LE BON VIEUX TEMPS
Tournois de pompes à incendie en 1850 - Perry vs Lepage.
- Le tournois de deux modèles de pompes à incendie le 29 août 1850
En 1850 deux constructeurs de pompes à incendie se faisaient une concurrence acharnée,
MM. Perry et Lepage.
La pompe Montréal, stationnée sur la place Dalhousie, avait été construite par
M. Lepage et avait la renommée d'être la plus puissante de la ville.
M. Perry était jaloux du succès de son rival et construisit la pompe Union qui
fut stationnée sur le marché au foin (aujourd'hui la place Victoria). Appuyée par les
Anglais, M. Perry crut qu'il ferait pâlir l'étoile de M. Lepage.
Il lança un défi à son rival, défi qui fut accepté immédiatement par la voie des
journaux.
La lutte devait avoir lieu à l'endroit ordinaire de ces tournois, c'est à dire sur la
Place d'Armes.
Voici le compte-rendu de l'affaire tel qu'il a paru dans la Minerve du 30 août
1850:
Hier on a fait l'essai des pompes de Montréal et Union sur les tours de
Notre-Dame. La pompe Montréal construite par M. Lepage a lancé l'eau 5 ou 6 pieds
plus haut que l'Union, construite par M. Perry. cependant les experts, MM.
Broudson, Frost et Spiers, ont décidé que l'Union avait lancé son eau à 147 pieds
et la Montréal à 144 pieds, et voici la raison; c'est que l'eau de la première a
mouillé la pierre de la tour à 147 pieds, tandis que l'autre ne l'a mouillé qu'à 144.
Cependant il est reconnu par tous les assistants que l'eau lancée par la pompe Lepage
est montée à plus de 150 pieds, c'est-à-dire à la troisième barre de la persienne qui
est au-dessus du cadran, et que l'Union ne l'a lancée qu'au cadran. Pourquoi l'eau
n'a-t-elle pas touché la tour à la hauteur à laquelle elle est montée? c'est la faute
de ceux qui tenaient la lance et qui l'ont mal dirigée.
Cependant tous ceux qui étaient là ont décidé que la pompe Lepage était supérieure à
l'autre.
On a ensuite fait l'essai des deux pompes en lançant l'eau d'une pompe à l'autre,
c'est-à-dire que celle qui noierait l'autre en la remplissant d'eau serait la plus forte.
Quand on s'aperçut que l'Union allait être submergée la première, on a ôté l'eau
de la pompe Lepage.
La Patrie, vendredi 13 mars 1885, page 4.