LE BON VIEUX TEMPS
Les charretiers de 1811 - Les cochers de place, les calèches, les cabes de 1842.
- Les calèches à deux roues des années 1810 à 1830
Dans la première décade de ce siècle les voitures à quatre roues étaient inconnues à
Montréal. Le roulage de marchandises se faisait sur des
ch[illisible]. On se promenait et on voyageait dans des calèches
construites sur le modèle de celles qui sont actuellement en usage à Québec. Lorsqu'un
Canadien se mettait en voyage, il se servait d'une calèche à un seul timon avec deux
chevaux.
Avant 1830 il n'y avait qu'un endroit où stationnaient les cochers de calèche; c'était
sur la place du vieux marché, aujourd'hui la place de la douane. Plus tard on leur assigna
des stations sur le bord de l'eau, au pied de la place Jacques-Cartier, sur la rue McGill,
sur la place Dalhousie et sur la place d'Armes.
A cette époque, comme nous l'avons déjà dit, il n'y avait pas de quais à Montréal, excepté
les deux qui se trouvaient au pied de la rue St-Sulpice. Les charretiers qui se
chargeaient de bois de chauffage, reculaient leurs voitures dans l'eau jusqu'aux radeaux
qui étaient amarrés à quelques verges de la grève. Le bois de chauffage arrivait de
Beauharnois, de Chateauguay et autres endroits sur des radeaux de pin et de pruche. Un
dessous de "cage" contenant sept ou huit cordes de bois, se vendait $4, $5 et $9. Les
charretiers qui transportaient le bois de chauffage se servaient de deux chevaux attelés
en flèche à leurs charrettes. Le cheval qui était en avant n'avait pas de guides et il
obéissait à la voix de son maître qui le faisait tourner à droite ou à gauche en lui
criant hue! et dia!. En lisant les anciens règlements municipaux nous
voyons qu'en 1811 une ordonnance obligeait ceux qui déchargeaient leurs marchandises au
port d'employer le premier charretier qui se présentait. Ce fut en 1815 que les magistrats
qui composaient l'édilité de Montréal, passèrent un règlement obligeant les charretiers
et les cochers d'attacher en hiver des cloches ou des grelots à leurs chevaux.
En 1817 on adopta pour la première fois à Montréal un règlement obligeant les charretiers
à se pourvoir d'une licence.
Les charretiers du bon vieux temps étaient tous des hommes vigoureux. Tous étaient assez
forts pour soulever au bout de leurs bras un quart de lard pesant 300 livres et de le
placer sur leur cabriolet.
Le roulage de marchandises en hiver entre Montréal et le Haut Canada n'était pas bien
lucratif. Les charretiers pour transporter à Kataraqui (aujourd'hui Kingston) une charge
de 2000 livres sur une "traine" attelé d'un seul cheval, recevait $7 ou $8. Il fallait
quatre jours au charretier pour se rendre à sa destination.
- Les cabs et calèches à deux roues des années 1840 et 1850
Le premier cab à deux roues fut importé d'Angleterre par M. Charles Clément Sabrevois de
Bleury, un membre distingué du barreau, quelque temps avant les troubles de 1837.
A cette époque les voitures à quatre roues commençaient à s'introduire à Montréal. Ces
voitures étaient toutes importées d'Angleterre et coutaient fort cher.
Les cochers de place vers 1842 s'achetèrent des cabs sur le modèle de celui de M.
de Bleury. Cette année là il n'y avait que deux cabs et une douzaine de calèches. Parmi
les noms des cochers de 1842 on nous a donné ceux de François Vadeboncoeur, J. Smith,
Cadieux, Eusèbe Dénez, A. Dumaine, François Vermette, Eusèbe Fleurant et Romuald Racicot.
Les cabs disparurent avec les dernières calèches vers 1858. Les cochers de place ont
commencé à faire leur service avec avec des voitures à quatre roues vers 1851.
La Patrie, vendredi 14 novembre 1884, page 4.