- jeudi 1er septembre 1887, page 4
ASSISES CRIMINELLES
Séance de jeudi, 1er septembre.
Présidence de l'hon. juge Baby.
... L'honorable juge Baby, président a adressé aux jurés le discours suivant:
... Une accusation de vol de lettre vous sera aussi soumise. Nos statuts avec raison punissent
sévèrement ce genre de crime, car il renferme un grand abus de confiance. Choisi, vu sa
bonne position sociale et sa probité supposée, pour remplir un poste responsable dans
l'administration publique, l'inculpé est accusé d'avoir détourné plusieurs lettres
chargées et de s'en être approprié le contenu. La preuve entendue nous fera voir comment
il a été découvert...
- mardi 13 septembre 1887, page 2
Cour du Banc de la Reine
Séance du 12 septembre.
Présidence de l'hon juge Baby.
MM. Sicotte et Doucet, greffiers de la couronne.
La Couronne est représentée par M. Greenshields, C.R.
M. Hall représente le département des postes d'Ottawa...
Thomas Jean Lesieur est appelé à la barre et subit son procès sur l'accusation de vol
de lettres au bureau de poste.
Pendant l'appel des jurés, M. Paul Décary, déclara qu'il est préjugé dans la cause et ne
peut donner le bénéfice du doute au prisonnier.
Il est récusé.
Le jury choisi est français. MM. Poirier et Cholette comparaissent pour l'accusé.
Joseph L. Palmer, premier commis du bureau de poste, donne son témoignage en anglais et
dit qu'il connait le prisonnier employé à la distribution des lettres depuis dix-sept
mois.
Le prisonnier était employé à distribuer dans les boîtes les lettres reçues par la malle.
La maison White a la boîte 1786 au bureau de poste.
Mercredi, le 10 août dernier, le témoin était en devoir au bureau de poste de Montréal.
Depuis quelques temps des plaintes étaient faites, entr'autres le neuf août, par M. Brown,
agent de la maison White. Le témoin suggéra à ce dernier d'adopter le procédé d'une
fausse lettre (Decoy letter). Le vendredi vers sept heures il mit dans la boîte deux
lettres adressées à M. E. J. Ehite et Cie. Ces lettres contenaient deux billets du
Dominion.
Le prisonnier était chargé de les distribuer. Vers neuf heures, M. Brown est venu déclarer
qu'elles n'étaient pas encore dans la boîte. Il fut conduit à M. Lamothe, maître de poste.
Le prisonnier était sorti du bureau de 8 10 à 8 30 hrs a.m. environ. Le témoin retourna
à son poste, mais se rendit immédiatement auprès du détective Fahey.
M. Brown et l'espion de M. Fahey suivirent le prisonnier jusqu'à son arrestation.
Louis Bissonnette, député grand connétable, dit que le détective Cullen lui a remis le
billets suivants trouvés sur le prisonnier:
Un billet de $2 du Dominion portant le No 323,430; deux billets de 1$ du Dominion,
No 891,788 et l'autre No 833, 185; ce dernier de la classe C.
Le témoin Pamer continue son témoignage et dit qu'il a fait la comparaison de ses
billets avec un mémoire des billets déposés dans les fausses lettres et que les numéros
correspondaient. Ce jour là le prisonnier était sorti du bureau de poste vers dix heures
et demi.
Transquestionné.- Le témoin dit que dans la section de S à Z, il y a entre 300 à 400
boîtes ce matin là, le prisonnier était seul dans cette section.
Les commis des autres sections peuvent avoir accès à ces boîtes là. Un autre employé
pouvait arriver à la boîte de White, sans que le témoin en eût connaissance. Le témoin
dit qu'il est emplyé au bureau de poste depuis vingt six ans et que beaucoup de lettres
sont volées.
Il ignore combien la maison White a de clefs pour sa boîte. Il arrive que des voleurs
se servent de fausses clefs pour ouvrir les boîtes. Entre 8 et 8 30 heures, jour du vol,
deux autres employés sont sortis.
Francis M. Brown, agent à Montréal de la maison White de New-York, dit qu'il a fait des
plaintes pour lettres volées, et a préparé les fausses lettres. Il suivit le prisonnier
au St Lawrence Hall, puis à trois autres hôtels sur la rue St Jacques. Il fit enter ses
commis dans les buvettes. Le prisonnier continua avec trois amis au restaurant Castonguay,
de là à un restaurant sur la rue St Gabriel, puis à un autre un peu plus loin (Mme Vervais),
puis entra dans le restaurant St Johns. Le témoin fit changer un $10, mais il ne trouva
pas de billets marqués parmi le change. On le suivit jusqu'au rstaurant au coin des rues
Champ de Mars ete Gosford. Le témoin reconnaît M. Stanislas Fortin dans le restaurant.
la cause s'ajourne à deux heures.
Séance de l'après-midi
... On continue l'audition des témoignages dans l'affaire Lesieur.
- mardi 13 septembre 1887, page 4
ASSISES CRIMINELLES
9 septembre.
Présidence de l'hon juge Baby.
MM. Sicotte et Doucet, greffiers de la couronne.
La Couronne est représentée par M. Greenshields, C.R.
M. Hall représente le département des postes d'Ottawa.
M. F. Brown continue à rendre son témoignage. Il dit qu'il a suivi le prisonnier dans
l'hôtel chez M. Fortin, rue Gosford, où le prisonnier prit un verre et le paya avec un
billet d'un dollar. Le témoin prit ensuite un verre de sherry et un cigare et paya avec
un billet de $5, en retour duquel il re^cut comme change le billet d'un dollar que le
prisonnier avait donné. Le témoin constata que ce billet portait le numéro de celui qui
avait été mis dans la lettre volée. Ayant appelé le constable Cullen, il fit arrêter le
prisonnier.
Stanislas Fortin jure que Lesieur a été prendre un coup chez lui.
Le constable Cullen déclare que c'est lui qui a arrêté Lesieur et qui lui a enlevé son
argent.
M. Bissonnette, assistant connétable, déclare qu'il a reçu plusieurs billets de banque
du prisonnier.
En transquestion.- Je ne fais que produire ses billets. Chs Harry Irmatinger, détective,
dépose comme suit:
Le 12 avril dernier, j'ai suivi le prisonnier, je l'ai guetté toute la matinée, j'ai connu
M. Brown ce jour-là. J'ai vu le prisonnier sortir du bureau de poste et et vers 1 heure
p. m. du même jour, il était arrêté. J'ai toujours gardé le prisonnier à vue ce jour-là.
MM. Brown, Palmer et Church, le suivaient en même temps que moi. En sortant du bureau de
poste, le prisonnier est allé au St Lawrence Hall, où il a bu un verre, de là il se
rendit au No 84 rue St Jacques. Je pris un verre là en même temps que le prisonnier. Il
se rendit ensuite chez M. Laurin, rue St Jacques. Il le vit sortir ensuite pour se rendre
chez McCarthy Côte St Lambert. Je n'entrai pas avec lui. Il n'était pas seul il avait
deux ou trois amis avec lui. Il se rendit ensuite au salon de Castonguay, coin de la rue
St Gabriel. De là, il se rendit à l'hôtel Bourassa. Il entra à la suite du prisonnier
avec M. Brown. 3 amis étaient avec Lesieur.
Le prisonnier se rendit ensuite à l'hôtel Sabourin. Je le suivis, mais n'entrai pas dans
l'hôtel. Il entra ensuite au No 24 rue St Vincent, et de là chez Maybanks. Ensuite il
entra au No 114 rue du Champs de Mars, puis à l'hôtel Fortin. Il est demeuré 5 à 10
minutes au No 114 rue du Champs de Mars.
Pendant que je suivais le prisonnier, M. Palmer me donna les numéros des billets contenus
dans les lettres chargées. Je l'ai vu sortir de chez Fortin.
C'est après cela que j'envoyai chercher Cullen pour faire arrêter Lesieur. Il fut conduit
au poste central. Le prisonnier fut fouillé par M. Cullen et l'on découvrit différents
argents sur lui. Le prisonnier déclara alors qu'il ne savait pas pourquoi on l'arrêtait.
En transquestion.
Je suis détective depuis quatre mois. Je suis expert dans le métier. Le jour en question,
je suivis de près le prisonnier. Le seul endroit où le prisonnier ait arrêté est chez
McCarthy. Il ne pouvait aller ailleurs dans que je le visse.
J'ai fait des recherches pour les billets disparus et je ne les ai pas trouvé. Je n'ai
pas vu le prisonnier payer son verre au St Lawrence Hall. Je n'ai eu aucune conversation
avec M. Fahey au sujet de mon témoignage. J'ai fait mon rapport le jour de l'arrestation.
La seule chose que le prisonnier m'ait dit lors de l'arrestation c'est que j'étais fou et
qu'il y avait une place pour moi à l'asile.
Michael Joseph Church, emplyé chez M. Fahey, détective. Le 12 août à huit heures et demie
j'ai vu le prisonnier entrer au St Lawrence Hall, puis en ressortir quelques minutes
plus tard, pour rentrer au bureau de poste.
Vers onze heures et demie, je l'ai vu enter dans un restaurant de la rue Saint Vincent,
tenu par M. Catudal, puis chesz May Bank, ensuite rue du Champ de Mars et enfin chez Fortin.
Le billet que le prisonnier a donné chez Fortin pour payer portait le même
numéro qu'un des billets disparu.
Séance de l'après-midi.
On a continué l'examen des témoins de la défense qui ont déclaré que la réputation du
prisonnier était bonne.
M. A. E. Poirier commence ensuite son plaidoyer en faveur du prisonnier. M. Poirier a été
éloquent comme d'habitude.
- mercredi 14 septembre 1887, page 2
Acquittement
M. Thos. J. Lesieur, accusé du vol de lettres chargées, a été acquitté hier soir par le
jury.
Lesieur a été retenu prisonnier, en verty du second acte d'accusation porté contre lui.
- lundi 26 septembre 1887, page 2
ASSISES CRIMINELLES
...
SECOND PROCÈS LESIEUR
Thomas Jean Lesieur est appelé à la barre et subit son procès pour vol de lettres au
bureau de poste. Comme on le sait, Lesieur a déjà comparu pour répondre à l'accusation
d'avoir volé une lettre chargée contenant deux billets d'une piastre du Dominion et il
fut acquitté.
La présente accusation est pour vol d'un billet de $2 renfermé dans les mêmes enveloppes.
Comme les circonstances sont les mêmes que dans la première accusation, ce sont aussi
les mêmes témoins et les mêmes témoignages que nous avons déjà publiés.
Le premier témoin assermenté est M. Francis Brown, agent de la maison White; il a suivi
le prisonnier au Saint Lawrence Hall, puis à trois autres restaurants. Enfin au
restaurant Fortin où le prisonnier a offert en paiement un billet de banque que le témoin
reconnut comme étant un de ceux déposés dans une lettre à la poste.
Louis Bissonnette, député grand connétable, produit les billets de banque trouvés sur le
prisonnier.
- lundi 26 septembre 1887, page 4
ASSISES CRIMINELLES
Présidence de l'hon juge Baby.
MM. Sicotte et Doucet, greffiers de la couronne.
La Couronne est représentée par M. Greenshields C.R., et Préfontaine, C.R.
On a continué ce matin le procès de T. J. Lesieur, accusé de vol de lettres.
M. Palmer est le premier témoin appelé. Le témoignage de M. Palmer est à peu près de
même que celui que nous avons déjà publié.
Au cours du témoignage de M. Palmer, M. A. E. Poirier, avocat de la défense s'oppose
à la production de billets autres que celui qu'on accuse le prisonnier d'avoir volé.
Objection renvoyée.
SÉANCE DE L'APRES MIDI
La cour s'ouvre à 2 heures.
Michael Joseph Church, de l'agence de Fahey rend son témoignage.
Lui, Ermatinger et Brown ont filé le prisonnier. Le témoin était présent quand on a
arrêté le prisonnier et qu'on l'a fouillé. Il a comparé les numéros des billets trouvés
sur Lesieur avec le mémoire qu'avaient MM. Brown et Palmer et les numéros correspondaient.
Il n'a pas vu de timbres-postes.
George Low du département des finances à Ottawa, pour l'émission et le rachat des billets
du gouvernement. On lui montre le billet de $200 et il dit qu'il a été émis le 14 avril
1887. Il y a des billets payables à Montréal, à Toronto et à Halifax, c'est marqué sur le
dos du billet.
Les billets sont imprimés 4 à la fois, portant tous quatre le même numéro, mais distingués
par les lettres A B C D. Le témoin dit que le billet de $2 trouvé sur la personne du
prisonnier est le seul qui porte le numéro 323,430.
A Montréal, le numéro le plus élevé est dans les 340,000.
On continue l'interrogatoire du témoin.
- mardi 27 septembre 1887, page 2
ASSISES CRIMINELLES
Présidence de l'hon juge Baby.
MM. Sicotte et Doucet, greffiers de la couronne.
La Couronne est représentée par M. Greenshields,C.R.
Nous publions la suite des témoignages donnés hier soir dans l'affaire Lesieur.
M. Hamelin est assermenté; son témoignage et le même que dans la première accusation
contre le prisonnier. La matin du vol il est parti de chez lui, rue Sanguinet, vers 8
heures et dix minutes pour se rendre à la place Chaboillez ches son père. En passant
par la rue Craig, vis-à-vis le bureau de poste, il fit la rencontre de Lesieur et lui
offrit un verre de bière. Ils entrèrent tous deux dans un restaurant, et Lesieur paya la
dépense avec de la monnaie. Lesieur demanda alors au commis de barre, M. Monette de lui
changer $5. Monette lui remit un billet de $2 du Dominion. Puis tous deux sortirent
du restaurant; il pouvait être alors un peu plus que huit heures et demie. Quelque
temps après, ajoute le témoin, Monette est disparu.
Questionné par l'avocat de la couronne: Hamelin répondit que Monette était aux Etats Unis.
Le reconnaîtriez-vous? Oui répondit le témoin. A l'instant Monette fut introduit
en cour en face du témoin. L'arrivée de ce nouveau personnage occasionna un mouvement de
surprise chez les assistants.
Reconnaissez-vous M. Monette? lui demanda l'avocat de la couronne. Oui répondit le
témoin. On vit ce dernier pâlir, ses yeux se collèrent, sa tête se pencha en avant, et il
tomba évanoui entre les bras de deux constables accourus pour le soutenir.
On emporta le témoin dans une salle voisine où on lui donna les soins nécessaires.
MM. L E A Cholette, R Lemieux, Louis A Gagnon, J P Cholette, Dr J N Wattier,
H C St Pierre et J T R Loranger rendirent ensuite leurs témoignages, déclarant que
l'accusé avait toujours joui d'une bonne réputation.
M. Monnette donne ensuite son témoignage, contre-disant les avancés d'Hamelin.
A six heures, hier soir, M. Hamelin, qui s'était évanoui en rendant son témoignage, a été
arrêté sur deux accusations de parjure.
- mardi 27 septembre 1887, page 4
ASSISES CRIMINELLES
Présidence de l'hon juge Baby.
MM. Sicotte et Doucet, greffiers de la Couronne.
La Couronne est représentée par M. Greenshields C.R., et Préfontaine, C.R...
Lesieur est amené à la barre.
M. Préfontaine déclare que d'après certaines informations que la Couronne a en sa
possession, il serait désirable que le témoin Hamelin fut de nouveau amené dans la boîte
aux témoins pour faire réparation devant la cour de certains passages de témoignage
qu'il a rendu hier.
M. Poirier s'objecte à cela et la cour maintient l'objection.
M. Poirier commence alors son discours aux jurés. Il a été très éloquent.
Il fut suivi de M. Barry.
MM. Préfontaine et Hall ont ensuite adressé aux jurés.
- mercredi 28 septembre 1887, page 3
L'affaire Lesieur
Il y a eu foule toute la journée hier à la Cour Criminelle.
On a porté grand intérêt aux plaidoieries des savants et brillants avocats occupant pour
la poursuite et les autres pour la défense dans l'affaire Lesieur.
Dans la séance de l'après-midi, M. Hall adresse la parole aux jurés. Après avoir dit
quelle punition mérite le vol d'une lettre et d'une lettre chargée, l'avocat dit que,
s'il faut s'apitoyer sur le sort des parents de l'accusé, il ne faut pas oublier ces
mères de famille qui attendent en vain trop souvent des lettres contenant de l'argent qui
ne leur viennent popint, étant soustraites par des employés publce[?]. Il commente
ensuite la preuve.
M. Préfontaine succède à M. Hall.
L'honorable juge Baby succèda ensuite aux avocats de la Couronne, puis les jurés se sont
retirés jusqu'à ce matin à dix heures.
- mercredi 28 septembre 1887, page 4
Les sentences
Il y avait foule ce matin à la Cour du Banc de la Reine.
Lesieur est appelé à la barre.
On appelle les messieurs du jury, qui ne se sont pas accordés sur leur verdict.
Le juge s'adressant au jury dit: "La Couronne n'a pas le droit de vous demander les
raisons pour lesquelles vous ne vous accordez pas, mais elle peut vous dire ceci; c'est
qu'elle espère que vous n'aurez pas à regetter l'acte que vous commettez aujourd'hui.
Vous pouvez vous retirer messieurs.
- vendredi 4 novembre 1887, page 4
COUR DU BANC DE LA REINE
4 novembre.
...
Thomas Lesieur, accusé de vol de lettres chargées, est appelé à la barre.
M. Poirier, avocat de l'accusé, demande un jury français.
M. Préfontaine s'y objecte et on procède à l'assermentation d'un jury mixte. Plusieurs
jurés ont été récusés, les uns parce qu'ils étaient préjugés dans la cause.
M. Poirier demande que tous les témoins de la Couronne se retirent dans une autre
chambre.
M. J. S. Hall, qui représente le département des postes dans cette cause, explique la
cause aux jurés.
M. Brown, détective, est appelé comme témoin et la cause continue.
- samedi 5 novembre 1887, page 3
COUR DU BANC DE LA REINE
Séance du 4 novembre (après-midi.)
M. Francis M. Brown, est le premier témoin entendu et son témoignage occupe la cour
jusqu'à une heure.
A deux heures et demi, à la reprise de la séance, on annonce qu'un des jurés, M. Stanislas
Toupin est malade. Le sergent Desjardins part pour chercher un médecin et revient bientôt
avec le Dr Mount.
Quelques minutes plus tard, M. Mount déclare à la cour que M. Toupin ne peut remplir
ses fonctions maintenant, mais que cela lui sera peut être possible dans une demie-heure.
La séance est suspendue.
- samedi 5 novembre 1887, page 3
Le procès Lesieur
L'on croit que le procès de Lesieur va de nouveau recommencer, vu que l'un des jurés est
malade et se trouve incapable de continuer à servir comme tel.
- lundi 7 novembre 1887, page 4
COUR DU BANC DE LA REINE
7 novembre.
Présent: l'honorable juge Dorion.
M. L. W. Sicotte, greffier de la Couronne.
MM. Préfontaine et Greenshields, avocat de la Couronne.
On a recommancé ce matin le procès de Lesieur, accusé de vol de lettres chargées. C'est le
quatrième procès que l'on fait subir à Lesieur. Si le jury ne s'accorde pas cette fois,
Lesieur sera remis en liberté. Plusieurs personnes ne se gênent pas pour dire qu'il aurait
dû l'être immédiatement après le second procès.
Voici le nom des juges assermentés dans la cause Lesieur: Wm Tellford, Henry Kale,
Joseph Choquette, Damase Moineau, Joseph Stodden, Joseph Brown, Ludger Sénécal,
Wm A Bell, Onésime Blain, Wm Chapman, François Saint-Cyr et Joseph Beauchamp.
- mardi 8 novembre 1887, page 4
COUR DU BANC DE LA REINE
...
Lesieur est appelé et le jury entre en cour.
Henry Heirmendinger, détective de l'agence Fahey, donne son témoignage...
- mercredi 9 novembre 1887, page 4
COUR DU BANC DE LA REINE
...
... puis on reprend le procès Lesieur.
MM. R. Lemieux et G. T. R. Loranger témoignent de la bonne réputation de l'accusé et les
plaidoiries commencent.
M. A. E. Poirier adresse le premier la parole aux jurés. M. Poirier a été très éloquent,
comme d'habitude.
Il a rappelé toutes les circonstances du procès et a fait voir les contradictions existant
dans la preuve. La péroraison qui a été des plus pathétiques a arraché les larmes de plus
d'un juré.
Il a été suivi de M. Barry, puis de MM. Préfontaine et Hall pour la couronne.
Le juge adresse ensuite au jury, puis ce dernier se retire pour délibérer.
- jeudi 10 novembre 1887, page 4
COUR DU BANC DE LA REINE
Présent: l'honorable juge Dorion.
M. L. W. Sicotte, greffier de la Couronne.
MM. Préfontaine et Greenshields, avocats de la Couronne.
Il y avait foule ce matin à l'ouverture de la Cour du Banc de la Reine. Le public
s'était porté là par suite de l'intérêt qui se rattache au jeune Lesieur, accusé de vol
de lettres chargées...
Au moment où le greffier appelle l'affaire Lesieur à la barre, il se produit un certain
mouvement dans la salle.
On fait sortir le jury de sa retraite, puis on leur demande s'ils se sont entendus sur un
verdict.
"Non," est la réponse générale.
"Plusieurs d'entre nous, dit le juré St-Cyr, le trouvons coupable d'avoir été trouvé en
possession d'argent volé, d'autres le trouvent coupable d'avoir été trouvé en possession
d'argent, sachant qu'il était volé."
"Il est regrettable, fait remarquer le juge, que vous ne puissiez vous entendre sur une
cause semblable, mais c'est votre affaire. Vous êtes déchargés.
MM. A. E. Poirier et Dr Barry ont été félicités par les membres du barreau qui étaient
présents, de l'habileté dont ils ont fait preuve dans cette cause.
C'est l'opinion générale que l'on n'entendra plus parler de cette cause, et que Lesieur
sera libéré à la fin du terme.
- mercredi 16 novembre 1887, page 4
Lesieur remis en liberté
Ce matin, T. J. J. Lesieur accusé de vol de lettres chargées, et acquitté dans trois
procès différents a été remis en liberté sur sa caution personnelle. Le prisonnier est
arrivé en cour vers 11 heures et après les formalités d'usage fut remis en liberté.
En sortant de la Cour, le jeune homme rencontra son avocat, M. A. E. Poirier, qui a
conduit sa cause avec le talent que l'on sait. L'entrevue fut touchante. Les larmes aux
yeux et la voix coupée par les sanglots, il remercia avec effusion le jeune et brillant
criminaliste: "Vous avez sauvé mon honneur et celui de ma famille, dit-il en s'éloignant,
Dieu vous en tiendra compte."