Mes racines / my roots

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À la mémoire du père Joseph Bélanger, s.j.

Père Joseph Bélanger, s.j.

Ce soir du 8 mai 1968, lors de la réunion annuelle des Anciens du collège Sainte-Marie, il avait paru à tous particulièrement fatigué. Cette journée harassante où il avait dû courir ici et là et voir à mille détails, ajoutée aux préparatifs antérieurs, avait exigé de ses quatre-vingts ans un effort, semble-t-il, démesuré. Son ordinaire facilité de récupération pouvait nous donner le change. Deux ou trois jours de repos à la solitude de Saint-Jérôme ou à la Résidence de Dauphine, à Québec, maison qu'il affectionnait, et le tour serait joué. Le Père Bélanger nous reviendrait tout pimpant comme d'habitude, trottinant de ses petits pas rapides, de sa chambre au bureau du secrétariat des Anciens.

Espoir trompeur. A la fête de la maison, le 13 mai, le Père vint à Bellarmin. Nous causâmes du prochain Bulletin de Liaison des Anciens auquel, fiévreusement, il travaillait. Il m'avoua alors souffrir d'un mal de tête fou et qu'il devait consulter un médecin, le lendemain. On lui conseilla d'abord le repos au Collège, puis, le mal persistant, il entra à l'hôpital où on constata une hémorragie cérébrale. Très pessimistes, les médecins nourrissaient peu de chance de recouvrement. De fait, c'était la fin. Après encore quelques jours de lutte, le vieux corps, usé par une longue vie de travail sans répit, dût céder devant la mort et le Père Bélanger s'éteignit doucement le 18 juin 1968.

Je n'ai pas connu Joseph Bélanger, étudiant du collège Sainte-Marie. Quand j'y commençais mes Éléments latins, en 1913, il venait de prononcer ses premiers voeux de Jésuite, au noviciat du Sault-au-Récollet et montait au Juvénat, approfondir les langues et littératures classiques et française.

En comparant les dates de la fin de son cours, 1910, et de son entrée en religion, août 1911, on constate que Joseph Bélanger n'avait pas d'abord opté pour la Compagnie de Jésus, lors de sa retraite dite d'élection. En effet, un an durant, il fréquenta l'université Laval, succursale de Montréal, sise alors rue Saint-Denis, comme étudiant de la Faculté de Droit, en compagnie, entre autres, de Maurice Duplessis, voué aux hautes fonctions politiques que l'on sait. Pour Joseph Bélanger, la grâce fut plus forte que l'appel des succès mondains. En vue de les mieux fuir, il se fit jésuite comme ses maîtres qu'il avait toujours appréciés.

Au reste, il ne faudrait pas croire qu'il fuyait le monde par dépit ou pour trouver refuge contre les difficultés de la vie. Non, Joseph Bélanger aurait pu se tailler une place avantageuse «dans le siècle», comme dit Rodriguez. Ses parents, Ernest Bélanger et Diana Hamel, faisaient partie de la bonne bourgeoisie canadienne-française de Montréal. Commerçant avisé, M. Bélanger s'était amassé du bien qui lui permettait d'avoir pignon sur rue dans un quartier très chic, alors, de Montréal, place Viger, face aux beaux arbres du parc du même nom, que ne hantaient pas encore les robineux, et au splendide Hôtel Viger, érigé par M. Van Horne sur le modèle des châteaux de la Loire, rendez-vous de l'élite montréalaise au début du siècle. Et, dans le quartier, le jeune Joseph se faisait remarquer quand, les guides bien en mains, il contenait la fougue du petit cheval fringant que son père lui avait acheté.

Outre son éducation familiale soignée, faite de distinction et de courtoisie, Joseph, collégien et étudiant, possédait des atouts aptes à lui valoir fort bon accueil dans son milieu. De taille plutôt moyenne mais bien campé et sanglé dans l'ancien uniforme du Collège à la double rangée de boutons d'or s'étalant sur la poitrine, la tête droite, le regard énergique, la chevelure ondulée, il portait beau, tel que nous le représente son portrait de Conventum. Avec cela, sportif à ses heures, spécialement pendant les vacances, dans les villégiatures huppées à l'époque, à Beloeil, d'abord, sur le Richelieu, puis à Sainte-Agathe, où il brillait au tennis, sport réservé alors à la classe aisée, et surtout dans les courses et régates de canots - ou canoës, en français universel - qui lui ont mérité, en plus des applaudissements des spectateurs, de glorieux trophées.

Mais ses talents n'étaient pas que physiques. Après avoir parcouru le cycle complet des études classiques couronnées par deux années de philosophie-science, il mérita le titre de bachelier ès arts, très recherché parce qu'il ouvrait à son détenteur les portes de toutes les universités. Il faut dire que le baccalauréat du collège Sainte-Marie, octroyé par l'Université Laval mais selon les normes spéciales et privilégiées des programmes et de l'enseignement du Collège lui-même, était très favorablement coté. Cependant, de ses années de collège, le Père Bélanger aimait particulièrement souligner ses prouesses de comédien sur la scène de la salle académique du Collège encore dans sa primitive splendeur. C'est qu'il avait de qui tenir, étant par sa mère le neveu bien doué d'Elzéar Hamel, un des grands artistes de théâtre, à Montréal, de l'époque. Mais, hélas, - horresco referens ! - les rôles que l'on confiait au jeune artiste en herbe étaient ordinairement ceux de « gros méchants », comme, dans le drame de Casimir Delavigne, «Les Enfants d'Edouard», celui du cruel assassin des tendres fils du roi d'Angleterre: crime qui faisait frémir d'horreur et d'effroi les charmants élèves du Jardin d'enfants Saint-Alexis, conviés à la générale du jeudi après-midi, et leurs pieuses institutrices, les Soeurs de la Providence, incapables de comprendre comment «l'or pur» de leur ancien élève, monsieur Joseph Bélanger, ait pu se changer ainsi «en un plomb vil». Heureusement un autre oncle Hamel veillait, «mon oncle le Dominicain». L'exemple de cet oncle estimé, et sûrement ses prières, détournèrent le neveu Joseph de la carrière dramatique et de ses dangers...

Mes premiers contacts avec le Père Bélanger, dans la Compagnie, me reportent à nos inoubliables vacances de Juvénistes sur la belle et vaste propriété, gracieusement prêtée, de Lady Hingston, située à l'écart du tranquille village de Varennes, sur une pointe assez avancée dans le fleuve et plantée d'une admirable pinède que, bien sûr, le progrès a rasée depuis, pour laisser la place à une quelconque usine de produits chimiques, je crois. Quoique tout récemment ordonné, le Père Bélanger fut jugé apte à veiller sur nos jeunes vertus pendant le temps plus libre des grandes vacances d'été. Il eut l'air de ne pas trop s'ennuyer parmi nous en dépit de notre turbulence de jeunes poulains lancés en liberté dans le champ. Nous, nous gardons un heureux souvenir de sa vigilante bienveillance et de son souci constant de nous rendre favorables ces jours de repos, dans cette splendide et vivante nature.

Il ne semble pas que les années de formation religieuse du Père Bélanger aient été marquées d'événements spectaculaires. On n'en était pas encore à l'âge de la contestation et le Père n'avait rien, que je sache, du révolutionnaire. Il faisait parfois allusion à sa Régence, à Edmonton, où il fut titulaire d'une classe de grammaire. Il se félicitait d'avoir eu comme élèves, nos deux Pères, entre autres, Picard et Richard qui se bousculaient amicalement pour l'obtention de la première place: présage des futurs supériorats !

Puis, immédiatement après la théologie à l'Immaculée, ce fut le Troisième An, à Florennes, Belgique. Je ne me souviens pas de l'avoir entendu se plaindre de ce court séjour en Europe ni déplorer certaines incommodités d'un régime de vie assez différent du nôtre. En 1925, donc peu de temps après la première grande guerre, l'American Way of Life n'était pas monnaie courante dans les maisons de la Compagnie en Europe. Un chauffage quasi-inexistant, une alimentation différente et souvent parcimonieuse - qu'on pense au fameux petit déjeuner européen! - des installations anciennes, sanitaires ou autres, s'ajoutaient au régime austère de la troisième probation pour rendre plus pénible encore l'épreuve de l'éloignement et d'une nécessaire adaptation à un milieu humain différent. Plusieurs ne l'ont pas facilement supporté. Dépassant ces difficultés tout de même secondaires, le Père Bélanger, pour sa part, a tâché de profiter à plein des avantages spirituels de cette année précieuse pour sa préparation à la vie apostolique qui suivrait, but premier, en effet, du Troisième An.

Manifestement, le Père Bélanger a été un homme de collège, race en voie de disparition, semble-t-il, d'abord faute de collèges, puisqu'on les ferme tous les uns après les autres, aussi par désaffection, chez plusieurs, de l'oeuvre de l'éducation de la jeunesse, chère à la Compagnie pendant plusieurs siècles. Soit dans l'enseignement des lettres classiques ou plus spécialement de la religion, soit comme directeur spirituel des élèves ou animateur, comme on dit maintenant, de la vie religieuse de l'institution où il travaillait, le Père Bélanger a consacré la majeure partie de sa vie de prêtre et de jésuite au service de la jeunesse de nos collèges d'Edmonton, de Gaspé et surtout, pendant plus de trente-cinq ans, de Sainte-Marie, service dont les Anciens ont continué de jouir jusqu'à sa mort.

Sur le plan intime de la conscience, seuls le ciel et les bénéficiaires de son zèle pourraient témoigner du profit que ces derniers ont pu en tirer. Mais ceux qui, au cours des ans, l'ont vu à l'oeuvre, peuvent attester de son inlassable dévouement pour ceux qui se présentaient à lui, en quête de lumière, de réconfort, d'aides de toutes sortes. À certaines époques de l'année sa chambre ou son confessionnal à la chapelle domestique étaient littéralement assiégés.

Mais l'oeuvre où il a donné le meilleur de lui-même, c'est sûrement la Congrégation mariale du collège Sainte-Marie. À cause du grand nombre d'élèves et de leurs âges différents, les congréganistes étaient groupés en trois sections distinctes et autonomes. Donc trois réunions hebdomadaires avec récitation de l'office de la Sainte-Vierge, messe de communions et allocution - actions de grâces. Il tenait beaucoup à ses Congrégations et les préparait avec soin, et elles ont alimenté et enrichi la piété et toute la vie spirituelle de plusieurs élèves même si elles ne répondaient pas parfaitement à l'idéal primitif, remis en faveur par l'encyclique Bis saeculari de Pie XII. Sans pouvoir le faire lui-même, il a fort encouragé le rajeunissement de cette oeuvre de piété éminemment jésuite au collège Sainte-Marie comme il en a déploré la disparition plus tard. Car, s'il était attaché à ses manières de faire et ne les changeait pas facilement, il ne prétendait pas au monopole du bien et savait apprécier et louer les efforts des autres, A. M. D. G.

Au début des années cinquante, tout en conservant son confessionnal à la chapelle, le Père Bélanger a laissé à une équipe plus jeune la tâche de maintenir et développer la vie religieuse des élèves du Collège pour s'occuper plus exclusivement des Anciens dont il était l'aumônier depuis plusieurs années déjà. C'est à ce titre qu'avec le Père Roméo Bergeron, alors Recteur, il avait organisé les festivités du centenaire du Collège Sainte-Marie, en 1948, lancé une souscription auprès des Anciens en faveur de l'érection d'un gymnase, jugé d'une nécessité absolue à cause de l'exiguïté des salles et des cours du Collège, projet qui, en dépit des efforts des Recteurs suivants, n'a pu encore se réaliser et ne le sera probablement jamais, enfin collaboré à la fondation du Club des Anciens de Sainte-Marie, dont un des buts consistait à octroyer des bourses d'études à des élèves du Collège mieux pourvus de ressources intellectuelles que financières, et qui venait d'atteindre l'année de sa majorité lors du décès du Père.

L'intense activité de ces années et leurs séquelles de nouveaux travaux, tracas et soucis, justifiait un homme, qui venait de dépasser le cap de la soixantaine, de ralentir la vitesse de la machine, d'autant que le moteur - le coeur -commençait à donner des signes d'usure, de fatigue, d'essoufflement. Pour durer la prudence s'imposait, au profit des Anciens de Sainte-Marie qui vont presque en abuser. Avec la connivence du Père lui-même d'ailleurs. Ancien de Sainte-Marie, très attaché à son Alma Mater, comme il aimait à dire, il prenait littéralement à coeur tout ce qui intéressait, de proche ou de loin, heurs et malheurs, succès et revers, attaques ou faveurs, joies ou tristesses de son vieux collège tant aimé. Cette sainte passion, pourrait-on dire, pour Sainte-Marie qui l'habitait va soutenir, pendant ses vingt dernières années, son zèle ardent pour les Anciens du Collège.

Il serait impossible - et d'ailleurs fastidieux - d'essayer de suivre à la piste le Père Bélanger à cette époque, de dénombrer les visiteurs qui, le jour, le soir, le dimanche comme sur semaine, l'assaillaient à sa chambre pour chercher lumière, réconfort, conseil et, surtout, la grâce de Dieu, et ses propres visites aux malades, auprès des dépouilles d'Anciens décédés, ses démarches multiples, pas toujours agréables, même pénibles souvent, accomplies par pur désir de rendre service, de dépanner, d'être utile, sans toujours recevoir, en tout cas sans jamais attendre, un merci reconnaissant. Peut-être par hérédité paternelle, le Père Bélanger, sans être «séraphin», n'aimait pas dépenser son argent - l'argent de l'Association des Anciens - pour rien. Il en savait la valeur et qu'il est plus facile de le perdre que de le gagner. S'il a jamais eu quelque inquiétude ou remords, à ce sujet, ce n'est certainement pas pour son abonnement à la Compagnie de téléphone Bell. On lui concéda longtemps un téléphone personnel: il craignait toujours que quelqu'un intervienne dans ses conversations privées. Surtout il voulait s'assurer de pouvoir s'en servir à son gré. Or, selon son expression, il se «pendait» parfois des jours et des soirs entiers à son appareil, au point que le prix mensuel de sa location, au dire de certains loustics, aurait dû être fortement majoré pour usage immodéré. Sûrement, pour le Père Bélanger, ce merveilleux instrument de relations humaines, le téléphone, produit de cette civilisation technologique et de consommation actuellement honnie, a été d'une utilité sans pareille pour l'accomplissement de son travail, en lui ménageant une économie de temps, d'argent, d'énergie, de déplacements onéreux. Traditionaliste, oui, il l'était, même «laudator temporis acti» comme tellement d'autres, mais non fermé au progrès pourvu qu'il conduise à une meilleure efficacité, un plus grand rendement apostolique et aussi qu'il soit dans les limites de ses moyens financiers. Moyens, en fait, extrêmement limités, alimentés par les seules cotisations de quelques centaines d'Anciens sur les cinq mille encore vivants, plus aumônes et maigres dons grapillés ici et là auprès d'amis et bienfaiteurs. Non, ce n'était pas une sinécure que le poste d'aumônier de l'Association des Anciens du Collège et du Club des Anciens qu'il a portés, tous deux, à bout de bras pendant tant d'années, seul.

Seul, par manque peut-être, dira-t-on, du sens de l'équipe chez lui ? Oui, il était grand partisan du slogan publicitaire « Faites-le vous-même ! », croyant qu'ainsi ce serait à son goût et qu'il ne dérangerait personne. Mais surtout, il avait en horreur ces comités de bavards et planificateurs idéalistes, bâtisseurs, sur le papier, de mirobolants projets «prospectifs» mais incapables de fournir deux minutes de leur temps ou deux sous de leur argent pour les réaliser sur terre. Il était payé pour le savoir par de pénibles expériences anciennes et, plus récemment, par l'échec de soi-disant merveilleuses réformes du Club, les trois ou quatre dernières années. Réaliste - et, encore une fois, par atavisme familial sans doute - il pratiquait de son mieux l'adage «Aide-toi et le ciel t'aidera», ajoutant à part lui: et ne compte pas trop sur les autres pour le faire !

Toutefois, ce service, absorbant et généreusement offert aux élèves, anciens et actuels, des institutions où il a travaillé, n'a pas épuisé la vitalité apostolique du Père Bélanger. Ayant connu l'époque où, sauf les scolastiques, régents ou encore aux études, les prêtres et les Frères formés n'avaient aucun droit à de grandes vacances dans l'une ou l'autre de nos maisons de villégiature, il occupait ses loisirs d'été à donner les Exercices spirituels de saint Ignace, sous la direction du Socius du Père Provincial.

En fait, il s'y était déjà préparé. Après avoir participé pendant quatre ans à la fondation et l'organisation pédagogique et disciplinaire, avec le Père Olivier Beaulieu comme Recteur, et quelques autres Pères, du petit séminaire de Gaspé, confié à la Compagnie par S. E. Mgr Ross, premier évêque du diocèse de Gaspé où tout était à faire, le Status d'août 1930 désignait le Père Bélanger à l'oeuvre des retraites fermées à la Villa Manrèse de Québec. Il n'y est resté qu'un an mais l'expérience qu'il y a prise lui servira tout le reste de sa vie, qu'il enrichira en surplus d'année en année. Il aimait beaucoup ce ministère et s'y adonnait avec toute la fougue de son tempérament.

Alors tous les étés, son sac de voyage à la main, il allait répandre la bonne parole et aussi «gagner pour sa Maison» comme il disait, à deux, trois et parfois quatre groupes de frères ou de soeurs, réunis, par plusieurs centaines ordinairement, dans les vastes salles ou chapelles des Maisons mères des communautés. Ces retraites lui amenèrent par la suite de nombreux dirigés ou dirigées, heureux de continuer à profiter de ses conseils et de sa patience...

En ce domaine, il faut souligner la participation active et enthousiaste du Père à une double initiative apostolique auprès des laïcs: l'établissement dans les Maritimes, au Nouveau-Brunswick, et la Nouvelle-Angleterre, à Consocket, d'oeuvres de retraites fermées pour hommes, en français. Le Père Bélanger a toujours déploré que, sous la pression de diverses circonstances indépendantes de nous, les Pères de notre Province S. J. aient dû abandonner ce ministère si fructueux. Autre exemple pour lui, fréquent dans la Compagnie, après celui de Gaspé, du travail ardu de défrichement d'un terrain qui produira des récoltes abondantes demain... pour d'autres - parfaitement dans la ligne de l'enseignement de saint Paul.

Il me paraît oiseux de prétendre dresser un catalogue des vertus réelles du Père Bélanger comme de ses déficiences bien humaines. La minutieuse justice et l'adorable bienveillance de Dieu ont pu le faire d'une façon tellement plus équitable et vraie. Mais malgré l'indigence de nos appréciations des hommes et des choses, si nous jetons un regard rétrospectif sur la longue vie du Père Bélanger nous n'y trouvons rien d'exceptionnel sur le plan humain: rien d'un savant expert de Concile, rien d'un intellectuel huppé qu'on invite volontiers à la télévision, à la radio, à des panels retentissants et prestigieux; dans les sphères gouvernementales, il n'est jamais monté plus haut que préfet de discipline et ministre à Gaspé; il n'a jamais fait la manchette des journaux - importants. Non, il n'a brillé nulle part sauf sur le front, humble et caché, du dévouement inconfusible au Christ-Jésus et aux âmes. Là, en première ligne, sans jamais revenir à l'arrière pour se reposer, soutenu par une tendre et confiante dévotion à la Mère du Sauveur et la sienne, dans ses déboires, ses difficultés, ses fatigues, il a usé, jour après jour, sa vie de prêtre et de jésuite authentique. C'est sa vraie gloire, la seule qu'il ait cherchée.

Georges-Henri D' AUTEUIL, S. J .




Jacques Beaulieu
beajac@videotron
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