Reproduction tirée de la revue
Mémoires
de la Société Généalogique Canadienne-Française
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Extraits de
La famille Masson par Louis Richard
Paru dans l'édition de janvier 1963, Volume 14, No 1, pp. 3-6
(L'article complet va des pages 3 Ã 11.)
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La famille Payfer
La famille Payfer était d'origine alsacienne
(7) et parlait le haut allemand.
Le premier de ce nom venu au Canada fut Henri Paul Payfer...
Né vers 1739, probablement aux environs de Herkimer, dans la vallée
de la rivière Mohawk, New-York, il était le fils d'And'ré Payfer et de
Christine Foncein et il était au Lac des Deux-Montagnes dès 1754
(8)
La région de Herkimer et de Little Falls dans ce qui est aujourd'hui
l'état américain de New York fut colonisée par des familles allemandes venues
du Palatinat, ancien état germanique de la vallée du Rhin arrivées en
Pennsylvanie vers 1700, et dont un certain nombre émigrèrent de nouveau
par la suite à la vallée de la rivière Mohawk, dans la province alors anglaise
de New-York, et formèrent un groupement allemand dans ce district que
l'on a désigné à cette époque sous le nom de "Nouvelle Allemagne" ainsi que
"German Flatts".
POUR DES CARTES DE CETTE RÉGION, PRESSEZ
ICI
L'origine d'Henri Paul Payfer, assez vague si l'on ne considère que
son acte de mariage à Marie Catherine Ethier, le 2 février 1761, à Ste-Geneviève,
alors qu'il est dit le "fils d'andré paifer et de Christine Fonsein habitants
de la nouvelle allemagne", se précise à l'examen de deux pièces ou
documents conservés aux Archives Publiques du Canada à Ottawa.
Ces deux documents fort intéressants nous apprennent que Henri Paul
Payfer, lieutenant et aide-major de milice à Ste-Geneviève
(9) ,
eut un frère qui
combattit pour les insurgés américains à la rivière Mohawk et fut fait prisonnier
par les forces anglaises du Canada, en 1778. Il aurait ensuite été
libéré ici au pays, sur parole, pour aller demeurer quelque: temps avec son
frère à Ste-Geneviève.
Ce renseignement expliquerait en effet la présence de Pierre Payfer,
oncle de la future mariée, à la signature du contrat de mariage de Marc
Alexandre Delienne et de Marie Catherine Payfer, le 11 septembre 1780,
devant le notaire Soupras, à Ste-Geneviève.
Il retourna en son pays quelque temps après.
En 1782, c'est au tour d'un de ses fils, André (ou Antoine) de se
faire capturer prisonnier, le 22 juin 1782. Emmené au Canada, celui-ci
sollicite aussi auprès des autorités la permission d'aller rendre visite à ses
parents d'e Ste-Geneviève. Dans sa déclaration, il se dit âgé de 20 ans et
natif de la rivière Mohawk, ce qui confirmerait qu'à l'époque de l'arrivée
d'Henri Paul Payfer en Canada sa famille habitait à la rivière Mohawk,
la "Nouvelle Allemagne" mentionnée à l'acte de mariage précité.
Le premier de ces documents est une lettre, en français, du brigadier
général De Speth au gouverneur Haldimand à propos du prisonnier nommé
André Payfer, comme suit:
Montreal, le 1er d'Aoust 1782.
Monsieur,
J'ai l'honneur de :—,/P>
Parmi les dernières Prisonniers faites au Mohac River il se trouve un
jeun home de vingt Ans, nommé André Payfer qui est le neveu du Lieut, de
Milice Payfer à St. Geneviève; le dit Lieut, de Milice m'a prié Permission de
pouvoir faire demeuré son Neveu avec lui. Mr St George Dupré m'a écrit sur
ce Sujet la lettre ci jointe, j'attend l'Ordre de Votre Excellence si Elle veut
accorder au Lieut, de Milice Payfer cette grace.
J'ai l'honneur d'etre avec le plus parfait Respect
Votre Excellence
très humble et très obéissant Serviteur
(Signé) de Speth ( 10)
La seconde pièce rapporte l'examen d'u prisonnier, que l'on nomme
cette fois Antoine Payfer, par James Hughes, major de la ville, et la déposition
suit:
Montreal, August 17th 1782
Anthonee Payfer, said to be a Canadian (11), in His
Excellency the Commander in Chiefs Letter to Brigadier General de Speth, dated Quebec 12th Instant
(i.e. of the present Month),
The Prisoner I have examined this day. He says he is a high Germain
(12), that he was born on the Mohawk River, that he
left his father's House near Fort Hackeman (13), on
the 21st June last, in a Canout (canoe?) and had with him some wale (wheat) & Corn, which he brought
to Mr Ellus Mill, at the Lettel (Little) Falls, where he stayed all night, and was taken prisoner
by Captain Robertson on the 22 in the morning, he further says, that Captain Robertson gave him in
charge to the Indians the Second night after he left the Mills, the Indians Brought him to Oswgatche
from thence he was brought to the Town by one Adam Luby, who gave him in charge of the provost guard.
The prisoner acknowledged to have been a soldier in the Rebel Militia for five years, in this Time
he says he was much employed in Driving Carts and Hedges for the Service of those Armies, he denies
ever have been in action.
The prisoner further says his Father was taken prisoner by the Indians from the German Flatts in the
year 1778 that he has been (14) in this Country
for some Time, that he lived with His Brother who his an officer of Militia in the parish of St
Genevieve. That His Excellency General Haldimand permitted him to return home last fall on his
parole and that he now lives near Fort Harkmann (15).
(Signed) James Hughes Town Major".
( 16)
Henry Paul Payfer fut de son vivant marchand à Ste-Geneviève. Il
est décédé dans sa maison le 11 mars 1 784. La propriété fut achetée ensuite
par son gendre, Marc Alexandre Delienne, par contrat devant le notaire
L. S. Soupras, le 5 mai 1784.
L'inventaire des biens communs de feu Henry Paul Payfer et d'e Marie
Catherine Ethier, sa veuve, eut lieu devant le même notaire, le 26 mai 1784
et leurs enfants Marie Catherine, épouse de Marc Alexandre Delienne, Marie
Christine, 18 ans, Marie Suzanne, 17 ans, Louis, 13 ans, Marguerite, 11
ans, Henry, 7 ans, Hyacinthe, 5 ans, Janvier, 3 ans, et Scholastique, 2 ans,
sont héritiers d'un neuvième chacun de la succession de leur père. John
Wiver, "cousin du côté paternel des dits enfants mineurs", assiste à l'inventaire.
...
LOUIS RICHARD (64)
7 - D'après l'ouvrage de Raymond Masson sur les familles de Terrebonne. Un
descendant, le Dr Roméo Payfer, 50 rue Simcoe, Ottawa, ingénieur, dit que ses ancêtres
venaient "d'Alsace-Lorraine".
8 - Tanguay (Vol. 6, p. 195) dit que "Paul Henri André Paifer, anglais, était au
TJSUC des Deux-Montagnes le 4 janv. 1754". Cette nationalité anglaise d'Henri Paul
Payfer s'accorde avec les faits ci-dessus puisque la colonie de New York était alors
sous la domination de l'Angleterre. (Voir son mariage Appendice IV)
9 - Son acte de sépulture au registre de la paroisse de Ste-Geneviève, le 13 mars
1784 dit qu'il avait été "lieutenant et aide major des milices".
10 - Collection Haldimand, B 130 Vol. 2, Archives Publiques du Canada, Ottawa,
Ottawa.
11 - II dit bien pourtant dans sa déposition qu'il est né à la rivière Mohawk.
12 - Voilà un détail intéressant. Cette expression concerne le langage et non les
gens. Le haut allemand est parlé dans la partie méridionale de l'Allemagne et dans
le sud de l'Alsace.
13 - For "Herkimer".
14 - "Was" would be more exact has he is talking of his father
who was back in his country.
15 - Again "Herkimer".
16 - Collection Haldimand, B 130 Vol. 2, Public Archives of Canada,
Ottawa. See also Canadian Archives Report, 1887, page 308.
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