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Le terme "Chouayen", Langevin, requête

Le bon vieux temps

D'après des articles parus dans le journal La Patrie en février 1885.


    LE BON VIEUX TEMPS

    Langevin vs l'Enfant Terrible - Vieux dossiers - Un procès de 1768.

  1. Retour sur le terme "Chouayen", qui date de 1756

    M. Oscar Dunn, dans une correspondance publiée dans la Patrie de mardi dernier, me dit que l'origine du mot "Chouayen" remonte à 1756, époque à laquelle le fort Oswego s'appelait le fort Chouayen. En lisant dans le Canadien du 17 juin 1809 la définition de ce mot, je n'ai pas cru nécessaire de continuer mes recherches plus longtemps, attendu que le ton de l'article du Canadien était très positif sur le [?].

    M. Dunn qui fait de l'archéologie en grand, a été plus heureux que moi et je le remercie de l'information qu'il m'a fournie.

  2. Hector Langevin, assailli par l'Enfant-Terrible le 18 mai 1849

    Les rues St-Gabriel et St-Vincent sont devenues célèbres de nos jours, par le nombre de taloches qui y ont été échangées entre journalistes et avocats. Nous ne parlerons pas aujourd'hui des rencontres à coups de poing ou à coup de cravaches qui s'y sont faites depuis 1860, car les héros de ces luttes vivent encore et nous n'aimons pas à ouvrir des plaies cicatrisées depuis longtemps. Remontons à 1849.

    En consultant de vieux journaux, je vois que le 18 mai 1849 M. Hector Langevin, rédacteur des Mélanges Religieux, a été assailli à coups de poing par M. J. B. E. Dorion, (l'Enfant Terrible) qui lui a donnée une rude râclée, à propos d'un article qui avait paru dans les Mélanges. La Minerve du 20 mai nous apprend qu'immédiatement après l'assaut M. Langevin courut au bureau de police pour y déposer sa plainte contre l'Enfant Terrible.

    Le procès eut lieu le 20 mai, et le défendeur fut condamné à $5 d'amende et les frais.

    Ce matin je suis descendu dans les caves du Palais de Justice où M. Daoust m'a montré les plus vieux dossiers gardés dans le département des archives.

    Les dossiers de 1765 à 1800 sont jetés pêle-mêle sur des rayons élevés, et couverts d'une couche épaisse de poussière. Je cherchais à mettre la main sur les documents du premier procès qui a été plaidé à Montréal après la conquête. L'exercice que je me suis donné pour le trouver ressemblait beaucoup au travail d'un homme qui chercherait une aiguille dans une charge de foin. Je n'ai pu trouver encore le premier dossier, mais j'espère y réussir sous peu grâce à la complaisance de M. Daoust. Ce dernier m'a montré ce matin plusieurs papiers relatifs a des procès qui ont eu lieu en 1768.

  3. Une requête au civil en 1768

    Le dossier dans la cause de Gamelin contre Dubuc renferme la déclaration du demandeur réclamant le prix d'un esclave, l'esclavage existant à cette époque dans la province de Québec.

    Nous copions la déclaration avec son orthographe originale:
    Aux honorables juges des plaidoyers commun du district de Montréal, province de Québec, etc. etc,

    Pre. Gamelin a l'honneur de vous représenter qu'en May 1767, qu'il était à londres, Messieurs Jb. Jordan Ecuyer et Doct. henry Loedel, ses procureurs En son absence, Consignèrent le Nommé Stevens Negre, appartenant à Mondt. J. Gamelin et à ses Enfans; au Sr. Augustin Dubuc, Marchand allant aux Ilinois, pour Entirer le parti le plus avantageux appert à Son Reçu.

    Le dit J. Dubuc donnant avis que le dit Negre a été vendu Neuf cent franc ancien she[?], dont la somme Est mentionnée devoir Etre compté du net produit appert à l'Etat des dettes privilégiez désigner par le dt. J. Dubuc, de la vente de quatorze paquets de pelleteries No 1 à 14, qui lui furent saisie à la requête du Sr Campion à Miscilimakinac Et par un ordonnné de l'honorable contre les derniers doivent Etre Remis aux Créanciers Privilégiez; Ses a ce droit que les Suppliants Reclament Votre Ordonnance aux fins de toucher le produit du Negre sus mentionnné et ferez justice à

    Vos très humbles et Très Obéyssants Serviteurs:
    J. BTE GAMELIN, HENRY LOEDEL, et pour JOHN CONNOLLY comme procurateur.
    La Patrie, mercredi 4 février 1885, page 4.

  4. L'origine du terme "Chouayen" date de 1756
    Le mot "Chouayen"

    Monsieur le rédacteur,

    Je suis un des lecteurs assidus de vos chroniques du "Bon vieux temps". Je voudrais bien avoir l'opinion de l'auteur sur l'origine que j'attribue au mot chouayen. Voici ce qu'on lira, si l'on ne me dit pas que j'ai tort, dans la seconde édition du Glossaire franco-canadien que je publierai bientôt:

    "CHOUAYEN - Qui est du parti anglais, par opposition à Patriote ou membre du parti populaire canadien-français. Bureaucrate, voir ce mot."

    L'auteur des intéressants souvenirs du Bon vieux temps, publiés dans la Patrie, cite le Canadien du 17 juin 1809 qui donne l'origine de cette expression, aujourd'hui inusitée:

    On donnait, dit le Canadien à un quartier du faubourg St Jean, où il y a beaucoup de filles publiques, le nom de Fort Chouayen. C'est le nom d'un ancien fort du pays. Pendant la dernière élection de la haute ville, ce nom s'étendit à tout le faubourg et on appelait "chouayens" ou gens du fort chouayen tous les électeurs de ce faubourg qui dans cette élection étaient pour M. Dénéchaud. La signification de ce nom s'est ensuite étendue à tous les gens du parti du gouvernement qui étaient pour M. Dénéchaud elle a été entretenue depuis surtout dans la basse-ville et leur a demeuré appliquée; de sorte qu'actuellement ce sont eux qui sont particulièrement désignés par ce nom. On ne l'applique plus au faubourg St Jean qu'autant qu'on les croit de ce parti et si ce qu'on dit est vrai, il n'y a plus dans ce faubourg d'autre chouayen que M. Dénéchaud, et les filles du fort qui sont toujours du parti.

    M. DeBonne qui n'a jamais demeuré dans le faubourg St-Jean est un chouayen dans la signification actuelle, c'est le grand chouayen canadien, c'est-à-dire le premier canadien du parti du gouvernement."

    Le mot chouayen a pu avoir un regain de popularité dans les circonstances rapportées par le Canadien, mais je crois son origine plus ancienne. Le fort chouayen, c'est le fort Oswego. La prise de cette place est un des plus brillants faits d'armes accomplis sous la domination française; cet exploit semble même si extraordinaire que Montcalm crut devoir s'en excuser. "C'est peut être, écrit il au ministre le 28 août 1756, la première fois qu'avec trois mille hommes et moins d'artillerie qu'eux, on eu a assiégé dix-huit cents, qui pouvaient être promptement secourus par deux mille, et s'opposer à notre débarquement, ayant une supériorité de marine sur le lac Ontario. Le succès a été au delà de toute attente. La conduite que j'ai tenue en cette occasion et les dispositions que j'avais arrêtées, sont si fort contre les règles ordinaires, que l'audace qui a été mise dans cette entreprise doit passer pour témérité en Europe; aussi je vous supplie, Monseigneur, pour toute grâce, d'assurer Sa Majesté que si jamais elle veut, comme je l'espère, m'employer dans ses armées, je me conduirai sur des principes différents" - Inutile de dire avec quel plaisir arrogant les soldats de Montcalm, après cette victoire, appelèrent les Anglais en général des Chouayens.

    OSCAR DUNN.

    Québec, 23 janvier 1885.

    La Patrie, mardi 3 février 1885, page 1.





Jacques Beaulieu
beajac@videotron
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