LE BON VIEUX TEMPS
Le plus ancien régître de Montréal. - Le premier collège.
- Le plus vieux régistre de la Fabrique Notre-Dame:
1657 à 1778
M. le curé de Notre-Dame nous a montré ce matin dans les bureaux de la Fabrique, les
plus ancien régistre qui existe à Montréal, probablement le plus vieux de la Puissance.
C'est un volume format petit in-folio contenant 368 pages sur un papier de linge très
fort, mais jauni par la vétusté.
Ce livre contient les procès-verbaux des Marguillers de la paroisse de Montréal
depuis le 21 novembre 1657 jusqu'au 8 juin 1778.
Les procédés de chaque séance sont signés par les personnes qui y assistaient.
Le scribe du dix-septième siècle a une calligraphie dont la lecture est très difficile
pour celui qui n'a pas l'habitude de déchiffrer les vieux parchemins. Son manuscrit est
semé d'abbréviations qui nous ont rebuté dans nos efforts pour les comprendre. M. le curé,
qui possède la clef de ces hiéroglyphes, nous a lu couramment plusieurs paragraphes des
procès-verbaux. Ce n'est que vers la fin du dix-huitième siècle que les manuscrits
deviennent parfaitement lisibles pour le vulgaire.
Dans ce vieux régistre on voit toutes espèces d'écriture, la gothique, la ronde, la
bâtarde, la cursive et l'anglaise.
- Première entrée dans le premier
régistre de la Fabrique Notre-Dame: datée du 21 novembre 1657
En tête de la première page du vieux livre nous voyons l'entrée suivante:
"Le 21 novembre 1657, jour de la Présentation de Notre-Dame, les habitants de Montréal, se
sont assemblés pour procéder à l'élection des Marguillers de la paroisse du dit lieu où,
à la pluralité de leurs voix, ils ont élus les sieurs Louis Prud'homme, Jean Gervais et
J. B. Barbier, en la présence de M. Gabriel Souar, prètre, curé de la dite paroisse et de
Monsieur de Maisonneuve, gouverneur du dit lieu.
- Entrée dans le premier régistre de la Fabrique Notre-Dame
datée le 11 juillet 1773: fondation du premier collège à Montréal
En feuilletant l'antique régistre de la
Fabrique nous constatons que le premier collège a été établi à Montréal en 1773.
A la séance du dimanche 11 juillet 1773, les marguillers de Montréal ont adopté une
résolution à l'effet d'acheter la château de M. de Vaudreuil, bâti sur le site de l'hôtel
Rasco, rue St-Paul, pour en faire un collège à perpétuité. Il existait déjà à Québec un
petit séminaire, mais la grande distance de cette ville, les frais énormes du voyage, etc,
avaient engagé les habitants de Montréal à ouvrir un établissement de haute éducation.
Le château de Vaudreuil fut vendu à la Fabrique pour la somme de 19,500 francs. Les
réparations contèrent 5,144 francs. Le premier directeur fut M. Curatteau, prêtre de
St-Sulpice. Les procès-verbaux de l'assemblée où fut passée la révolution [sic] à
l'effet d'acheter le château, portent la signature de M. Montgolfier, curé, (frère du
célèbre Montgolfier, inventeur de l'aérostation,) Jollevet, Ptre., Hervieux, Lemoine,
Z. Hubert, St. Dizier et Vallée.
- Dernière entrée dans le premier régistre de la Fabrique
Notre-Dame datée du 8 juin 1776
La dernière séance des marguillers dont les procès-verbaux sont entrés dans le même
régistre est celle du 8 juin 1778 où M. Sanguinet a été élu secrétaire et greffier de la
Fabrique Notre-Dame. Le procès-verbal a été signé par MM. Montgolfier, St Dizier,
Pierre Vallée, Le Pailleur et Sanguinet.
La Patrie, vendredi 16 janvier 1885, page 4.