Par l'autre bout de ma longue vie |
Chapitre TreizePAR L'AUTRE BOUT DE MA LONGUE VIEJ'ai été choyée par la vie. Mes parents étaient à l'aise, mon milieu social était au centre de l'activité civile et intellectuelle. J'ai eu la chance de voyager, de comparer. Je suis passée sans égratignure par-dessus deux guerres. J'ai rencontre un époux exigeant, qui m'a permis de grandir. Lui aussi trouvait souvent que les choses n'étaient pas assez bien faites: il le disait et voulait les corriger. Nous étions prompts et déterminés tous les deux, mais nous avions à coeur de mener notre barque à bon port ensemble. Nous l'avons fait. Jean a reconnu ma force quand lui s'affaiblissait et il m'a remerciée de ne pas l'avoir utilisée trop souvent contre lui. Mes enfants et mes petits-enfants font leur chemin dans un monde plus difficile et moins bien encadré que le mien. Je prie pour qu'ils s'en tirent, pas comme moi bien sûr, mais à leur façon et pour leur satisfaction et le bonheur de leurs proches. Leur réussite dépend un peu de moi, de mon passage avant eux. Je visais peut-être la première place et ses honneurs - mais j'étais prête à travailler dur pour les obtenir. Aujourd'hui, je comprends les choses différemment: si je fais bien mon bout de chemin (pas nécessairement à la perfection), les autres autour de moi seront plus à l'aise, plus heureux. Mon souci de perfection ne m'empêchera plus de voir le bon travail de mon voisin et de l'en féliciter... Je suis contente de ma vie. Je crois sincèrement que si je reste si longtemps parmi vous tous, c'est que vous m'entourez de votre affection et je vous le rends bien. Car «nul n'est une île». |