Mes racines / my roots

Henri Césaire Saint-Pierre


Adéline Albina Lesieur


Napoléon Mallette


Louis Émery Beaulieu


Guillaume Saint-Pierre


Joseph Bélanger


Geneviève Saint-Pierre


Jeanne Beaulieu Casgrain


Jean Casgrain


Simone Aubry Beaulieu


Marcel Malépart


Jaque Masson


Édouard Trudeau


Rolland Labrosse


Jacques Cousineau



Recherche
de
"Mes racines"

sur
JacquesBeaulieu.Ca


Retour
à la page
initiale

de
JacquesBeaulieu.Ca
La milice sédentaire

Le bon vieux temps

D'après des articles parus dans le journal La Patrie en novembre 1884.


    LE BON VIEUX TEMPS

    La milice sédentaire - Une armée de guerriers paisibles.

  1. La milice sédentaire

    Une armée moins disciplinée, moins aguerri, que celle du général Boum était la milice sédentaire du Bas-Canada dans le bon vieux temps.

    Pendant tout le temps de son existence qui date au delà du commencement de ce siècle jusqu'à sa disparition en 1862, cette milice n'a jamais vu la fumée d'un camp ennemi ses soldats n'ont pas endossé d'uniformes et leurs gibernes n'ont point contenu de cartouches à balle.

    La milice sédentaire ignorait la sévérité des cours martiales, et elle ne déployait jamais les plis glorieux d'un drapeau de régiment dans ses parades. Bref elle était aussi pacifique et inoffensive que l'armée du bon roi d'Yvetot.

  2. La milice sédentaire canadienne à Montréal

    Les miliciens canadiens n'étaient passés en revue qu'une fois par année, le jour de la St-Pierre. A Montréal, la parade se faisait sur le Champ de Mars, sur la place Viger, sur le carré de la rue St-Denis en face du jardin, sur le Champ de Mars, à l'extrémité nord de la place Papineau, et dans d'autres endroits de la partie ouest de la ville.

    Les soldats étaient notifiés huit jours avant la démonstration qui avait lieu dans la matinée. Les ouvriers arrivait sur le terrain avec la livrée du travail. Chaque compagnie se mettait en rang devant son capitaine pour répondre à l'appel des noms.

    C'était un spectacle comique de voir le sergent à droite de la comagnie, portant à la main le bidon en ferblanc contenant son repas du midi. Plus loin était le caporal avec un paquet de quelque chose sous le bras. La moitié des hommes avaient des riflards de coton vert, jaune ou rouge. C'était une bonne précaution à prendre, car la croyance populaire est qu'il pleut toujours le jour de la fête de St-Pierre. Le gouvernement ne fournissait ni armes ni uniformes aux miliciens et à leurs officiers.

    Des colonels et des majors qui prenaient leur rôle au sérieux importaient d'Angleterre les costumes de leur grade. Ces uniformes étaient d'ordinaires en insurrection contre les proportions de leur corps.

    Les colonels et les majors portaient un caban surmonté de plumes blanches et rouges, une large ceinture rouge, un habit rouges garni de boutons dorés et des pantalons blancs.

    Leurs épaules disparaissaient sous de larges épaulettes dont les frnages étaient d'une longueur demesurée. Ces officiers dans leur uniforme d'apparat produisaient l'effet de généraux d'opéra-bouffe. On aurait cru voir les généraux Pataquès et Monbardos. Lorsque tous les miliciens étaient placés en rang d'oignons, le capitaine procédait à l'appel. Tout soldat dont le nom figurit parmi les absents était passible d'une amende de dix chelins, mais les officiers, qui n'étaient pas ferrés sur la discipline, ne traduisaient jamais le soldat réfractaire devant le tribunal des juges de paix chargés de faire exécuter les lois de la milice.

    Parmi les colonels commandant la milice sédentaire de Montréal il y a cinquante ans nous voyons les noms des colonels Edouard Martial Leprohon, Michel Patrice Guy, Jules Quesnel et Alexis Laframboise.

    Après l'appel des noms quelques commandants, histoire de s'amuser, faisaient marcher leurs soldats pendant cinq ou six minutes. Les seuls mouvements du militaire canadien étaient la marche et la volte-face qui s'exécutaient avec un ensemble des plus déplorables.

  3. La milice sédentaire canadienne dans les campagnes

    Dans les campagnes, les miliciens s'assemblaient comme en ville une fois par année, le jour de la St-Pierre, devant l'église paroissiale. Le capitaine, qui se prenait au sérieux, portait ce jour-là le sabre de son père et obligeait tous les soldats de sa compagnie qui possédaient des fusils de chasse, de parader avec ces armes.

    Après l'appel des noms, le capitaine faisait exécuter quelques évolutions faciles à ses hommes, en donnant le commandement en anglais. Il fallait entendre écorcher la langue anglaise par nos bons canadiens! La parade finissait par une fusillade.

    Le jour de la St-Pierre les cultivateurs avaient l'habitude de planter des mâts devant les résidences des capitaines et autres officiers. Les miliciens tiraient presqu'à bout portant sur le mât qui à la fin de la cérémonie se trouvait noircie par la poudre.

    Il y avait de drôles de types parmi nos officiers de milice de la campagne.

    A Lévis les miliciens paradaient en face de la forge d'Ignace Samson. Le capitaine donnait à sa compagnie le commamdement: "Tournez-vous, faites face à la boutique de G'nasse!"

    A Terrebonne le capitaine ne portait ni plume ni crayon, lorsqu'il faisait l'appel de ses hommes. Il se servait d'une épingle pour piquer la liste près des noms des absents.

    Les cadres de la milice sédentaire portaient les noms de tous les citoyens âgés de 18 à 60 ans. Les miliciens cessèrent leurs parades annuellles en 1862 lorsque Sir George Cartier présenta le bill de milice qui fit tomber son gouvernement.

    La Patrie, lundi 17 novembre 1884, page 4.





Jacques Beaulieu
beajac@videotron
Révisé le 22 juillet 2019
Ce site a été visité 30684377 fois
depuis le 9 mai 2004