Le programme en partie numérisé ici est
la propriété d'Odile Malépart,
nièce de Germaine Malépart
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Premier récital public de Germaine Malépart
après son retour d'Europe,
donné le 21 novembre 1922 au Ritz-Carlton à Montréal
Article annonciateur du concert:
Récital Malépart
Notre jeune compatriote, Mlle Germaine Malépart, qui s'est longtemps fait attendre,
nous donnera enfin un récital de piano dont elle fera entièrement les frais.
Pour les dilettantes, Mlle Malépart n'est pas une inconnue: chacun se rappelle
l'enthousiasme qu'elle a soulevé par un concert avant son départ pour l'Europe, en 1917.
Mlle Malépart a fait ses premières études musicales avec M. Arthur Letondal qui a su
diriger la brillante élève vers la route du succès, augure d'un bel avenir. Boursière du
gouvernement de la province de Québec et du "Ladies Morning Musical Club" Mlle Malépart
a étudié quatre ans en Europe le piano, l'harmonie, le contrepoint, avec des maîtres tels
que Isidore, Philipp, Maurice Amour, Robert Broche. Et c'est le fruit d'un travail
consciencieux servi par des dispositions artistiques étonnantes que Mlle Malépart fera
goûter à l'auditoire anxieux de l'entendre, mardi le 21 novembres, dans les salons du
Ritz Carlton.
Les billets sont dès maintenant en vente chez: Archambault, Lindsay et Raoul Vennat.
Couverture du programme
Programme
Compte-rendu de Henry Max pour La Patrie
CONCERT DE Mlle MALEPART
Nous avons eu, hier soir un parfait exemple de ce que peuvent produire des dons naturels
exceptionnels soumis à l'étude enthousiaste et sérieuse et développée avec un rare
bonheur.
Mlle Germaine Malépart a joué devant un auditoire très sélect où se distinguaient
plusieurs personnalités du monde musical. La salle du Ritz Carlton était remplie du bas
jusqu'en haut.
Le public montréalais fit un chaleureux accueil à la jeune pianiste dont c'était le
premier concert depuis son retour d'Europe. Il y eût avalanche de fleurs et de
sympathiques applaudissements marquèrent la fin de chaque pièce.
Mlle Malépart possède des qualités de clarté, de précision rythmique; un beau toucher, un
phrasé aux coutours bien arrêtés; enfin une émotion communicative empreinte de sincérité
et de distinction.
Nous sommes en présence d'un talent très personnel. Et le public ne s'y est pas mépris.
Son attention n'a pas fléchi un moment, tant il était retenu par le charme des pièces et
l'interprétation qu'en donnait l'artiste.
Dès le début, par les "Variations en ut mineur" de Beethoven, Mlle Malépart, s'était déjà
campée devant son auditoire. Avec les "scènes d'enfants" de Schumann, elle nous fit
pénétrer dans cette série de tableaux. Le charme intime de la musique de Schumann se
révèle en maints endroits, notamment dans la "Rêverie", une des compositions les plus
connues de Schumann, transcrite pour tous les instruments et raclée par tous les
violonistes du monde, que Mlle Malépart a su traduire avec un sentiment nouveau.
La faveur de l'auditoire alla au "Nocturne en ut dièse mineur" de Chopin: Ce ne fut pas
sans raison. Le Nocturne de Chopin ne pouvait manquer de susciter beaucoup d'enthousiasme.
Il fut joué avec une technique rare, une belle interprétation. On pourrait dire que ce
fut la pièce de résistance du concert. Le talent de Mlle Malépart s'y montra en toute
sincérité, avec aisance et fut mis en pleine valeur.
Il s'est trouvé des gens - en tout petit nombre, heureusement! - pour sortir avant la
Dixième Rhapsodie de Liszt avec l'intention manifeste de ne pas entendre "ces acrobaties
de saltimbanque". Je ne sais rien de plus ssnob ni de plus ie=neffable. C'est tant pis
pour eux. Car la Rhapsodie de Liszt, fut jouée par Mlle Malépart avec une sûreté et un
brio extraordinaires. L'exécution de ce dernier numéro valut à Mlle Malépart un rappel
qu'elle donna sans se faire prier à un auditoire décidé d'avance à ne pas s'en aller
sans l'avoir obtenu.
Le public qui vient d'accorder un triomphe à Mlle Malépart sera toujours aussi fidèle,
je l'espère, à lui donner ses bravos; car il a prouvé, hier soir, que les artistes
canadiens n'étaient pas tous condamnés à jouer devant des banquettes vides, qu'il savait
reconnaître le talent véritable et, au besoin, fêter le retour d'une compatriote qui
est aussi une grande artiste.
Henry Max.
La Patrie,
mercredi 22 novembre 1922,
page 8.
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