LE BON VIEUX TEMPS
Le service du feu à Québec en 1825. - Les pompes primitives. - Les "watchmen"
- Le tocsin.
- Le service du guet à Québec vers 1825
Aujourd'hui nous allons parler de la police et du service du feu dont le bon vieux
Québec en 1825.
En ce temps le guet était composé d'environ 25 "watchmen" sous le commandement du
capitaine Pinguette. La nuit le watchmen de Québec portait d'une main un grand fanal
allumé et de l'autre une crécelle dont le bruit s'entendait à une distance d'environ
un mille. Pendant que le citoyen du vieux Stadacona reposait la nuit dans son lit, il
entendait toutes les heures les cris des constables du guet. Le watchmen criait toujours
en anglais l'heure et le temps qu'il faisait par exemple: Eleven o'clock! stormy
night, rainy night, moon light night, stary night, all is well!
- Le tocsin à Québec vers 1825
Lorsque le feu éclatait dans quelque maison l'alarme était d'abord donnée au watchman.
Celui-ci criait Fire! Fire! de toute la force de ses poumons. Ce cri était répété
par tous ses compagnons qui agitaient leurs crécelles et réveillaient tous les habitants.
Il n'y avait pas de cloches sur les stations de pompes et il fallait courir chez le
bedeau O'Neil qui résidait sur la rue St Flavian. Le bedeau s'habillait à la hâte et,
muni d'une lanterne, il monta dans le clocher de la cathédrale et frappait l'une des
cloches avec un marteau qu'il tenait à la main. Le bedeau restait dans le clocher et
faisait résonner le tocsin pendant toute la durée de l'incendie.
Sur les entrefaites l'alarme était donnée au poste central du guet situé sur la côte
des Chiens, en bas de l'ancienne porte de la Canotterie, porte Hope. Un des watchmen
sortait alors avec un gong d'un diamètre de deux pieds et demi qu'il frappait avec
un maillet. Il parcourait les principales rues de la ville en remplissant l'air du
bruit sonore et sinistre de son instrument.
- Le service du feu à Québec vers 1825
Les pompiers couraient à leur poste et sortaient les pompes. Mais comme on ignorait alors
le télégraphe d'alarme, il était impossible de préciser l'endroit où le feu avait éclaté.
Deux compagnies de pompiers se rencontraient à la bifurcation des rues et s'interrogeaient
mutuellement sur la question du quartier où était l'incendie. Souvent on ne s'accordait
pas sur l'endroit et les pompes étaient dirigées à la fois vers deux points différents.
A cette époque les pompiers étaient sous le contrôle des juges de paix, les
compagnies de volontaires ne s'étant organisées que vers 1826 sous le capitaine Sewell.
La loi municipale obligeait les habitants de Québec à garder continuellement dans
leur résidence quatre seaux en cuir et un bélier. Les seaux servaient dans la chaîne
que formaient les citoyens entre la maison en feu et le puits le plus voisin. Comme
le seau devait passer quelquefois par une cinquantaine de mains avant d'arriver à la
pompe, il n'y avait que fort peu d'eau dedans lorsqu'on le vidait.
Les boyaux n'étaient pas encore inventés et la lance était fixée au sommet de la pompe.
Cette lance était mobile et elle jetait l'eau sur le toit des maisons les plus élevées.
Les pompiers se servaient du bélier pour défoncer des portes ou abattre des murs. En
hiver, lorsque els pompes étaient gelées, des charretiers allaient à la brasserie
McCallum (la seule qui existait à Québec en ce temps-là) pour en apporter des tonneaux
d'eau chaude pour les faire dégeler.
- Les compagnies de pompiers volontaires à Québec en 1832
En 1832 il fut formé à Québec plusieurs compagnies de pompiers volontaires. Les vieux
citoyens se rappellent les compagnies suivantes:
Les séminaristes, |
Capitaine de Blois. |
Les Coeurs de Lion, |
Capitaine Parent. |
Les Invincibles, |
Capitaine Manly. |
Les Voltigeurs de St-Roch, |
Capitaine Garneau. |
Il y avait de plus une compagnie dans le faubourg St-Jean sous le commandement de
M. Colette Belleau. Les Irlandais du Cap avaient aussi formé une compagnie de pompiers
volontaires.
Comme il n'y avait pas d'aqueduc dans l'ancienne capitale et comme il fallait recourir
aux puits en cas d'incendie, on peut juger des difficultés qu'on était obligé se
surmonter pour obtenir un service efficace des incendies.Québec sous ce rapport était
alors de cinquante ans en arrière de Montréal.
La Patrie, mardi 18 novembre 1884, page 4.