LE BON VIEUX TEMPS
La première société française à Montréal - La terreur de Bytown en 1835 -
Les vapeurs de 1835 - etc, etc.
- La première société de bienfaisance française fondée en août 1835
La première société de bienfaisance française a été établie à Montréal, samedi, le
1er août 1835.
Nous copions le compte-rendu de la première séance dans un journal du temps: -
Les Français qui sont dans la Province, se trouvant en très petit nombre, se sont joints
à tous les peuples qui firent partie de l'empire afin de former une réunion qui a pris le
nom de "Société Française du Canada." Les membres de cette association sont en
conséquence, une réunion de Français, Italiens, Allemands, Suisses et de toutes les
nations qui composaient l'empire Français en 1814, ainsi que des hommes qui servirent
dans les armées de l'empereur.
La société s'est placée sous le patronage de Napoléon et elle doit célébrer la fête par
un banquet qui aura lieu le 15 août, au Café Français de Montréal, tenu par M. Augier.
Les statuts de la société sont sages et calculés de manière à étendre la bienfaisance,
non seulement parmi ses membres, mais encore parmi les étrangers qu'auraient besoin
d'assistance.
Les officiers de la société sont: M. Mariotte, président; MM. Génand et Fay,
vice-présidents; M. Lequin, secrétaire général; M. Montanari, secrétaire ordinaire;
M. Seraphino Giraldi, trésorier; M. Tonnet, archiviste, MM. Lalu, Hurie, Volfredo et
Target, officiers visiteurs; MM. Augier, Raymond d'Autel et Schwarts, membres du
comité d'administration.
- La terreur de Bytown (Ottawa): 1835
Vers la fin du mois de juin 1835 il se forma à Bytown (aujourd'hui Ottawa) une ligne
parmi les hommes de chantiers orangistes dont le but était d'empêcher les Canadiens
français de travailler dans les chantiers de ce district. Il y eut plusieurs rencontres
sanglantes entre les orangistes (Shiners, les brillants) et nos compatriotes.
La journée la plus terrible a été un mercredi dont le souvenir est gardé parmi les anciens
résidents d'Ottawa sous le nom de stony Wednesday, (le mercredi pierreux). Il y eut
dans les rues de la basse-ville des batailles en règles où les combattants étaient armés
de fusils, de pistolets et de haches. Les pierres ont plu dru comme grèle ce jour-là.
C'est pour cette raison qu'on l'appela stony Wednesday.
Un journal parle dans les termes suivants des atrocités commises à cette époque par les
"Shiners":
Nous avions déjà entendu parler des scènes horribles qui se sont passées à Bytown, mais
nous nous refusions à croire que tant de cruauté puisse passer dans l'âme d'hommes qui
appartiennent à l'époque de la civilisation. Cependant les bruits se confirment et nous
ne pouvons passer sous silence un crime qui prouve jusqu'à la plus grande évidence, ce
dont les orangistes sont capables pour assouvir leur passion de vengeance et leur soif
du sang de nos compatriotes. Des Canadiens étant allés comme d'habitude pour chercher du
travail dans les chantiers dans le district de Bytown, furent saisis en différents
endroits par des bandes de scélérats qui se ruèrent sur eux, à l'exemple des bêtes
féroces; les battirent et leur firent subir le même supplice que Combarus s'ingligea à
[?] la belle Stratonice, dans un pélérinage [?] tentation et la reine de Syrie, craignant
la [?] elle se calomnie. Notre plume s'arrête, car [?] refuse à tracer ce que notre
indignation nous inspire. On fait mettre le nombre des victime jusqu'à vingt-quatre, dont
plusieurs seraient morts de leurs blessures.
Les auteurs de ces horribles attentats contre nos compatriotes n'ont jamais été
arrêtés.
La raison de ces haines étaient que les maîtres de chantiers accordaient généralement la
préférence, et conséquemment des prix plus élevés aux Canadiens pour leur adresse en
leur infatigable assiduité dans ce genre de travail.
On disait que plusieurs maîtres de chantiers avaient fourni eux-mêmes aux orangistes les
armes dont ils se servaient contre nos compatriotes.
Plusieurs maisons ont été la proie des flammes, celles entr'autres de M. Galipeau,
citoyen respectable qui s'était fixé à Bytown et qui faisait le commerce des bois, ce
qui lui avait déjà procuré une honnête aisance.
On avait déjà tenté d'incendier ses propriétés, parce qu'on était jaloux de son
industrie, de sa prospérité et principalement parce qu'il avait souvent donné asile aux
malheureux Canadiens qu'on poursuivait. Il a fallu même être la victime d'un de ces
furieux et se vit réduit à décharger un pistolet qu'il portait presque toujours sur lui.
Le coup toucha la mâchoire de son assassin, blessure qui n'eut pas de conséquences
sérieuses.
Après cette affaire de coup de pistolet, M. Galipeau fut emprisonné plusieurs jours,
d'après l'ordre de deux magistrats orangistes, mais deux autres plus humains l'admirent
à caution. Il crut alors prudent d'abandonner sa maison et ses belles propriétés
évaluées à £700 qui peu de jours après devinrent la proie des flammes."
- Fusion de deux compagnies de vapeurs rivales en avril 1835
En avril 1835 il y eut fusion de lignes rivales de vapeurs faisant le service entre
Montréal et Québec et sur la Richelieu afin de détruire uen concurrence désastreuse entre
les deux compagnies.
Les vapeurs appartenant aux deux compagnies étaient
le Canada,
l'Aigle Canadien,
le St-Laurent,
le St-Patrice,
le John Molson,
le John Bull,
le British America,
l'Hercule,
le Varennes,
le St-George et
le Voyageur.
- Frères siamois et harponnage d'un monstre marin en 1835
Les jumeaux siamois, les frères unis Chang-Eng, furent exhibés à Montréal,
pour la première fois à l'Hôtel Rasco, le 9 juillet 1835.
Vers la même époque les frères Dupuis exhibèrent un monstre marin qu'ils avaient harponné
dans le fleuve en face de la ville.
Il y eut de grandes discussions dans les journaux du temps sur le nom du poisson qui
avait 8 ou 9 pieds de long.
Les uns prétendirent que c'était un marsouin et les autres que c'était un membre de la
famille des cétacés.
- Prospectus de la maison de banque et d'échange Viger, Dewitt et Cie
publié en février 1835
La maison de banque et d'échange Viger, Dewitt et Cie, qui devait plus tard former la
Banque du Peuple publia son prospectus le 18 février 1835.
Ce prospectus était signé par MM. L. M. Viger, L. Roy, Portelance, Jacot Dewitt, John
Donegani, Pierre Beaubien, E. R. Fabre, Charles S. Delorme, T. S. Brown, Guillaume Vallée,
François Ricard, Peter Dunn et John Pickell.
- Résidence de James McGill Desrivières en 1825: rectification
Rectifions une erreur au sujet de la résidence de M. Desrivières.
M. James McGill Desrivières ne demeurait pas en 1825 au coin des rues Craig et St-Urbain,
mais sur le côteau, à la tête de la rue Ste-Radegonde, ce que nous appelons aujourd'hui
le Beaver Hall. M. McGill Desrivières était propriétaire de toute une terre qui commençait
à la rue Lagauchetière et allait flair au collège McGill. A cette époque là il n'y avait
pas de rues Dorchester, Ste-Catherine et Sherbrooke. La terre s'étendait de la rue
St-Alexandre à la rue de la Montagne. M. McGill Desrivières vendit cette immense propriété
à un M. Philippe et vint habiter la maison qui est maintenant l'hôtel de Québec sur la
rue St-Paul.
La Patrie, samedi 7 février 1885, page 4.