Mes racines / my roots

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Biographie de Marie Ananie Céré, tante de

Biographie de Marie Ananie Céré, tante de Louis Wilfrid Sicotte
(Deuxième partie)




Le texte qui suit en quatre parties
est basé entre autres sur des documents trouvés dans les archives
de l'Archevêché de Montréal et de
l'Institut des Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie.
Références à ceux-ci sont indiquées clairement dans chaque cas.
Il y a également eu de l'information fournie par les Dames du Sacré Coeur.
Il sera clairement indiqué quand l'auteur présume des faits.
L'auteur a également travaillé à partir des entrées du
Dictionnaire Biographique du Canada en ligne
pour Eulalie Durocher reproduite ICI.
et Monseigneur Ignace Bourget reproduite ICI.
De plus l'auteur a travaillé à partir des livres
Par le chemin du Roi une femme est venue de Germaine Duval, SNJM ainsi que
Henriette Céré dite Soeur Marie-Madeleine
de Soeur Rachel-Éveline Pelletier, SNJM.





Notez bien: La vie de Marie Ananie Céré est en bonne partie mêlée à celle de divers membres de sa famille, à celle de Monseigneur Ignace Bourget, alors évêque de Montréal, de plusieurs des soeurs de l'institut des Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, du père Louis Étienne Avila Valois, alors aumônier du couvent de cet institut à Hochelaga.


SOMMAIRE

  1. Première partie: JUSQU'À LA MORT DE MÈRE MARIE ROSE (OCTOBRE 1849).
  2. Seconde partie: APRÈS LA MORT DE MÈRE MARIE ROSE (OCTOBRE 1849) JUSQU'EN OCTOBRE 1865.
  3. Troisième partie: D'OCTOBRE 1865 AU 8 DÉCEMBRE 1867.
  4. Quatrième partie: DU 8 DÉCEMBRE 1867 À 1903.



Sa vie en religion sous Mère Véronique du Crucifix, deuxième mère générale

La deuxième supérieure générale fut mère Véronique du Crucifix née Hedwidge Davignon; elle le fut de 1849 à 1857. Elle fonda durant ce temps les pensionnats de Saint Hilaire, de Beauharnois et de Verchères. Elle était novice de choeur lors de la fondation de l'institut. La troisième supérieure générale fut mère Thérèse de Jésus née Salomé Martin qui également était novice de choeur lors de la fondation de l'institut.

Ces deux mères générales ont beaucoup à voir dans cette histoire. Aussi fait-il beaucoup de sens de lire ce qu'il est dit officiellement à leur sujet par leur communauté. On trouvera également ce qui s'y trouve sur la première mère générale. Ces biographies sont trouvées ICI.

Le recensement de 1851 nous fournit une certaine quantité d'information sur les soeurs des maisons de Longueuil, Béloeil et Saint-Timothée, mais rien sur les maisons de Saint-Lin et de Saint-Hilaire puisque les résultats du recensement de 1851 pour ces localités sont perdus.Quant à la maison de Verchères, elle ne fut fondée qu'en octobre 1856. Pour les résultats trouvés à ce recensement de 1851, pressez ICI.

Nous y trouvons Henriette Ursule Céré, la soeur de Ananie Céré, sous le nom de soeur Marie Madeleine au couvent de Longueuil, où elle était revenue l'année précédente après avoir fondé la mission de Saint-Timothée. Elle y enseigna la couture de 1850 à 1863.

Ananie (soeur Marie Joseph) n'est pas sur la liste; ce qui me force de conclure qu'elle oeuvrait à Saint-Lin ou à Saint-Hilaire, comme expliqué à la page sur ce recensement.

Sa soeur Marguerite Julie Céré, soeur Hospitalière de Saint Joseph sous le nom de soeur Mance, devint supérieure de l'Hôtel-Dieu de Montréal en 1851. Elle le demeura jusqu'en 1857.

Sa nièce Marie Henriette Céré, née le 24 novembre 1835, fille de son frère François Xavier Céré et de Louise Charon, mourut à Longueuil et fut inhumée à Saint Antoine de Padoue le 23 juillet 1854 à l'âge de 18 ans environ; elle était alors soeur Marie Antoine, novice chez les Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie à Longueuil. (Cet acte est trouvé plus bas.)

Sa soeur Marie Louise Adéline Céré, épouse de Athanase Lamoureux, la dernière à se marier dans sa famille, le 13 février 1849, mourut à Saint Hugues le 20 mars 1857 et y fut inhumée le surlendemain à l'âge de 39 ans et 3 mois.

Sa vie en religion sous Mère Thérèse de Jésus, troisième Mère générale, jusqu'en octobre 1865

La troisième mère supérieure des Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie , avons-nous vu, fut mère Marie Thérèse de Jésus, née Salomé Martin. Elle le fut de 1857 à 1867. Comme la supérieure précédente, elle avait été novice de choeur lors de la fondation de l'institut.

Cette troisième Mère générale voyait les choses en grand. Elle fonda le pensionnat d'Hochelaga, une fondation énorme comparativement aux autres faites jusqu'ici. À cela elle ajouta au Québec des fondations à Valleyfield et à Saint Roch de l'Achigan. Elle créa également des fondations aux États-Unis rendant sa communauté internationale, avec des pensionnats en Orégon, dans l'état de New York ainsi qu'en Illinois.

Le couvent d'Hochelaga fut une fondation beaucoup plus considérable que le Couvent de Longueuil. Le terrain sur lequel l'édifice fut bâti avait été donné par Simon Dominique Valois qui habitait juste à-côté. Pour plus sur eux et leur famille, pressez ICI. Celui-ci paya également pour la chapelle du couvent. Cet édifice servait de Couvent pour les soeurs, de noviciat et de pensionnat pour les élèves. Pour une photo du couvent et de sa chapelle, pressez ICI. Pour l'emplacement du couvent et des bâtiments aux alentours selon le Lovell, pressez ICI.

Les travaux de construction avaient débuté le 30 mai 1858. Ce couvent fut inauguré le 28 août 1860 et le 28 octobre 1860 Louis Étienne Avila Valois, fils unique de Simon Dominique Valois, né le 16 octobre 1834 et donc âgé de près de 26 ans, fut ordonné prêtre par Monseigneur Ignace Bourget dans la chapelle de cette maison. Monseigneur Bourget nomma aussitôt le nouveau prêtre aumônier de cette maison. Ce dernier continua à vivre chez ses parents, juste à côté du Couvent.

Simon Dominique Valois devait être bien considéré depuis plusieurs années par Monseigneur Bourget puisque ce dernier avait officié au mariage de sa fille unique Philomène Valois avec l'avocat Paul Lussier à Notre Dame de Montréal le 10 février 1857. (Cet acte est trouvé plus bas.)

Parlant d'avocats, Pierre Wilfred Alphonse Sicotte, fils de Jean Baptiste Sicotte et de Marie Josephte Céré, soeur de notre Ananie, fut appelé au Barreau en 1860.

Au recensement de 1861, soeur Marie Joseph résidait au couvent d'Hochelaga à Montréal. Les religieuses y sont trouvées sur leurs noms de filles. (La page de ce recensement est trouvée plus bas.) Les trois premiers noms sont Salomé Martin (Mère Marie Thérèse de Jésus), supérieure générale; Hermine de Rouville (soeur Marie Scholastique), supérieure de la maison d'Hochelaga; Marie Ananie Céré (Soeur Marie Joseph), maîtresse des novices. Sur la seconde page de ce recensement, on trouve deux noms intéressants dans la liste des étudiantes: d'abord Hérénie Valois, 14 ans. Il s'agit de Marie Josephte Hérénie Valois, fille de Narcisse Valois et de Marie Josephte Hénault; née et baptisée le 30 décembre 1847 à Saint Michel de Vaudreuil. Le nom qui suit est Antoinette Valois, 10 ans. Il s'agit de Marie Philomène Antoinette Valois, fille de Narcisse Valois et de Ursule Ritchot. Ces deux filles n'étaient pas soeurs, mais bien tante et nièce. En effet, le Narcisse Valois de Vaudreuil était le père du Narcisse Valois de Notre-Dame quoique Marie Josephte Hénault n'était pas sa mère: le Narcisse Valois de Vaudreuil s'était remarié entre temps. Pour revenir à Marie Philomène Antoinette Valois, qui était née le 3 décembre 1851 et fut baptisée le lendemain à Notre Dame de Montréal, ses parrain et marraine furent Louis Avila Valois et Marie Philomène Valois, fils et fille de Simon Dominique Valois, qui ont tous trois été mentionnés dans cette histoire. Simon Dominique Valois était le frère du Narcisse Valois de Vaudreuil et donc l'oncle du Narcisse Valois de Notre-Dame.

Au recensement de 1861 toujours, soeur Marie Madeleine résidait au couvent de Longueuil. Soeur Véronique du Crucifix était supérieure de la maison. Les religieuses y sont trouvées sur leurs noms de filles et de religion. Sur la page qui apparait en deuxième position plus bas, on trouve sur la ligne 9 Ursule Céré, qui va devenir un peu plus loin dans cette histoire soeur Marie Béatrice. Elle est donc encore aux études vers juin 1861. (Les pages de ce recensement sont trouvées plus bas.)

Cette dernière page du recensement de 1861 est utile pour d'autres raisons. Nous y trouvons que le couvent a deux chaplains: les abbés Etienne Lavoie et Jean Baptiste Couillard. On y remarque deux autres prêtres: les abbés George A. Thibault et Jean Baptiste Cousineau. À cela il faut ajouter quatre Clercs de Saint-Viateur, soit Théophile Langlois, Louis Vadeboncoeur, François Dussault et Joseph Tranchemontagne. Ceux-ci étaient là pour apprendre aux futures soeurs les méthodes d'enseignement ainsi que le curriculum. Cela faisait partie du programme d'amélioration de l'enseignement dispensé par les Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie que poussait Mère Marie Thérèse de Jésus.

Julie Céré, soeur Hospitalière de Saint Joseph et soeur de notre Ananie, apparait également au recensement de 1861 sur la ligne 6 de la page de l'Hôtel Dieu de Montréal. (La page de ce recensement est trouvée plus bas.)

Marie Thérèse Céré, née le 26 mai 1839, fille de François Xavier Céré, frère de notre Ananie, et de Louise Charon devint soeur Marie Ananie chez les Soeurs de la Providence à Montréal. On la trouve à Joliette avec des consoeurs au recensement de 1861.

Sa nièce Emma Marchand, fille de sa soeur Marie Charlotte Céré et de Louis Marchand, naquit le 12 août 1837 à Saint Mathias. Âgée de 14 ans au recensement de 1851, elle était étudiante chez les Dames du Sacré-Coeur. Elle joignit cet ordre religieux peu de temps après avoir terminé ses études.

Soeur Marie Béatrice, novice chez les Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, née le 28 septembre 1844 Marie Ursule Céré, fille de François Xavier Céré et de Louise Charon, qui étudiait au Couvent de Longueuil au recensement de 1861, mourut au Couvent d'Hochelaga (Pied du Courant) le 15 juillet 1862 et fut inhumée à Saint Antoine de Padoue le lendemain, à l'âge de 17 ans et dix mois environ. Elle était donc la nièce de notre Ananie qui était maîtresse des novices là-bas. (Cet acte est trouvé plus bas.)

L'abbé Louis Etienne Avila Valois avait de la famille à La Pointe Claire. Aussi le 30 décembre 1862 était-il célébrant à la sépulture dans l'église de Saint Joachim de la Pointe Claire du corps de Marie Adélaïde Valois.

Si je me base sur le nombre de lettres que notre Ananie a écrites et qui sont mentionnées dans cette histoire, et le fait que celle-ci eut pu les écrire sans permission sans éveiller l'attention, je me dois de supposer que plusieurs des soeurs avaient une correspondance importante. Si je me base sur l'exemple de ma tante religieuse dans une communauté d'enseignement aux Philippines après la guerre, celles-ci auraient plutôt été encouragées d'écrire dans leurs familles pour y quêter des fonds et pour y semer des vocations, comme dans le cas de ses deux nièces qui s'étaient jointes à son ordre religieux, comme nous venons de voir, et d'autres avaient embrassé la vie religieuse.

Ses problèmes à Hochelaga avec Soeur Marie Scholastique Supérieure du couvent d'Hochelaga des Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie

Monseigneur Ignace Bourget montrait un très grand intérêt pour l'institut des Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie puisque c'est lui qui en avait poussé sa fondation. Aussi faisait-il des visites fréquentes dans leurs différentes maisons de son diocèse afin de parler en tête à tête avec chaque religieuse.

Il semble que la vie religieuse de Ananie Céré ait été sans histoire jusqu'en 1863 environ. (On se rappelle qu'elle était entrée le 15 août 1847 et avait fait sa profession probablement le 25 mars 1849 (fête de l'Annonciation) après sa donation datée du 10 mars; elle avait donc environ 14 ans comme soeur de cet institut.) Elle était alors maîtresse des novices à Hochelaga. C'est le 16 septembre 1863 qu'elle écrivit à son évêque sans en avoir la permission. Lors de la dernière visite de l'évêque, elle n'avait pas eu le temps de lui dire tout ce qu'elle avait alors sur le coeur. Aussi lui avait-il dit de lui écrire ce qu'elle n'avait pas pu lui dire et qui la tracassait.

Le point en litige entre elle et la supérieure de la maison, Soeur Marie Scholastique, concernait le fait qu'elle ne voulait pas aller "en direction" avec cette dernière, à savoir, tout lui dire concernant sa vie religieuse, alors qu'elle considérait que cela devait se faire au prêtre, au confessional. Elle avait discuté ce point avec Monseigneur Bourget lorsqu'il avait donné une retraite aux soeurs qui partaient pour l'Orégon. Celui-ci lui avait alors affirmé "que la direction à la Supérieure ne regardait que les difficultés que l'on rencontrait dans la charge que l'on a à remplir." et elle lui avait répondu que "Je rends compte du Noviciat, il me semble de mon mieux." De toute façon, ce dernier avait dit qu'il lui donnait la permission de continuer comme elle faisait et avait toujours fait. La supérieure, Soeur Marie Scholastique considérait que Monseigneur Bourget avait tort, et que la règle primait, et donc que Soeur Marie Joseph n'avait qu'à s'y plier. Et le confesseur, le père Valois, prévenu du différent, tendait à aller du côté de Soeur Marie Scholastique.

Ce différend constant était un point si important pour Ananie que celle-ci ajouta: "C'est un vrai supplice de vivre dans une communauté comme celle-ci et je serais tenté d'aller dans une autre communauté, si je savais de persévérer." Elle lui dit qu'elle avait écrit sans permission puis ajouta: "J'ai prié beaucoup avant de vous écrire et il me semble que je dois le faire, afin que Votre Grandeur connaisse ma position."

Je me permet ici un long commentaire sur le point en litige: Ananie entra en communauté le 15 août 1847 lorsque Mère Marie Rose était supérieure générale. Or jusqu'à 1863, sous le supériorat de Mère Marie Thérèse de Jésus, ce point de la règle ne lui fut pas imposé. Je doute fort que Ananie ait outrepassé un point important de la règle de l'ordre comme novice sans être corrigée par sa maîtresse des novices. Ce point de la règle semble n'avoir été mis en application pour toutes les soeurs que vers 1863, lorsque celui-ci a commencé à lui causer des problèmes. Je me dois de conclure que ce n'est pas Ananie qui a refusé de se conformer à la pratique régulière de l'Institut des Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie telle qu'elle était sous Mère Marie Rose, mais bien celles qui ont déniché un article de la règle que la fondatrice n'avait pas appliqué. Car la règle en question avait tout simplement été copiée par le nouvel Institut tout comme son nom; les fondatrices l'avaient étudiée avec l'aide de quelques prêtres Oblats de Marie Immaculée, un autre Institut de France. Donc, pendant la première quinzaine d'années de la vie de cet Institut, ce point de la règle (ou son interprétation) ne semble pas avoir été considéré comme vital. On imposait maintenant à une soeur qui avait vécu une vie différente dans la communauté originale une façon de faire nouvelle, qu'elle n'acceptait pas pour elle.

Par contre, il semble que cette règle ait été acceptée par une partie de la communauté. En effet, il semble que toutes les soeurs nouvelles l'acceptaient, et même que notre Ananie, en tant que maîtresse des novices, l'inculquait à celles-ci. Car elle connaît cette règle et affirme faire son travail consciencieusement. Après tout, le simple fait qu'elle considère que son évêque lui a donné une dérogation montre qu'elle reconnait bien l'existence de cette règle.

Il me semble que l'élection de soeur Véronique du Crucifix comme mère générale ait été accompagnée par celle de soeur Marie Thérèse de Jésus comme maîtresse des novices, quoique je n'ai pas de preuves. Il est par contre un fait que les prêtres s'étaient taillés une place de choix quant à la direction de l'Institut sous Mère Marie Rose, que les prêtres Oblats de Marie Immaculée, Monseigneur Bourget, le curé de Longueuil, tous voulaient avoir leur mot à dire dans la gestion de l'Institut. On écrit de plus à propos de soeur Véronique du Crucifix qu'elle se fiait beaucoup trop sur les prêtres, contrairement à soeur Marie Thérèse de Jésus qui, au contraire, voulait éliminer toute ingérence extérieure dans les affaires de la communauté. Il semble de plus que sous mère Véronique du Crucifix cette règle était appliquée par certaines soeurs et non par d'autres, que la supérieure ait refusé de l'imposer à toutes et chacunes, une raison pour considérer cette dernière comme manquant d'indépendance face au clergé.

Examinons ce problème du point de vue de l'équité: lorsque soeur Marie Madeleine a prononcé ses voeux, sous Mère Marie Rose, cette règle n'était pas appliquée. Il est donc tout-à-fait injuste de la forcer de le faire par après. Il fallait laisser les "vieilles" soeurs tranquilles, ce qui montrait la sagesse de Mère Véronique du Crucifix et l'intransigeance de Mère Marie Thérèse de Jésus. Imposer la règle aux nouvelles soeurs ne cause pas problème; elles savaient à quoi s'attendre lorsqu'elles ont fait leurs voeux. Tout était une question de temps: les vieilles soeurs allaient mourir et toutes les nouvelles avaient été formées selon cette règle. Mais la troisième Mère générale n'aimait pas attendre et ne voulait surtout pas d'ingérence de la part de son évêque. Fin de mon commentaire.

Un des neveux de notre Ananie, Louis Wilfrid Sicotte, fils de Jean Baptiste Sicotte et de Josephte Céré, avocat, maria le 12 janvier 1864 à Notre Dame de Montréal Malvina Giard, fille de Louis Giard et de Lucille Drolet. (Cet acte est trouvé plus bas.) On remarque parmi les signatures, sur la ligne deux, Narcisse Birtz Desmarteau, et plus bas, Louis Marchand que nous avons rencontré à plusieurs reprises dans cette histoire. C'est cette année que Louis Wilfrid Sicotte fut secrétaire de Sir George Etienne Cartier.

Ses problèmes à Hochelaga avec Mère Marie Thérèse de Jésus Supérieure Générale des Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie

Soeur Marie Joseph envoya du couvent d'Hochelaga à Monseigneur Bourget une seconde lettre datée du 3 novembre 1864.

Cette deuxième lettre est plus tragique que la première; elle y révèle non seulement le désarroi spirituel dans lequel elle est plongée compte tenu des circonstances, mais également elle y attaque la Mère Supérieure Générale quant à son comportement vis-à-vis elle et également les autres soeurs, ainsi que sur son mode de vie et en particulier son intimité avec l'aumônier du couvent.

Elle revient d'abord sur le fait que la Supérieure du couvent, Soeur Marie Scholastique, considère qu'elle est la partie offensée, que plutôt d'aller régler son différent avec l'Évêque concernant la règle, "qu'elle ferait son possible pour servir Dieu malgré l'état où elle se trouve", ce qui rend notre Ananie hors d'elle.

Ceci dit, Ananie comprend maintenant que tout ceci est la faute de Mère Marie Thérèse de Jésus, l'architecte de cette nouvelle façon de faire. Cette femme veut l'indépendance de l'Institut; elle veut réduire, sinon éliminer l'ingérence de l'évêque et des prêtres dans ses affaires. Ananie se sent attaquée par ces deux femmes qui sont ses supérieures et qui ne veulent pas lâcher prise. C'est une lutte à finir. Elle se sent attaquée, méprisée, calomniée. Elle se rebelle, elle enrage. Comme les choses ne font qu'empirer avec ses prières ferventes, elle en vient à ne plus prier, mais à passer son temps à s'apitoyer sur son sort. Elle en veut à ces soeurs. Et elle sait que cela est mal, et n'arrive pas à se contrôler. Elle se sent perdue; elle veut mourir, sauf qu'elle sent que son état spirituel est tel qu'elle doute de son salut.

Rendue à ce point dans sa lettre, elle commence ses doléances contre Mère Marie Thérèse de Jésus. Elle affirme que celle-ci est jalouse de quiconque est estimé par le père Valois; qu'elle recherche son estime aux dépends des autres soeurs, qu'elle les abaisse en sa présence. Elle insiste à lui parler et monopolise le confessional, et elle le refuse à celles qui ne veulent pas lui dire pourquoi elles veulent y aller. Elle passe des heures avec lui en privé. Elle se permet de déroger à la règle, de se coucher quand elle le veut, de manger quand elle le veut, elle a un poële dans sa chambre et de bonnes couvertures alors que bien des soeurs n'ont que des paillasses et ont passé l'hiver avec une couverture bien mince. Par contre, la communauté fournit des lits aux pensionnaires et à des américaines qui paient pour leur pension. Et ce qu'elle dit, toutes les Soeurs le pensent. On blâmait autrefois Mère Véronique du Crucifix "d'être trop avec les prêtres", mais la présente Supérieure Générale l'est énormément plus avec l'abbé Valois.

Depuis le mois de mars, les confessions ne sont plus régulières; les intervalles de 10 jours et plus se sont multipliés. De plus, l'aumônier est souvent en discussion avec la Supérieure, de telle sorte qu'il ne lui reste plus de temps pour les confessions. Elle ne le blâme pas; elle l'estime mais les Supérieures abusent de son temps.

Les Supérieures imposent des travaux aux Soeurs qui les obligent à faire de la couture le soir jusqu'aux petites heures du matin dans certains cas. À cause de cela, elles obtiennent des dispenses de leurs exercices de piété pour récupérer leur sommeil. "On est toujours averti trop tard pour faire les ouvrages, ensuite le désordre s'en suit. On lave au dessus de trente pensionnaires ce qui donne beaucoup de repassages, les postulantes sont obligées de passer deux et trois jours par semaine pour aider, et pour le linge de la communauté, il faut toujours des dispenses." De plus, elle introduit des étrangers au Couvent et les amène même dans le dortoir des soeurs: "Notre mère introduit les étrangers dans la maison, elle en a conduit au dortoir dans l'après midi pendant qu'un bon nombre de Srs reposaient pendant les vacances, c'étaient des Messieurs!"

Elle reproche à Mère Marie Thérèse de Jésus de mener la Communauté avec "un bras de fer" et ajoute "C'est un vrai despotisme." Elle termine par: "il vaut mieux avoir l'esprit de charité en changeant que de conserver l'esprit qui règne aujourd'hui, il y a beaucoup de Srs qui en gémissent. Notre Mère a eu le soin d'éloigner toutes les plus anciennes de la maison parce qu'elles s'aperçoivent de tout ce qui se passe." et par une demande: "Je demande que la Supérieure ne soit pas à vie. Que les Sœurs soient libres pour leur direction de le faire au confessionnal, mais qu'elles le sachent, car ce n'est pas connu, on leur défend même d'y dire autre chose que leur confession et lorsque la Supérieure croit qu'il est sortie quelque chose au confessionnal, par les remarques que fait Mr Valois, elle cherche qui a pu dire cela, elle leur fait sentir ensuite qu'elle a quelque chose contre elles, ce qui les gène beaucoup et les peine, etc."

Permettez-moi de prendre la défense de la Supérieure Générale cette fois-ci. Celle-ci s'est donnée comme objectif une expansion rapide de sa Communauté aux États-Unis et ailleurs. Pour ce faire, il faut que les Soeurs fassent des sacrifices, fassent passer le matériel devant le spirituel, car cette expansion coûte de l'argent. Elle doit donc rencontrer des laïcs pour quêter des fonds, être très affable avec eux, leur montrer tout ce qu'ils veulent voir, entrer des fonds avec des pensionnaires. Pour elle, il s'agit d'une guerre et elle doit connaître la valeur de chacune de ses "soldats". De plus, l'aumônier est le fils d'un homme riche qui doit avoir de bonnes connections; lorsqu'elle va manger avec le père Valois, elle va vraiment manger avec sa famille puisqu'il habite chez ses parents, just'à côté du Couvent. Elle vit "dans le monde" pour obtenir les moyens de faire progresser l'oeuvre d'éducation lancée par les fondatrices.

Quant à être trop proche de l'aumônier, cela est dû au fait que ce dernier est complice avec la mère supérieure, qu'il approuve ses objectifs, qu'il se veut impliqué dans les grands projets de la mère générale. La mère générale et l'aumônier d'Hochelaga sont deux âmes-soeurs, et la mère générale peut compter sur son aide, sur ses conseils, pour faire avancer ses projets. Elle cherche donc à se l'approprier le plus posssible. Fin de sa défense.

Cette deuxième lettre, avons-nous vu, date du 3 novembre 1864. Nous n'avons pas d'information sur ce que vit Ananie entre cette date et la fin de septembre 1865. Elle continue à résider au couvent d'Hochelaga. Elle est toujours maîtresse des novices.

Sa soeur Ursule Henriette Céré, soeur Marie Madeleine, terrassée par une crise de rhumatisme inflammatoire au début de 1865, dût refaire ses forces à Verchères, puis au couvent d'Hochelaga. Les deux soeurs furent donc ensemble pour quelque temps. Après quoi elle fut chargée de l'externat à Verchères en août 1865, et y demeura jusqu'en 1867.




Pour la troisième partie, pressez ICI.


Documents numérisés ou transcrits

  1. Sépulture de Marie Henriette Céré (soeur Marie Antoine) à Saint Antoine de Padoue de Longueuil (23 juillet 1854)





  2. Mariage de Paul Lussier et de Philomène Valois à Notre Dame de Montréal (10 février 1857)





  3. Extrait du recensement de 1861 de Marie Ananie Céré avec des consoeurs au couvent d'Hochelaga à Montréal









  4. Extrait du recensement de 1861 de Marie Ursule Céré avec des consoeurs au couvent de Longueuil









  5. Recensement de 1861 pour soeur Julie Céré comme soeur hospitalière de l'Hôtel Dieu





  6. Sépulture de Marie Ursule Céré à Saint Antoine de Padoue de Longueuil (16 juillet 1862)





  7. Mariage de Louis Wilfrid Sicotte et de Malvina Giard à Notre Dame de Montréal (12 janvier 1864)








Le Lovell et les environs du couvent d'Hochelaga

  1. Lovell de 1890:
    Notre Dame (Hochelaga)
    1 Lapointe Amable, sen. farmer
    6 Lussier Paul, advocate
    68 Valois rev. A. L.
    70 Eglise de N. D. du Sacré-Coeur
    98 Monastery of N. D. du S.-C.
    99 Convent of the Holy Names of Jesus and Mary, Mother Marie J. Bte., superioress
    128 Ecrement rev. F. X., chaplain Convent of the Holy Names of Jesus and Mary
    161 Finnigan John, milkman


  2. Lovell de 1910
    Notre Dame Est:
    Ailwin begins
    1860? Foucher rev J. A. chap. Convent Holy Names of Jesus and Mary
    1856 Eglise de N. D. du Sacré Coeur
    1856 Convent of the Holy Names of Jesus and Mary
    Joliette Begins


  3. Lovell de 1920
    Notre Dame Est:
    1856 Eglise de Notre Dame du Sacré Coeur
    Joliette begins
    1857 Convent of Holy Names of Jesus and Mary
    Nicolet st begins

  4. Lovell de 1930
    Notre Dame Est:
    Joliette begins
    3587 Hochelaga Convent
    Nicolet begins

  5. Lovell de 1940
    Notre Dame Est:
    Joliette begins
    3587 Hochelaga Convent
    Nicolet begins

  6. Lovell de 1950
    Notre Dame Est:
    Joliette begins
    3587 Hochelaga Convent
    Nicolet begins

  7. Lovell de 1960
    Notre Dame Est:
    Joliette begins 3587 Hochelaga Convent (school)
    Nicolet begins

  8. Lovell de 1965
    Notre Dame Est:
    Joliette begins
    3587 Hochelaga Convent
    Nicolet begins



Couvent d’Hochelaga.

Ce magnifique édifice de style Néo-Classique était, dit-ton, l’un des plus achevés de ce style à Montréal. Ce fût le 30 mai 1858 que débutèrent les travaux de construction. Plusieurs agrandissements seront apportés à l’édifice au cours des années mais c’est en 1864 que le magnifique péristyle de la façade est érigé. Il est l’œuvre de l’Architecte James Garven fils. C’est le Tanneur et industriel Simon Valois qui offrit le terrain à la Congrégation des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie et qui déboursa une somme d’argent pour l’érection du tout premier bâtiment.
Musée McCord d’histoire Canadienne





Chapelle du Couvent d’Hochelaga.

C’est le Tanneur et industriel Simon Valois qui offrit le terrain à la Congrégation des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie et qui déboursa une somme d’argent pour l’érection du tout premier bâtiment.
Musée McCord d’histoire Canadienne





Maison de Simon Valois, située rue Notre Dame côté du Fleuve.

L’Abbé Louis Étienne Avila Valois (1834-1893) Fils de Simon Valois et de Émilie Latremouille, hérita de cette maison. Il fût ordonné prêtre en 1860 et devint chapelain au Couvent d’Hochelaga de (1860-1867). C’est L’abbé François-Xavier Écrément, demi-frère du Notaire Marie Gustave, qui lui succéda au Couvent. Par la suite, ce fût l’Abbé Louis Alexandre Dubuc qui prit la charge avant de devenir le Curé fondateur de la paroisse St Clément de Viauville.
Archive: William Notman (1826-1891)
1-227.42
Musée McCord d’histoire Canadienne





Horutine Valois 11 (1850)


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