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Liste des sociétés légales ayant inscrites plus de 50 causes au civil en 1885
jeudi 7 janvier 1886, page 1
Au civil
Le tableau suivant indique quelles sont les sociétés légales qui ont inscrit plus de
50 causes en cour supérieure, de révision et d'appel durant la dernière année:
...
St Pierre et Bussière.....................86
...
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Mme McLennan, cliente de H. C. Saint-Pierre
mercredi 27 janvier 1886, page 4
Une autre leçon
Les informers, qui ont l'habitude d'engager par tous les moyens possibles
les gens à leur vendre de la boisson viennent de recevoir
encore une leçon en cour policière.
Ils étaient parvenus à se faire servir du whiskey pour "se réchauffer" par
un employé d'une Mme McLennan, malgré les ordres contraires de celle-ci.
M. St Pierre, pour la défense, a allégué que sa cliente ne pouvait être tenue responsable
de la désobéissance de son employé et M. le juge Dugas lui a donné gain de cause.
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H. C. Saint-Pierre, chanteur
- jeudi 28 janvier 1886, page 4
Représentation française
C'est aujourd'hui que s'est ouvert chez Nordheimer le bureau de location des sièges
pour la représentation donnée au bénéfice du fonds de bienfaisance du Cercle National
français.
Nous rappelons que le programme se compose d'une comédie "L'amour d'une ingénue" et d'un
vaudeville "L'homme n'est pas parfait." Les interprètes de ces deux pièces sont
Mme de Gonzague, Melle Mount et Mlle X***, MM. P. M. Sauvalle, Chs. Doucet, J. Ostell,
M. O'Reilly. Le programme de l'intermède est le suivant: "Charité" par M. H. C.
St Pierre; "Loin de France" par Melle V. Mount; "Les vertus de l'Amour" par
M. H. St Louis; "Les dragons de Villars" par Melle M. Norgad; "La dernière espérance"
poésie par M. L. Fréchette.
On peut se procurer des billets chez Nordheimer et chez MM. Lavigne et Lajoie.
- jeudi 28 janvier 1886, page 4
Soirée de gala
La soirée de gala donnée hier au soir à l'Académie de musique au bénéfice du fonds
de bienfaisance du Cercle National Français a été ni plus ni moins qu'un triomphe.
C'est à coup sûr une des plus belles soirées de ce genre à laquelle nous ayons assisté
à Montréal.
Dès huit heures du soir, la foule se pressait dans la salle de l'Académie de musique,
splendidement décorée aux couleurs de France par les soins de M. Beullac, le Billoir de
Montréal. C'était une orgie de tricolore qui égayait l'oeil et parlait au coeur de tous.
L'élite de la société était réunie là et de l'orchestre au cintre le théâtre regorgeait de
spectateurs.
M. le maire de Montréal et M. le vice-consul de France assistaient à la représentation.
Avec une précision qui fait honneur aux organisateurs de la fête, le rideau se levait à
huit heures pour l'Amour d'une Ingénue.
Un mot du décor qui était une petite merveille. Il représentait un salon des plus coquets
et des plus élégants, orné de meubles exquis et de mignons bibelots. Au fond un buste énorme
de la République. Nous félicitons les dames, - car à coup sûr ce sont des dames, - qui
avaient combiné ce délicieux intérieur.
Nous ne dirons rien de la pièce elle-même: c'est une étude de moeurs parisienne très
finement tournée. Deux mots seulement de l'interprétation: A tout seigneur tout honneur,
Madame de Gonzague était ravissante dans sa toilette blanche d'ingénue; elle a dit et joué
avec un tact et une finesse charmante tous les jolies petites scènes qui émaillent ce rôle
fin et délicat. Melle Virginie, sous les traits de laquelle nous avons reconnu un de nos
plus habiles amateurs, a eu un succès de fou rire indescriptible qui a été récompensé d'un
bouquet virginal bien mérité. Messieurs Doucet et Ostell ont été excessivement corrects dans
leur rôle, l'un d'oncle encore jeune et l'autre de médecin amoureux. Nous ne pouvons que les
féliciter de la façon dont ils ont rendu ces deux personnages.
L'intermède a été des plus brillants comme composition et comme exécution. Melles V. Mount
et Marie Norgad ont été applaudies, bissées et rappelées avec enthousiasme; MM. H. C.
St Pierre et H. St-Louis ont remporté leur succès habituel et ont réellement soulevé
l'audience. Notre ami M. L. Fréchette, qui était venu exprès de Nicolet, a lu une de ses
poésies La dernière espérance que nous avons le plaisir de donner aujourd'hui le
texte dans notre première page. Il a fait crouler la salle sous les applaudissements et a
dû ensuite réciter une autre de ses patriotiques compositions, Le drapeau.
L'homme n'est pas parfait était le plat de résistance de la soirée et le public l'a
goûté et apprécié avec une gaieté vraiment bien encourageante pour les artistes. Le fait est
que la pièce a été jouée avec un entrain, une vivacité si communicative que le plus morose<
n'aurait pu tnir son sérieux.
Madame de Gonzague, était une Madeleine typique, la vraie parisienne, enlevant la
salle par sa bonne humeur, sa désinvolture et son aisance. Joignez à cela un costume si
coquet et si seyant et vous aurez la clef de son triomphe.
Melle Mount faisait la plus gracieuse petite blanchisseuse que l'on pût rêver et certes,
Godolphin est bien excusable d'avoir composé tant de vers et fait tant de gâteaux de
savoie.
De Michon le fort de la Halle, dont le rôle était tenu par un de nos amis très
intimes, nous ne dirons qu'une chose, qu'il était dans son personnage de la tête aux pieds,
qu'il a été gai, qu'il a été pathétique et que tout le monde lui a pardonné, même sa femme.
Enorme succès de Boirot (M. Doucet), innénarrable dans sa scène d'amour et
excellent d'un bout à l'autre.
Quant à Godolphin (M. M. O'Reilly) il complétait le trio d'hommes et a fait rire
totue la salle par son ahurissement comique.
En un mot, et sans exagération, l'interprétation de l'Homme n'est pas parfait" a été
parfaite.
Des monceaux de fleurs ont été envoyés aux artistes Mme de Gonzague en particulier, a reçu
une admirable hotte de fleurs.
Enfin, pour terminer, compliments à tous et aux pauvres français qui en profiteront.
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Michael Hughes et John Kelly, clients de H. C. Saint-Pierre
lundi 1er février 1886, page 4
Nouveau point de droit
Une décision intéressante
Dans le mois d'août dernier, MM. Michael Hughes et John Kelly, tous deux hôteliers de
Montréal, furent accusés sur la dénonciation de M. Lefort, constable pour la Réserve
Indienne à Caugnawaga, d'avoir vendu des boissons enivrantes à des sauvages de cette
Réserve, contre les dispositions de l'Acte des Indiens de 1880.
Les deux individus furent condamnés par défaut par M. Alexandre Brosseau qui est
commissaire des Indiens, mais qui, dans cette occasion, attacha son nom aux procédés
institués devant lui comme juge de paix.
Un bref de certiorari fut demandé, alléguant plusieurs motifs, entre autres, que le
juge de paix avait siégé seul comme juge de paix, et non comme commissaire pour annuler
la conviction prononcée par lui.
Le conseil retenu de la part du Magistrat siégeant et du plaignant Lefort produisit un
désistement ou retraxit de la condamnation.
Messieurs Saint Pierre et Bussières de la part du Pétitionnaire insistèrent que tel
procédé ne pouvait être admis; qui ni le plaignant, ni le magistrat n'avait le droit
ou le pouvoir de désister la conviction prononcée et que le seul mode de procédure
consistait simplement à casser la conviction avec frais, à la fois contre le dénonciateur
et le magistrat.
Cette manière de voir fut soutenue samedi matin par Son Honneur le juge Taschereau dans
un jugement très élaboré.
Une motion pour obtenir une intervention de la part du ministre de la justice a été aussi
rejetée avec frais.
La question soulevée étant nouvelle a été discutée très au long par M. H. C. St-Pierre qui
cita nombre d'autorités.
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La compagnie Assurance Impériale, cliente de H. C. Saint-Pierre
- mardi 2 février 1886, page 4
Une cause importante
L'échevin Mooney vis l'Assurance Impériale
La cause de l'échevin Mooney contre la compagnie d'assurance "Impériale" a été commencée
ce matin, en cour supérieure, sous la présidence de Son Honneur le juge Johnson.
Voici en quelques mots les détails de cette affaire. Il paraîtrait que M. Mooney aurait
fait assurer une tannerie, située sur la rue Visitation, pour un montant de $40,000
réparti en dix compagnies d'assurance différentes.
Il y a eu quelques jours un incendie réduisait cette propriété en ruines et M. Mooney
demanda le paiement de sa police d'assurance. Seule, la compagnie de l'"Assurance Royale"
paya, les autres refusant sous le prétexte que depuis l'émanation de la police il y avait
eu un changement dans les risques à encourir.
On disait que M. Mooney, quelques jours seulement avant l'incendie, avait permis à
la compagnie de coton Hudon de faire sécher cinq balles de coton sur les séchoirs placés
dans une partie de son établissement. Voyant que les compagnies refusaient de payer,
M. Mooney a intenté un procès contre chacune d'elles, et celui qui a été commencé ce matin
devra servir de précédent.
La cause sera plaidée devant un jury qui se compose comme suit: MM. François Larin, Paul
Labelle, J. B. Picken[?], W. Mellen, E. Rabat, Isaac Durocher, J. [?] Garth, J. D. Bennet,
J. C. Brock, A. Lamarche et J. Cunningham.
La cause promet d'être longue, les avocats du demandeur ayant fait appeler quatorze témoins
pour l'examen en chef et se réservant d'en demander un plus grand nombre en ré-examen.
Quant à la défense, il y a cinquante-deux noms sur sa liste de témoins.
MM J. J. Maclaren, C.R., C. A. Geoffrion, C.R., et R. C. Smith représentent le demandeur
et MM. N. W. Trenholme, G. B. Cramp et H. C. St Pierre comparaissent pour la défenderesse.
Ce matin, M. Smith et M. Geoffrion ont présenté la cause au jury, le premier en anglais et
le second en français.
On a commencé, cette après-midi, l'examen des témoins du demandeur.
- mercredi 3 février 1886, page 1
La cause Mooney
Voici les questions posées au jury qui a été choisi pour décider cette cause:
1o La défenderesse a-t-elle accordé au demandeur les polices d'assurances en question,
pour le montant de $26,566.68?
2o Les édifices, magasins et matériel du demandeur ont-ils été brulés, le 14 avril 1885?
3o Le demandeur a-t-il souffert des dommages et jusqu'à quel montant?
4o Le demandeur était-il assuré dans d'autres compagnies, et si oui, le montant réclamé
en cette cause, est-il réellement le montant proportionnel dû par la défenderesse, et si
non, quel est ce montant?
5o Le demandeur s'est-il, pendant quelque temps, et pendant combien de temps servi de ses
bâtisses ou de quelque compartiment, pour faire sécher du coton?
6o Combien de coton a-t-on fait sécher dans ses bâtisses et l'usage en était-il gratuit?
7o L'exposition de ce coton en cet endroit était-elle permise d'après le contrat
d'assurance?
8o La défenderesse a-t-elle consenti à cela?
9o Cette infraction au contrat a--t-elle augmenté les risques?
- jeudi 4 février 1886, page 4
L'affaire Mooney
Le procès de l'échevin Mooney contre la compagnie d'Assurance "Impériale" se continue
devant Son Honneur le juge Johnson.
Ce matin, la demanderesse a déclaré avoir fait entendre tous ses témoins. M. McLaren, un
des avocats du demandeur, a alors demandé à faire entendre quelques témoins en
contre-preuve.
M. N. V. Trenholme, avocat de la défenderesse a fait application pour que les avocats de
la défense puissent adresser immédiatement la parole aux jurés en français et en anglais.
Le président de la cour l'ayant permis, M. H. C. St Pierre a porté la parole le
premier en français, puis M. Trenholme a adressé la parole aux jury en anglais.
Après ces deux adresses, les témoins en contre-preuve ont été examinés pour le demandeur.
Cette procédure n'est pas nouvelle, mais elle est très rare; en effet il y a vingt
ans qu'on ne l'a mise en pratique à Montréal.
- samedi 6 février 1886, page 4
Mooney vs. la Cie d'Assurance Impériale
L'audition de la cause de l'échevin Mooney contre la compagnie d'Assurance Impériale a été
reprise hier à la cour supérieure devant le juge Johnson et le jury spécial.
M. Geoffrion, avocat du demandeur, adressa le jury en français, M. McLaren lui succède, et
parla en anglais dans le même sens que son collègue.
Après quelques paroles de Son Honneur le juge Johnson, dans lesquelles il résuma les
débats et définit clairement aux jurés les points sur lesquels ils auraient à se prononcer,
lejury se retira pour délibérer. Il resta en consultation pendant une heure, puis rapporta
un verdict en faveur de M. Mooney, demandeur, après avoir répondu aux questions comme suit:
1o Le défendeur a-t-il envoyé des polices au demandeur? -Oui.
2o Les bâtiments, machines et stock du demandeur, furent-elles détruites par le feu le
ou vers le 14 avril 1885? -Oui.
3o Le demandeur a-t-il pour ce fait souffert une perte et des dommages, et si oui,
jusqu'à concurrence de combien? -Oui; à concurrence de $26666.
4o Y avait-il des polices d'assurances d'autres compagnies que celles du défendeur, sur la
propriété du demandeur, et si oui, le montant réclamé par ce dernier, est-il la juste part
qu'avait le défendeur, et si non; quelle est-elle? -Oui.
5o Le demandeur a-t-il, avant l'incendie, utilisé la ou parties de la propriété, pour sécher
du coton et ce coton est-il resté dans les bâtiments assurés pendant tout le temps qu'a duré
le séchage? -Oui.
6o Pendant combien de temps avait-on l'intention de sécher du coton et en quelle quantité
et l'usage des bâtiments était-il gratuit pour effectuer ce séchage? L'usage des
bâtiments était gratuit.
7o La présence du coton et son séchage était-il un changement apporté à l'usage habituel des
bâtiments assurés? Oui.
8o Le défendeur avait-il consenti à se changement d'emploi des bâtiments? Oui.
9o Ce changement a-t-il augmenté les risques d'incendies? Non.
La cause se termine ensuite. Ceci décide d'un grand nombre de cas similaires dans lequel
l'échevin Mooney est intéressé ainsi que plusieurs compagnies d'assurances de la ville.
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H. C. Saint-Pierre, porteur du coin du poêle aux funérailles de Félix Barré
vendredi 26 février 1886, page 4
... Les funérailles de feu M. Félix Barré ont eu lieu hier, au milieu d'un grand concours
de citoyens. Les porteurs du coin du poêle étaient MM. les échevins Beausoleil et Robert,
MM. H. C. St Pierre, Louis Dupuis, André Vincent, J. B. Bourassa, David Labonté et U.
Arhcambault...
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John McClosky et Magdalen Ryan, clients de H. C. Saint-Pierre
mardi 2 mars 1886, page 4
Cour du Banc de la Reine
Séance d'hier après-midi
La cour s'est réunie hier à 2.30 hrs p.p., sous la présidence de l'honorable juge Ramsey.
Le grand jury présente les accusations suivantes comme fondées:... Magdalen Ryan et
John McClosky, recel...
Dans la cause de John McClosky et Magdalen Ryan un plaidoyer de non-coupable a été offert.
M. H. C. St-Pierre comparait pour les accusés et demande des procès séparés...
- H. C. Saint-Pierre et son épouse à la réception à l'Hôtel de Ville
mardi 9 février 1886, page 1
Les Saint-Pierre sont sur la liste des invités mentionnés à
la réception donnée à l'Hôtel de Ville par le maire Beaugrand lors de sa réélection..
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H. C. Saint-Pierre et la Société Ste Brigide
mardi 20 avril 1886, page 4
A une assemblée de cette société tenue à Ste Brigide, le 19 courant, le Rév. J. Lonergan
a été nommé président honoraire; M. H. C. Saint Pierre, vice-président honoraire;
M. J. G. E. Manseault, directeur de l'Union Musicale de Sorel, membre honoraire.
Cette association, quoique formée depuis peu, fera ses débuts prochainement par une série
de concerts sous la direction de son zélé directeur.
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H. C. Saint-Pierre et Arthur Globensky, associés
mardi 11 mai 1886, page 4
- M. Arthur Globensky, de la société Globensky et Poirier, a formé une autre société
légale avec MM. Saint Pierre et Bussières.
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H. C. Saint-Pierre, avocat de Mary Cohen
- mardi 18 mai 1886, page 4
Drame d'amour à la Place d'Armes
UNE JEUNE FILLE TIRE SUR SON SÉDUCTEUR
Sensation
La nouvelle qu'une jeune fille venait de tuer son amant en pleine rue vers midi,
a jeté toute la ville en émoi, aujourd'hui.
C'était le sujet de toutes les conversations cette après-midi. On ne pouvait s'imaginer
que telle chose put avoir lieu publiquement, mais après informations prises, il a bien fallu
se rendre à l'évidence.
Montréal vient d'avoir un véritable drame d'amour.
Les deux personnages sont Mary Cohen et un allemand du nom de Scheyer. Tous deux ont donné
lieu à un procès qui a fait quelque bruit ces jours derniers.
Le procès était intenté par Mary Cohen contre Scheyer pour breach of promise. Scheyer
parait-il visitait Mary depuis un an et lui avait à diverses reprises promis sa main.
Scheyer fit un voyage en Angleterre pendant lequel il oublia la jeune fille et à son retour
ne voulut plus entendre parler de la fameuse promesse qu'il avait faite de la marier.
De là le procès, qui fut réglé par les avocats des diverses parties MM. H. St Pierre et
F. X. Archambault. On croyait que tout était désormais réglé quand ce midi Scheyer passant
sur la Place d'Armes vis-à-vis la paroisse fut suivi par Mary Cohen. Une foule de citoyens
sortant à cette heure soit des atelliers ou des magasins se trouvaient à traverser cette
place si fréquentée et si publique.
Tout à coup Scheyer entend un cri. "Stop! C'était Mary Cohen qui le guettait à cet endroit,
sachant bien qu'elle le verrait passer là, comme c'était d'ailleurs son habitude. En
entendant ce cri, Scheyer recfonnut la voix de celle qu'il avait aimé. Il se retourne et
la voit s'avancer sur lui pointant un revolver. Sans prendre aucune considération de l'ordre
qui lui est donné d'une façon si brève, Scheyer qui redoute les explications prend sa fuite
à traverser la Place d'Armes. La jeune fille le vise mais Scheyer évite le coup. Mary Cohen
le poursuit encore et lui fait siffler deux balles près de l'oreille sans toutefois
l'atteindre. Tout ceci s'est fait dans cinq secondes et c'est alors que les citoyens
entendant les détonnations sont accourus près de la jeune fille. Le détective Cinq-Mars,
maintenant du Bureau de santé Provincial s'approcha puis enleva à la jeune fille encore
toute frémissante d'émotion, le revolver avec lequel elle voulait tuer son ancien amant.
Cinq Mars l'ammena au poste, sans que d'ailleurs elle fit aucune résistance. Elle fut
conduite dans la salle des détectives où elle fut mise sur un canapé, car elle venait de
s'évanouir.
Plusieurs personnes ont rapporté que Dlle Cohen avait voulu se suicider elle-même après
avoir tiré sur Scheyer, mais c'est un canard lancé dans l'affolement causé par cette
affaire.
ENTREVUE AVEC MARY COHEN
Le reporter de LA PATRIE a pu être introduit auprès de Dlle Cohen vers 1 heure. Cette
dernière était revenue à elle-même et ne fit aucune objection à dire ce qui l'avait portée
à tirer sur Sheyer.
"Je connais ce monsieur depuis deux ans dit-elle, et il m'a visité régulièrement 3 à 4
fois par semaine. Hélas! j'ai eu foi en ses promesses et je l'ai aimé. Le déshonneur a
terni cet amour. Il m'a séduit et m'a rendu mère. A peine l'enfant était-il né qu'il me
l'enlevait pour le confier aux soins d'une nourrice.
Je ne l'ai pas revu depuis.
Du moment que j'eus commis cette faute irréparable, je crus qu'il était mieux pour moi
de m'allier à cet homme, mais il m'a trahi, et j'ai voulu me venger et toute fille de coeur
devrait se venger d'un amant, d'un séducteur infidèle. Quant à moi, j'ai trop souffert;
je n'ai plus maintenant qu'à mourir et Dieu le juge Suprême décidera de quel côté était le
droit et de quel côté était l'injustice.
Scheyer m'a trompé souvent, je luis ai toujours pardonné, mais la manière dont il a agi
dans ce dernier procès m'a tellement irrité que j'ai pris la résolution de lui laisser un
souvenir. On m'a fait signé des papiers dont j'ignorais la teneur et on a surpris ma bonne
foi. Je dois dire cependant que je n'avais pas l'intention de tuer Scheyer. Je voulais lui
pointer mon revolver seulement et le forcer à accepter ma main, mais il s'est sauvé et
j'ai dû tiré sur lui, je regrette ma faute mais.
Dlle Cohen parla ainsi pendant environ un quart d'heure, la voix entrecoupée par les
sanglots.
C'est une jeune fille de 18 ans, très jolie, d'une assez forte complexion et blonde.
Elle semble être très nerveuse. Ses yeux d'ailleurs très perçants sont plein de feu.
Elle parle avec beaucoup d'animation. Disons en passant qu'elle appartient à une excellente
famille. Scheyer est un garçon d'environ 28 ans, il fait d'excellentes affaires étant
l'agent de différentes maisons commerciales de Londres.
Il est probable que l'affaire se déroulera devant les tribunaux dans quelques jours.
- mercredi 19 mai 1886, page 3
LE DRAME D'AMOUR
L'affaire Cohen-Scheyer. - La Cour de Police.
La Cour de Police s'est vue envahie ce matin pour une foule avide de suivre les procédés
dans l'affaire Cohen Scheyer, mais le public curieux fut très fâché d'apprendrer que
l'affaire restait dans le statu quo d'ici à quelques semaines. "Décidément se
disait-on une affaire aussi tragique ne peut se terminer d'une façon aussi simple."
Malheureusement pour les chercheurs de scandales on n'entendra probablement plus parler de
l'affaire Cohen Scheyer. D'abord ce dernier ne t'ent pas à faire de plainte, dit-on.
D'ailleurs la peur le revolver lui a causé une peur bleue. Le garçon, on le jugera par la
lettre suivante, n'est pas habitué aux émotions du genre de celles de la Place d'Armes.
Mardi matin 18 Mai 1886.
M. Scheyer était nerveux hier soir, Il a du prendre de la morhine pour dormir de sorte
que ce matin il a mal à la tête. Ses idées ne sont pas claires et conséquemment je crois
devoir justifier qu'il ne peut facilement comparaître à la Cour aujourd'hui.
A. T. BROSSEAU, M. D.
Nous avons obtenu de nouveaux détails au sujet des relations des deux amoureux. Il
paraîtrait que Scheyer n'est jamais allé chez elle, mais qu'au contraire, Mary Cohen
faisait de nombreuses visites au bureau de son amant. Mary Cohen a aussi écrit des lettres
assez compromettantes pour sa cause. Dans l'une d'elles, par exemple, elle déclare vouloir
toujours vivre comme la maîtresse de Scheyer. Scheyer en lui aurait, non plus, jamais fait
aucune promesse de mariage.
La jeune fille a, dit-on, déjà joué sur la scène et elle aime beaucoup à produire de
l'effet. Si l'on en juge par le langage qu'elle tient d'ordinaire l'on peut conclure qu'elle
n'aura voulu faire hier qu'un coup de théâtre. Le revolver dont elle s'est servi peut à
peine tuer un oiseau.
Mary Cohen a été recueillie hier soir par une dame Walter demeurant rue Ste Catherine.
Elle a été prise d'une crise hystérique qui a retenu un médecin à son chevet toute la nuit.
Ce matin elle était assez bien pour venir en cour sous la garde de M. Cinq Mars. Elle a été
immédiatement admise à caution et reconduite chez elle.
Si M. Scheyer ne dépose pas de plainte, chose très probable, cette affaire est désormais
finie.
- mercredi 19 mai 1886, page 3
Vengeurs de la vertu
M. St Pierre, avocat de Mary Cohen, a reçu cxe matin une lettre signée par plusieurs
jeunes gens qui se disent les Vengeurs de la vertu. Ces jeunes gens veulent pousser
l'affaire Cohen Scheyer devant les tribunaux, si non ils promettent de faire un mauvais
parti à l'amant de la petite juive.
- jeudi 20 mai 1886, page 4
L'affaire Cohen Scheyer
Delle Mary Cohen a été remise en liberté hier sur un cautionnement de $500.00 et sur
les demandes réitérées de son avocat M. H. C. St-Pierre.
Elle a promis au juge de garder la paix pendant six mois.
On croit que toute cette affaire est désormais terminée.
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H. C. Saint-Pierre, chanteur au concert Lefebvre
- lundi 7 juin 1886, page 2
Le concert Lefebvre
Nous publions aujourd'hui, le programme de ce concert, qui aura lieu le 9 juin, à la
salle Nordheimer. Au premier coup d'oeil, on peut juger de l'importance de cette soirée de
gala, par le nombre et la qualité des artistes qui y prennent part.
La salle suffira à peine, à contenir les amateurs de bonne musique qui veulent y assister.
Les sièges réservés doivent être retenus chez M. Nordheimer, marchand de musique
rue St Jacques.
Les porteurs de billets feront bien de se hâter d'aller les choisir tout de suite. Les
retardataires pourraient être désappointés.
1ère partie
lo Choeur-Le Valseur...........................L. de Rillé
Les Montagnards Canadiens.
2o Récitatif et air de Simon-Les Saisons..Hayden
M. J. Bte Dupuis
3o Duo de Mireille-Le Magali..............Gounod
Mme Leblanc et M. T. Trudel
4o Alleluia d'amour.......................Fauré
M. H. C. St Pierre
5o Solo de violon........................................
Oscar Martel
6o Chanson de circonstance-Paroles de M.A. Christin, musique de M.O. Martel
M. Frédéric Lefebvre.
INTERMÈDE
L'obole du pauvre.....................................M. Alp. Christin.
2ère partie
7o Choeur-Le voyage en Chine........................................
Les Montagnards Canadiens.
8o Piano-Danse des Sorcières...................................Paganini
MELLE LOUISE MEUNIER (Elève de Paul Letondal.)
9o Ô Canada, mon pays, mes amours....................J. B. Labelle
(A la demande générale) M. L. L. Muillet.
10o Le Crucifix-Duo..............................................Fauré
MM. Trudel et St Pierre
11o Chanson comique....................................................
Hénault
12o Sextuor de Lucie de Lamermoer....................Donizetti
l3o Les Montagnards en camp...........................L. de Rillé
Les Montagnards Canadiens.
Le piano sera tenu par M. Emery Lavigne.
Portes ouvertes à 7½ heures.
Sièges réservés 75 cts; Admission générale 50 cts.
- jeudi 10 juin 1886, page 4
Le concert Lefebvre
La salle du Nordheimer était littéralement bondée de monde hier soir à l'occasion du
concert organisé au bénéfice du sympathique chanteur M. Lefebvre. La plupart des
artistes amateurs de la ville, avaient tenu à prêter leur concours gratuit à la soirée,
pour donner une preuve d'estime à M. Lefebvre, qui, pendant tant d'années a figuré comme
chanteur sur tous les programmes de soirées de bienfaisance. La fête a eu un grand succès,
malgré l'absence de deux artistes éminents qui avaient promis leur concours, MM. Martel
et Prume.
Le choeur des Montagnards, est trop connu pour qu'il soit nécessaire d'en faire l'éloge.
Qu'il nous suffise de dire qu'il s'est tenu à hauteur de sa réputation et que ses choeurs
ont été fort appréciés du public, quoique celui-ci, selon l'habitude, ait réservé ses
applaudissements les plus chaleureux pour les solos et les duos. MM. St-Pierre et J. Bte.
Dupuis ont obtenu beaucoup de succès, le premier dans l'Alleluia d'amour et le second dans
les Saisons de Haydn.
Le duo si connu de Mireille "Le Mogali" par Mme Leblanc et M. T. Trudel a soulevé des
appaudissments enthousiastes.
M. Lefebvre a charmé le public avec la chanson des Adieux, paroles composées pour la
circonstance par M. Alp. Christin, musique de M. Martel.
Melle Louise Meunier a fort bien rendu au piano la "Danse des Sorcières" de Paganini.
M. Maillet, qui a chanté l'air si connu "O Canada, mon pays, mes amours" a fait preuve de
beaucoup de talent et a été bissé. Le fameux duo
de "Crucifix" de Faure, par MM. St Pierre
et Trudel, a beaucoup impressionné l'auditoire.
Enfin, M. Alp. Christin, a récité une pièce de vers de
sa composition "l'Obole du pauvre",
avec beaucoup de sentiment et a receuilli des applaudissements mérités.
Ayant été chargé de venir annoncer au public, l'absence de plusieurs des principaux
artistes inscrits au programme, M. Alp Christin s'est acquitté de cette tâche ingrate avec
beaucoup de tact et sa verve humoristique a fait accepter facilement par le public, ces
nouvelles désagréables qui d'ordinaire font murmurer les spectateurs.
En somme, la soirée a fort bien réussi et fait beaucoup d'honneur
aux organisateurs de la
fête.
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H. C. Saint-Pierre, avocat de Louis Viau pendant une partie des procédures
Pour toutes les références concernant cet évènement,
pressez
ICI.
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H. C. Saint-Pierre, avocat de Fernandez
mardi 8 juin 1886, page 4
ASSISES CRIMINELLES
Audience du 8 juin 1886.
...On assermente un jury pour le procès de Fernandez.
Ce dernier est accusé de vol et de recel. Durant le mois de mars dernier, nombre de
vols furent commis chez M. Nardinger & Co. Entre autres, plusieurs bonnets en fourrures
disparurent du magasin, et quelques semaines plus tard on les trouvait en possession du
prisonnier.
Le premier témoin interrogé est M. Nardinger de la société Nardinger, fils et Cie, qui
dépose comme suit:
Je ne connais pas le prisonnier. Je l'ai vu depuis le vol commis chez moi.
Au commencement de mars, plusieurs bonnets en fourrures nous furent enlevés. Un nommé
Goldberg m'avertit que Fernandez les avait. Je lui
donnai alors de l'argent pour acheter de
Fernandez. Plus tard, M. Goldberg les remis au détective Robinson qui se chargea de
l'arrestation de l'accusé.
Le détective Robinson produit à ce moment les bonnets de fourrures en question, puis
M. Nardinger continue à donner son témoignage. "Je suis positif que deux de ces bonnets
au moins ont été volés.
En transquestion M St Pierre ayant fait déclarer au témoin que l'accusé a déjà été
acquitté du même chef d'accusation de vol en cour des sessions de la Paix, fait motion que
la cour lui permettre de retirer son plaidoyer de non coupable, et d'y substituer un
plaidoyer spécial "d'autrefois acquit."
M. Davidson s'oppose à la motion qui est finalement renvoyée par la cour. M. St Pierre
continue à transquestionner le témoin. Le détective Robinson donne ensuite son témoignage,
puis un M. Goldberg est interrogé par M. Davidson et par M. D. Barry.
Après l'examen des témoins, le juge rappelle aux jurés les faits de la cause et ces
derniers rapportent un verdict de non-coupable.
-
Jacques Brulé, client de H. C. Saint-Pierre
- mardi 15 février 1886, page 4
ASSISES CRIMINELLES
Séance du 14 juin.
Audience du matin.
Présidence de l'hon. juge A. A. Dorion.
MM. Shiller et Sicotte, greffiers de la couronne.
MM. Ouimet et Davidson, C.R., avocats de la couronne.
Jacques Brulé, accusé de faux est appelé à la barre. Il plaide non coupable à l'acte
d'accusation.
M. H. C. St Pierre comparaît pour l'accusé et se déclare prêt à procéder...
Jacques Brulé est appelé à la barre. M. Ouimet expose la cause aux jurés.
Dans le cours du mois de novembre 1884, madame Giguère réclama la somme de $25 00 du
prisonnier. Ce dernier criblé de dettes et menacé de poursuites, hésita pendant longtemps,
enfin un jour il arriva chez Mde Giguère avec un reçu forgé. Il a fait lui-même l'admission
qu'il a forgé ce reçu.
Le premier témoin appelé est Marie Louise Girard, épouse de Narcisse A. Giguère.
La Cour ajourne à une heure.
- mardi 15 février 1886, page 1
Assises criminelles
14 juin.
Séance de l'après-midi.
La cour continue le procès de Brulé.
M. Henri Lesage, notaire public dit: J'ai reçu le testament de Lemire et j'en produis une
copie certifiée. Ce testament est daté du 20 juin 1884.
Le témoin lit les clauses relatives à la sommation des exécuteurs testamentaires. Une
clause dit que l'épouse ne pourra retirer le capital sans le consentement de M. Desmarais,
photographe.
Mme Giguère continue sa déposition.
Elle dit: En décembre 1884, j'ai réclamé de l'accusé le paiement d'une créance s'élevant à
plus de $50. Il m'a répondu qu'il devait quelque chose, mais qu'il ne devait pas un montant
aussi élevé. Mes employés lui ont souvent demandé cette somme. Il m'a dit qu'il avait des
reçus. Je lui demandait de les produire. Il montra un reçu de $35 daté, je crois, du mois
de novembre. Le reçu portait les prétendues signatures de mon mari et de mon garçon.
Le reçu est produit et le témoin l'identifie. Ce reçu est daté le 27 novembre 1884. C'est
vers la fin du mois de novembre ou de décembre 1885, qu'il me montra ce reçu dans l'atelier
photographique de mon mari actuel, 68 Place Jacques Cartier. J'étais en arrière du comptoir.
Je me suis aperçu que ce n'était pas la signature de mon mari. Il prétendit ce jour-là
qu'il avait un reçu de tout compte. L'accusé prétendit que c'était un reçu signé par mon
fils, George Lemire. Je connais l'écriture de mon fils et ce n'est pas sa signature.
Après quelques transquestions par l'avocat de l'accusé, M. H. C. St-Pierre, le procès de
Jacques Brulé se termine par un acquittement.
-
Patrick Munday, client de H. C. Saint-Pierre
mercredi 16 février 1886, page 4
LA REINE vs LES FORÇATS
Dagenais et Munday acquittés. - Sentences contre Ardell et Norman.
Audience du 16 juin.
Séance du matin.
Présidence de l'hon. juge A. A. Dorion.
MM. Ouimet et Davidson, C.R., avocats de la couronne.
MM. Shiller et Sicotte, greffiers de la couronne...
Patrick Munday est appelé à la barre. C'est un grand garçon, bien bâti, brun et les
yeux perçants. Il est très calme et semble très confiant du résultat du procès.
L'acte d'accusation contre lui est qu'il a tenté de s'évader le 24 avril dernier. Il a plaidé
non coupable.
M. C. P. Davidson impose la cause au jury.
M. St Pierre qui comparaît pour l'accusé demande que les témoins de la couronne se retirent
dans une chambre.
Le premier témoin est M. McCarthy et dépose comme suit: Je connais le prisonnier. Il était au
pénitencier le 24 avril dernier. L'accusé a été blessé au bras lors de la révolte.
Il faisait partie cette après-midi là de la bande occupée aux travaux d'excavation sous la
garde du gardien Blaine. Ce jour-là les détenus dûrent travailler jusqu'à 5 heures.
L'accusé ne pouvait quitter son ouvrage que sur l'ordre ou avec la permission de Blaine.
Transquestionné par M. St-Pierre. Le prisonnier avait une charge de confiance dans cette
bande. Il avait la clef de la boîte aux outils. Elle a été remise en bon ordre. Il est fort
probable que la curiosité a dû induire beaucoup de prisonniers à aller voir ce qui se
passait dehors. Le prisonnier n'a pas assailli qui que ce soit. Il n'a pas été vu avec un
pistolet ou autre armes entre ses mains. Je ne sais pas par qui a été blessé le préfet.
Mon impression est qu'il a été blessé par des détenus.
Je ne sais pas si le prisonnier a été blessé par un gharde ou par un détenu. Je jure que
je n'ai pas vu Munday prendre aucune part à la révolte.
James Blaine, garde, est assermenté et dit:
Le prisonnier était sous ma charge le 24 avril dernier. Il y avait 11 détenus dans la bande
occupée à l'excavation. Il ne devait cependant pas me laisser sans permission. Le garde en
chef McCarthy m'ayant averti qu'il y avait du désordre dans la cour, me dit de faire monter
les prisonniers dans leurs cellules. Le prisonnier s'absenta de la bande sans permission. Je
le revis à l'hôpital. En transquestions par Barry: Il y eut beaucoup d'excitation de la part
des prisonniers et de la part des gardes.
J'avais l'habitude d'appeler le messager quand il était absent. Munday se conduisait bien sous
mes ordres. Il arrivait quelquefois que le messager s'absentait sans ma permission.
Aldéric Paré est assermenté et dépose comme suit: J'étais en devoir le 24 avril dernier, sur
la tour No 6. Je vis le prisonnier non loin des murs. Je vis le prisonnier non loin des murs.
Lorsque je tirai sur les détenus, je le vis se baisser et s'enfuir. Corriveau fut tué après
que j'eus tiré du côté de Munday.
En transquestions par M. St Pierre je n'ai pas vu le prisonnier tenter de s'évader.
En transquestions par un juré: "J'étais à 300 pieds environ du prisonnier. Je le reconnus.
A 2 heures la séance est ajournée.
Séance de l'après-midi.
La Couronne veut faire entendre le Dr A. T. Brosseau pour prouver que le préfet ne pouvait
pas sans danger venir déposer dans ce procès, mais la cour décide que ce point n'a aucun
rapport à la cause actuelle et qu'il est inutile d'examiner le Dr Brosseau à ce sujet. La
Couronne déclare sa preuve close dans la cause de Munday. La défense fait entendre le
détenu Brown qui dépose:
Dans l'après-midi du 24, l'accusé sortit et alla au cabinet d'aisance. J'allais et venais
derrière la boutique des travailleurs et il était à une vingtaine de pieds de moi. Je lui ai
entendu dire qu'il était blessé et le sang coulait de son bras droit. Il regardait faire les
autres détenus quand il a été blessé. Il était à 70 pieds de la clôture en bois. Il n'a pris
aucune part à la révolte. En transquestions, le témoin dit que l'accusé était dans le
cabinet d'aisance quand les détenus se mirent contre la clôture en bois.
Après la plaidoirie de M. St Pierre, le juge s'adresse au jury et ce dernier rend un verdict
de non coupable. Le même jury est assermenté pour acquitter Alp. Dagenais sur le second chef
d'accusation portée contre lui pour tentative d'évasion.
Norman est condamné à trois ans de pénitencier en sus de la sentence qu'il purge actuellement.
Ardell est aussi condamné à trois ans de pénitencier en sus de la sentence
qu'il purge actuellement.
-
H. C. Saint-Pierre, avocat de la Couronne
vendredi 18 février 1886, page 2
Assises Criminelles
Audience du 17 juin.
...On assermente un troisième jury et l'on procède à la cause de madame Jackson,
alias Miss Alice Taylor accusée de parjure.
M. Saint Pierre représente la Couronne et MM. Crankshaw et Barry comparaissent pour la
défense.
Les procédures sont très courtes: deux témoins seulement sont entendus, Miss McCarthy et
William Farmer.
La preuve de la poursuite est insuffisante et l'accusée est acquittée...
-
John McCloskey, client de H. C. Saint-Pierre
- vendredi 18 juin 1886, page 4
LA REINE vs McCLOSKEY
Audience du 18 juin.
Séance du matin.
Présidence de l'hon. juge Dorion.
John McCloskey à la barre. Le prisonnier est accusé de recel le 17 novembre dernier. C'est
lui qui a reçu les fourrures volées chez M. Dansereau. Le montant du vol s'élève à $2000.
Il plaide non-coupable. M. C. P. Davidson, C.R., expose la cause aux jurés. Le premier
témoin appelé est M. C. A. Dansereau, qui dépose comme suit: "Le 127 novembre dernier, je
demeurais au 62 rue St Aubert. Ma résidence était fermée à cette époque et je me retirais
à la Longue Pointe. Je visitai quelquefois ma résidence de la rue St Hubert, rien ne
paraissait dérangé. Je fus notifié le 17 novembre que ma maison avait été enfoncée et que
des fourrures au montant de $3000 avaient été volées. Je publiai une liste des effets volés,
mais je m'aperçus qu'une omission avait été faite. Nous n'avions pas mentionné sur la liste
la disparition d'une pièce de velours. Le grand connétable Bissonnette produit alors la pièce
de velours qu'il trouva dans le lit du prisonnier à sa maison au coin de la rue Visitation
et Notre-Dame. En transquestions par M. H. C. St-Pierre: Je ne connais pas le prisonnier.
Je ne puis pas jurer que la pièce de velours produite est ma propriété. La plupart des
marchandises volées avaient été achetées à Paris au mois de décembre 1883.
Je ne sais pas quand le vol en question fut commis. Mademoiselle Neveu est assermentée
et dépose comme suit: Le 14 novembre j'allai chez M. Dansereau, 62 rue St-Hubert. Je visitai
deux caisses, l'une contenant des fourrures et l'autre des vêtements. Je constatai que tout
était en bon ordre. Le 17 novembre je retournai à la maison vers cinq heures du soir. Je vis
alors que les caisses avaient été ouvertes et le contenu disparu. Madame Dansereau fit avertir
la police. Je revins vers les 7 heures. Je constatai que les voleurs étaient revenus dans
l'intervalle et qu'ils avaient enlever le reste du contenu. Je savais qu'il y avait une
pièce de velours dans les caisses, mais je ne la vis point.
En transquestions par M. St Pierre. "Tout m'a paru en ordre quand je suis allé chez
M. Dansereau le samedi."
Odille Fortin, servante chez M. Dansereau est assermenté et dépose comme suit: C'est moi même
qui ai mis dans la caisse aux robes le morceau de velours produit en cour. Je le reconnais
comme étant le même.
Transquestionné par M St Pierre: "J'avais vu ce morceau de velours assez souvent, avant qu'il
fut mis dans la boîte.
Madame Ernestine Ethier épouse de Thomas Lamanque dépose comme suit:
"J'ai travaillé comme modiste pour madame Dansereau, je me suis servi du velours maintenant
produit. Le grand connétable dépose comme suit: "Je connais le prisonnier, je crois qu'il tient
un restaurant avec son père. C'est à son restaurant que je l'arrêtai. Je visitai la maison avec
lui. J'allai dans sa chambre à coucher. Le constable Proulx qui était avec moi se mit à enlever
les couvertures du lit et trouva une pièce de velours entre la paillasse et le matelat.
Le prisonnier dit alors qu'il ne connaissait rien du tout de cette affaire.
En transquestions par M. St-Pierre. Le prisonnier ne fit aucune opposition à faire visiter ses
appartements. Lorsque le velours fut trouvé, il protesta de son innocence. En transquestion par
M. St-Pierre. "Le prisonnier à toujours protesté de son innocence. Joseph Lafleur est
interrrogé et dépose comme suit:
Je me rappelle que Cochue retint mes services, comme charretier, pour aller chercher les effets
volés chez M. Dansereau.
Cochue se fit conduire chez McCloskey. Il avait une valise avec lui. Cochue passa par la ruelle
entre la rue St-Hubert et Berry pour entrer chez M. Dansereau. En transquestion par M. St-Pierre:
"Je n'ai pas suivi Cochue, je ne sais pas où iul est allé.
Le long de la route, il m'a dit "Conduis-moi chez McCloskey". Ce dernier jouit d'une bonne
réputation.
Ré-examiné par M. St-Pierre, M. Dansereau déclare qu'il a recouvré la plus grande partie des
effets volés. Cochue détenu au pénitencier de St Vincent de Paul est assermenté et dépose comme
suit: Je suis au pénitencier depuis que j'ai été trouvé coupable de vol chez M. Dansereau. Je
cinnais le témoin Lafleur. Je ne me rappelle pas quel jour je fus arrêté. Lafleur m'a conduit en
voiture chez M. Dansereau pour avoir une valise. Je lui ai dit de me conduire chez McCloskey.
J'avais volé différents effets dans la journée chez M. Dansereau. Je vendis la valise et son
contenu à quelqu'un chez McCloskey, mais je ne puis jurer si c'était au prisonnier.
On me donna $19 00 pour tout. Parmi les effets volés il y avait une pièce de velours, mais je
n'y ai pas fait attention.
Je ne pourrais jurer si c'est le prisonnier qui m'a payé, mais il ressemble beaucoup à la
personne qui m'a payé. C'est moi qui offris les effets volés en vente.
La cour ajourne à heures p. m.
Séance de l'après-midi.
Cochue est transquestionné par M. St Pierre: j'ai été quatre fois au pénitencier.
George Dunham est assermenté et dépose comme suit: Je connais le prisonnier. Un dimanche, le
15 novembre, il descendit à Québec pour acheter des chevaux. Je demeure à quelques pas de chez
McCloskey. Je le connais depuis 3 ou 4 ans. Il est très honnête. Personne ne s'est jamais plaint
de lui.
John O'Brien, groom et cocher, dit qu'il fut autrefois employé chez le père du prisonnier.
J'y étais le 15 novembre. Il est allé à Québec à cette date.
Au moment de mettre sous presse, la cause se continue.
- vendredi 18 juin 1886, page 2
ASSISES CRIMINELLES
18 juin.
John O'Brien, groom et cocher, dit: J'étais autrefois homme d'écurie chez le père du
prisonnier. J'y étais le 15 novembre. A cette date, l'accusé est allé à Québec pour acheter des
chevaux. Le prisonnier aide son père dans la buvette tout en exerçant le métier de maquignon.
J'ai passé la nuit du 15 dans la buvette. Je n'ai vu personne apporter une valise dans la
maison. Le 17 novembre, j'ai su que la police avait fait des recherches dans la maison.
Le 17 novembre l'accusé était à Québec d'où il avait envoyé un télégramme à son père l'informant
qu'il ne pouvait acheter des chevaux à Québec parce qu'ils étaient trop chers.
Le 17, une femme vendit à Madame McCloskey un morceau de velours pour $1 50. Je ne puis
identifier le velours produit en cour comme celui qui a été acheté par la mère de l'accusé.
Le prisonnier est revenu de Québec le 19 novembre. Je ne connais pas la femme qui a vendu le
velours.
Archibald McCloskey, oncle du prisonnier, dépose que l'accusé était à Québec le 18 novembre
dernier , lorsqu'une femme est venue vendre à Mme McCloskey
un morceau de velours pour la somme de
$1 50. Le prisonnier est revenu de Québec le 19 ou le 20, soit le lendemain ou le surlendemain.
Théophile Belle Isle, commerçant de chevaux, Thos Corcoran, épicier, Chs Marchand aussi
commerçant de chevaux et deux autres témoins viennent jurer que le prisonnier à la barre est
un parfait honnête homme et qu'ils le connaissent comme tel depuis nombre d'années.
L'enquête est déclarée close de part et d'autres, les avocats font leur plaidoyer et le juge
résume la cause devant les jurés.
Le jury après quelques instants de délibération rend un verdict d'acquittement.
Puis la Cour s'ajourne à lundi matin a 10 heures.
On croit que lundi prochain sera la dernière journée du terme.
-
Madame Matte, cliente de H. C. Saint-Pierre
- jeudi 8 juillet 1886, page 2
L'affaire Matte
Le procès dans l'affaire Matte s'est continué hier devant le magistrat à l'Orignal. M. H. C.
St Pierre défendait l'accusée.
Un nommé Doré, parait-il, connait le court et le long de toute cette affaire à été
arrêté par le connétable Costello, du district judiciaire de Russell et de Prescott. Doré a
beaucoup protesté contre cette arrestation. Un des principaux témoignages donnés est celui de
Francis Menard, qui a donné le nom du marchand où le thé avait été acheté.
On sait que Mde Matte est accusée d'avoir mis de l'arsenic dans le thé et de l'avoir fait boire
à son mari et à son enfant.
Nous mettrons nos lecteurs au courant de cet important procès.
- jeudi 28 octobre 1886, page 2
L'affaire Matte
Madame Matte, comparaîtra devant la Cour Criminelle de l'Orignal, demain. MM. Saint Pierre et
Leclair partent aujourd'hui pour le procès.
- samedi 30 octobre 1886, page 4
L'affaire Matte
Mme Matte accusée d'avoir empoisonné son mari l'hiver dernier, a comparu devant la Cour
Criminelle hier à l'Orignal.
M. H. C. St Pierre comparaissait pour elle. Le procès n'a pas été bien long. Elle a été
acquittée sur l'accusation d'avoir empoisonné son mari.
Il y a contre elle, une autre accusation, celle d'avoir empoisonné son enfant.
Elle sera admise à caution.
-
Marguerite Labelle, veuve de Joseph Lavoie, cliente de H. C. Saint-Pierre
mercredi 18 août 1886, page 2
La Cité vs Madame J. Lavoie
La Cité poursuivait hier matin en cour du Recorder madame Marguerite Labelle veuve de Joseph
Lavoie, restaurateur de la rue St-Laurent.
Voici les faits: Dimanche dernier, le S. Gauthier aperçut, rue St Laurent, un homme appelé
F. X. Renaud qui paraissait ivre. Il alla vers l'ivrogne et lui demanda où il avait pris cette
boisson, il répondit chez madame Lavoie, de là l'action. Les témoins de la poursuite étaient le
sergent Gauthier et F. X. Renaud, ceux de la défense étaient M. Honoré Beauchamp et William Rose.
M. St Pierre était l'avocat de la défenderesse.
Après avoir entendu les deux partis, Son Honneur le Recorder condamna madame Lavoie à $30 et les
frais $2 00 formant $32 laquelle somme fut immédiatement payée.
-
L'Armée du Salut, cliente de H. C. Saint-Pierre
- mardi 7 septembre 1886, page 2
L'Armée du Salut
M. le recorder rendra jugement ces jours ci dans la cause de l'armée du salut. On sait qu'il
s'agit ici d'un test case. Lors de l'argumentation, le juge a demandé à M. H. C. Saint
Pierre s'il pouvait produire une lettre d'un des évêques protestants de cette ville reconnaissant
l'Armée du Salut comme un corps religieux avoué du protestantisme. M. Saint Pierre avait promis
de le faire et, hier après midi, il a remis au recorder une lettre du Révd M. Usher, dans
laquelle ce Monsieur, qui se souscrit "Evêque de l'Eglise Episcopalienne Réformée du Canada"
déclare qu'il n'approuve pas les moyens d'action de l'Armée du Salut, mais que celle-ci ne
tombera que lorsqu'elle cessera d'être animé par "l'Esprit Saint."
- mercredi 8 septembre 1886, page 4
Cour du Banc de la Reine
JURIDICTION CRIMINELLE
Présidence de Son Honneur le juge Baby.
MM. Davidson et Ouimet, avocats de la Couronne.
MM. Shiller et Sicotte, greffiers de la Couronne.
A l'ouverture de la cour on informe l'honorable juge que M. John Grier des grands jurés est
dangereusement malade. Il est remplacé par M. Henderson. M. St Pierre a interjeté l'appel à la
Cour du Banc de la Reine des jugements rendus par la Cour du Recorder. Il s'agit de faits
tombant sous l'acte des vagabonds et l'avocat des appellants se plaint de ce que ces causes ont
été mal jugées et demande qu'elles soient entendues à nouveau devant un jury. L'avocat de la
Couronne s'oppose à cette prétention et soutient que l'honorable juge seul peut entendre ces
causes, sans avoir besoin d'un jury. La question est laissée par la loi, à la discrétion de
la cour.
Il s'agit surtout de l'interprétation à donner à un article de la loi et en pareil cas, c'est au
juge, c'est à dire à un témoin ayant des connaissances légales, à donner sa décision qui peut
servir plus tard de précédent, et non à des jurés qui ne peuvent juger que les faits. L'honorable
juge prend ces objections en délibéré...
- mardi 14 septembre 1886, page 2
L'Armée du Salut
Hier matin, Son Honneur le Recorder a rendu le jugement suivant dans la cause de la Cité vs
l'Armée du Salut.
L'accusation portée contre Marshall est d'avoir été pris chantant dans la rue, suivant l'acte des
vagabonds. Il est en preuve qu'il chantait des hymnes avec accompagnements de cymbales, mais s'il
est prouvé qu'il faisait du bruit en chantant, il n'a pas été prouvé qu'il incommodait les
passants.
Ce sont ceux qui attaquent et insultent l'Armée du Salut qui sont coupables. Les membres de cette
organisation sont certainement des exaltés, mais des exaltés du bon côté; et il a a tant de gens
qui chantent des chansons obscènes et qui blasphèment dans nos rues, qu'on ne peut
réellement condamner les accusés pour leur exaltation religieuse. A moins qu'on ne prouve que
l'Armée du Salut ne fait du bruit que pour troubler la paix, je ne puis trouver ses membres
coupables, dans les circonstances actuelles et suivant la preuve faite.
-
La Couronne, cliente de H. C. Saint-Pierre
- jeudi 9 septembre 1886, page 4
Cour du Banc de la Reine
JURIDICTION CRIMINELLE
Présidence de Son Honneur le juge Baby.
MM. Davidson et Ouimet, avocats de la Couronne.
MM. Shiller et Sicotte, greffiers de la Couronne.
...On commence alors le procès de F. X. N. Berthiaume, notaire de St Bruno et ex-candidat de
Chambly. Celui-ci comparaît à la barre. Il est accusé d'avoir volé une grande somme d'argent
déposée entre ses mains, en sa qualité de notaire et d'homme de confiance, le 9 novembre 1874,
par une dame veuve Joseph Roy, de Saint-Mathias. M. H. C. St-Pierre expose la cause au jury
assermenté, au nom de la Couronne qui l'a prié d'agir comme son avocat en cette cause dont il
connaît tous les droits.
L'accusé est représenté par M. C. A. Geoffrion, C. R., Madame Roy, la plaignante, est une vieille
femme d'environ 60 ans. "Mon mari dit le témoin, a acheté en 1866 une terre de M. Adolphe
Benoit. Il est mort deux ans après avoir fait cette acquisition. Le neuf novembre 1874 j'ai
déposé $505, entre les mains de M. le notaire Berthiaume; c'était la balance du prix de la terre,
je laissai l'argent entre les mains du notaire, lui recommandant de la mettre à la banque le
lundi suivant et de n'en pas livrer un sous à M. Benoit avant que celui-ci eut fait disparaître
l'hypothèque, dont la terre était grévée. L'accusé au lieu de déposer l'argent à la banque
l'a divisé entre lui et M. Benoit et quand je lui ai demandé un peu plus tard ce qu'il avait fait
de mon argent, il m'a répondu qu'il n'avait pas d'argent à moi.
Un peu plus tard j'ai été obligée d'emprunter de l'argent pour payer les $504 00 à M. Benoit,
lorsqu'il eut fait disparaître l'hypothèque. Transquestionné: Xavier Roy, mon beau-frère, et
M. Benoit étaient présents quand j'ai déposé les $505 00 entre les mains de M. Berthiaume. Ce
n'est qu'assez longtemps après avoit fait ce dépôt à M. Berthiaume que mon beau frère a demandé
l'argent à M. Berthiaume et que celui-ci a répondu qu'il n'avait pas d'argent à moi. M. Adolphe
Roy, huissier et hôtellier de St Bruno est le témoin suivant. Ce dernier relate à peu près les
mêmes faits que Madame Roy.
La Cour ajourne à trois heures p. m.
- vendredi 10 septembre 1886, page 4
Cour du Banc de la Reine
JURIDICTION CRIMINELLE
Présidence de Son Honneur le juge Baby.
MM. Davidson et Ouimet, avocats de la Couronne.
MM. Shiller et Sicotte, greffiers de la Couronne.
... La cause de La Reine vs Berthiaume vient alors de nouveau devant la Cour. Frank Brué et
Ignace Moquin sont appelés comme témoins et témoignent de la bonne réputation dont jout Benoit
parmi ses voisins à St Bruno.
En réponse à M. Geoffrion C.R., le premier témoin dit que Benoit a été souvent accusé d'actes
malhonnêtes.
M. Geoffrion adresse alors le jury dans l'intérêt du défenseur. M. H. C. Saint Pierre.
La Cour s'ajourne à trois heures pour faire la charge au jury.
Séance de l'après-midi.
A trois heures, l'honorable juge Baby fait la charge au jury et ce dernier rapporte un verdict de
coupable contre Berthiaume. Ce dernier éclate en sanglots au moment où le jury le
déclare coupable.
- samedi 11 septembre 1886, page 4
Rectification
Nous avons fait erreur, hier, dans notre rapport de la cour Criminelle.
C'est M. Geoffrion qui a adressé le jury en faveur du défendeur. M. St-Pierre a adressé le
jury en faveur du demandeur.
-
La Couronne, cliente de H. C. Saint-Pierre
- mardi 14 septembre 1886, page 4
Cour du Banc de la Reine
JURIDICTION CRIMINELLE
Présidence de Son Honneur le juge Baby.
MM. Davidson et Ouimet, avocats de la Couronne.
MM. Shiller et Sicotte, greffiers de la Couronne.
... La cause de John Paul Duff[?], accusé d'avoir négligé de pourvoir aux besoins de sa famille,
est alors appelée; M. St Pierre représente la poursuite et M. Hall, la défense. Fanny Donaldson,
épouse de l'accusé, est le principal témoin.
Au moment de mettre sous presse, la cause se continue.
- jeudi 9 septembre 1886, page 2
Cour du Banc de la Reine
JURIDICTION CRIMINELLE
Séance de l'après-midi.
14 septembre.
On appelle la cause de John Paul Duff[?]the, accusé d'avoir refusé à sa femme les choses
nécessaires à la vie.
Aussitôt les jurés assermentés, les avocats des parties informent la cour que le mari et la
femme sont réconciliés, mais que la femme ne veut pas qu'un verdict d'acquittement soit
rendu contre son mari et ce dernier exige d'être libéré de l'accusation.
Les faits sont exposés par les deux avocats...
Les jurés, n'ayant pu s'accorder dans la cause de Jean Paul Duffthe, sont renvoyés.
La cour s'ajourne.
-
John N. Walters, client de H. C. Saint-Pierre
- samedi 18 septembre 1886, page 2
Cour du Banc de la Reine
JURIDICTION CRIMINELLE
[?] comme [?] la cause de John N. Walter, accusé de tentative de
corruption d'un employé de la douane, M.
Julien Brosseau.
On n'a produit jusqu'à présent que les documents relatifs à la saisie des livres de la maison
Ayer et Cie, saisie qui a été opérée à cause des fausses déclarations faites par le défendeur.
MM. C. J. Doherty et H. C. Saint Pierre représentent la défense.
M. D. MacMaster, C. R., M. P., dit à la Cour qu'à son retour de voyage dans l'Ouest ce matin, il
a appris que la défense avait mentionné son nom comme témoin. Comme il doit s'absenter encore ce
soir, il demande à être entendu immédiatement.
Après avoir prêté serment, M. McMaster donne sa déposition.
Je suis l'avocat consultant de la maison Ayer et Cie depuis le mois de juin 1885. L'accusé n'a
jamais requis mes services au sujet de la saisie en question et je ne le connais pas. Je crois
que la maison Ayer n'a jamais eu de rapports avec le prisonnier.
M. M. P. Ryan reconnait les livres produits comme ayant été saisis. Un de ces livres est une
copie de lettres et l'autre est un grand livre. Ces documents se rapportent à la saisie faite
dans l'affaire de Ayer et Cie. J'ai eu ces livres en ma possession depuis trois mois.
M. Johnson, commissaire des douanes à Ottawa. - Les saisies dans la cause d'Ayer et Cie, ont été
faites il y a environ un an. J'ai été informé selon l'usage suivi dans toutes les affaires, pour
examiner la cause et donner mon avis. J'ai fais mon rapport au ministre des douanes qui l'a
approuvé et a donné sa décision dans le même sens.
...Le procès de John N. Walters, occupe la Cour jusqu'à dix heures du soir et se continue
ce matin.
- samedi 18 septembre 1886, page 4
Cour du Banc de la Reine
JURIDICTION CRIMINELLE
Présidence de Son Honneur le juge Baby.
MM. Davidson et Ouimet, avocats de la Couronne.
MM. Shiller et Sicotte, greffiers de la Couronne.
On continue la cause de Walters accusé de conspiration. W. J. O'Hara secrétaire du percepteur
de la douane.
Brosseau a informé le témoin que Walter lui avait dit qu'il y avait $10,000 entre les mains de
M. McMaster pour lui, s'il voulait livrer les livres d'Ayer et Cie. Le témoin a demandé à
Brosseau de rechercher si Ayer et Cie soutenaient la conduite de Walter.
Transquestionné - Les livres n'ont été entre les mains des évaluateurs à Ottawa qu'une couple de
jours. Ils ont été en possession des autorités de la douane à Montréal près d'un an, ou au moins
depuis la fin d'octobre dernier. Ces livres sont censés être des livres tenus par l'agent de la
maison Ayer à St Jean N. B. Ils paraissent être un mémoire tenue par cet agent, soit pour
lui-même, soit pour la maison même.
C'est au livre de toutes les dépenses faites par lui à St Jean. Le témoin a énuméré ces livres
minutieusement, il en a fait des extraits qu'il a transmis à Ottawa. Le témoin voulait arriver
au montant des dépenses faites à St Jean en rapport avec les médecines. Le témoin comprit que
l'agent exigeait une garantie qu'il ne serait pas poursuivi, s'il donnait son témoignage dans
cette affaire, pour avoir passé de fausses entrées à St Jean. Brosseau a dit au témoin que
Handerhill lui avait demandé de lui avancer l'argent pour règler les réclamations qu'il pourrait
avoir comme témoin. Le témoin lui a déconseillé de faire toute avance d'argent. M. Quinn, avocat
de la défense, s'adresse à la Cour et traite ensuite la question de droit.
M. Amédée Gagnon donne ensuite son témoignage. La Cour s'objecte à la première question posée au
témoin et ce dernier se retire.
M. Johnson, député-ministre des douanes est appelé comme témoin. On objecte à la première
question que lui pose la défense. L'objection étant maintenue, M. Johnson se retire.
M. Wolff donne ensuite son témoignage. Il dit que ne connaissant rien du caractère général de
M. Brosseau il ne peut pas dire s'il le croirait sous serment.
La cause continue.
- lundi 20 septembre 1886, page 2
L'affaire Brosseau-Walters
Le jury a rendu un verdict dans l'affaire Brosseau-Walters.
Après longue délibération le jury a rapporeté le verdict suivant: coupable de corruption d'après
le droit commun. L'acte d'accusation alléguait de plus corruption suivant le statut.
Le prisonnier n'est pas trouvé coupable de ce chef.
M. Walters a fait une déclaration très importante, qui a été publiée en partie dans [?] de
samedi soir.
Cette déclaration prouve amplement que M. Walters était de bonne foi et n'est pas si coupable
qu'on l'a prétendu.
Certains autres personnages ont de plus graves reproches que lui à se faire.
- lundi 20 septembre 1886, page 4
Cour du Banc de la Reine
JURIDICTION CRIMINELLE
Présidence de Son Honneur le juge Baby.
MM. Davidson et Ouimet, avocats de la Couronne.
MM. Shiller et Sicotte, greffiers de la Couronne.
... John N. Walters, trouvé coupable d'avoir voulu corrompre un officier de douane, est
condamné à $200 d'amende.
M. Walters se lève alors et dit: La Cour me permettra-t-elle de dire que quoique étant trouvé
coupable, je suis innocent de l'offense que l'on m'impute.
Le juge répond: Je l'espère.
La Cour s'ajourne jusqu'au premier novembre prochain.
-
Sophie Lacombe, cliente de H. C. Saint-Pierre
jeudi 28 octobre 1886, page 2
Habeas Corpus
Son Honneur le juge Dorion a accordé hier le writ d'Habeas Corpus tel que demandé par M.
St Pierre, avocat, dans la cause de Sophie Lacombe qui, il y a quelques jours, fut condamnée
à 6 mois d'emprisonnement pour avoir tenu une maison malfamée.
-
Madame Grandchamp, cliente de H. C. Saint-Pierre
vendredi 29 octobre 1886, page 2
Libérée sur Habeas Corpus
Dans le courant de l'été dernier, Madame Grandchamp trouvée coupable de certaine offense devant
la Cour du recorder fut condamnée à une amende de dix dollars et à trois mois de prison.
Madame Grandchamp se trouvant lésée par ce jugement, en appela et s'engagea par
cautionnement à comparaître le premier septembre dernier, devant la Cour du Banc de la Reine,
où devait être décidée la valeur de sa preuve.
Le premier septembre, madame Grandchamp ne comparut pas, et le deux son défaut de comparaître
fut enregistré par la Cour.
Le vingt courant le Recorder lança un mandat d'emprisonnement contre elle enjoignant au géolier
de la détenir dans la prison commune pendant l'espace de trois mois.
La détenue, par ses avocats, MM. Saint Pierre, Globensky et Bussières, présenta une requête à
l'hon juge en chef Sir A. A. Dorion, demandant sa mise en liberté.
Ses avocats soutinrent que le mandat d'emprisonnement était illégal et s'appuyaient sur cette
clause de notre loi criminelle qui dit que l'incarcération doit compter du jour où la sentence
est prononcée, et ils faisaient défendre leur cause du dilemne suivant: Ou le cautionnement
donnée par Madame Grandchamp était encore en vigueur; et alors le mandat d'emprisonnement était
prématuré; Ou le cautionnement n'était plus en force et le mandat d'emprisonnement aurait dû
enjoindre au gardien de la prison de détenir Madame Grandchamp pendant l'espace de trois
mois, à compter du deux septembre, date à laquelle le cautionnement aurait été forfait et non
à partir du vingt, ainsi que le comporte le dit mandat d'emprisonnement; et dans ces deux cas,
disent les avocats de la Requérante, le mandat d'emprisonnement est illégal et nul.
L'honorable juge en chef décida que le cautionnement ayant été forfait le deux
septembre dernier par le seul défaut de comparaître de la requérante, le mandat d'emprisonnement
devait enjoindre au gardien de la prison de détenir la requérante pendant trois mois à compter
du 2 septembre et non pendant trois mois à compter du vingt octobre.
Madame Grandchamp fut en conséquence remise en liberté.
-
Napoléon Labbé, client de H. C. Saint-Pierre
- mercredi 3 novembre 1886, page 4
Assises criminelles
TERME DE NOVEMBRE
Présidence de Son Honneur le juge Ramsey.
MM. Davidson et Ouimet, avocats de la Couronne.
MM. Shiller et Sicotte, greffiers de la Reine.
...Les personnes suivantes sont ensuite assermentées comme jurés dans la cause de la Reine vs
Labbé.
Jean Baptiste Fortin, G. White, E. White, G. Morris, S. Lyons, H. Jackson, H. Booths,
J. Cliffard, J. J. Havanagh, J. Caldwelle, D. Higgins, J. Canery.
M. Davidson explique la cause au jury. Il dit que l'accusé dans cette cause M. Napoléon Labbé
est courtier et que l'indictement contre lui, est qu'il aurait conspiré en compagnie avec Mercier,
actuellement absent du pays, contre la Banque National au montant de $11,860.
M. Davidson explique ensuite aux jurés les différentes phases de la prétendue conspiration de
Labbé avec Mercier.
Avant l'examen de M. Vallée M. St Pierre demande que tous les témoins de la poursuite se
retirent. Accordé.
M. C. A. Geoffrion représente la Banque Nationale, MM St Pierre, Guérin et Greenshields
représentent M. Labbé.
M. Vallée, caissier de la Banque Nationale est alors assermenté et dépose en substance comme
suit:
Je suis à l'emploi de la Banque Nationale. Je suis directeur de la Banque depuis 1881. Je
connais M. Labbé, l'accusé. Ce dernier ouvrit un compte à la Banque au mois d'octobre 1883, de
mon consentement. Gustave Mercier était l'un des employés de la Banque. Il s'est enfui de
Montréal le 8 mars 1886.
Je présume qu'il est parti, de crainte d'être découvert en même temps que Labbé. Il était
préposé au service des chèques. Le témoin explique la pratique de la banque en fait de dépôts.
L'accusé dans des transactions avec la Banque avait un passbooke. Les entrées y sont
faites jusqu'au 30 juin 1884. D'autres entrées ont été faites dans le mois de juillet mais le
livre n'est pas encore balancé. Le témoin examine des chèques portant les initiales C, D, E,
F, H, et dit qu'ils sont signés par Labbé, sauf au chèque de $825.00 qu'il reconnut dans son
bureau avoir été signé par erreur. Il reconnut cependant, dans son examen devant le magistrat,
avoir signé le chèque. Ces chèques ont été trouvés à la banque avec les autres chèques. Je n'ai
pas fait personnellement des recherches dans les livres.
C'est M. Matte qui est chargé de cette besogne. C'est un règlement bien connu de toutes les
banques, que les employés ne doivent jamais laisser un client tirer sur la banque pour plus
qu'il n'a d'argent déposé.
L'accusé n'a jamais demandé de tirer sur la banque pour plus que ses dépôts.
Il m'a souvent demandé de l'escompte. L'accusé m'a déclaré ne pas connaître intimement Mercier.
J'eus du Bureau central de très mauvais rapport sur le compte de Mercier. Je lui donnai une
situation ayant moins de responsabilité. Je fis commencer l'examen des livres. Le 6 mars dernier,
le Crédit Foncier et A. J. Long étant venus se plaindre à moi que leurs pass books étaient
disparus, j'en fis la recherche et finalement, je les retrouvai cachés dans un tiroir. Le même
jour Mercier s'enfuit aux Etats-Unis.
Le 9 mars, l'accusé a tiré deux chèques, l'un de $4,000, un autre de $2,917. Le même jour, il fit
un dépôt de $7,000, laissant à son crédit une balance de cinq ou six cents ppiastres.
Personnellement, je commençai à soupçonner quelque chose vers le 20 mars, époque où les livres
furent examinés.
Transquestionné par M. Greenshields. "Je ne suis pas obligé de voir le ledger, seulement je le
vois comme mesure de prudence.
La cour s'ajourne alors à 2 heures p. m.
- jeudi 4 novembre 1886, page 2
Assises criminelles
3 novembre 1886.
Séance de l'après-midi
M. Vallée continue sa déposition.
Je sais que M. Labbé faisait des dépôts considérables, jusqu'à concurrence d'une trentaine de
mille piastres. La dernière entrée de dépôt faite dans les livres est celle de $7,749 faite le
9 mars, trois jours après le départ de M. Mercier. Labbé déposa au delà de $30,000 après le
contrôle du Ledger eût été enlevé à M. Mercier.
Les pièces justificatives que nous avons des sommes retirées par l'accusé sont les chèques que
nous avons gardés. Ces chèques étaient gardés dans une boîte, et M. Mercier pouvait les avoir.
Nous avons pris des mesures contre M. Mercier. Nous l'avons fait arrêter à New-York et nous avons
dû discontinuer les procédures contre lui. C'est à M. Mercier qu'il fallait s'adresser pour
obtenir les Pass Books.
Je n'ai pas remarqué ces erreurs dans l'examen que je faisais des livres toutes les semaines.
Ré-examiné - J'examinais généralement les livres après les heures de banque, les samedis de
préférence. Mercier paraissait très particulier sur l'acceptation des chèques.
Par le juge - La balance se tire à chaque entrée qui se fait dans le Ledger.
Le second témoin appelé est M. Napoléon Matte, inspecteur de la banque Nationale.
- jeudi 4 novembre 1886, page 4
Assises criminelles
TERME DE NOVEMBRE
SÉANCE DU 4 NOVEMBRE
Présidence de Son Honneur le juge Ramsey.
MM. Davidson et Ouimet, avocats de la Reine.
...On continue le procès de M. Labbé. M. Matte est assermenté comme témoin. En mars 1885, les
entrées dans le livret du Crédit Foncier sont faites par Mercier. Aucune entrée n'y est faite
d'un chèque de $3,000 chargé au Crédit Foncier dans le livre des comptes courants tenu par Mercier.
Le livret était exact et la balance admise admise par le Crédit Foncier comme correcte.
A la fin du mois de mars 1885, la balance dans le livret du Crédit Foncier était de
$55,768.87 en sa faveur. Dans le livre des comptes courants tenu par Mercier, la balance
apparaissait au crédit du Crédit Foncier et était près de $51,943.46 au 31 mars 1885, la
différence entre les deux balances est de $3,825.41. Le 31 mars, il y avait de chargé au Crédit
Foncier $824 et $3,000, ce qui expliquerait la différence.
Un autre chèque de M. Labbé daté du 8 mars 1885, pour $3,000 a été payé par la banque le 11 mai
1885. Il a été accepté par Mercier. Ce chèque n'a pas été chargé au compte de M. Labbé, mais au
compte du Crédit Foncier le 7 juin 1885.
Un autre chèque de M. Labbé en date du 22 juin 1885, pour $4000, a été payé par la banque le
24 juin 1885. Ce chèque avait été accepté par Mercier, chargé non au compte de M. Labbé, mais au
compte du crédit foncier.
Le 17 juin, le crédit foncier avait tiré sur la banque pour $1000. Le chiffre 1 a été altéré et
remplacé par un 8, ce qui faisait la différence de $7000, embassant les deux montants de $3000 et
de $4000.
Une altération a également été faite dans la balance en faveur du crédit foncier, à la fin de
juin, de faécon à faire correspondre les sommes. La balance en faveur du crédit foncier, qui en
juin 1885 était de $29,300.41.
Dans le livre tenu par Mercier, cette balance n'est plus que de $18,475.41. La différence entre
les deux balances est de $10,825.
Le gérant ne voit pas habituellement les livrets des clients, à moins qu'il n'y ait des plaintes.
Un autre chèque de M. Labbé pour $1165.72, en date du 27 février 1886, a été payé par la banque
le 1er mars 1886. Le chèque a été accepté par Mercier, le 27 février alors que Mercier tenait
encore le livre des comptes courants. Le chèque n'a pas été chargé à M. Labbé par Mercier, je
n'ai pu trouver à quel compte il a été chargé. J'ai eu occasion de rencontrer M. Labbé, après
avoir constaté les irrégularités que je viens de mentionner. On a attiré l'attention de M. Labbé
sur ces irrégularités. Les chèques lui ont été montrés. Il a reconnu sa signature au bas des
divers chèques. Il a paru étonné des irrégularités dont on lui parlait et juré devant Dieu qu'il
ne connaissait pas Mercier. C'était en présence de MM. Geoffrion et Vallée. Subséquemment je
rencontrai au bureau de la banque M. Labbé et M. Guérin. Je vis M. Geoffrion monter à Labbé le
chèque de $825.
Labbé a dit dans cette occasion: "Je donnerais une forte somme pour ramener Mercier à Montréal."
Il a été alors informé que la banque entendait prendre des procédures contre Mercier, si
quelques uns des chèques étaient forgés. A la fin du livre des comptes courants tenu par Mercier,
je trouvai deux entrées de $3 000, une autre de $922 au crayon qui correspond à des manipulations
d'autres comptes, notamment de celui de A. G. Lord. Sur un autre chèque, il y a aussi une entrée
de $825.
En transquestion par M. H. C. Saint Pierre.
"J'ai fait des recherches dans les llivres tout l'hiver des entrevues avec M. Labbé. Dans une des
ebtrevues il a été question de faire arrêter Mercier. Nous avons chargé un détective de filer
M. Labbé pendant plusieurs jours. A ma connaissance Labbé dit au détective: "Si vous avez un
mandat pour m'arrêter, arrêtez moi donc mais ne me suivez pas." Je me rappelle qu'une fois,
M. Labbé est allé au bureau de la banque et a dit: "Si vous voulez, me voici!"
Si un déposant va faire un dépot à un receveur malhonnête, qui ferait disparaître le bordereau,
ne ferait aucune entrée du dépôt et mettrait l'argent dans sa poche, la banque n'aurait aucun
moyen de le constater. Le déposant seul pourrait réclamer. Mercier a agi comme receveur pendant
plusieurs jours. Il a remplacé le compteur du 11 août au 22 août 1884 inclusivement.
Une somme de $825 a été chargé de trop pendant plusieurs mois à M. Labbé dans les livres de la
banque.
La cour s'ajourne à 3 heures.
- vendredi 5 novembre 1886, page 2
Assises criminelles
4 novembre 1886.
Séance de l'après-midi
M. Rinfret, employé de la banque Nationale.
Son témoignage est en grande partie la confirmation de celui de M. Watts.
M. Théothime Lanctôt, hôtellier. Je connais M. Labbé et M. Mercier.
Le dernier avait l'habitude de venir assez souvent à mon hôtel. J'ai vu rarement M. Labbé,
cependant tous les deux se sont rencontrés chez moi, ils semblaient bien se connaître.
Je les ai vu tous deux pendant le courant de l'hiver dernier.
M. Adélard Drolet - Je connais M. Labbé depuis dix ans. Je connais aussi M. Gustave Mercier.
Je les ai rencontrés ensemble plusieurs fois chez M. Lanctôt, au salon de l'Aurore et dans la rue.
Ils ne semblaient pas intimement liés. Il se tutoyaient.
Transquestionné.- Je ne puis pas dire que MM. Mercier et Labbé s'étaient donnés rendez-vous dans
ces différents endroits et je crois que ces rencontres ont été purement accidentelles.
Plusieurs fois M. Labbé a demandé devant moi à Mercier de lui donner son pass-book, mais
Mercier disait qu'il était trop accupé, mais qu'il lui remettrait ce livre.
J'ai vu Mercier dans le bureau de Labbé et c'est là qu'il a été question des pass-book.
J'ai pu le voir là dix ou douze fois.
M. Louis Leclerc teneur de livres - J'ai vu plusieurs fois Labbé et Mercier ensemble. Un jour,
j'ai entendu dans le bureau de Labbé quelqu'un dire à celui-ci que Mercier demandait à escompter
un chèque de $35.
- vendredi 5 novembre 1886, page 4
Assises criminelles
SÉANCE DU 5 NOVEMBRE
Présidence de Son Honneur le juge Ramsey.
MM. Davidson et Ouimet, avocats de la Reine.
M. G. Roy, comptable à la Banque Nationale dépose ce qui suit.
J'ai été employé à la Banque Nationale depuis 9 ans. Depuis 1883 j'ai été comptable.
J'ai remplacé M. Rinfret deux ou trois fois. Chaque fois que j'ai reçu de l'argent, j'en ai
immédiatement fait l'entrée dans les livres. J'ai connaissance d'un montant déposé par la Banque
Nationale au crédit du Crédit Foncier, Une entrée irrégulière au sujet de ce crédit a été faite
dans les livres par Mercier, le 22 mars dernier.
TRANSQUESTIONNÉ
Le montant déposé par la Banque au crédit du Crédit Foncier est entré
dans les livres au compte des
profits et pertes. J'ai fait cette entrée moi même. Une autre entrée d'un autre montant fut faite
dans le compte des profits et pertes. Ce montant s'élève à $1,234.
Je ne connais rien au sujet de la perte de Sternberg.
M. James Plunkett étant assermenté, dépose ce qui suit:
"Je suis payeur et receveur à la Banque de Québec. Le chèque qui m'est présenté m'a passé entre
les mains. J'ai y fait crédit en remettant l'argent à celui qui venait le présenter, M. Weir. Ce
chèque était au montant de $1,165. Ce chèque était tiré sur la Banque Nationale.
L'examen de M. Plunkett étant terminé M. H. C. St Pierre fait un long plaidoyer pour prouver
qu'il n'y a pas de cause contre le défendeur.
L'indictement, dit M. St Pierre, n'est pas fondé. On accuse dans cet indictement, le défendeur
d'avoir voulu frauder la banque Nationale. Je soumets, dit-il que là n'est pas la nature de
l'offense prouvée contre M. Labbé.
De plus l'offense dont Labbé est accusé, d'après l'indictement n'est pas suffisante pour qu'on le
traduise au criminel.
On l'accuse de conspiration, mais on ne prouve pas que Labbé ait conspiré avec Mercier. La nature
de la conspiration veut qu'il y ait l'action combinée d'au moins deux personnes. Dans cette cause
rien n'a été prouvé. M. H. C. St Pierre cite une foule d'autorités mais la cour décide contre lui.
M. Honey, protonotaire étant assermenté de ce qui suit: "J'ai en main une action qui fut prise en
juillet dernier contre M. Labbé par la Banque Nationale. Cette cause est encore en suspens.
M. C. A. Vallée, dépose ce qui suit: "L'action dont il est maintenant fait mention fut
prise contre le défendeur M. Labbé. J'ai souvent présenté des chèques chez M. Labbé.
M. W. H. Parsons refuse d'être assermenté parce qu'il est quaker. Le chèque de $825.00 qui
m'est exhibé est dument signé par Labbé et n'est pas faux.
Les avocats de la défense déclarent n'avoir pas d'autres témoins à faire entendre.
M. J. N. Greenshields, avocat de la défense, adresse alors la parole au jury.
M. Labbé, dit-il, est accusé de conspiration contre la Banque Nationale. Or, il n'y a aucune
preuve d'entente entre Mercier et Labbé pour frauder la banque. Il est vrai que l'on a prouvé que
Labbé et Mercier avaient été vus ensemble, mais a-t-il été prouvé que tous deux avaient conspiré
ensemble lors de ces rencontres? Non, mais l'on a découvert que leurs rencontres étaient purement
accidentelles et qu'il y avait d'autres personnes avec eux et que par conséquent ils n'avaient pu
conspirer contre la banque.
La poursuite en est arrivée à ceci, dans cette cause, c'est que le système de tenue de livres à
la Banque Nationale est défectueux. On en est venu à la conclusion que les directeurs de la Banque
se sont fait voler deux années durant, sans que l'on s'en aperçut.
M. Greenshields continue son plaidoyer et à une heure, la cour s'ajourne à 2 heures p. m.
Séance de l'après-midi
M. St-Pierre prend la parole en français au nom de la défense, il est suivi de MM. Davidson et
Geoffrion au nom de la Couronne.
Les jurés se retirent ensuite pour rendre un verdict. Au moment de mettre sous presse le verdict
n'est pas encore rendu.
- samedi 6 novembre 1886, page 4
L'affaire Labbé
Contrairement à ce que nous avons dit hier, M. H. C. St Pierre a adressé la parole en anglais
au jury dans l'affaire Labbé. De l'avis de tout le monde, M. H. C. St Pierre a fait l'un des
plus brillants plaidoyers qui aient jamais été fait à la Cour Criminelle depuis longtemps.
- samedi 6 novembre 1886, page 4
L'acquittement de Labbé
Il y avait foule hier soir, vers cinq heures à la Coour du Banc de la Reine. Les jurés
s'étaient enfermés vers trois heures P. M., et devaient rendre leur verdict à 5 heures. L'anxiété
la plus profonde régnait parmi la foule, car il était évident que M. Labbé avait beaucoup d'amis.
A 5 heures précises, l'Hon. Juge Ramsey monte sur le banc et les jurés furent appelés à la cour.
"Trouvez-vous le prisonnier coupable ou non coupable?" leur demanda le greffier de la cour.
"Non coupable!" fut la réponse unanime. Dès que le verdict fut rendu, des applaudissements
éclatèrent et les mouchoirs s'agitèrent. Le juge fit taire cette démonstration. Labbé fut
ensuite entouré de ses amis et la cour fut ajournée.
-
Joseph Chabert, client de H. C. Saint-Pierre
- mercredi 10 novembre 1886, page 4
Assises criminelles
Séance du 10 novembre.
Présidence de Son Honneur le juge Ramsey.
MM. Davidson et Ouimet, avocats de la Reine.
MM. Shiller et Sicotte, greffiers de la Couronne.
...Joseph Chabert est accusé d'assaut indécent. Il plaide non coupable. Procès fixé à deux
heures p.m.
Séance de cette après-midi.
Joseph Chabert accusé d'assaut indécent comparaît à la boîte.
M. St Pierre dit qu'il lui est impossible de prendre la défense du prisonnier attendu qu'il
n'a pas eu le temps de rien préparer dans ce but. L'accusation est arrivée tout à coup et le
prisonnier ne sait pas encore exactement de dont il est accusé. La cause est remise à demain
matin.
- jeudi 11 novembre 1886, page 4
Assises criminelles
Séance du 11 novembre.
Présidence de Son Honneur le juge Ramsey.
MM. Davidson et Ouimet, avocats de la Reine.
MM. Shiller et Sicotte, greffiers de la Couronne.
Joseph Chabert accusé d'assaut indécent est appelé à la boîte. Il dit qu'il ne peut subir son
procès maintenant, n'ayant pas d'avocat et ne connaissant pas la nature de l'offense. Il dit
qu'il est prêt à attendre en prison jusqu'au prochain terme pour subir son procès. Il proteste
contre l'accusation portée contre lui.
- vendredi 10 décembre 1886, page 2
En liberté
M. Joseph Chabert, qui attendait en prison son procès devant la Cour du Banc de la Reine, a été
remis en liberté sous caution, hier après-midi.
-
Jean Baptiste Fortier et Alfred Foucault, clients de H. C. Saint-Pierre
lundi 27 décembre 1886, page 4
Acquittés
Le procès de Jean Gagnon, Alfred Foucault, Euclide Chalifoux et Jean Baptiste Fortier.
accusés d'avoir pris le cheval et la voiture de M. Morgan, sans la permission de ce dernier,
s'est passé en cour de police cette après-midi.
Comme nous l'avions prévu Jean Gagnon a été condamné à subir son procès au prochain terme de la
cour du Banc de la Reine et les accusations portées contre les trois autres ont été trouvées sans
fondement et rejetées.
M. Sarrasin défendait Gagnon, M. Moreau Euclide Chalifoux, et M. St Pierre, défendait Fortier et
Foucault. Ces trois derniers ont été honorablement acquittés.
-
H. C. Saint-Pierre, chanteur au concert Lefebvre
- mardi 28 décembre 1886, page 4
et
- mercredi 29 décembre 1886, page 4
et
- jeudi 30 décembre 1886, page 4
Le concert du "Canadien"
Le concert qui sera donné le 3 janvier prochain par le club de raquettes "Le Canadien" sera, sans
contredit, le mieux réussi qui ait été présenté par le club jusqu'à ce jour. Comme on peut le
voir par le programme ci-dessous, le concert vaudra la peine d'être vu:
PROGRAMME
1 Grande Marche - Sohmer Piano...... E. Lavigne
Bande de la Cité
2 Solo de Picolo - Le rossignol..................Julien
M. F. Boucher, fils
3 Romance - Le Torréador........................Bizet
M. H. C. St Pierre
4 Solo de violon - La Mélancolie........Prume
M. O. Martel
5 Chant - La chanson de l'abeille.......Thomas
(de la revue Topaze)
Melle Eugénie Tessier
6 Solo de piano - le 1er mouvement sonate o. p. 14.3
Allegro..............................Beethoven
Le Tocato Allegro..................................Paradis
M. Emile Kelson (âgé de 10 ans)
(Elève de M. Emery Lavigne)
7 Solo de Cornet - Serenade..........................Jilt
M. Wacker
8 Fantaisie - Ione...................................Petrella
Bande de la Cité
9 Chant - Le Mysoli..................................David
Melle Eugénie Tessier
10 Solo de violon - Berceuse..............Musin
Dame Ancienne.........................................Martel
M. O. Martel
11 a La Forge dans la Forêt
b La Caravane.
(Sur la demande du club Le Canadien)
Bande de la Cité
Vive la Canadienne
Dieu sauve la Reine
Le plan de la salle est déposé chez MM. Lavigne et Lajoie, 1654 rue Notre-Dame.
-
Mme Wilson de Sainte Geneviève, mère de H. C. Saint-Pierre, mentionnée (tout de travers)
vendredi 31 décembre 1886, page 4
Cinquième génération
Mme Wilson, grand-mère de M. H. C. St Pierre, avocat de cette ville, a servi de marraine hier,
au petit fils de M. St Pierre. Elle voit donc un enfant à la cinquième génération. Mme Wilson n'est
pas très âgée et promet de vivre encore de nombreuses années.
Elle demeure à Ste Geneviève.