LE BON VIEUX TEMPS
Les horse-boats - Remorquage par les boeufs - Le moulin de l'Ile Sainte-Hélène -
La construction des navires à Montréal en 1806 - La police en 1838.
- Les horse-boats: traversiers de 1820 à 1830
De 1820 à 1830 le service entre Montréal et Longueuil se faisait avec des
horse-boats, c'est-à-dire des bateaux avec des roues à aubes dont le
mécanisme était mis en activité par des chevaux qui tournaient autour d'un gros poteau
vertical, espèce de cabestan qui communiquait son mouvement à l'arbre de couche.
Les chevaux attelés à ce mécanisme étaient au nombre de quatre ou six. Il va sans dire
que cette force motrice ne donnait pas au navire une course aussi rapide que la vapeur.
Le trajet se faisait alors dans environ trois quarts d'heure. Les premiers
horse-boats ont été la propriété d'un monsieur White.
- Le remorquage des navires par des boeufs: de 1820 à 1830
Vers la même époque les goëlettes et les bateaux étaient remorquées par des boeufs
de Hochelaga jusqu'au port de Montréal.
Il arrivait quelque fois que les boeufs n'avaient pas assez de force pour faire remonter
le courant aux bateaux. Ils étaient entraînés à l'eau avec leur attelage et ils se
noyaient.
- L'Ile Sainte-Hélène vers 1820
Avant 1820 le moulin banal de Montréal était construit sur le fleuve entre l'extrémité
ouest de l'Ile Ste Hélène et la petite Ile aux Fraises.
Ce moulin seigneurial appartenait à M. le baron Grant, propriétaire de l'île Sainte
Hélène.
L'île en ce temps-là, nous disent les vieux, était un véritable paradis terrestre.
On y cultivait les vignes, les plantes les plus riches et les plus odorantes, il y avait
des vergers produisant les pommes et les poires les plus belles du district. Six
jardiniers étaient alors employés par le baron à exécuter les travaux horticoles et
agricoles.
Plus tard le baron Grant échangea cette magnifique propriété contre celle des Récollets,
comprenant les casernes etc., appartenant au gouvernement.
Les autorités militaires construisirent ensuite dans l'île, des casernes, une poudrière,
et des dépots de munitions, etc.
- La construction des navires à Montréal de 1806 à 1836
Montréal possédait autrefois plusieurs chantiers de construction de navires au pied
du courant Ste Marie. Les premiers navires construits en cette ville sortaient des
chantiers de M. David Munn qui commença ses opérations en 1806. Deux ou trois ans plus
tard, il forma une société avec M. Robert Hunter; les navires qu'ils contruisaient
étaient ordinairement de 200 à 350 tonneaux; l'un d'eux de Earl of Buckinghamshire
jaugeait 600 tonneaux.
MM. J. Storrow & Cie et James Dunlop quelques temps après construisirent plusieurs
navires d'un tonnage de 330 à 350 chacun. MM. James M. Campbell, McKenzie et Bethune et
James Millar et Cie eurent aussi des chantiers à Montréal où ils construisaient des
bâtiments d'un même tonnage.
En l'année 1820, MM. Shay et Merritt, achetèrent les chantiers de la "Canada ship building
company de Londres" à Hochelaga.
On construisit en 1829 dans ce chantier le British America, un vapeur de 170 pieds
de long, 30 pieds de large et 10 pieds de haut pour MM. John Torrance et Cie, pour
naviguer entre Montréal et Québec.
En 1830 la même société construisit le vapeur John Bull pour MM. John Molson et
Cie.
Ce bateau qui faisait le service entre Montréal et Québec avait 182 pieds de long 32
pieds de large et 12 pieds de haut. Dans la même année on lança le vapeur
St. George, construit pour John Torrance et Cie, 160 pieds de long, 26 de large
et 11 de haut. Le vapeur Canada construit en 1831, avait 175 pieds de long et
26 pieds de large.
Les autres vapeurs sortis du même chantier dans les années suivantes étaient
le Eagle (1832);
le Canada Patriot (do);
le Britania (1833);
le Varennes (1833) pour M. Rasco et Cie.;
le Montréal (1833) pour M. James Wait, et 10 barques (1833 à 1836) pour le commerce
de l'Angleterre.
- La police de Montréal en 1838
Une nouvelle organisation de la police de Montréal fut établie en 1838 en vertu
d'une ordonnance de Lord Durham. Ce corps de policier était constitué de 102 constables,
quatre hommes de patrouille montée, six sergents et six caporaux sous le commandement de
quatre officiers: le capitaine Alexandre Comeau, et le lieutenant Worth pour la division
A; et le capitaine William Brown et le lieutenant William Suter pour la division B. Le
surintendant était M. P. Leclère. Le service du jour commençait à sept heures du matin
et finissait à six heures du soir. Chaque homme était de service toutes les trois heures
en hiver et toutes les six heures en été. Le service de nuit commençait à six heures du
soir et durait jusqu'à six heures du matin. Les gardiens de la paix étaient relevés
toutes les quatre heures en été et en hiver ces changements dépendaient de la température.
Cette police, qui coûtait £6,000 par année, était entretenue aux frais du
gouvernement impérial.
La juridiction de la police en 1839, à part la ville, les faubourgs et le havre,
s'étendait aux paroisses de Laprairie de la Madeleine, Longueuil, Boucherville, Varennes,
Repentigny, Lachenaie, St Vincent de Paul, St Martin et l'île Perrot.
La Patrie, mardi 9 décembre 1884, page 4.