LE BON VIEUX TEMPS
Quelques anciennes familles et leurs résidences.
- Les Molson dans les années 1820
M. John Molson arriva à Montréal en 1782 avec un capital de £5,000 en 1782 avec
laquel il fonda la première brasserie en 1786. En 1820 les vieillards se rappellent de
l'avoir vu avec une tuque bleue, en sabots avec un vêtement fait d'étoffe du pays. Il se
tenait à la porte de sa brasserie et arrêtait tous les cultivateurs
qui arrivaient en ville avec des sacs de blé ou d'avoine, pour acheter leur charge.
Le père Molson jouissait d'une grande popuilarité parmi les canadiens-français, par
sa franche bonhomie et l'honnêteté qu'il mettait dans toutes ses transactions.
C'était ce monsieur Molson qui établit la première ligne régulière de vapeurs entre
Montréal et Québec.
Lorsqu'il fermait sa brasserie le soir, il se dépouillait de son costume rustique pour
endosser l'habit noir, mettre un gilet blanc et porter un lorgnon attaché à un long
ruban. Lorsqu'il était en grande toilette, M. Molson agissait comme propriétaire de
vapeur.
Il a laissé trois fils, MM. John, Thomas et William Molson.
En 1825 la famille Molson habitait la vieille maison en pierre de taille au coin des
rues St-Laurent et Sherbrooke. C'était à cette époque la seule maison qu'il y eut sur
la rue Sherbrooke. A l'ouest de la rue St-Laurent c'étaient de vastes champs qui
s'étendaient à perte de vue.
- Les de Lotbinière dans les années 1820
Parmi les anciennes familles appartenant à la noblesse française de Montréal nous
devons nommer celle de l'honorable Charles de Lotbinière, habitant la vieille maison de
pierre qui existe encore aujourd'hui sur la rue St-Sacrement à côté de la Bourse.
M. de Lotbinière avait trois seigneuries, celles de Vaudreuil, de Rigaud et de Lotbinière.
Il était le père de trois filles d'une grande beauté. L'aînée épousa le colonel
Robert V. Harwood, et reçut en dot la seigneurie de Vaudreuil; la cadette se maria
avec M. Bingham, un millionnaire de Philadelphie et hérita de la seigneurie de Rigaud;
la plus jeune convola avec M. Joly, père de l'honorable H. G. Joly.
- Les Guy dans les années 1820
La famille Guy, dont le chef était l'honorable Louis Guy, étaient une des plus riches
et des plus influentes de Montréal. M. Louis Guy était le notaire du Roi. Il avait pour
gendre le colonel Alphonse Melchier de Salaberry, fils du héros de Chateauguay. Il avait
sa résidence sur un vaste terrain, au-dessus du Jardin Viger, à l'endroit où se trouve
aujourd'hui la rue Berri.
- Les Côté dans les années 1820
A l'endroit où sont bâtis aujourd'hui les bureaux de l'Express sur la rue
St-François-Xavier était une longue maison de pierre à un étage, couverte en ferblanc,
érigée à une cinquantaine de pieds en arrière du niveau actuel de la rue. Cette maison
était la résidence de la famille Côté. M. Côté construisit plus tard le pâté de maisons
"Près de Ville" sur la rue Lagauchetière, en face de l'Ecole des Frères de la Doctrine
Chrétienne.
On donna le nom de Côté à la rue conduisant de la rue Craig à Près de Ville, où fut
plus tard la résidence de M. Côté.
MM. Benning et Barsalou, encanteurs, ont converti en magasins l'ancienne résidence des
Côté. M. N. B. Doucet, un des plus anciens notaires de Montréal occupait autrefois une
partie de la maison en question. M. Côté était le beau-père de M. LaRocque, commandeur de
l'ordre de St-Grégoire, de M. A. Laframboise et de M. Jules Quesnel.
- Les Viger, Souligny dans les années 1820
M. Denis Benjamin Viger, occupait une maison en bois, peinte en jaune, située autrefois
au coin de la rue Dubord et de la rue St-Hubert.
M. Félix Souligny, vieux célibataire, était, en 1820, un riche armateur et commerçant de
grains de la rue St-Paul. Son magasin se trouvait en face du Bureau du Revenu de
l'intérieur sur le terrain occupé par l'établissement de MM. Frottingham et Workman.
M. Souligny, laissa sa fortune à ses neveux, deux messieurs Paré et les révérends MM.
Vinet dit Souligny.
Nous citerons parmi les familles riches et influentes en 1820 celles de M. Jules Quesnel,
de M. Lamothe, père de notre maître de poste, le comte de Beau[?]eu, Panet et plusieurs
autres dont nous aurons l'occasion de parler dans les causeries subséquentes.
La Patrie, samedi 10 janvier 1885, page 4.