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Charretiers et calèches

Le bon vieux temps

D'après des articles parus dans le journal La Patrie en novembre 1884.


    LE BON VIEUX TEMPS

    Les charretiers de 1811 - Les cochers de place, les calèches, les cabes de 1842.

  1. Les calèches à deux roues des années 1810 à 1830

    Dans la première décade de ce siècle les voitures à quatre roues étaient inconnues à Montréal. Le roulage de marchandises se faisait sur des ch[illisible]. On se promenait et on voyageait dans des calèches construites sur le modèle de celles qui sont actuellement en usage à Québec. Lorsqu'un Canadien se mettait en voyage, il se servait d'une calèche à un seul timon avec deux chevaux.

    Avant 1830 il n'y avait qu'un endroit où stationnaient les cochers de calèche; c'était sur la place du vieux marché, aujourd'hui la place de la douane. Plus tard on leur assigna des stations sur le bord de l'eau, au pied de la place Jacques-Cartier, sur la rue McGill, sur la place Dalhousie et sur la place d'Armes.

    A cette époque, comme nous l'avons déjà dit, il n'y avait pas de quais à Montréal, excepté les deux qui se trouvaient au pied de la rue St-Sulpice. Les charretiers qui se chargeaient de bois de chauffage, reculaient leurs voitures dans l'eau jusqu'aux radeaux qui étaient amarrés à quelques verges de la grève. Le bois de chauffage arrivait de Beauharnois, de Chateauguay et autres endroits sur des radeaux de pin et de pruche. Un dessous de "cage" contenant sept ou huit cordes de bois, se vendait $4, $5 et $9. Les charretiers qui transportaient le bois de chauffage se servaient de deux chevaux attelés en flèche à leurs charrettes. Le cheval qui était en avant n'avait pas de guides et il obéissait à la voix de son maître qui le faisait tourner à droite ou à gauche en lui criant hue! et dia!. En lisant les anciens règlements municipaux nous voyons qu'en 1811 une ordonnance obligeait ceux qui déchargeaient leurs marchandises au port d'employer le premier charretier qui se présentait. Ce fut en 1815 que les magistrats qui composaient l'édilité de Montréal, passèrent un règlement obligeant les charretiers et les cochers d'attacher en hiver des cloches ou des grelots à leurs chevaux.

    En 1817 on adopta pour la première fois à Montréal un règlement obligeant les charretiers à se pourvoir d'une licence.

    Les charretiers du bon vieux temps étaient tous des hommes vigoureux. Tous étaient assez forts pour soulever au bout de leurs bras un quart de lard pesant 300 livres et de le placer sur leur cabriolet.

    Le roulage de marchandises en hiver entre Montréal et le Haut Canada n'était pas bien lucratif. Les charretiers pour transporter à Kataraqui (aujourd'hui Kingston) une charge de 2000 livres sur une "traine" attelé d'un seul cheval, recevait $7 ou $8. Il fallait quatre jours au charretier pour se rendre à sa destination.

  2. Les cabs et calèches à deux roues des années 1840 et 1850

    Le premier cab à deux roues fut importé d'Angleterre par M. Charles Clément Sabrevois de Bleury, un membre distingué du barreau, quelque temps avant les troubles de 1837. A cette époque les voitures à quatre roues commençaient à s'introduire à Montréal. Ces voitures étaient toutes importées d'Angleterre et coutaient fort cher.

    Les cochers de place vers 1842 s'achetèrent des cabs sur le modèle de celui de M. de Bleury. Cette année là il n'y avait que deux cabs et une douzaine de calèches. Parmi les noms des cochers de 1842 on nous a donné ceux de François Vadeboncoeur, J. Smith, Cadieux, Eusèbe Dénez, A. Dumaine, François Vermette, Eusèbe Fleurant et Romuald Racicot.

    Les cabs disparurent avec les dernières calèches vers 1858. Les cochers de place ont commencé à faire leur service avec avec des voitures à quatre roues vers 1851.

    La Patrie, vendredi 14 novembre 1884, page 4.





Jacques Beaulieu
beajac@videotron
Révisé le 22 juillet 2019
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