La famille des Wilson à l'Île Bizard |
FAMILLE WILSONJohn Wilson, pionnier et beau-père d'Henri-Césaire Saint-PierreCe document provenant du livre Histoire de l'Île Bizard, rédigé par Éliane Labastrou et publié en 1976, a été digitalisé et modifié par Jacques Beaulieu, arrière-petit-fils de Henri Césaire Saint-Pierre.L'origine de la famille Wilson dans l'île Bizard remonte à 1824 et elle fut l'aboutissement d'une grande aventure, comme l'ont rapportée plusieurs membres de la famille Wilson. John Wilson, l'ancêtre de cette famille, naquit à Lisbonne au Portugal, comme en témoigne son acte de mariage dans la paroisse de Sainte-Geneviève. C'est d'ailleurs sous le nom de Welsh qu'il épousa le 3 novembre 1824 Marguerite Paquin de l'île Bizard. Elle était la fille d'Alexis Paquin et de Marie-Joseph Robillard, venus de Deschambault pour s'établir dans l'île quelques années auparavant. Le père de John Wilson était dit Antoine Welsh à son mariage, et sa mère, Marie Polis. Par la suite, cependant, John Wilson fit baptiser tous ses enfants sous le nom de Wilson et non pas de Welsh. Voici ce qu'écrivit en 1930 le petit-fils de John Wilson, J.-Ulric Wilson, curé de Curran en Ontario: De quelle nationalité était l'aïeul Antoine Wilson dit Welsh de Lisbonne? Le surnom de Welsh indiquerait peut-être une ascendance non portugaise, mais galloise. Dans ce cas, la vieille mère patrie des Wilson serait celle du merveilleux Churchill. Mais d'autres membres de la famille voudraient l'Écosse comme terre des ancêtres. II ne faut peut-être pas les contredire. Mais comment Antoine Wilson dit Welsh, époux de Marie Polis, serait-il venu se fixer à Lisbonne? On peut le conjecturer quand on songe que John était déjà majeur lorsqu'il épousa Marguerite Paquin de l'île Bizard en 1824 et qu'il a dû naître vers les 1800, à quelques années près, et qu'alors c'était les guerres de Napoléon 1er qui sévissaient en Europe et que l'Angleterre cherchait à endiguer par ses armées sous Wellington en Espagne. Le mouvement des armées anglaises vers la péninsule ibérique expliquerait l'odyssée des Wilson dit Welsh vers le Portugal. Pierre-Georges Roy, quant à lui, faisant la biographie du juge Charles-Avila Wilson, dit qu'Antoine Wilson était officier d'un régiment écossais, servant dans les troupes anglaises sous les ordres de Wellington en Espagne et au Portugal. On sait par ailleurs qu'il existait un clan écossais du nom de Wilson et que celui-ci possédait son propre tartan. Mais d'où viendrait le nom de Welsh? L'histoire de l'immigration de John Wilson au Canada peut l'expliquer. Les détails de cette aventure rapportée par plusieurs membres de la famille varient un peu, mais le fond reste le même. Voici ce qu'écrivait encore le curé J.-Ulric Wilson à ce sujet: D'après le récit souvent fait par le plus jeune des fils de John Wilson, Amable, son père aurait émigré au Canada à la suite d'un enlèvement. À l'âge de 14 ans, alors que le petit jouait sur les bords de la mer avec deux autres compagnons, des matelots les attirèrent à bord d'une goélette et dès qu'ils furent sur le pont, ils refoulèrent les enfants dans la cale du navire et levèrent l'ancre. Sept années durant, ils furent retenus captifs sur ce corsaire, sans qu'il leur fut jamais permis de mettre pied à terre. Une bonne fois, comme le navire était accosté à un quai de Québec, par une nuit bien noire, les captifs trouvèrent moyen de s'échapper sur la terre ferme et de reprendre ainsi leur liberté. Trois jours durant, Johnny cotoya le Saint-Laurent dans la direction de Montréal. C'était alors l'époque du flottage des immenses radeaux de bois carré sur le Saint-Laurent. Le brave marin trouva de l'emploi au service de la Compagnie Hamilton de Hawkesbury qui faisait le commerce du bois carré expédié alors en Angleterre. Trois ans plus tard, notre voyageur dans les pays d'en haut épousait une demoiselle Marguerite Paquin de l'île Bizard, à qui il confiait ses épargnes et son coeur. Il échangeait la vie aventurière de voyageur pour celle moins capricieuse de cultivateur des plus heureuses et des plus prospères... La version d'autres membres de la famille diffère quant aux compagnons de John aussi pris comme captifs. Certains disent qu'il était avec l'un de ses frères, et d'autres, avec deux de ses frères. On fait aussi varier l'âge, les uns disant qu'il aurait eu sept ans lorsqu'il fut pris à Lisbonne et 14 ans lorsqu'il s'enfuit à Québec. Le nom de Welsh, pour certains, aurait été adopté par John à son arrivée à Québec pour ne pas se faire repérer. Si l'on se fie aux dates, John Wilson décéda en 1860 à l'âge de 66 ans. Il serait donc né en 1794. La version du curé Wilson nous semble plus plausible, car, si l'on ajoute sept ans aux 14 ans de John, il aurait eu 21 ans à son arrivée à Québec, ce qui nous porterait à l'année 1815. Il reste encore huit années d'écart entre le moment où John Wilson s'enfuit du bateau et celui où il épousa Marguerite Paquin. C'est sur une cage qu'il arriva à l'île et l'on dit qu'il cachait son pécule chez les Paquin, dont il épousa la fille âgée de 21 ans. Il avait lui-même 30 ans quand commença sa vie de cultivateur dans l'île Bizard. La mère de John Wilson était portugaise et le type de certains membres de la famille Wilson est plutôt portugais. Lui-même ne maîtrisa jamais la langue française qu'il écorchait constamment; cependant, on ne sait pas très bien s'il parlait surtout anglais ou portugais, probablement les deux. En 1831, John Wilson occupait une terre de 86 arpents dont 43 étaient en culture, du côté nord de l'île Bizard. Suivant l'ordre du recensement, tout indique qu'il s'agissait des lots no 134 et 135, selon le cadastre établi plus tard. Il produisait alors 100 minots de blé, 14 de pois, 150 d'avoine, 6 de blé d'inde et 60 de sarrazin. Son cheptel comprenait 16 bêtes à cornes, 5 chevaux, 12 moutons et 7 cochons. En 1851, John Wilson père avait laisse l'exploitation de sa terre du côté nord de l'île à son fils John, pour prendre une autre terre du côté sud de l'île, plus près du village. Celle-ci comprenait 100 arpents dont 5 en bois debout et 95 étaient en culture, dont 50 en pâturage. Il produisait alors 60 minots de blé, 80 d'orge, 60 de pois, 110 d'avoine, 10 de sarrazin, 60 de pommes de terre, 600 bottes de foin, 15 livres de tabac, 4 de laine et 9 verges d'étoffe foulée. Son cheptel comprenait 5 tauraux et boeufs, 2 vaches laitières, 2 veaux et génisses, 2 chevaux, 6 moutons et 4 porcs. John Wilson et Marguerite Paquin eurent douze enfants, dont huit survécurent au bas âge:
Les trois derniers étaient élèves à l'école de l'Île Bizard lors du recensement de 1851. Marguerite Paquin mourut en 1852 à l'âge de 45 ans. Quatre ans plus tard, John Wilson épousait Domitilde Denis, veuve de Joseph Brayer dit Saint-Pierre, le patriote de 1837-38. Domitilde Denis était la mère de celui qui fut plus tard le juge Henri-Césaire Saint-Pierre (ICI pour sa biographie de ce livre) Il n'y eut pas d'enfants nés de ce deuxième mariage, mais deux fils de John Wilson et Marguerite Paquin, François-Xavier Wilson et Antoine-Stanislas WILson, épousèrent deux filles de cette même Domitilde Denis et de Joseph Saint-Pierre. Les descendants de François-Xavier Wilson,oncle d'Henri-Césaire et fils du pionnierFrançois-Xavier Wilson épousa Zéphirine Brayer Saint-Pierre en 1864. Il figure au recensement de 1887 et de 1907 comme habitant l'île Bizard, mais il partit ensuite s'établir à Plantagenet en Ontario où il se fit remarquer dans le commerce du bois. Il eut huit enfants, parmi lesquels
Les descendants d'Antoine-Stanislas Wilson, beau-frère d'Henri-Césaire et fils du pionnierAntoine-Stanislas Wilson, cultivateur, fut baptisé le 8 février 1841 et enterré le 10 mai 1915. Il épousa le 4 mars 1867 Odile Brayer dit Saint-Pierre, veuve de Cyrille Labrosse dit Raymond, épicier au village. Elle avait été baptisée le 7 janvier 1834 et fut enterrée le 15 décembre 1921. Odile Brayer et Cyrille Labrosse s'étaient chargés d'élever et de faire instruire le jeune frère d'Odile, Henri-Césaire le juge, car celui-ci n'avait que deux ans quand il perdit son père. Il les considérait comme ses parents. Remariée à Antoine-Stanislas Wilson, elle eut deux garçons et une fille qui, tous les trois, reçurent une bonne instruction:
Antoine-Stanislas Wilson et Odile Brayer dit Saint-Pierre occupaient la terre no 149 du côte nord-ouest de l'île. On a déjà vu que cette terre avait été occupée en 1793 par Antoine Proulx dit Clément, l'ancêtre de M. J. Avila Proulx, qui l'avait ensuite échangée en 1802 avec celle d'Amable Brunet. Nous connaissons donc une bonne partie de l'histoire de cette terre. Antoine-Stanislas Wilson fut commissaire d'école de 1878 à 1881 et de 1893 à 1897, et marguillier de 1896 à 1899. Parmi les autres enfants de John Wilson, Louis Wilson épousa Adéline Lalonde en 1847. Il alla s'établir un peu plus loin au nord-ouest de l'île, sans doute sur le lot cadastral no 142 qui appartenait encore à la famille Wilson en 1877. En 1851, il occupait une terre de 40 arpents et produisait surtout du blé, de l'avoine, des patates et du foin. Il ne figure plus au recensement de 1861 et c'est sans doute avant cette date qu'il alla s'établir à la Chute-à-Blondeau. Mélanie Wilson, la seule fille de la famille, épousa le 2 juillet 1855 Hyacinthe Legault dit Deslauriers, fils de Joachim Legault et Théotiste Pénier; à son mariage, il était dit cultivateur, mais le curé Wilson dit qu'il s'agissait d'un voyageur des pays d'en haut, surnommé Fanfan Deslauriers, dont la stature physique était des plus imposantes. Il vécut et mourut à Montréal. Les descendants d'Amable Wilson, oncle d'Henri-Césaire et fils du pionnierAmable Wilson, le plus jeune fils de John Wilson, épousa Albina Robillard et s'établit à Sainte-Geneviève. Ce fut le père
Les descendants de John (Johnny) Wilson, oncle d'Henri-Césaire et fils du pionnierPrenons maintenant la branche de l'aîné des garçons, John ou Johnny Wilson. Il avait épousé Marguerite Poudrette dit Lavigne de Sainte-Anne-de-Bellevue. En 1851, ils exploitaient les terres des numéros 134 et 135 au cadastre et habitaient la maison actuelle de M. Élie Denis (1825 Bord du Lac); il avait 63 arpents de terre en culture, dont 32 en pâturage, ainsi que 5 en bois debout. Il produisait alors 40 minots de blé, 40 de pois, 100 d'avoine, 20 de sarrazin, 300 de pommes de terre et 1 de fèves, 700 bottes de fouin, 20 livres de lin ou chanvre, 60 de tabac, 40 de laine, 15 verges d'étoffe foulée et 14 de toile. Son cheptel comprenait 3 taureaux et boeufs, 2 vaches laitières, 2 veaux et génisses, 2 chevaux, 7 moutons et 4 porcs. En 1877, deux terres étaient indiquées au nom de John Wilson fils (le père était décédé a cette date), lors de l'établissement du cadastre officiel, les lots no 135 et 142. John Wilson fils fut marguillier de 1872 à 1875. Il eut huit enfants. Comme ceux d'Antoine-Stanislas Wilson, les garçons firent des études et trois d'entre eux se distinguèrent particulièrement.
Les descendants de Maxime Wilson, oncle d'Henri-Césaire et fils du pionnierNous avons volontairement laissé de côté la branche de Maxime Wilson (1835-1915), marié à Adéline Paquin, fille d'Isidore Paquin et Brigitte Robillard (au niveau de la deuxième génération); cette branche étant pour nous la plus importante puisqu'elle a donné naissance à plusieurs lignées de Wilson qui habitent encore dans l'île. Maxime Wilson fut conseiller municipal de 1881 à 1884. Il occupait la terre no 3 sur le chemin Monk, qui appartint longtemps à la famille Wilson. Une fille de Maxime Wilson et Adéline Paquin,
Parmi les fils de Maxime Wilson, deux seulement survécurent au bas âge: Godefroy Wilson et Noël Wilson. Chacun d'eux donna naissance à une branche importante de la famille et nous les prendrons séparément.
On peut donc dire que la famille Wilson, au cours des cent cinquante dernières années, a grandi et prospéré dans l'île Bizard d'abord et aussi à Montréal et dans la région. Les Wilson ont joué un rôle important dans la vie sociale locale et ils comptent dans l'île de nombreux descendants. Le Sénateur Joseph-Marcellin Wilson, cousin d'Henri-CésaireNé le 26 décembre 1859 et baptisé le surlendemain, du mariage de John Wilson et de Marguerite Lavigne, donc petit-fils du premier Wilson venu au Canada et établi à l'île Bizard, Joseph-Marcellin Wilson devait connaître une carrière étonnante pour un fils de cultivateur. Joseph-Marcellin Wilson passa son enfance, avec ses frères et soeurs, dans la maison présentement habitée par M. Guy Denis, rue Bord du Lac. Ses parents l'envoyèrent faire ses études à l'académie du Plateau, où il apprit les sciences commerciales, et notamment la comptabilité. À l'âge de 17 ans, il entra à l'emploi de l'épicerie de gros Dufresne et Mongenais, dont il devint plus tard le comptable en chef. Peu de temps après cette nomination, il fut agréé au titre d'associé, la firme ayant changé de nom pour celui de Boivin, Wilson et Compagnie. Joseph-Marcellin Wilson était doué d'un grand esprit d'initiative et, sous l'impulsion qu'il donnait à la firme, celle-ci changea son objet pour le commerce de vins et liqueurs. Ce fut alors la plus grosse entreprise d'importation de ces marchandises au pays. Par la suite, M. Wilson en devint le seul proprietaire et c'est alors qu'il établit à Berthier, en 1896, la première distillerie de genièvre au Canada, la distillerie Melchers. Lorsque le gouvernement du Québec fonda la régie des alcools, dont M. Wilson fut l'animateur, il décida de se retirer du commerce pour se consacrer exclusivement aux transactions financières. Joseph-Marcellin Wilson était sans doute très reconnaissant à ses parents de lui avoir permis de s'instruire. C'est à l'instruction qu'il devait sa carrière et sa fortune. Aussi ne manqua-t-il pas d'encourager les institutions d'enseignement au Québec. Il contribua généreusement à l'Université de Montréal, puis à la fondation du collège Stanislas à Outremont. Enfin, c'est grâce à sa générosité que nous devons la construction à Paris de la Maison des Étudiants canadiens. De telles contributions aux maisons d'enseignements ou pour étudiants est un fait à signaler, car on reproche souvent aux Canadiens français d'avoir été plus généreux à l'égard de l'église que des institutions d'enseignement, contrairement à ce qui se passait chez les anglophones dont les collèges et universités étaient de ce fait plus prospères et mieux équipés. Joseph-Marcellin Wilson fut aussi un bienfaiteur des hôpitaux, notamment ceux de Notre-Dame et Sainte-Justine, ainsi que de la Fédération des oeuvres de charité. Joseph-Marcellin Wilson était membre du conseil d'administration de nombreuses sociétés, notamment la Banque canadienne nationale, où il fut successivement président de la banque et président de son conseil d'administration, ayant été membre de ce dernier pendant trente-trois ans. Voici ses autres titres: président et fondateur du Trust général du Canada, président de la compagnie de l'hôtel Windsor, membre du conseil d'administration de la compagnie du Pacifique canadien, membre du conseil d'administration de la Montréal Light, Heat & Power, ainsi que membre du conseil d'administration d'un grand nombre d'autres sociétés commerciales. En outre, Joseph-Marcellin Wilson a été l'un des fondateurs et le principal animateur, pendant au-delà de trente ans, du journal quotidien Le Canada, organe officiel du parti libéral dans la province de Québec. Vu le rang élevé qu'il occupait dans le monde des affaires et la vie sociale, il n'est pas surprenant qu'il ait attiré l'attention des hommes politiques. Sir Wilfrid Laurier l'appela au sénat, pour la division de Sorel, en 1911, et, pendant les trente années qui suivirent, il joua un rôle prépondérant dans la vie du parti libéral au Canada. En février 1939, il envoya sa lettre de démission, pour raison de santé, au premier ministre du Canada, W.-L. MacKenzie-King. II decedait six mois plus tard, à la suite d'une longue maladie, âgé de 80 ans, après une vie bien remplie et une carrière remarquable. Après sa lettre de démission, le premier ministre du Canada lui écrivait ceci: (La Presse, 10 septembre 1940) J'estime que c'est pour le pays une perte qu'il sera difficile de combler, si toutefois il est même possible de le faire. Votre longue expérience des affaires rendait vos conseils inestimables à ceux qui s'efforcent de guider les destinées de notre nation... Vous avez joué depuis si longtemps un rôle prépondérant dans ce domaine qu'il est difficile de croire que votre appui ne continuera pas d'être ce qu'il a été durant tant d'années. Lorsque sa retraite fut annoncée en chambre, le leader du gouvernement, Raoul Dandurand, fit son éloge, et le leader de l'opposition, M. Meighen, surencherit sur ce qui avait été dit précédemment : (idem) Je demande au leader du sénat, disait-il, de bien vouloir m'associer dans son admiration pour le sénateur Wilson et dans son regret de savoir que son mauvais état de santé nous prive de sa compagnie... Jamais de ma vie je n'ai rencontré plus de probité ni plus de largeur d'esprit. Le sénateur Wilson a eu un succès bien mérité. Il mérite l'estime et l'admiration de tous. C'est de grand coeur que nous nous associons tous à l'éloge qu'a bien voulu faire de lui le leader du gouvernement. Le sénateur Wilson, charitable à l'excès, préférait garder l'anonymat. Ses oeuvres de philanthropie furent reconnues officiellement par le gouvernement de la République française qui le créa successivement, en 1925 et en 1926, officier puis Commandeur de la Légion d'honneur . Joseph-Marcellin Wilson avait épousé en 1887 (son contrat de mariage devant le notaire Octave Forget de Terrebonne est daté du 10 janvier 1887), Alexina Geoffrion. Le sénateur Joseph Marcellin Wilson fut enterré le 13 octobre 1940 au cimetière Notre-Dame-des-Neiges dans la concession 2043 de la section R. Son épouse Alexina Geoffrion l'y retrouvit le 14 octobre 1954. Le couple eut six filles:
Le juge Charles-Avila Wilson, neveu d'Henri-CésaireCharles-Avila Wilson naquit à l'île Bizard le 10 décembre 1869, fils d'Antoine-Stanislas Wilson et d'Odile Brayer Saint-Pierre, elle-même soeur du juge Henri-Césaire Saint-Pierre. II fit son cours commercial au collège de Sainte-Geneviève, succursale du collège Saint-Laurent, sous la direction des frères de Sainte-Croix. Puis, il partit au petit séminaire de Sainte-Thérèse de Blainville pour y faire ses études classiques. Ce fut un brillant élève qui laissait bien augurer de son avenir. II mérita la médaille du gouverneur général en 1885. Suivant l'exemple de son oncle, l'avocat criminaliste Henri-Césaire Saint-Pierre, il entra dans l'étude de ce dernier en 1891 pour y faire son droit, tout en suivant des cours à l'université Laval. II est donc probable qu'il fut l'élève de Frédérick Debartzch Monk, alors professeur de droit constitutionnel à cette même université. En 1895, il fut admis au barreau et put alors s'associer à ses maîtres, dans la firme Pélissier, Wilson et Saint-Pierre, tous avocats criminalistes. Le 17 avril 1900, il épousait Imelda-Loulou Lanctôt, fille d'un importateur et marchand d'ornements d'église. Le mariage fut célébré à la cathédrale par l'archevêque Bruchési. La veille, on avait fêté l'enterrement de sa vie de garçon au Saint-Lawrence Hall où une centaine d'amis du jeune couple s'étaient réunis. En 1901, Charles-Avila Wilson fut nommé secrétaire de la commission royale d'enquête sur l'inspection des grains dans le port de Montréal. Libéral actif en politique, Charles-Avila Wilson prit part aux campagnes électorales de 1896 et de 1900 dans les comtés de Bagot, Jacques Cartier et Laval. C'est finalement dans ce dernier comté qu'il fut élu en 1908 et en 1911. Mais c'est surtout par son talent d'avocat criminaliste qu'il s'attirait l'admiration de ses collègues et leur confiance. Il fit un grand voyage en Europe, visitant tour à tour l'Espagne, le Portugal, l'Italie, la France et la Suisse, ainsi que le Maroc en Afrique. À son retour, il écrivit un ouvrage intitulé Voyage autour du monde. En 1922, il fut nommé juge à la cour supérieure. Lors de son assermentation, le 11 janvier 1923, il répondit au discours du doyen: (La Presse, 11 janvier 1923) Vous avez fait allusion, M. le doyen, à mes nombreux et grands voyages. Je continuerai à voyager encore, mais cette fois dans les pays arides, mais par ailleurs intéressants, de la jurisprudence. J'aurai à parcourir des sentiers battus, peut-être en ouvrir de nouveaux ou j'espère pouvoir jeter quelques jalons qui guideront les pas des voyageurs qui viendront après moi. Espérons que ce nouveau voyage sera aussi heureux que tous ceux que j'ai accomplis jusqu'à présent et dont je conserverai longtemps l'agréable et précieux souvenir. Le juge Charles-Avila Wilson était considéré comme un homme strict et sévère. Pendant les treize années qu'il présida aux assises de la cour supérieure, sept cents hommes et femmes sont sortis de la cour pour passer une partie de leur vie en prison ou en pénitencier; il y eut 28 condamnés à l'échafaud, dont 14 virent par la suite leur peine commuée à l'emprisonnement à vie. Parmi ces 28 condamnés, signalons en particulier quatre bandits qui avaient commis un hold-up à la banque d'Hochelaga. Ce fut un proces célèbre. Pourtant, le juge Wilson n'a jamais condamné un homme de sa vie. C'était le jury. Le rôle du juge ne consiste qu'à diriger les débats et veiller à ce que tout soit fait conformément à la loi. Il mourut subitement, le 7 avril 1936, sur le trottoir en se rendant au palais de justice. Voici quelques-uns des commentaires de ses collègues en cette occasion:(La Presse, 8 avril 1936) L'honorable juge Wilson dont le nom restera associé avec celui de notre cour d'assises était éminemment qualifié pour cette fonction. (Juge Philippe Demers). Il a été dans toute l'acceptation du mot un bon juge. Il a bien jugé. Nous prions Dieu de le juger avec bonté... Il n'a jamais fléchi. Il n'a jamais hésité. (Me Bernard Bourdon, syndic du barreau). C'est un véritable chevalier sans peur et sans reproche qui disparaît des rangs. (Juge Curran). II fut inhumé à l'île Bizard où une foule nombreuse, composée en grande partie de représentants du barreau, avait tenu à accompagner sa dépouille. Parmi ceux qui conduisaient le deuil, il y avait son frère, Bruno Wilson, rédacteur à La Presse, et sa soeur, Antoinette, épouse de Wilfrid Boileau de l'île Bizard. |