Canards Canins

Cahiers pour les gardiens de chiens du Québec

Les idées exprimées ici n'engagent en rien les associations canines résidantes.

Réflexions sur des politiques canines d'arrondissements issus de l'ancienne Ville de Montréal

  1. La patrouille canine
  2. Que doit faire un arrondissement issus de l'ancienne Ville de Montréal pour interdire aux chiens les aires de jeu d'un parc?
  3. Qu'arrive-t-il si un chien mord selon le carnet des policiers?
  4. Que doit faire l'ancienne Ville de Montréal pour interdire aux chiens un parc complet?
  5. Les AEC n'ont aucun fondement légal: l'ancienne Ville ne suit pas ses propres règlements!

  1. La patrouille canine

Nous savons que les seuls règlements de l'ancienne Ville de Montréal concernant nos chiens se retrouvent dans le règlement sur le contrôle des chiens et autres animaux , le règlement C-10 . Dans ce règlement, un certain nombre de pouvoirs sont donnés au "directeur": celui-ci est le directeur du service des permis et inspections . Ce service relève du service du développement économique et urbain , dont le numéro de téléphone pour toute demande d'information ou toute plainte est le (514)-872-3181 . C'est de ce service que relève la patrouille canine. Ce service loge au premier étage du 303, rue Notre-Dame Est.

Le règlement déjà mentionné affirme que le "directeur" ou un agent de la paix sont les personnes habiletées par la Ville à agir si un chien ne porte pas une plaque en règle ou s'il a causé quelque nuisance selon l'article 14 . Il affirme de plus, en son article 36 , que " le comité exécutif peut, par ordonnance... attribuer l'exercice de certains pouvoirs conférés au directeur par le présent règlement, au directeur d'un autre service ou à un employé autorisé par ce dernier."

Les questions ici sont:

  • Quels pouvoirs ont été ainsi conférés et à qui?
  • En vertu de quelle ordonnance du comité exécutif?
  • Comment peut-on se la procurer?
  • Plus exactement, quelles sont les directives (écrites) données à la brigade canine?

Nous avons vu qu'il y a plusieurs questions à élucider concernant la brigade canine. Il nous faut savoir exactement quels sont leurs pouvoirs légaux selon l'ordonnance du comité exécutif, d'une part, et quels sont leurs directives pratiques, d'autre part. Il n'y a en effet aucune garantie qu'il y a parfaite coïncidence entre les uns et les autres.

La Ville devrait-elle être prête à nous communiquer l'information demandée? Il me semble que la Ville affirme que la brigade canine est payée à même les revenus des licences; il est donc raisonnable que nous sachions ce que ces jeunes font, et sont sensés faire, ce qui n'est peut-être pas la même chose.

Le site Web de la Ville de Montréal a deux choses à dire concernant la brigade canine: "Les contraventions (concernant les chiens) peuvent être émises par les membres de la patrouille canine et par les agents de police." et "Le rôle de la patrouille canine est de faire respecter la réglementation concernant les chiens. Elle répond à plus de 1 500 plaintes chaque année, surtout pour aboiements, malpropreté ou chiens sans laisse. Les patrouilleurs peuvent émettre des constats d'infraction et faire euthanasier un chien mordeur . " (L'emphase est mienne).

Je crois que ce texte laisse présumer que les membres de la patrouille canine ont des pouvoirs étendus. Mais encore faudrait-il voir le texte légal, soit celui de l'ordonnance.

Il me semble qu'une personne qui serait en mesure de nous fournir les documents demandés devrait être la personne qui nous représente au conseil exécutif de la Ville. Après tout, notre demande est raisonnable; pourquoi nous la refuserait-on? Monsieur André Campeau, au service des permis et des inspections, serait peut-être en mesure également (son numéro de téléphone est le (514)-872-3605). Mais il ne m'a pas rappelé après que je lui ai laissé un message. Je crois être "persona non grata" dans ce département où l'on ne sait pas même comprendre des règlements rédigés en français!

  • Que doit faire l'ancienne Ville de Montréal pour interdire aux chiens les aires de jeu d'un parc?
  • Après m'être fait dire que ma laisse n'était pas réglementaire, j'ai écrit au bureau accès Montréal virtuel afin de trouver tous les règlements de la Ville concernant les chiens. On m'a répondu que les renseignements cherchés se trouvaient tous dans le Règlement sur le contrôle des chiens et autres animaux c. C-10 daté du 9 juillet 1999. J'ai vérifié depuis que cette version des règlements refondus est à jour.

    Il semblerait logique de présumer que les règles appliquées par la Ville concernant les chiens devraient être en concordance avec ce règlement voté par le Conseil municipal. Mais cela ne me semble pas être le cas.

    Au parc de la Bruère se trouve une grande aire verte qui est bornée sur trois côtés par des clôtures, deux avec des entrées qui donnent sur un terrain de baseball. À une extrémité se trouve une pancarte indiquant que les chiens en laisse ont le droit de s'y promener; sur l'extrémité d'une de ces clôtures se trouve une autre pancarte similaire.

    Il me semble que la seule façon d'interpréter les pancartes est que les chiens ont le droit de se promener en laisse dans cette partie du parc. Mais ce n'est pas l'avis de la brigade canine. Il leur est évident que cette action est illégale puisque le terrain de baseball est un terrain de jeux pour enfants.

    J'ai consulté les policiers pour me faire assurer que j'avais le droit de m'y promener avec ma chienne. J'ai donc refusé de me plier à ce pseudo-règlement, et donc je dois recevoir un ticket par la poste, grâcieusité de la patrouille canine!

    Que dit le document voté par le Conseil? Son article 14 dit "Constitue une nuisance le fait qu'un chien:

    1. se trouve à l'intérieur du terrain sur lequel est situé le bâtiment occupé par son gardien sans être tenu au moyen d'un dispositif l'empêchant de sortir de ce terrain, lorsque celui-ci n'est pas clôturé;
    2. se trouve dans un terrain de jeux clôturé de la ville, ou dans un terrain de jeux de la ville qui n'est pas clôturé et où un panneau indique que la présence des chiens est interdite;"

    Le sous-article 6 est écrit ici afin de bien mettre en évidence le sens du mot "clôturé", tel qu'il se trouve d'ailleurs dans le dictionnaire " Le Nouveau Petit Robert" (juin 1996) page 394: "clôturer: 2. (1795) Fermer par une clôture. clore, enclore. Clôturer un champ. "

    Un terrain de jeux clôturé de la ville est un terrain de jeux fermé par une clôture, un enclos, sans quoi le sous-article 6 ne fait pas de sens. Les terrains de jeux non fermés de la ville doivent avoir un panneau qui indique que la présence des chiens est interdite pour qu'elle le soit. Ces panneaux sont fixés de fait sur des terrains de jeux non clôturés du parc, soit les aires de jeux situées le long de la rue Liébert, et, sans raison évidente, sur les terrains de pique-nique et de pétanque mais pas sur le grand terrain qui sert également de terrain de baseball .

    La brigade canine m'est arrivé avec cette interdiction: j'ai aussitôt envoyé un courriel au bureau accès Montréal virtuel. J'ai reçu un numéro de plainte: mais je n'ai jamais reçu de réponse à celle-ci . Je dois ajouter que j'ai envoyé un autre courriel après une deuxième altercation avec ce même membre de la brigade canine qui m'a dit que son patron maintient qu'il a raison et que j'ai tort. Voici tout simplement un diktat.

  • Qu'arrive-t-il si un chien mord selon le carnet des policiers?
  • Paraissait dans Le Flambeau de l'Est l'article suivant d'André Desroches:

    Lyne Blanchette désire informer les citoyens sur la procédure à suivre dans le cas où une personne est mordue par un chien.

    La première étape consiste naturellement à se rendre dans une clinique médicale ou à l'hôpital, selon la gravité des blessures, afin de recevoir les traitements adéquats dont un vaccin contre le tétanos.

    Deuxièmement, il importe de communiquer avec le poste de police de son quartier ou de s'y rendre pour la prise de rapport.

    Enfin, ce qui est moins connu: le propriétaire du chien doit absolument garder l'animal à l'intérieur de son domicile jusqu'à ce qu'un vétérinaire le contacte. Ce qui se fait dans les dix jours suivant l'incident. Le propriétaire ne doit ni faire euthanasier le chien ni le donner entre-temps.

    Les deux étapes citées ci-haut sont en accord avec le Règlement sur le contrôle des chiens et autres animaux , règlement c. C-10 . Mais le dernier paragraphe contredit les articles 19 à 23 dudit règlement.

    Il me semble donc que cette étape est moins connue parce qu'elle n'existe pas. L'hyperlien donné plus haut vous envoie aux articles relatifs à ce sujet. Si d'aucuns doutent, j'ai bien vérifié que ce règlement est à jour selon le greffe de la Ville de Montréal.

    Juste pour terminer, il n'y a aucune règlementation de la Ville de Montréal concernant le nombre de chats qu'un citoyen peut avoir chez lui, malgré les rumeurs à cet effet. Le règlement ne les mentionne pas du tout, et c'est le seul qui concerne les animaux domestiques en la possession d'individus.

  • Que doit faire l'ancienne Ville de Montréal pour interdire aux chiens un parc complet?
  • L'ancienne Ville de Montréal avait, soudainement, installé des pictogrammes dans le parc de la Bruère qui indiquaient que le parc est interdit aux chiens.

    La question est: la Ville s'est-elle donnée les pouvoirs requis pour introduire cet état de choses?

    La réponse à cette question est non . Débutons par le Règlement sur le contrôle des chiens et autres animaux . Le seul article qui restreint là où un chien peut se trouver lorsqu'il est en laisse est l'article 14: Constitue une nuisance le fait qu'un chien:

    • alinéa 5: se trouve sur un terrain privé sans le consentement exprès du propriétaire ou de l'occupant de ce terrain;
    • alinéa 7: se trouve dans un bâtiment mentionné à l'article 1 du Règlement sur les parcs (chapitre P-3);
    • alinéa 8: se trouve dans un terrain de jeux clôturé de la ville, ou dans un terrain de jeux de la ville qui n'est pas clôturé et où un panneau indique que la présence des chiens est interdite;
    • alinéa 10: se trouve dans un bassin, un étang ou un lac situé dans un parc ou sur une place publique.

    Mais que dit le Règlement sur les parcs ? Le seul article qui se réfère aux chiens est l'article 6: Il est interdit à quiconque visite ou fréquente un parc:

    • alinéa 3: de pêcher dans les étangs ou de s'y baigner, d'y faire baigner des animaux et d'y jeter quoi que ce soit;
    • alinéa 4: de se promener à pied, à cheval ou en voiture sur le gazon ou la pelouse ou d'y entrer ou d'en sortir ailleurs qu'aux endroits établis et désignés à ces fins;
    • alinéa 5: de conduire des animaux, particulièrement des chiens, sans les tenir en laisse;

    Vous pouvez vérifier vous-mêmes qu'il n'y a rien d'autres puisque les règlements complets se retrouvent dans Canards Canins . Il s'ensuit que la Ville a le droit, selon le Règlement sur le contrôle des chiens et autres animaux , par l'article 14 alinéa 8, d'interdire l'accès aux chiens en laisse à tout terrain de jeu de la Ville une fois placée la signalisation appropriée. Les chiens ont également par l'alinéa 7 interdiction d'accéder à tout bâtiment du service des parcs ainsi qu'à tout étang, bassin ou lac d'un parc par l'alinéa 10.

    Le Règlement sur les parcs n'ajoute qu'une chose puisque l'alinéa 4 interdit à tous (et donc également aux chiens en laisse) l'accès de tout endroit d'un parc à la discrétion du directeur des parcs, jardins et espaces verts.

    Ceci nous amène à conclure que seuls les terrains de jeux du parc de la Bruère (qui n'a ni bâtiment, ni lac, étang ou bassin) peuvent être interdits aux chiens en laisse selon les règlements de l'ancienne Ville de Montréal. Toute interdiction qui va plus loin excède les pouvoirs octroyés par les règlements et sont donc sans valeur légale. En pratique, cela veut dire que la Ville ne pourrait justifier devant un tribunal toute contravention obtenue pour se promener avec un chien en laisse

    1. dans les allées et leurs bordures
    2. dans le terrain de pique-nique.

    Une source bien informée m'avait dit que l'interdiction ne touchait que les terrains de jeux. Eh bien, voilà pourquoi! Elle seule tiendrait en cour. Les autres interdictions ne sont pas fondées sur les règlements de la Ville de Montréal et donc sont sans valeur.

    Évidemment, cela amène une autre question: comment se fait-il que des gens qui sont sensés connaître les règlements de la Ville cherchent à en fausser le sens et à lancer de la poudre aux yeux des citoyens?

  • Les AEC n'ont aucun fondement légal: l'ancienne Ville ne suit pas ses propres règlements!
  • Les interdictions aux chiens de circuler, même en laisse, dans un parc de l'ancienne Ville de Montréal ne sont pas basées sur ses règlements. Nous pouvons nous douter que ceci ne doit pas être le seul cas d'une certaine "souplesse" de la part de l'administration montréalaise vis-à-vis les règlements de la Ville. Et c'est en effet le cas.

    Revenons au Règlement sur les parcs , article 6 alinéa 5: Il est interdit à quiconque visite ou fréquente un parc: de conduire des animaux, particulièrement des chiens, sans les tenir en laisse;

    Ce texte ne connaît pas d'exception. Il s'ensuit que les AEC ne devraient pas exister dans les parcs selon cet alinéa de l'article 6 du Règlements sur les parcs . En effet, l'idée même derrière les AEC est de fournir aux chiens un enclos où ils puissent courir librement, sans laisse, et sans danger pour les gens.

    Les règlements de la Ville ne connaissent pas l'existence des AEC. Celles-ci n'y sont pas mentionnées. Les règlements sont des années en retard sur la réalité.

    Est-ce une bonne ou une mauvaise affaire? Cela n'est guère évident. Il va sans dire que l'existence même des AEC ne repose sur aucun règlement et donc n'a pas de fondement légal à ce que je sache. Les AEC ont, par contre, un fondement politique dans le sens que l'équipe Bourque avait misé sur leur existence pour résoudre un problème des électeurs montréalais. Revenir en arrière serait très coûteux au point de vue électoral.

    L'administration Bourque était très peu légaliste. On fait un peu n'importe quoi et on espère ne pas "se faire prendre"; dans ce cas-ci, il faudrait que des citoyens attaquent la Ville en cour pour avoir créer des AEC sans leur donner un fondement légal. Ce fondement, l'administration pourrait créer rapidement en amendant les deux règlements que nous avons cités. Elle pourrait, en même temps, se donner le droit d'interdire aux chiens toute portion des parcs que désire le directeur de ce service.

    Bref, l'administration montréalaise pourrait légaliser la situation rapidement vu que le Conseil, qu'elle contrôle, a le droit de lui donner les pouvoirs requis.

    Mais il reste que toute contestation d'un constat d'infraction pour s'être trouvé avec un chien en laisse dans les allées du parc pourrait être contestée avec succès auprès d'un officier de liaison du district judiciaire de Montréal; avec un peu de chance, la cause n'irait même pas devant un juge, la Ville n'ayant pas l'intention de gaspiller son argent pour perdre sa cause.



    Jacques Beaulieu
    jacqbeau@canardscanins.ca
    27 décembre 2001


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