LE BON VIEUX TEMPS
Les vieux poèles de Trois-Rivières. - Les marchands de 1820.
- Pierre Bertholet en 1820
Un des plus riches citoyens de Montréal en 1820 était M. Pierre Bertholet, père de
feu M. le commandeur Olivier Bertholet. C'est lui qui possédait à cette époque le plus
grand nombre de maisons dans la métropole. Il était le propriétaire de plus de cent
immeubles. Comme nous l'avons déjà dit dans une de nos causeries, il n'y avait que la
classe riche qui se payait le luxe d'avoir un poèle en fonte. La classe moyenne et
les prolétaires louaient les poèles à raison de $4 à $10 par hiver. On rapporte que
M. Bertholet louait ainsi environ 300 poèles par année, ce qui lui donnait un assez joli
revenu.
- Fonderie de St-Maurice en 1820
Les poèles en location à Montréal étaient des poèles à deux ponts, ayant une longueur de
trois pieds et demi. Un grand nombre de ces poèles sont encore en usage dans les
familles canadiennes, paticulièrement dans les districts ruraux. Ils sortaient tous de
la fonderie de St-Maurice, située à environ trois milles en arrière de Trois-Rivières.
Un poèle ordinaire coûtait $40. La fonderie appartenait autrefois à Messieurs Monroe et
Bell. Le premier se retira de la société avec une fortune considérable et les affaires
furent continuées par l'honorable M. Mathew Bell, conseiller législatif.
- La distillerie Handyside en 1820
Parlons maintenant de quelques uns des principaux négociants de Montréal. Il y avait alors
sur la rue St. Sulpice la maison de Handyside Frères, qui avaient établis une distillerie
à trois milles plus bas que la ville. Les opérations de cette distillerie ne furent pas
heureuses à cause de la concurrence du rum de la Jamaïque qui se vendait à trop bon
marché. Un des frèrs Handyside fut trouvé un matin noyé dans un puits. La distillerie
fut achetée par M. Thomas Molson.
- Quelques commerçants en 1820
Parmi les importateurs de nouveautés les plus considérables de Montréal, mentionnons
les noms de M. Alexandre Laframboise, Isidore Roy, Jean Roy et Joseph Roy qui tenaient
leurs magasins sur la rue St Paul, tout près du marché Bonsecours. M. Joseph Roy était
le père de M. Roger Roy, C. R. et de M. E. Roy, avocat. Il était propriétaire du Nelson
Hôtel, Place Jacques-Cartier, hôtel qui fut converti plus tard en théâtre.
Le théâtre devint quelques années après l'hôtel St-Nicolas, puis enfin l'hôtel Richelieu.
Nommons aussi parmi les marchands importants du bon vieux temps M. Charles Séraphim
Rodier, qui avait le plus grand commerce de détail à Montréal. Il avait une demi douzaine
de magasins sur la rue St Paul entre le vieux marché de la place Jacques-Cartier et la
rue St-Sulpice. M. Rodier amassa une fortune brillante dans son commerce. Sur ses vieux
jours il fut élu maire de Montréal de 1858 à 1862 et plus tard conseiller législatif.
En 1830 il n'y avait à Montréal qu'un seul épicier à proprement parler; c'était
M. James Ferrier qui tenait un magasin sur la rue Notre-Dame vis-à-vis le palais de
justice. Monsieur et Madame Ferrier, portaient le tablier blanc de rigueur, se tenaient en
arrière du comptoir et servaient les clients. Le commerce de la maison Ferrier fut des
plus prospères et lorsque le chef se retira il possédait une des fortunes les plus
considérables de Montréal.
M. James Ferrier est un des sénateurs de la Puissance du Canada et un conseiller
législatif de la province de Québec.
La Patrie, vendredi 9 janvier 1885, page 4.