Canards Canins
Cahiers pour les gardiens de chiens du Québec
Les idées exprimées
dans ces éditoriaux n'engagent en rien
les associations canines résidantes.
Le pourquoi d'une association dans un parc canin
On lit sur les pancartes aux portes des AEC
des arrondissements issus
de l'ancienne Ville de Montréal le message suivant:
Le site est géré en partenariat avec une association
qui voit au respect des règles d'utilisation
et au maintien des relations harmonieuses entre
utilisateurs et citoyens.
Que veut dire ce texte?
Voilà une bonne question, car le début du texte,
qui sonne très bien,
est très vague.
Mais voilà que la phrase mentionne deux points
de gestion qui relèvent de
l'association en question, Ã savoir
- le respect des règles d'utilisation et
- le maintien des relations harmonieuses
entre utilisateurs et citoyens.
Voilà donc qu'est le rôle de l'association. Mais
qu'est-ce que cela veut
dire dans la pratique? Les règles d'utilisation
se trouvent sur les pancartes, mais
elles sont un peu longues et guère amusantes
à lire. Il sera donc nécessaire de les
rappeler aux utilisateurs qui ne les
suivent pas. Les membres de
l'association ont donc le devoir de bien
connaître ces règles et de
les faire connaître, une à la fois, lorsque le besoin
s'en fait sentir, aux usagers
qui ne les respectent pas. Peut-être serait-il bon
de les imprimer et d'en
remettre une copie aux nouveaux venus ou à ceux
qui ne les appliquent pas.
Mais que faire si un usager se fait abusif et
refuse tout simplement de les
appliquer? Il faut, sur un ton ferme et courtois, lui
faire remarquer que ces
règles ne sont pas de vous mais de la Ville et que,
s'il continue de refuser de
les respecter, vous n'aurez d'autre choix que
d'appeler la police. Ce qui est
plus facile de faire si vous vous promenez
avec un cellulaire.
S'il continue
et surtout, s'il se fait menançant, c'est
911 qu'il faut aussitôt
signaler. Toute personne qui menace de vous
attaquer avec son chien
commet un acte criminel
et il doit lui être clair que vous allez
voir à ce que la pousuite se fasse Ã
ce niveau comme le veut la loi. N'oubliez pas,
vous devez répondre
à toute menace par un appel d'urgence à la
police. En dernier essort, c'est
à la police de voir à ce que les règles sont
respectées. N'oubliez pas que
toute attaque de la part d'un chien sur un humain
ou sur un autre chien
entraîne des peines très graves pour le chien
et pour le maître, s'il tient
à ce que son chien reste en vie. Il est essentiel
que l'individu fautif sache
que vous allez porter plainte. Mais il est essentiel
que vous ne soyez pas
vous-même coupable de proférer des injures, etc. Il
vous faut garder le
contrôle de vous-même durant cette altercation.
Un gardien de chien qui refuse de respecter les
règles doit se faire
montrer la porte et se faire dire fermement quoique
poliment qu'il n'est pas bienvenu dans l'enclos canin.
Vous, en tant que
représentant de l'association, le chassez de l'enclos
jusqu'Ã ce qu'il en
accepte les règles. S'il refuse d'obtempérer, c'est
la police qu'il faut aussitôt
appeler. Quand ces derniers arrivent, vous leur dites
comment l'individu a
manqué aux règles et exigez que le règlement municipal
soit appliqué.
L'article 6 du règlement P-3 des
Règlements refondus de (l'ancienne) Ville de Montréal
qui s'appliquent encore aux arrondissements issus de cette
dernière débute par le texte suivant:
Il est interdit à quiconque visite
ou fréquente un parc:
- de pousser des cris,
de proférer des blasphèmes,
des injures,
des paroles indécentes
ou des menaces,
ou de faire une action
indécente ou obscène;
Sans donc chercher des règlements trop compliqués, nous
avons ici quelque chose pour nous défendre contre un certain
nombre d'actions de la part de gens furieux ou menaçants ou,
tout simplement, les faiseurs de troubles.
L'article 21 de ce même document affirme:
quiconque contrevient au présent
règlement
commet une infraction et est passible:
- pour une première infraction,
d'une amende de 100 $ Ã 300 $;
- pour une première récidive,
d'une amende de 300 $ Ã 500 $;
- pour toute récidive additionnelle,
d'une amende de 500 $ Ã 1 000 $.
La beauté de ce règlement est qu'il est beaucoup plus
facile de prouver le fait que quelqu'un a poussé des cris,
proféré des blasphèmes, des injures, des paroles indécentes
ou des menaces dans le cas de ce règlement que dans le cas
d'un article du Code criminel. Au besoin, il faut aller en
Cour municipale, ce qui devrait être plus simple. Et, si la
police décide, elle, qu'elle a suffisamment de témoignages
pour presser des charges au criminel, elle saura bien quels
règlements invoquer. Voici donc ce que je crois être
la solution à une situation trop fréquente à mon goût.
Il ne faut pas oublier: les règlements sont là pour
assurer la paix et la sécurité des citoyens. Ils ne peuvent
le faire que si les citoyens ont le
courage de porter plainte . Sinon, ils sont inutiles et
les brutes continueront à faire la pluie
et le beau temps.
Canards Canins comprend un cahier qui contient quelques
articles du Code criminel
. Vous vous devez d'informer la police de tout
acte criminel. Les actes d'intimidation, les
menaces proférées et les batailles de chiens "organisées"
(ou, au moins, arrêtées qu'après
qu'un chien ne "gagne") sont des crimes selon les articles cités.
L'association canine qui cogère un parc canin doit donc
voir à ce que les règlements canins de l'arrondissement
soient respectés par les usagers de l'enclos, ainsi que les
règles apposées près des portes. Nous avons vu que cela
requiert une implication des membres de l'association:
ils doivent être prêts à avertir les utilisateurs qui ne
respectent pas les règles que leur comportement n'est pas
acceptable et pourquoi. Nous avons vu ce qu'il faut faire
si ces gens refusent d'obéir.
Une bonne façon d'obtenir des utilisateurs prêts Ã
respecter les règles du jeu est de leur montrer, dès leur
arrivée au parc canin, qu'il y a des règles et une
association en charge . Comment? En tenant un répertoire
des utilisateurs. Lorsqu'un nouveau venu arrive, un membre
de l'exécutif lui souhaite la bienvenue, demande le nom du
chien. Une fois que le chien a commencé à jouer avec les
autres, le membre de l'exécutif explique au gardien
que l'association cogérante tient un régistre des
utilisateurs qui comprend le nom, la race et le sexe
du pitou, le nom, l'adresse et le numéro de téléphone du
gardien. Il fait bien remarquer que les coordonnées du
gardien sont confidentielles, mais que les connaître est
très utile: des chiens perdus ou volés
ont pu retrouver leur gardien
rapidement par les bons offices de l'association. Il
demande finalement au gardien le numéro de licence de son
pitou puisque l'association voit au respect du règlement
de l'arrondissement qui stipule qu'un chien doit
avoir une plaque valide.
Si le gardien refuse de fournir ces
renseignements, il se fait
expliquer que son comportement est louche: pourquoi
refuser, sinon pour indiquer clairement qu'il n'entend pas
se comporter selon les règles? Il est clairement indiqué
sur la porte que l'association cogérante doit voir au
respect des règles. Comment remplir ce rôle lorsqu'on
ignore le nom et les coordonnées des utilisateurs? Il ne
reste qu'Ã lui montrer la porte. Ce nouveau refus est suivi
d'un appel à la police.
Il faut encourager les usagers Ã
devenir membres et donc à avoir davantage un sentiment
d'appartenance au parc canin. C'est, après tout, "leur" parc
puisqu'ils en sont responsables . (Cela, évidemment,
ne veut pas dire qu'il leur appartient réellement!) Et
comme c'est "leur" parc, ils sont prêts à le garder propre
et à s'impliquer pour que rien de fâcheux ne s'y passe,
et que les voisins ne soient pas dérangés.
Il y a en effet toujours des gens qui laissent leur chien
aboyer, dérangeant ainsi les voisins. Il y a des gens qui
stationnent devant ceux-ci, les privant du stationnement
qu'ils avaient préalablement. Il y a des gens qui ne
tiennent pas leur chien de suffisamment près pour ne pas
faire peur aux gens qui ne les connaissent pas, et il
y a des gens qui se permettent de laisser les défections
de leur chien aux environs du parc canin. Tous ces
comportements sont inacceptables et intolérables et c'est
à l'association d'y voir si les responsables sont
des usagers du parc canin .
Voilà ce qui est entendu par
maintien des relations harmonieuses entre
utilisateurs et citoyens .
Et donc, voilà le deuxième rôle de l'association.
Évidemment, il y a
moyen de faire plus. Les utilisateurs peuvent, par exemple,
présenter leurs chiens aux "familles" qui passent
aux côtés de l'enclos et leur laisser les toucher
à travers le grillage.
L'association pourrait offrir une journée "portes
ouvertes" pour les
résidents du quartier, ou collaborer avec un autre
organisme qui
travaille dans le quartier. Les membres pourraient
aussi s'engager Ã
agir comme "moniteurs" vérifiant du trottoir
qu'il n'y a rien de suspect
durant leur marche et rapportant à la police tout
ce qui leur apparaît
louche, aidant ainsi à assurer la sécurité du voisinage.
(Il n'est pas question ici
de jouer à la police, mais seulement d'être un citoyen
responsable.)
L' Association des promeneurs de chiens
du Parc de la Bruère fournit à ses membres
une carte plastifiée (exemple ci-contre)
qui comprend
- une photo du chien,
- son nom,
- le nom de son (ses)
propriétaire(s) et
- le numéro de sa licence de
l'année en cours.
Ces informations sont conservées dans les archives
de l'association
avec les coordonnées du (des)
propriétaire(s) et la race du chien
. Cette façon de faire s'est
prouvée très utile. Même un chien volé
a été retrouvé grâce à l'association!
L'association en question tient un registre
de tous les chiens utilisateurs
du parc canin
dont elle a la cogérance. Cette liste contient
non seulement le nom du chien, son sexe, sa race
et le nom du ou des propriétaires, mais également
le numéro matricule de sa licence, l'adresse et
le numéro de téléphone du ou des propriétaires et
leur adresse courriel, le cas échéant.
Cette liste se trouve sur son site (c'est une
des association résidant
dans Canards Canins ) sans les coordonnées
du ou des propriétaires et sans le numéro de la
licence du chien.
L'adhésion à l'association coûte cinq dollars:
mais, puisque la valeur de la carte de membre
est de un dollar, et
qu'une photo du chien sur le site de l'association
y est alors gratuite alors qu'elle
coûte deux dollars à un non-membre ,
cette adhésion
se rentabilise rapidement.
L'association entend faire respecter
à l'intérieur de l'enclos dont elle a la cogérance
le règlement municipal qui oblige
les propriétaires de chiens de la Ville à obtenir
une licence valide pour leurs bêtes.
À qui appartient le parc canin? La réponse Ã
cette question est très simple: à la Ville où il se trouve.
Qui en est responsable? D'après ce qui se passe
actuellement, l'arrondissement où il se trouve.
Qu'a décidé la Ville à propos des parcs canins? Eh bien,
dans le cas où s'appliquent encore les règles et
règlements de l'ancienne Ville de Montréal, que ceux-ci
étaient gérés en partenariat avec une association qui devait
voir au respect des règles trouvées sur les pancartes
fixées à côté des portes et qui
devait voir à appeler la police au cas où il y avait
un ou des utilisateurs récalcitrants. (Voilà qui
explique le numéro de téléphone de cette dernière
sur les pancartes).
Qui décide quelle est cette association et qui la compose?
L'association devrait préexister l'enclos canin
puisqu'une association en bonne et due forme
doit en faire la demande; une association
d'au moins 25 membres dans ce cas. L'association qui cogère
l'enclos devrait donc être celle-là ou une qui en a
pris la relève. Elle doit de toute façon être connue et
reconnue par les intervenants municipaux du district et elle
doit être enregistrée. À l'enregistrement, il faut définir
ce qu'est l'association en question et, normalement,
il y est dit que l'association est composée de
propriétaires de chiens qui fréquentent l'enclos en question
. Ce qui détermine alors le recrutement des membres
puisque ce fait est stipulé dans le document
d'enregistrement, un document qui, une fois enregistré,
devient officiel.
Le rôle minimal de l'association est, avons-nous vu,
déterminé par la Ville. Celui-ci est de voir au respect des
règles de la Ville. Comment cela peut-il se faire? La
réponse est simple: en ayant des membres actifs à l'enclos
canin aussi souvent que possible. Qui va normalement se
retrouver à l'enclos? N'est-ce pas un propriétaire de chien?
N'est-ce pas un utilisateur de l'enclos? Après tout, qui
désire s'engager à voir au respect des règles s'il n'a pas
de chien utilisateur de l'enclos? Le titre de la plupart
des associations qui gèrent avec la Ville ont dans leur
titre quelque chose comme association des propriétaires
(promeneurs) de chiens de
qui précède le nom de l'enclos, de
l'arrondissement ou du district. Cela n'est pas pour rien.
Il va donc de soi que le titre même de l'association
exige que tous
les membres de l'association en question soient des
- propriétaires de chiens
- utilisateurs de l'enclos en question et
- en règle avec la loi (ce qui veut dire que leur chien
porte en tout temps une licence en règle) qu'il est censé
défendre.
L'association a également pour but
de défendre le maintien de l'enclos. Cela requiert que
celle-ci puisse exclure des gens qui voudraient en changer
le but ou qui voudraient, par exemple, fermer l'enclos. Ou
qui décident que l'enclos leur appartient en propre et
qu'ils doivent y être rois et maîtres, décidant qui
peut y venir et qui ne peut pas, selon leurs caprices.
(Incroyable, mais ceci s'est produit et risque constamment
de se produire; il y a des gens qui, malheureusement,
sont incapables de vivre avec les autres sans les mener
par le bout du nez. )
Les associations requièrent de leurs membres une
cotisation annuelle; elles doivent payer des frais
d'enregistrement chaque année et souvent offrent certains
services (fêtes, etc.) payés à même les cotisations. Chaque
association a besoin d'un porte-parole pour la
représenter auprès des intervenants du district, aux
assemblées de l'arrondissement, etc. Chacune a besoin
de trouver parmi ses membres des
responsables pour en assurer une
gestion intelligente, responsables qui ont des comptes Ã
rendre aux membres et qui doivent les consulter. Il y a donc
nécessité dans chaque association
d'avoir des assemblées où
les membres
élisent ces responsables et/ou décident
de la marche à suivre.
Que l'association soit suffisamment intelligente pour
-
inviter tous les usagers à exprimer leur point de
vue ;
-
chercher à recruter
avant l'assemblée tout usager du parc
est tout à son avantage: une association
ne doit pas être une petite clique, elle doit représenter
autant d'utilisateurs que possible.
Mais il reste que, en toute légalité, seuls les membres
de l'association peuvent voter
lorsqu'il s'agit de prendre une décision
qui lie l'association . L'assemblée en cours en est
une de l'association, avec ses règlements. Il
est inique et ridicule qu'un individu qui n'est pas membre
puisse voter.
Ce n'est pas que
l'association soit propriétaire du parc
mais bien qu'elle soit une entité légale séparée de
l'ensemble des utilisateurs et des citoyens.
Et, finalement, une association
qui informe les utilisateurs de l'enclos
de la tenue de son assemblée par une annonce
- trouvée sur son babillard placé à l'intérieur
de l'enclos à l'abri des intempéries;
- trouvée au début de la page d'introduction de son
site Web;
- remise à chaque adresse d'utilisateurs du parc canin
(i.e. qui ont un chien et qui fréquentent le parc selon
ses régistres)
est considérée par toute personne raisonnable
comme ouverte à tous les utilisateurs.
Jacques Beaulieu
Révisé le 6 février 2003
jacqbeau@canardscanins.ca
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