Lettre de Joseph Bélanger, jésuite, à sa soeur Émilienne Bélanger à l'occasion de ses
80 ans, le 16 mars 1966
- POUR TES 80 ANS -
Ma chère Emilienne,
80 ans! Est-ce croyable? Tu tiens bon encore, alors que tant d'autres plus jeunes sont
réduits à l'impuissance totale. Je te vois à la cuisine préparant toi-même tous les
plats, au bas desquels on pourrait mettre l'inscription: faits pour plaire. Je te vois
dirigeant ta maison dans tous les coins et recoins. La politique t'intéresse - et pourquoi
pas: il le faut, de nos jours surtout -, de même que l'art, les mots croisés, sans oublier
la chose la plus importante: approfondir tes connaissances religieuses pour les mieux
vivre.
Les problèmes sociaux et familiaux sont loin de te laisser indifférente. Tu t'inquiètes
à bon droit de l'esprit d'un bon nombre de jeunes de nos jours qui ne veulent plus subir
le joug de l'autorité. Le laisser-aller de beaucoup de parents au sujet de leurs devoirs
religieux et dans l'éducation de leurs enfants ne va pas sans t'attrister profondément.
Mais ce qui provoque notre admiration pour toi c'est ton grand esprit de foi qui
s'efforce d'accepter joies et souffrances comme de la main de Dieu; n'est-ce pas que
tout cela est une grâce, Dieu ne voulant toujours que le plus grand bien de notre âme?
Epouse et mère, tu es la dame du bon conseil, la dame du bon secours à ton cher époux, à
tes chers enfants, à tous ceux et celles qui viennent te confier leurs problèmes, leurs
peines. Aussi, tous et toutes regardent ta présence au milieu de nous comme une faveur
du ciel.
Pour terminer, j'ai cru te faire plaisir en te citant le dernier couplet de la chanson
de Théodore Botrel "Les Mamans", chanson que tu chantais, jeune fille, avec tant de coeur
et qui t'a valu tant d'applaudissements:
"Puis redoublez de gentillesse
Lorsque leurs cheveux seront blancs.
Pour mieux égayer leur vieillesse
Redevenez petits enfants.
Entourez-les de vos tendresses,
Soyez câlins, soyez aimants.
Ne ménagez pas vos caresses,
Car ça fait plaisir aux mamans."
Le 16 mars, 1960.
Ton petit frère Jos., S.J.
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