LE BON VIEUX TEMPS
La tempérance en 1849 - Le choléra - Une grande procession.
- La croisade de la tempérance de 1849
Pendant l'année 1849 il s'est produit dans le Bas-Canada un mouvement extraordinaire
en faveur de la tempérance. L'apôtre de cette noble cause était M. Chiniquy, aujourd'hui
le malheureux apostat de Kenkakee.
Dans le bon vieux temps M. Chiniquy était doué d'une éloquence extraordinaire, sa parole
magique entraînait tous ses auditeurs. En renonçant à sa foi il a perdu tout le prestige
de sa parole. Il n'est plus que l'ombre de lui-même.
En feuilletant les Mélanges Religieux de 1849, je vois plusieurs articles sur les
prédications de l'apôtre de la tempérance. Chaque fois qu'il paraissait dans la chaire
de Notre-Dame l'édifice était littéralement bondé de fidèles et des centaines de
personnes ne pouvaient réussir à y entrer.
J'extrais les notes suivantes du journal que je viens de mentionner:
"Du 8 au 22 juin (1849) M. Chiniquy a reçu l'engagement de 2,200 personnes à St-Benoît,
1,100 à St-Hermas, 1,720 à St-Augustin, 2,683 à St-Jérôme, 430 dans le township
d'Abercrombie, 2,510 à Ste-Scholastique et 1,315 à St-André Avelin. En sorte que dans
l'espace de quatorze jours M. Chiniquy n'a pas agrégé à la tempérance moins de onze mille
neuf cent soixante trois personnes.
Le même journal dit dans un autre numéro:
"Chiniquy en dix huit mois nous a donné plus de 500 sermons en 110 localités, enrôlant
sous la bannière de la tempérance plus de 200,000 soldats."
Pauvre Chiniquy! Il est bien changé depuis 1849.
- Le choléra: de juillet et août 1849
Pendant la même année le choléra a visité la province du Bas-Canada, mais ses ravages
furent loin d'être aussi considérables qu'en 1832.
Le fléau fit son apparition à Québec le 4 juillet et quelques jours après il était rendu
à Montréal.
Voici une statistique des décès causés à Québec par le choléra asiatique depuis le 4
jusqu'au 18 du même mois:
4 juillet................... | 2 |
5 juillet................... | 1 |
6 juillet................... | 0 |
7 juillet................... | 4 |
8 juillet................... | 7 |
9 juillet................... | 9 |
10 juillet................... | 8 |
11 juillet................... | 11 |
12 juillet................... | 15 |
13 juillet................... | 28 |
14 juillet................... | 40 |
15 juillet................... | 30 |
16 juillet................... | 53 |
17 juillet................... | 40 |
18 juillet................... | 27 |
A Montréal, le choléra atteignit son apogée le 14 juillet, jour où il fit 50 victimes.
Le 16, il y eut 30 décès, le 23, la mortalité était de 29. Le 30, le chiffre tomba à 10,
le 2 août, à 5, et le 10 du même mois, on n'enregistrait qu'un seul cas fatal. Le fléau
disparut complètement pendant la semaine suivante.
Les rues de Montréal qui souffrirent le plus pendant l'épidémie furent les rues Ste
Catherine, 59 décès, la rue Visitation, 18 décès, et la rue St Antoine 42 décès.
Le chiffre de la mortalité dans les autres rues était insignifiant.
Des prières publiques furent faites dans toutes les églises, protestantes comme
catholiques, demandant à Dieu de faire cesser le fléau.
- La grande procession du 22 juillet 1849
Le 22 juillet il y eut à Montréal la plus grande procession dont nos pères aient eu
connaissance. Voici un compte-rendu de cette démonstration publié dans la Minerve
du 22 juillet:
Dimanche, après vêpres, le clergé de toutes les églises catholiques de Montréal a invité
le peuple à se rendre à la chapelle de Bonsecours pour s'y former en procession et réciter
des prières publiques, afin d'obtenir du ciel par l'intercession de la Ste-Vierge la
cessation du choléra. On n'a jamais vu en ville une réunion aussi nombreuse et aussi
imposante, on l'estime de 18,000 à 20,000. La procession a défilé pendant une heure et
demie par la rue St-Paul et la rue Notre-Dame dans le plus grand ordre et le plus
grand recueillement. La procession a commencé vers cinq heures et ne s'est dispersée
qu'à neuf heures."
La Patrie, mardi 10 mars 1885, page 4.