LE BON VIEUX TEMPS
Anciens notaires - Anciens médecins - Le premier libraire -
Le premier journal français.
- Quelques anciens notaires ayant pratiqué de 1794 à 1853
Ce matin nous avons feuilleté les vieux régistres du bureau des Tutelles au Palais de
justice et nous y avons vu la liste de tous les anciens notaires du district de Montréal
dont les minutes ont été déposées dans les voutes de ce bureau. Les minutes de M. Doucet
paraissent être les plus considérables avec celles de M. Griffin. Elles occupent à elles
seules toutes une section de la voute.
Parmi les notaires les plus importants nous voyons les noms de MM
J. M. Mondelet, ayant pratiqué de 1794 à 1842;
Thomas Barron, 1799 à 1831;
N. B. Doucet, 1804 à 1835;
L. H. Latour, 1804 à 1835;
Charles Huot, 1809 à 1851;
Thomas Bédouin, 1815 à 1844;
Henry Griffin (le seul notaire anglais) 1812 à 1847;
André Jobin, 1813 à 1853;
Pierre Lukin, 1819 à 1837.
On ne voit pas figurer sur cette liste les anciens notaires dont les greffes existent
encore de nos jours, comme M. Labade et autres.
- Quelques anciens médecins
Parmi les médecins les plus célèbres à Montréal dans le bon vieux temps nommons le
Dr Henry Mouroe [?], qui a commencé à pratiquer en 1795,
J B Lebourdais,
Alexandre Lusignan,
W J Vallée et
Pierre Beaubien.
- Quelques anciens avocats
Les célébrités du barreau à cette époque étaient maîtres
Janvier D Lacroix,
Frédéric Auguste Quesnel,
Alexis Bourret,
Toussaint Pelletier,
C S de Bleury,
Dominique Mondelet,
Jules Quesnel,
François Pierre Bruneau,
Côme Séraphin Cherrier,
L J Papineau,
D B Viger
et Louis Michel Viger (le beau Viger).
- La première librairie canadienne fondée vers 1828
La première librairie canadienne à Montréal a été ouverte vers 1828 par MM. Bossange
et D. B. Papineau, dans la vieille maison formant l'encoignure des rues St. Vincent
et St. Amable, aujourd'hui le bureau du doyen du barreau M. C. S. Cherrier, C. R. La
maison Bosange a eu pour successeur la maison E. R. Fabre, aujourd'hui Fabre et Gravel.
M. Bossange épousa Mademoiselle Fabre, soeur de M. E. R. Fabre et retourna à Paris où
il continua d'être un des associés de la célèbre maison Bossange. La maison de Montréal
exista longtemps sous la raison sociale de Fabre et Bossange.
- Le seul journal politique français publié en 1832
Le seul journal politique français publié à Montréal en 1832 était la Minerve
de M. Ludger Duvernay, fondateur de la société St Jean-Baptiste. Ses bureaux étaient alors
au deuxième étage de la vieille maison de la rue St Paul, occupée aujourd'hui par le
magasin de ferronnerie de M. Auguste Couillard. Le rédacteur en chef était M. A. N. Morin,
l'assistant rédacteur M. Léon Gosselin, avocat, et le traducteur et correcteur d'épreuves
M. C. H. Cherrier.
Les ateliers n'étaient pas considérables. La salle de composition était dans le grenier
où il faisait une chaleur torréfiante pendant l'été.
Les typographes employés dans l'établissement étaient tous de gais lurons qui donnaient
beaucoup de fil à retordre à leur patron.
C'étaient Joseph Roch Lettoré,
Gaspard Lettoré,
Pierre Cérat,
John Wagner,
Latulipe et
Antoine Plinguet.
M. Duvernay redoutait tant les lundis de ses ouvriers que le samedi soir il
enfermait à clé dans l'atelier les deux messieurs Lettoré, Wagner et Latulipe afin de
les avoir sous la main pour le travail du lundi. Les disciples de Guttenberg passait la
journée du dimanche dans le grenier avec des provisions de bouches et du liquide fort
fourni par l'établissement.
Si M. Duvernay n'avait pas pris cette précaution la Minerve n'aurait pas paru le
lundi suivant.
La Minerve paraissait alors deux fois par semaine, le lundi et le jeudi.
Un ecclésiastique, l'abbé Deschênes était alors employé à la Minerve pour
préparer les calculs astronomiques, et les éphémérides du calendrier du journal, le seul
calendrier français qui existât dans le temps.
La Patrie, mercredi 31 décembre 1884, page 4.