LE BON VIEUX TEMPS
Comment on arrêta un incendie en 1819 - Le Pré au Clercs de Montréal.
- L'incendie du 26 janvier 1819
Le 26 janvier 1819 vers deux heures de l'après-midi le feu éclatait dans un grand
entrepôt de lard et de farine, situé à la Pointe à Callières et appartenant à M. D.
W. Eager. L'incendie avait originé dans l'étage supérieur du bâtiment et les flammes
commençaient à ravager la toiture en bardeau, lorsque les pompes arrivèrent sur le terain.
Le service des pompiers fut paralysé par le fait que leurs pompes étaient gelées.
Il fut impossible de prendre de l'eau à la rivière qui était recouverte par un manteau
de glaces très épais dont les plis débordaient sur la rive. Il aurait fallu un travail de
plus d'une heure pour y creuser un puits. Une foule d'environ 1,000 personnes était témoin
de la conflagration et ne prenait aucun moyen pour arrêter les ravages du feu.
La terre était recouverte par une épaisse couche de neige humide qui se "pelottait"
facilement. Un monsieur Corse eut une idée lumineuse, qu'il suggéra à la foule; c'était
de faire pleuvoir sur le bâtiment en flammes une grêle de boules de neige.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Chacun s'arma de boules de neige et s'avança à l'assaut. Le
bâtiment fut assailli sur ses quatre faces et en quelques minutes les flammes furent
étouffées sous une véritables avalanche de neige.
Les octogénaires de Montréal se rappellent tous cet incendie qui fut remarquable par le
moyen extraordinaire auquel on eut recours pour l'éteindre. L'entrepot de M. Eager
n'était pas une bicoque, c'était un batiment qui contenait au moins 800 barils de lard
et plusieurs centaines de sacs de grain.
- Le lieu des duels à Montréal en 1819
En 1819 le Pré aux Clercs de Montréal était la commune désignée sur les vieilles
cartes, sous le nom de plaines Ste-Anne. C'était un immense terrain vague en dehors des
limites de la ville. Le rendez-vous des duellistes était presque toujours au
"block house" de McCord, situé au milieu de la commune, à l'endroit où se trouve
aujourd'hui l'intersection des rues Wellington et Duke.
On en parlait jamais de rencontres à l'épée; les affaires d'honneur se décidaient toujours
au pistolet. C'est près du "block-house" de McCord qu'eut lieu dans le mois de mai 1819
le duel entre M. Michael O'Sullivan, avocat, plus tard juge-en-chef, et le Docteur
Cardwell, ex-chirurgien de l'armée anglaise et rédacteur d'eune feuille tory appelée le
Canadian Courant.
Le docteur Caldwell était un presbytérien fanatique qui s'était engagé dans une polémique
religieuse avec M. O'Sullivan. Cette polémique s'envenima à tel point que des paroles
injurieuses furent échangées des deux côtés. Il fut décidé que la querelle se viderait
sur les plaines de Ste Anne. O'Sullivan tira le premier et manqua son homme. Le docteur
Cladwell visa son adversaire de sang froid et sa balle alla se loger dans la cuisse
d'O'Sullivan. Les vieillards nous disent que vers 1820 des duels de ce genre étaient assez
fréquents, mais aucune de ces rencontres ne fut fatale.
- Deux publications faites à Montréal en 1819
En 1819 M. Charles B. Pasteur, avocat publiait un journal hebdomadaire appelé le
Spectateur Canadien, publication qui dura plusieurs années. Les bureaux du journal
étaient sur la petite rue St-Jacques entre la Place d'Armes et la rue St-Lambert.
Le premier almanach des adresses de Montréal a été préparé en 1819 par un monsieur
Thomas Dodge. C'était un petit volume d'environ 200 pages. Les exemplaires en sont très
rares aujourd'hui.
La Patrie, samedi 3 janvier 1885, page 4.