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Typhus à Montréal

Le bon vieux temps

D'après des articles parus dans le journal La Patrie en février 1885.


    LE BON VIEUX TEMPS

    Le typhus à Montréal - le thermomètre à 110º.

  1. Arrivée du typhus sur les navires bondés d'immigrants au début de 1847

    Pendant le printemps de 1847 le gouvernement anglais donna une impulsion extraordinaire à l'émigration. Le flot qui s'abattit sur le Canada était l'écume de Londres, Liverpool, Dublin, Cork, Sligo et Glascow. On entassait dans la calle des voiliers qui prenaient trois semaines ou un mois à traverser l'océan, les parias des principales villes de la Grande-Bretagne. Les émigrés qui nous arrivaient étaient une foule d'hommes, de femmes et d'enfants déguenillés, décharnés, rongés par la vermine et la misère.

    Le typhus éclata à bord d'un de ces navires bondés par cet amas de chairs infectes. L'entrepont des vaisseaux au service de l'émigration offrait un spectacle encore plus horrible que l'intérieur d'un négrier.

    Le noir cachot de Calcutta n'était rien en comparaison de la cale de ces navires.

    L'Angleterre se débarrassait de tous les malheureux que lui avait laissés sur les bras la grande famine qui avait ravagée l'Irlande pendant l'année précédente.

    D'après un rapport officiel de l'émigration de la grande Bretagne publié le 4 août 1847 70,006 immigrants sont arrivés au Canada. Sur dix vaisseaux partis d'Angleterre et d'Irlande, quatre de Cork et six de Liverpool, dans le mois de juillet il y avait 4,427 passagers. Sur ce nombre 3[?]04 moururent pendant la traversée et 3[?}47 débarquèrent malades, semant l'épidémie au milieu de nos compatriotes.

    Le Larcle de Sligo, arrivé le 18 août, avait fait voile avec 440 passagers, dont 108 moururent à bord et 150 débarquèrent atteints par le fléau.

    Le Virginius partit avec 496 passagers dont 158 trouvèrent la mort dans sa cale. Le capitaine, l'équipage et 186 malades débarquèrent à la quarantaine, à la Grosse Ile. Le capitaine succomba au fléau peu de jours après son débarquement.

    Le capitaine Read du Marquis de Breadalane fut aussi victime de la contagion que son navire lui apportait au Canada.

    Le gouvernement canadien avait fait construire sur l'île de la quarantaine d'immenses lazarets en bois qui servirent de dépôt à des miliers de pestiférés.

    Les docteurs Stewart, Viviau, Pinette, Fortin et Damour se dévouèrent héroïquement pour combattre la contagion dans la Grosse Ile.

    Le Dr A Pinette de Varennes mourut victime de son zèle. Le Dr Fortin de Laprairie, aujourd'hui le député de Gaspé à la chambre des communes, fut atteint par le fléau et ramené malade à son village natal.

    La quarantaine n'empêcha pas le typhus de se rendre à Montréal.

  2. Le typhus à Montréal en 1847

    Les immigrés qui nous arrivaient portaient presque tous le germe de l'infecte maladie. Comme le dit Lafontaine:
    Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés.

    On dut contruire une triple rangée de bâtiments en bois entre la Pointe du Moulin à Vent et la culée du pont Victoria. Ce lazaret reçut des milliers de pestiférés.

    Aujourd'hui, sur le terrain où l'on a enterré les victimes du typhus, on voit un monolithe sur lequel on a gravé une inscription rappelant le passage du fléau à Montréal.

    En feuilletant les journaux de 1847, je vois qu'à la date du 22 juillet, il était arrivé à Montréal 3,500 immigrés dans les lazarets de la Pointe St-Charles.

    Pendant l'épidémie nos rues étaient désertes et le commerce était suspendu. Les étrangers s'éloignèrent de Montréal qu'ils considéraient avec raison comme un foyer ardent de pestilence.

    Le plus grand hôtel de Montréal, l'Hôtel Donegani, au couin des rues Notre-Dame et Bonsecours, constatait une diminution de £55 par jour dans ses recettes comparées à celles de l'année précédente.

    Le clergé de Montréal fut admirable de zèle et de dévouement pendant les jours terribles de juillet et d'août 1847. Les prêtres et les religieuses étaient continuellement au chevet des malades et des mourants pour leur prodiguer les sublimes consolations de la religion. Plusieurs d'entr'eux moururent victimes de leur noble dévouement. Je citerai les noms de MM. les abbés Richard et Caroffe et de M. le grand vicaire Hudon qui moururent du typhus ainsi que les révérendes Soeurs Darche, Limoges, Bruyère et Collins de l'Hôtel-Dieu et la révérende soeur Angélique Bélouin de la Providence.

    Des prêtres de la campagne voyant succomber les héros du sacerdoce de Montréal, laissèrent leurs ouailles pour courir au chevet des pestiférés. Parmi ces prêtres étaient M. Charland, curé de St Hugues, M. Pominville, vicaire de Chambly, M. Resther, directeur du Collège de Joliette, M. Lafrance, curé de St Aimé, M. Mercier, curé de Saint Vincent de Paul et M. Girouard, curé de Ste Marie de Monnoir.

    Un ministre protestant, le révérend M. Writoughby [?] fut aussi une des victimes du fléau.

    Il y eut un mouvement dans le peuple pour demander au gouvernement d'enlever les lazarets de Montréal et les placer soit dans l'île Ste-Hélène ou l'île de Boucherville. Les citoyens d'assemblèrent au marché Bonsecours et passèrent une série de résolutions démontrant à l'administration l'urgence d'éloigner de Montréal le foyer de l'épidémie. Des discours furent prononcés par MM. Holmes, Workman, Ferrier, Young, docteur Beaubien, Drummond, Dunkin, Bristow, Rodier, Gugy, docteur Coderre, et docteur Bethune.

    Le gouvernement temporisa et le fléau continua ses ravages jusqu'à la fin du mois de septembre.

  3. La température à 110 degrés à l'ombre le 7 juillet 1847

    Pendant que la pestilence était à son apogée la température s'éleva à l'ombre le 7 juillet 1847, jusqu'à 110 degrés.

    Il y eut ce jour-là plusieurs cas d'insolation. Deux cultivateurs qui étaient venus vendre leurs produits à Montréal, furent foudroyés par la chaleur en arrivant près du village de Repentigny.

    On estime à plus de 10,000 le nombre de personnes mortes du typhus au Canada pendant l'année 1847.

    La Patrie, vendredi 13 février 1885, page 4.





Jacques Beaulieu
beajac@videotron
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