qui soit: il resta jeune, actif et bienfaisant jusqu'à la dernière minute
de sa vie, quelques mois avant de célébrer son quatre-vingt-dixième
anniversaire.
Sa vie se résume en ces trois mots qui expliquent son succès:
un homme courageux et énergique, un père et un patron entièrement
dévoué à ses enfants et à ses employés, et un chrétien
convaincu.
(1) Dict. biog. du Canada.
(2) Notaire Hodiesne.
(3) Notaire Louis Joseph Soupras.
(4) Notaire Louis Joseph Soupras.
(5) Notaire Gagnier 19/3/1816
(6) Notaire J. Payment
(7) Notaire Berthelot.
(8) Notaire Hyacinthe Brunet
(9) Notaire Hyacinthe Brunet. 29/1/1852
(10) Notaire Hyacinthe Brunet. 23/7/1874
(11) Notaire Louis Thibodeau, 6/8/1815.
(12) Les notes relatives à la vie de Vitalien Théoret
nous ont été fournies par son fils, Léopold.
(13) Biographie préparée d'après les notes fournies par
l'abbé Pierre Eucher Théoret, fils d'Euclide.
Depuis la mise en ligne de ce document, j'ai reçu
les courriels suivants de Claude Théorêt:
- Premier courriel:
Dans le
tableau III je
suis un des enfants de Josaphat Théorêt né le 19 avril 1908. Ce dernier s'est établi
à Montréal après son mariage avec Marie-Anna Saint Pierre. Cette dernière
était née le 2 août 1910 et était fille de Bruneau Saint Pierre et de Rose Gadbois.
Leurs enfants furent:
- Laurent né 10 novembre 1932,
- Bernadette née le 6 mars 1934,
- Pierre né le 9 juillet 1937,
- Lise née le 23 février 1939,
- Murielle née le 14 juin 1940,
- Claude né le 10 janvier 1943, et le dernier et non le moindre
- Bernard né le 15 juin 1946.
- Deuxième courriel:
Voici un site des Théorêt qui a été élaboré avec beaucoup d'information:
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