LE BON VIEUX TEMPS
L'esclavage à Montréal - Le cimetière des nègres - Le plus ancien régistre de
la cour criminelle - Le plus ancien document du greffier de la paix, etc.
- Un esclave à Montréal en 1835
Hier, en fouillant les archives de la Cour supérieure, j'ai trouvé un procès relatif
à l'esclavage dans la province de Québec en 1768. Ce matin M. Schiller, greffier de la
Couronne, me disait que vers 1835 il a connu un esclave à Montréal, probablement le
dernier de la province. C'était un nègre âgé d'environ soixante ans, avec la chevelure
toute blanche. Ce nègre appartenait à M. James McGill Desrivières qui résidait dans une
maison formant l'encoignure des rues Craig et St Urbain. L'esclave canadien n'était pas
traité par son maître comme celui dépeint par Mme Harriet Beecher Stowe dans la
Case de l'Oncle Tom. Son travail n'était pas pénible et sa condition n'était pas
abjecte comme celle des noirs dans le Sud. L'esclave de M. Desrivières était considéré
comme l'enfant de la maison.
- Le cimetière des Noirs à Montréal en 1800
A propos d'esclaves, je dois dire que le cimetière des nègres à Montréal en 1800 était
un lopin de terre situé au coin des rues St Jacques et St Pierre, précisément à
l'endroit où est bâti le Mechanic's Institute.
- Vieux régistre de procès-verbaux de 1785 à 1804
Le régistre le plus ancien du département du greffier de la Couronne conservé dans les
voutes du palais de justice, est un vieux volume de trois cents pages, à la reliure
grillée dans un incendie.
Ce livre comprend les procès-verbaux de la Cour des Commissaires de la Paix à Montréal
de 1785 à 1804.
La première séance mentionnée dans le volume est celle de mardi, le 23 août 1785, sous
la présidence de MM. Benjamin Frobisher, Pierre Guy et James Finlay. On y a entendu la
cause de Samuel Adams et sa femme contre John McNeil, accusé d'avoir proféré des menaces
contre les demandeurs. Les défendeurs ont été acquittés, mais la cour leur a conseillé
de ne pas renouveler leurs menaces.
La deuxième cause, qui a été entendue le lendemain, est celle de Bonaventure Viger contre
le sieur de la Brocquery et Auguste Quintal.
Les défendeurs ont été condamnés à l'amende pour avoir laissé errer sept cochons.
Le document le plus ancien se rattachent aux greffe de la paix est un bref de sommation
dans la cause de Nicolas Prud'homme, sous-voyer, demandeur contre J. B. Monet,
Jean Baptiste Gougeon et autres de la Côte St-Luc.
Le papier est daté le 11 juillet 1780 et signé par Jacques Lemoine, un des commissaires
de la paix et J. Burke, greffier de la paix. Les défendeurs étaient accusés d'avoir
négligé de réparer les clôtures de leur champs à la Côte St-Luc.
Les frais de la cour ont été taxés à 9 francs 12 sous.
Il existe beaucoup de lacunes dans les archives du palais de justice de Montréal parce
que deux fois il a fallu les sauver dans des incendies, le palais de justice ayant été
incendié le 17 juillet 1844 et en 1801.
- Le palais de justice incendié en 1801
Le palais de justice qui a été détruit par le feu en cette dernière année était situé
au coin des rues Notre-Dame et St-François Xavier, en face de l'extrémité Ouest du Cabinet
de Lecture Paroissial. A l'incendie de 1844, tous les procès-verbaux des sessions
hebdomadaires et spéciales de la paix ont été détruits.
- Vieux dossiers légaux de 1768 à 1778
Il y a des naivetés extraordinaires dans les vieillles paperasses de la Cour des
Plaidoyers communs, ainsi, en tête d'une déclaration datée le 12 février 1778 je vois:
Bazil Proulx -demandeur contre Germain Maugener, le marie de Josephte Legault
son épouse, défendeurs.
L'orthographe et le style des avocats étaient déplorables. Les avocats dont les noms
figurent le plus souvent dans les dossiers de 1768 à 1778 sont Pierre Panet, Mézières,
Foucher et Sanguinet.
Sanguinet avait la calligraphie la plus négligée et l'orthographe la moins soignée.
Voulez-vous un procès verbal d'huissier en voici un:
Je soussigné Sertifie avoir Signifié La Présente à la Pointe Claire, Métant Exprès
transporté au domicile De la femme du défendeur, En parlent à sa Personne au quel
n'en ygnore et se Du même Jour que la Présente Ma été Remi à trois heures après midis
Samedix 7e Jour de février 1778.
par moy MANTAS.
La Patrie, jeudi 5 février 1885, page 4.